Rapport sur les opérations dans l'enclave de Medak
Le 2 novembre 2021
CANBAT 1
15 AU 21 SEPTEMBRE 1993
Références : A. Ordre d’avertissement, 131945B septembre 1993
B. Notes confirmatoires de l’ordre d’opération du CANBAT 1, 14 septembre 1993

INTRODUCTION
1. Le 9 septembre 1993, les forces croates ont lancé une attaque-surprise contre les positions serbes dans les régions de STRUNICI (DIVO SELO) [aux coordonnées (coord) WK 2927], de LICKI CITLUK (aux coord WK 3324) et de DONJI SELO (aux coord WK 3423). L’attaque a débuté avec des tirs d’artillerie lourde et de mortier, suivis d’un assaut d’infanterie et de chars. À noter qu’au long du front dans le secteur SUD, il y a eu des échanges de tirs d’artillerie, de mortier et de mitrailleuse lourde. Le Bataillon canadien 1 (CANBAT 1) était en train d’établir des postes d’observation dans le secteur général. En fait, la reconnaissance avait été achevée le 8 septembre 1993, et un poste devait être établi dans la région de DEBELA GLAU (aux coord WK 3026) le 10 septembre. Le CANBAT 1 avait établi un peloton avancé à MEDAK (aux coord WK 406 224) à titre de mouvement préliminaire. Le 9e Peloton de la Compagnie C a été continuellement la cible de tirs d’artillerie et de mortiers pendant 12 heures, certains atteignant un rayon de 50 mètres de son emplacement. D’intenses bombardements ont eu lieu dans la région de l’enclave de MEDAK et partout dans le secteur SUD pendant plusieurs jours après l’attaque. Pendant cette période, trois soldats du CANBAT 1 ont subi des blessures mineures causées par des éclats d’obus. Les tensions étaient élevées et le sont encore.
2. Le motif exact de cette attaque demeure nébuleux à ce jour. Deux options sont possibles : soit il s’agissait d’une tentative d’effectuer une percée afin de saisir l’importante vallée au NORD du pont de MASLENICA en vue d’éventuellement la prendre et tenir, soit il s’agissait d’une solution évidente pour mettre fin aux tirs d’artillerie incessants et harcelants provenant de la région serbe et visant la ville de GOSPIC, des tirs qui étaient devenus intolérables.
3. La Force de protection des Nations Unies (FORPRONU) a eu l’occasion de prévenir un autre carnage peu après que les Serbes eurent commencé à bombarder la ville de KARLOVAC et tiré un missile FROG contre ZAGREB. À la suite de ces attaques, les Croates ont exprimé la volonté de se retirer à la ligne de cessez-le-feu établie avant le 9 septembre 1993, à condition que les Serbes cessent leur bombardement.
PROCÉDURE DE COMBAT
4. Le CANBAT 1 a reçu un ordre d’avertissement (référence A) le 132133B septembre 1993. C’est ce qui a déclenché la procédure de combat pour la mise en œuvre de l’accord de l’enclave de MEDAK, qui prévoyait la séparation des forces d’opposition, le retrait des forces croates à la ligne de front établie avant le 9 septembre 1993 et l’établissement, entre les forces d’opposition, d’une zone tampon démilitarisée et contrôlée par la FORPRONU. Deux compagnies du bataillon français (FREBAT) étaient sous le contrôle opérationnel du CANBAT 1, l’une appartenant au FREBAT 1 dans le secteur NORD et l’autre au FREBAT 3 du secteur de BIHAC, en Bosnie Herzégovine.
5. Le commandant du CANBAT 1 a donné des ordres verbaux suivis de notes confirmatoires (référence B) le 141630B septembre 1993. Le plan du CANBAT 1 consistait en une opération en quatre phases qui se détaille comme suit :
6. Phase 1. La Compagnie C du CANBAT 1 et la compagnie du FREBAT 1 remplaceront les Serbes dans leurs positions sur la ligne de front. En profondeur du côté croate, les observateurs militaires des Nations Unies (UNMO) confirmeront les lignes croates avant le 9 septembre 1993.
