L’analyse du combat

1. DÉFINIR LE SUJET ET ÉVALUER LES SOURCES : Tout comme une opération militaire, une étude réussie de l’histoire militaire exige un objectif clair et réalisable. L’analyse du combat commence par la définition de l’étude.
   1. Définir le combat à analyser. Cela deviendra l’introduction.
      1. Où cela s’est-il produit?
      2. Qui étaient les principaux adversaires?
      3. Quand le combat a-t-il eu lieu?
   2. Déterminer les sources de recherche : Une fois le sujet choisi, il faut décider des sources nécessaires à une étude systématique et objective. Les livres et les articles constituent la majorité des sources, mais d’autres supports (vidéo, audio et électronique) peuvent également contribuer à l’étude.
      1. Livres : Chercher une variété de sources pour obtenir un compte rendu objectif du combat. Consulter des mémoires, des biographies, des histoires opérationnelles et des histoires institutionnelles pour obtenir des renseignements pertinents. Ne pas écarter les histoires générales, qui peuvent aider à fournir le contexte stratégique.
      2. Articles : Les articles des publications militaires professionnelles et des revues historiques peuvent être d’excellentes sources d’information.
      3. Autres : Les documentaires contenant des séquences filmées d’événements réels ou des entrevues de personnes ayant pris part à un combat peuvent aider à mieux comprendre les événements. Il est également possible de consulter des transcriptions des entretiens oraux avec les participants des combats, ainsi que des documents électroniques sur des opérations militaires plus récentes sur Internet.
   3. Évaluer les sources de recherche : Trouver de bonnes sources pour appuyer l’étude n’est pas facile, malgré le grand nombre de documents publiés. À mesure que les documents de recherche sont rassemblés, évaluer chacun d’entre eux sur les plans du contenu et de la partialité.
      1. Contenu : Déterminer les renseignements que la source peut fournir. Sont-ils pertinents? Cela aidera-t-il à terminer l’étude?
      2. Partialité : Décider dans quelle mesure l’auteur est subjectif ou objectif dans son travail. Y a-t-il un parti pris évident? Si oui, quel est-il? Ce parti pris a-t-il une incidence sur l’utilisation de la documentation?
2. EXAMINER LE CONTEXTE (POINT DE DÉPART) : Cette partie de l’analyse du combat établit le cadre de l’étude. Il faut avoir une bonne compréhension des situations stratégiques, opérationnelles et tactiques avant de pouvoir analyser le combat. Le niveau de détail de cette partie de l’analyse dépend de l’objectif de l’étude et du public visé. Si les causes de la guerre et les adversaires sont bien connus, il n’est pas nécessaire d’entrer dans les détails.
   1. Aperçu de la situation stratégique et opérationnelle :
      1. Préciser la guerre dans laquelle le combat est mené, y compris la période et les lieux.
      2. Nommer les objectifs de guerre des principaux adversaires.
      3. Nommer et décrire brièvement la campagne dont ce combat fait partie, le cas échéant. Quels sont les événements qui ont conduit à ce que ce combat soit mené à cet endroit entre ces unités?
   2. Étudier la zone d’opérations :
      1. Conditions météorologiques. Quelles étaient les conditions météorologiques dans la zone d’opérations? Quels ont été leurs effets sur l’opération?
      2. Terrain. Utiliser les facteurs de l’observation et des champs de tir, des voies d’approche, de la position clé, des obstacles, de la couverture et de la dissimulation pour décrire le terrain dans la zone d’opérations. Quels avantages cela offrait-il aux agresseurs ou aux défenseurs?
   3. Comparer les principaux adversaires (perspectives opérationnelle et tactique) : À bien des égards, il s’agit de l’élément central de l’étude : l’analyse des forces en présence. Décrire et analyser les forces en présence sur les plans suivants :
      1. Taille et composition. Quelles étaient les principales unités de combat et de soutien participant à l’opération? Quelle était leur importance numérique sur le plan des troupes et des systèmes d’armes clés? Comment ont-elles été organisées?
      2. Technologie. Quelles étaient les technologies sur le champ de bataille (chars, armes légères, avions d’appui rapproché, etc.) des forces d’opposition? L’un des adversaires avait-il un avantage technologique sur l’autre?
      3. Systèmes logistiques Comment la logistique a-t-elle influencé le cours de la bataille? L’un des adversaires avait-il un avantage en matière de matériel ou de transport disponibles?
      4. Commandement, contrôle et communications. Quels types de systèmes C3 les forces d’opposition ont-elles utilisés? Ces systèmes étaient-ils contrôlés de manière centralisée ou décentralisée? Comment les états-majors étaient-ils organisés et dans quelle mesure étaient-ils efficaces?
