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Micro Reconnaissance : L'armée teste le Black Hornet pour l'ISSS

par Chris Thatcher - Le 21 octobre 2021

temps de lecture : 75 min  contenu du Canadian Army Today

 

Lorsque le 1er Bataillon, The Royal Canadian Regiment (1 RCR) a pris le commandement du groupement tactique de la présence avancée renforcée en Lettonie en juillet 2018, il s’est déployé avec sa propre plateforme de reconnaissance aérienne.

Pesant un peu plus de 50 grammes, le microsystème aérien sans pilote Black Hornet est léger et portable. Il permet aux petites unités de recueillir du renseignement sur ce qui se trouve de l’autre côté de la colline ou à l’intérieur d’un bâtiment, hors du champ de vision. Pour le 1 RCR, il s’agissait d’un premier essai leur permettant de confirmer l’utilité du dispositif miniature de FLIR Systems sur le terrain.

Il est primordial d’améliorer la connaissance de la situation des militaires dans les opérations dispersées, et la vision de jour et de nuit d’un microaéronef est une option actuellement explorée par l’Armée canadienne.

En octobre dernier, l’Unité de l’Armée canadienne d’essais et d’évaluation (UACEE), qui fait partie du Centre d’instruction au combat du Groupe de soutien de la 5e Division du Canada de la BFC Gagetown, a commencé à mettre à l’essai un Black Hornet 3 dans une série de scénarios en terrain ouvert et urbain.

Qu’il s’agisse de reconnaissance ou d’inspection de bâtiments, le Black Hornet a été poussé aux limites de sa capacité à détecter et à reconnaître des objectifs d’intérêt sans se faire repérer. Selon le capitaine David Kapa, officier responsable des essais et actuel coordonnateur des essais de l’UACEE, des opérateurs et des observateurs de l’artillerie, de la reconnaissance blindée et de l’infanterie ont notamment effectué de multiples essais de la portée maximale de l’appareil pour voir à quel moment il perdait le signal et de quelle façon il réagissait. Ils ont également mis à l’essai sa capacité à fonctionner par vent soutenu; son degré maximum de détection, de reconnaissance et d’identification des militaires et des véhicules camouflés le long des routes et des chemins; son utilité et sa durabilité dans les environnements urbains tandis qu’il se déplace à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments; et son rôle dans la reconnaissance des points et des routes.

« Ils ont certainement repoussé les limites de l’appareil », déclare le lieutenant‑colonel Ray Corby, qui supervise le projet d’équipement intégré du soldat au nom du Directeur – Besoins en ressources terrestres. « Nous savons que les conditions météorologiques, l’environnement et d’autres éléments de ce genre sont des facteurs qui peuvent limiter l’efficacité d’un petit aéronef. Ils se sont également penchés sur les limites de détection et d’identification, c’est‑à‑dire sur ce qu’il est possible de détecter ou non au moyen de dispositifs d’optique. Cela nous aidera à définir nos besoins. »

L’expertise de l’Armée en matière de système aérien sans pilote (UAS) a traditionnellement été du ressort du 4e Régiment d’artillerie (Appui général) et de l’École du Régiment royal de l’Artillerie canadienne. Cependant, le microsystème représente une capacité de détection qui pourrait mieux s’adapter à l’équipement intégré du soldat actuellement mis en place au sein de différentes unités.

« Le véritable potentiel consiste à inclure ce type de plateforme dans l’équipement intégré du soldat afin que les militaires puissent acquérir une meilleure connaissance de la situation », affirme le Lcol Corby. « Nous souhaitons trouver quelque chose que les militaires peuvent utiliser dans un environnement très local, à moins d’un kilomètre, et qu’ils peuvent maîtriser eux-mêmes sans devoir se placer en concurrence avec d’autres forces sur le terrain pour une utilisation prioritaire. C’est un outil très personnel pour mieux comprendre les lieux où ils réalisent des missions. »

Trois systèmes Black Hornet ont été acquis en 2018 dans le cadre d’un programme d’achat et mise à l’essai visant principalement à évaluer leur utilité dans le cadre des opérations de l’Armée canadienne plutôt qu’à combler une lacune. Le Lcol Corby fait toutefois remarquer que l’UAS « correspond effectivement à une lacune en matière de capacité, c’est‑à‑dire à l’échelle des soldats ». Les gros UAS de surveillance, comme le CU172 Blackjack et le CU173 Raven B, sont généralement des actifs gérés par les compagnies et les bataillons.

« Si je veux qu’un peloton de soldats jette un coup d’œil à un bâtiment sur lequel ils mènent un raid, j’aimerais qu’ils disposent de cet atout. Je ne voudrais pas nécessairement qu’ils attendent et que la situation se règle à un niveau supérieur », explique-t-il.

L’évaluation a été transférée à l’équipe du projet d’équipement intégré du soldat en temps opportun. Le premier cycle du système d’équipement du soldat fabriqué par Rheinmetall Canada consiste en un ordinateur tactique s’apparentant à un téléphone intelligent et doté d’un GPS, d’une radio et d’un casque d’écoute à bouton de microphone. Il est connecté à un centre permettant au soldat de partager la navigation, la position des forces bleues, les emplacements ennemis et d’autres données relatives à la situation avec l’ensemble d’une section, d’un peloton ou d’une compagnie. L’équipement a été mis à l’essai l’automne dernier par le 3e Bataillon, The Royal Canadian Regiment (3 RCR).