7. Phase 2. Le CANBAT 1 ouvrira un point de franchissement sur la route à surface dure qui s’étend de la ligne de front serbe à la ligne de front croate. Un peloton antiblindé effectuera une observation supérieure. Les ingénieurs devront être prêts à effectuer des tâches de déminage.
8. Phase 3. La Compagnie D du CANBAT 1 et la compagnie du FREBAT 3 traverseront du côté croate et la Compagnie D occupera les lignes de front croates, tandis que la compagnie du FREBAT 3 occupera les lignes de front croates établies avant le 9 septembre 1993. Un peloton antiblindé effectuera une observation supérieure. Le peloton de reconnaissance et le poste de commandement tactique du commandant se déplaceront dans l’enclave.
9. Phase 4. Le CANBAT 1 s’assurera que les Croates se retirent à leurs positions d’avant le 9 septembre 1993. Les tâches de patrouille commenceront dans la nouvelle zone tampon. Une équipe de ratissage sera déployée pour dégager les villages de dépouilles, évacuer les survivants et participer à la prestation d’aide humanitaire en collaboration avec la Division des Affaires civiles des Nations Unies et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), entre autres.
OPÉRATIONS – 15 SEPTEMBRE 1993
10. L’opération a commencé le 15 septembre 1993, avec l’occupation de positions serbes sur la ligne de front. Cela s’est fait rapidement et s’est terminé en début d’après-midi. La Compagnie C occupait des positions de peloton aux coord WK 380253, 353220 et 355242. La compagnie du FREBAT 1 occupait des positions de peloton aux coord 377307, 400277 et 416295. À plusieurs reprises peu après l’occupation, les forces croates ont directement engagé les soldats de la FORPRONU avec des armes légères et avec des tirs de mitrailleuses lourdes et, dans certains cas, de canons de calibre de 20 mm. Les forces du CANBAT 1 ont riposté aux tirs lorsqu’il est devenu évident qu’ils étaient dirigés vers elles. Elles ont riposté aux tirs par le même moyen, c’est-à-dire avec des armes légères pour répondre à des armes légères et ainsi de suite. De nombreux échanges de tirs ont eu lieu, dont certains ont duré jusqu’à 90 minutes, entre les Croates et les troupes du CANBAT 1 pendant la période de 15 heures qui a suivi. Le CANBAT 1 n’a subi aucune perte de soldats. Il n’a pas été confirmé si des soldats croates ont été blessés, mais les médias croates ont signalé que 27 soldats avaient été tués ou blessés durant cette opération. La cause des tirs croates, dans certains cas, pourrait être attribuée aux forces serbes dirigeant des tirs contre les positions croates tout en utilisant forces onusiennes comme bouclier. Les négociations au quartier général (QG) de la 9e Brigade serbe ont mis fin à cette activité. Toutefois, les forces croates ont continué à attaquer les positions du CANBAT 1 de façon sporadique. On soupçonne que le commandement militaire croate n’avait pas informé ses soldats qu’un accord de cessez-le-feu allait bientôt être mis en vigueur.
11. L’armée croate a accepté de participer à une réunion le 15 septembre 1993 en soirée. Le général Ademi (commandant de la zone opérationnelle) y a assisté pour représenter les forces croates. Le colonel Maisonneuve (chef des opérations de la FORPRONU), le lieutenant-colonel Calvin (commandant du CANBAT 1) et le lieutenant-colonel Nielsen (officier militaire supérieur du secteur SUD) y ont représenté la FORPRONU. Lors de cette réunion, il a été entendu que le CANBAT 1 serait autorisé à établir un point de franchissement sur la route principale MEDAK-GOSPIC dans la nuit du 15 au 16 septembre 1993. Il a également été entendu que les deux compagnies prévues pour la phase 3 du plan seraient autorisées à traverser, à partir de 12 h 00 le 16 septembre 1993. La première compagnie, traversant à 12 h 00, occuperait la ligne de front des défenses croates et la deuxième compagnie, traversant à 13 h 30, occupera la ligne croate du 9 septembre 1993. La séance a été levée à environ 22 h 00 le 15 septembre 1993.