      5. Renseignement. De quelles ressources de renseignement disposaient les forces d’opposition? Dans quelle mesure ont-elles été utilisées? Quelles sont les principales sources de renseignement? L’un des adversaires avait-il un avantage sur l’autre du point de vue du renseignement?
      6. Doctrine et instruction. Quelle était la doctrine tactique des forces d’opposition, et comment l’ont-elles utilisée? Quel était le niveau d’instruction des forces d’opposition? Certaines troupes étaient‑elles constituées de vétérans expérimentés, de militaires ayant moins d’expérience ou d’un certain mélange des deux?
      7. Conditions et moral. Quel était le moral des troupes avant le combat, et a-t-il changé après le début du combat? Depuis combien de temps les troupes étaient-elles engagées? Quels effets les conditions météorologiques et le terrain ont-ils eus sur celles-ci? Certains dirigeants ont-ils eu un effet sur le moral?
      8. Leadership. Qui étaient les dirigeants? Dans quelle mesure étaient-ils efficaces dans les combats antérieurs? Comment ont-ils été formés et quel était leur degré d’expérience?
   4. Énoncer la mission et décrire la disposition initiale des forces d’opposition : Quels étaient les objectifs? Quels plans ont été établis pour atteindre les objectifs? Y avait-il d’autres options (attaque, défense ou retrait) possibles pour les deux forces? Ces options étaient-elles réalisables? Quels étaient les emplacements des unités des forces d’opposition? Comment les unités ont-elles été déployées sur le plan tactique?
3. DÉCRIRE LES MANŒUVRES : Cette partie de l’analyse du combat, qui décrit la bataille elle-même, est ce que la plupart des gens considèrent comme la véritable histoire militaire. En suivant le modèle, l’étude du combat se fait de manière chronologique. Ne pas laisser cette approche perturber l’étude du combat. Ne pas hésiter à sauter une phase afin d’examiner une zone fonctionnelle de combat (manœuvre, logistique, etc.) qui est plus importante pour l’objectif global.
   1. Décrire les premières mesures prises pendant le combat : Examiner les premières mesures prises par les forces d’opposition. Un camp a-t-il obtenu un avantage sur l’autre pendant la phase initiale du combat?
   2. Décrire les principales phases et les événements clés : Établir une chronologie du combat tout en examinant les mesures prises après les mouvements initiaux. Dégager les activités ou les décisions essentielles qui ont fait basculer l’issue du combat d’un côté ou de l’autre.
   3. Décrire le résultat : Qui a gagné le combat? Les deux côtés ont-ils atteint leurs objectifs? Le combat a-t-il procuré un avantage au vainqueur? Quel était cet avantage? Le combat a-t-il eu des effets à long terme? Quels étaient-ils?
4. ÉVALUER L’IMPORTANCE DES MANŒUVRES : Il s’agit de l’étape la plus importante du processus d’analyse du combat. Elle permet de transformer les « renseignements sur le combat » sous forme de faits historiques en une analyse finale sous forme de « leçons retenues ».
   1. Relier les causes aux effets : En essayant de tirer des « leçons » de l’étude d’un combat, il est important de se demander pourquoi quelque chose s’est passé. Pour ce faire, il faut examiner le résultat et les causes de ce phénomène. Il faut dégager les éléments essentiels ayant mené à la victoire ou à la défaite.
   2. Établir les « leçons retenues » militaires : Les leçons du passé qui sont encore pertinentes aujourd’hui sont le produit final du processus d’analyse du combat. Les connaissances, ou « constantes de la guerre », acquises grâce à l’étude, doivent transcender l’époque, le lieu et la doctrine. Il est possible d’utiliser l’un des principes fondamentaux ci-dessous (ou un autre) pour orienter l’analyse des opérations militaires et ainsi trouver plus facilement ces « constantes ». Ces principes fondamentaux sont définis dans le manuel de campagne 3-0, Opérations.
      1. Principes de guerre.
      2. Fils conducteurs.
      3. Fonctions de combat.

Structure suggérée pour le rapport ou le compte rendu d’analyse élémentaire du combat

1. DÉFINIR LE SUJET ET ÉVALUER LES SOURCES :
   1. Définir le combat à analyser (où, qui et quand?).
2. EXAMINER LE CONTEXTE (POINT DE DÉPART) :
   1. Aperçu de la situation stratégique et opérationnelle
   2. Étudier la zone d’opérations
      1. Conditions météorologiques
      2. Terrain
   3. Comparer les principaux adversaires (perspectives opérationnelle et tactique)
      1. Taille et composition
      2. Technologie
      3. Doctrine et instruction
      4. Systèmes logistiques
      5. Renseignement
      6. Conditions et moral
      7. Commandement, contrôle et communications
      8. Leadership
   4. Énoncer la mission et décrire la disposition initiale des forces d’opposition
3. DÉCRIRE LES MANŒUVRES :
   1. Décrire les premières mesures prises pendant le combat
   2. Décrire les principales phases et les événements clés
   3. Décrire le résultat
4. ÉVALUER L’IMPORTANCE DES MANŒUVRES :
   1. Relier les causes aux effets
   2. Établir les « leçons retenues » militaires.