Le poids, la consommation d’énergie et la modularité générale de l’équipement intégré du soldat font encore l’objet d’améliorations, et l’Armée canadienne tente de déterminer la meilleure façon de l’utiliser. Par exemple, chaque soldat d’une section en a-t-il besoin à tout moment? Pendant qu’elle s’efforce de régler ces questions, l’équipe de projet explore également des capacités supplémentaires susceptibles d’être intégrées pour améliorer le système global.

« L’une des améliorations consisterait à intégrer un autre outil, à le doter d’un capteur qui permet de voir l’objectif avant de tenter de le saisir », explique le Lcol Corby. « Un peloton de reconnaissance pourrait être l’utilisateur principal au sein d’un bataillon, car il s’occupe de guider d’autres unités vers un objectif, mais il n’en disposerait pas de manière exclusive. »

Il ajoute : « Tout ce qui se trouve au-delà d’un kilomètre relèvera d’une autre plateforme, mais s’il s’agit d’envoyer un UAS à travers une fenêtre ouverte pour regarder dans un couloir, c’est l’outil qu’il faut. En intégrant le flux vidéo dans l’équipement intégré du soldat, il est possible de dresser une carte ou de capturer une image et de l’envoyer à la force qui va mener le raid. »

Les essais de l’UACEE montrent que l’opinion générale est favorable, mais que le Black Hornet 3 présente quelques lacunes du point de vue de sa taille et de ses dispositifs d’optique limités. Deux UAS se sont écrasés par vents violents, avec des rafales de plus de 20 km/h. Le système a été mis à rude épreuve lors de certains essais en milieu urbain, où il fallait utiliser un signal GPS dans un environnement où il n’est pas disponible. Le fabricant promet un temps de vol de 25 minutes, mais les conditions de vol ont rendu le tout impossible.

« Malheureusement, nous n’y sommes pas parvenus », déclare le Capt Kapa. « La seule fois où nous nous sommes approchés de cette limite est lors d’une série d’essais d’endurance à l’extérieur, en absence de vent ou d’autres interférences. Nous avons alors atteint 24 minutes et 18 secondes de temps de vol. Le vol durait généralement 20 minutes ou moins, et ce, en grande partie parce que le système devait lutter contre le vent et que cela vidait la batterie. »

Les tireurs d’élite et le personnel de reconnaissance ont vite vu « l’avantage de ce système dans l’exécution de leurs tâches quotidiennes », affirme-t-il. L’UAS a également prouvé sa valeur en tant que « système de connaissance de la situation pouvant fournir immédiatement des données aux soldats », mais certaines modifications pourraient être requises en vue des opérations urbaines et de l’amélioration de la détection des cibles.

Tout au long des différents essais, les opérateurs ont délibérément épuisé la batterie pour tester non seulement la portée maximale, mais aussi la durée pendant laquelle l’UAS pouvait continuer à rester en vol et à fournir des données utilisables. « Nous avons découvert que malgré ce qui est énoncé dans les spécifications, le temps de vol de ces Black Hornet est en fait assez limité », déclare le Capt Kapa. « Cependant, puisqu’il est utilisé à un niveau aussi bas, cela est suffisant pour permettre à l’utilisateur sur le terrain d’acquérir une meilleure compréhension de la situation. »

Le deuxième cycle de l’équipement intégré du soldat fournira aux commandants de section et de peloton une grande tablette (plutôt que le petit écran de type téléphone cellulaire de l’équipement intégré du soldat actuel) qui pourra recevoir des flux vidéo des UAS intégrés au Système de soutien du commandement de la Force terrestre (SSCFT). Si les commandants cherchent à voir au-delà de la prochaine colline, derrière la limite d’un boisé ou par la fenêtre d’un immeuble de plusieurs étages, le Black Hornet peut être déballé et lancé en quelques minutes. Il peut enregistrer des vidéos ou prendre des photos et il émet une faible signature visuelle et sonore, ce qui le rend difficile à détecter.

Selon le Lcol Corby, cela ne changerait pas la tactique d’une section, mais permettrait aux dirigeants d’avoir une image complète de l’espace de combat sans exposer les soldats.

« Je veux offrir aux commandants une boîte à outils qu’ils peuvent adapter à leur mission », ajoute‑t‑il, en parlant de l’ensemble de l’équipement intégré du soldat, qui se rapporte maintenant aux exigences du troisième et dernier cycle du projet, y compris les améliorations logicielles, les petits composants légers, et les outils supplémentaires.

« Lorsque nous avons analysé les options, un micro-UAS était l’élément le plus avantageux pour la force sur le terrain », déclare-t-il. « C’est un dispositif coûteux, mais pas au point d’être impossible à fournir à toutes les unités qui en ont besoin. Il s’agit d’une occasion pour Rheinmetall […] d’effectuer cette intégration en tant qu’entrepreneur responsable de l’équipement intégré du soldat. »

L’équipe du projet doit encore définir les exigences relatives au micro-UAS. Les commentaires de l’infanterie en Lettonie et ceux issus des essais par les utilisateurs seront très utiles, mais selon le Lcol Corby, le projet d’équipement intégré du soldat offre « une petite possibilité d’apporter des améliorations et d’ajouter des capacités ». Il a l’intention d’exploiter cette possibilité même s’il doit tempérer à maintes reprises les attentes en précisant que le système ne fournit pas une identification et un suivi d’objectif de longue durée depuis le dessus du champ de bataille.

« Je pense que nous avons trouvé une situation satisfaisante pour l’offrir à chaque soldat à un haut niveau de cryptage et pour en réserver l’utilisation au niveau secret aux principaux dirigeants. La capacité qui nous permet d’utiliser ce système maintenant dans un environnement disputé rendra également possible une connexion éventuelle au SSCFT. »

 

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