12. Le point de franchissement a été établi à 24 h 00 le 15 septembre 1993 lorsque le QG de la Compagnie D a traversé, passant du côté serbe au côté croate, par la route à surface dure qui mène de MEDAK vers le NORD OUEST jusqu’à LICKI RIBNIK (la zone autour des coord 3725). Les ingénieurs ont déminé les routes, et les éléments du QG tactique de la Compagnie D sont demeurés du côté croate afin de maintenir le point de franchissement ouvert jusqu’au moment où les compagnies ont pu le traverser le 16 septembre 1993.

OPÉRATIONS – 16 SEPTEMBRE 1993
13. À la première lueur du 16 septembre 1993, la position avancée a rapporté que de la fumée s’élevait des villages de D. SELO et de LICKI CITLUK. Des tirs d’armes légères sporadiques ont aussi été entendus, ainsi que de grosses explosions venant du secteur des villages. On soupçonnait que les Croates détruisaient la propriété des anciens occupants de ces villages.
14. Pendant la matinée, plusieurs réunions ont eu lieu à GOSPIC entre l’équipe de négociation de la FORPRONU, composée du colonel Maisonneuve et du lieutenant-colonel Nielsen, et les autorités croates. Le plan opérationnel original du CANBAT 1 a été considérablement modifié pendant les négociations. Plutôt que d’occuper immédiatement la ligne de front croate ainsi que la ligne croate du 9 septembre 1993, on a ordonné au CANBAT 1 de mener l’opération par phases en occupant successivement des lignes routières, d’EST en OUEST, jusqu’à finalement atteindre la ligne du 9 septembre 1993. En outre, l’échéancier pour le désengagement a été prolongé de 24 heures. Les Croates avaient donc jusqu’à 18 h 00 le 17 septembre 1993 pour libérer la ligne de cessez-le-feu du 9 septembre 1993 plutôt que l’échéance initialement convenue, à savoir la dernière lueur du 16 septembre 1993. Cette information a été transmise au commandant du CANBAT 1 par transmission radio sur le réseau d’UNMO.
15. À 12 h 00, la première compagnie du CANBAT 1 (Compagnie D) a commencé à traverser le point de franchissement pour se rendre du côté croate. De ce côté-là, ils ont trouvé des barrières et des mines toujours en place. La compagnie a été retenue jusqu’à 13 h 30 par le brigadier Mezic, officier de liaison principal de la zone opérationnelle, invoquant diverses excuses pour justifier le délai. Pendant ce temps, d’autres tirs d’armes légères et explosions pouvaient être entendus venant du village tenu par l’armée croate. Des discussions tendues ont eu lieu entre le commandant du CANBAT 1 et le brigadier Mezic au point de franchissement. Finalement, le commandant du CANBAT 1 a fait usage des médias présents pour exercer une pression indirecte en filmant les tactiques retardatrices. Ce stratagème est parvenu à mettre suffisamment de pression sur les Croates pour que ces derniers permettent le franchissement. À 13 h 30, la Compagnie D a été autorisée à franchir le point de franchissement et a commencé à occuper la ligne de front croate. La deuxième compagnie (FREBAT 3) quant à elle a été retenue jusqu’à 14 h 30, lorsqu’elle a reçu l’autorisation de se déplacer jusqu’au village d’ORNICE (aux coord 3327) sur la deuxième ligne routière. À cet endroit, l’équipe de négociation de la FORPRONU leur a ordonné d’attendre jusqu’à 18 h 00 avant de se rendre dans le village de LICKI CITLUK. Cette heure avait été convenue par l’équipe de négociation de la FORPRONU à GOSPIC. Les explosions et les tirs d’armes légères continuaient de retentir dans les villages tenus par les Croates.
16. À 16 h 30, le commandant du CANBAT 1 a rencontré le colonel Maisonneuve à GOSPIC pour expliquer la situation, notamment qu’il soupçonnait qu’un nettoyage ethnique était en train de se dérouler. Encore une fois, le représentant de la FORPRONU a expliqué les échéanciers et souligné l’importance de respecter l’accord.
17. À 18 h 00, la compagnie du FREBAT 3, le poste de commandement tactique du commandant et le peloton de reconnaissance se sont rendus au village de LICKI CITLUK et ont constaté qu’il avait été complètement rasé. Simultanément, le CANBAT 1 a reçu l’ordre du commandant du secteur SUD de partir vers l’OUEST pour tenter de sauver une enclave de civils serbes dans la région de STRUNICI (aux coord 2927). L’opération était soumise à des restrictions, soit elle devait avoir lieu avant la dernière lueur et se dérouler en toute sécurité. Un peloton de la compagnie du FREBAT 3 a été envoyé à l’avant, mais aucun signe de la présence de Serbes n’a été trouvé. Il convient de noter que tous les bâtiments entre les villages de LICKI CITLUK et de STRUNICI étaient en feu ou avaient été détruits. Le peloton est retourné au village de LICKI CITLUK pour la nuit afin de ne pas perturber les négociations en cours.
18. Les deux compagnies, maintenant en position, ont reçu l’instruction de se regrouper à leur emplacement et de faire un ratissage rapide du secteur pour tenter de trouver des survivants. Ce faisant, elles ont trouvé trois Serbes vivants et les ont mis à l’abri dans un véhicule des Nations Unies. De nombreuses dépouilles ont également été découvertes. Les trois survivants ont été évacués jusqu’à MEDAK peu après minuit.
OPÉRATIONS – 17 SEPTEMBRE 1993
19. À la première lueur, les compagnies ont reçu l’ordre de poursuivre le ratissage de leurs zones. À 09 h 00, la compagnie du FREBAT 3 a commencé à se déplacer vers l’OUEST en direction de la nouvelle ligne de phase, soit la ligne entre STRUNICI (aux coord 2927) et POLJARI (aux coord 3027). Le 17 septembre 1993 à 12 h 00, cette ligne avait été atteinte.
20. La ligne de 12 h 00 a été atteinte à temps. L’armée croate avait déployé environ 50 soldats dans le secteur, et ils ont organisé une petite démonstration de tirs dans les hautes terres, supposément à CHETNIKS, avant de se retirer du secteur. Un peloton de la compagnie du FREBAT 3 a été envoyé pour effectuer une patrouille à pied dans les hautes terres pour voir s’il pouvait localiser l’enclave de Serbes qui avait été signalée. Ils n’ont trouvé aucune trace des Serbes.
21. À ce moment, la compagnie du FREBAT 1 s’est déplacée dans le secteur de STRUNICI (aux coord 2927) et elle a reçu l’ordre d’exécuter un passage des lignes vers l’avant, à travers les lignes de la compagnie du FREBAT 3 jusqu’à la ligne croate du 9 septembre 1993. Cette ligne s’étendait environ de V KRAG (aux coord 2625) à PODKLISA (aux coord 2828) à VEDRIC POLJE (aux coord 2829). Le 17 septembre 1993 à 18 h 00, cette ligne a été atteinte; à ce moment-là, les forces croates s’étaient retirées de la zone.
OPÉRATIONS DE L’ÉQUIPE DE RATISSAGE
22. S’attendant à ce que l’armée croate procède à un nettoyage ethnique, le CANBAT 1 a constitué une équipe pour ratisser le secteur et évaluer de façon objective les dommages. L’équipe était composée des personnes suivantes :
23. Un médecin militaire (canadien).
24. Des représentants de la police civile de la Force des Nations Unies.
25. Des soldats du CANBAT 1 pour effectuer des recherches, faire le bilan des dommages et aider au déplacement de deux corps.
26. L’équipe de ratissage du CANBAT 1 a rapidement dégagé les villages de DONJI SELO et de LICKI CITLUK le 16 septembre 1993. Au cours des 72 heures suivantes, elle a ratissé le reste des maisons et des villages du secteur, notamment BRLJICI, NJEGOVANI, RAICEVIC, ROGICI, KRAJINOVICI, BUDICI, JOVIA, PUTKONJACI et STRUNICI. Les résultats du ratissage sont inclus dans les paragraphes sur le nettoyage ethnique et dans les annexes.
CONSOLIDATION
27. Du 17 au 18 septembre 1993, les limites réelles de la nouvelle zone tampon de la FORPRONU étaient incertaines et
LEÇONS RETENUES
30. Sélection des troupes. Il est primordial de sélectionner le bon type d’unités et de compagnies pour réaliser une opération comme celle-ci. En effet, elles doivent être très bien formées afin de demeurer calmes sous les tirs et riposter avec détermination. Elles doivent être bien équipées, avec des transports de troupes blindés (TTB), des mitrailleuses semi-lourdes et lourdes, des armes antiblindés et du matériel du génie. Enfin, si possible, les troupes devraient être chevronnées et avoir passé un certain temps dans le théâtre d’opérations afin qu’elles soient conscientes de la menace que représentent les mines, les tireurs d’élite et l’artillerie.
31. Recours aux UNMO. Dans le cadre de cette opération, l’UNMO principal du secteur SUD et un important contingent d’UNMO ont été placés sous le contrôle opérationnel du commandant du CANBAT 1 pour établir la liaison et effectuer des tâches de reconnaissance du côté croate de la ligne de cessez-le-feu. Cette solution s’est avérée être excellente pour régler le problème de communication avec les autorités croates en dehors des limites des zones protégées par les Nations Unies et des zones roses. L’utilisation de cette technique devrait être sérieusement envisagée lors de futures opérations de cette nature.
32. Chaîne de commandement. Jusqu’à un certain point, la chaîne de commandement normale a été contournée pendant l’opération de l’enclave de MEDAK. Même si, techniquement, la chaîne de commandement passait toujours du commandant de la force au commandant de secteur puis au commandant du CANBAT 1, en réalité, les directives étaient reçues directement des représentants de la FORPRONU à GOSPIC. Cette façon de faire a, dans les faits, soustrait le QG du secteur SUD de la chaîne, ce qui a fait en sorte qu’il ne recevait plus les informations en temps opportun. Cet arrangement ad hoc local fonctionnait dans cette situation, probablement grâce aux relations de travail préexistantes entre le commandant du CANBAT 1 et le représentant de la FORPRONU, le Colonel Maisonneuve. En fait, à certains égards, cette chaîne de commandement simplifiée a peut-être contribué au bon fonctionnement de l’opération. Toutefois, lors de futures opérations, une chaîne de commandement doit être clairement définie pour s’assurer de la légalité des ordres et pour minimiser la confusion au niveau opérationnel de l’opération.
34. Recours à la police civile de la Force des Nations Unies. La police civile de la Force des Nations Unies a été largement utilisée dans le cadre des opérations de l’équipe de ratissage du CANBAT 1 et s’est avérée une ressource importante pour confirmer l’heure et la cause du décès des corps trouvés. Elle a été extrêmement coopérative, et la préparation du présent rapport, particulièrement les annexes sur le nettoyage ethnique, a été rendue possible grâce à ses excellentes compétences sur le terrain et à ses rapports remis en temps opportun. Elle doit être intégrée d’entrée de jeu à toute opération de cette nature à venir.
35. Directives du commandant. La visite d’une durée de trois heures du commandant de la Force, le 14 septembre 1993, soit au moment où l’opération a commencé, a été particulièrement utile au commandant du CANBAT 1 au cours de cette opération. Le fait de recevoir directement l’intention générale de la mission et de bien comprendre les niveaux de risque acceptables s’est avéré extrêmement avantageux pendant les 72 heures suivantes. Si une telle visite ne peut être effectuée lors de futures opérations, le commandant de la Force devrait, au minimum, consigner par écrit ses intentions et sa ligne de conduite.
36. Capacité de concentrer les forces rapidement. La capacité de la FORPRONU à rapidement mobiliser une importante force mécanisée a eu un effet considérable sur les forces militaires des deux côtés au cours de l’opération de l’enclave de MEDAK. Il ne fait aucun doute que les forces serbes étaient extrêmement impressionnées par le grand nombre de TTB qui s’étaient déplacés à MEDAK immédiatement avant l’opération, ce qui a permis d’accroître leur confiance quant à la capacité de la FORPRONU de mener à terme l’opération. De même, une fois que le point de franchissement a été établi et que les compagnies mécanisées ont traversé les lignes croates, la forte présence mécanisée a créé chez les militaires croates un sentiment urgent de se désengager. La FORPRONU ne devra pas sous-estimer l’effet d’une importante démonstration de force lorsqu’elle préparera la mise en œuvre d’accords dans l’avenir.
RECOMMANDATIONS
37. Les recommandations suivantes sont présentées :
a.
b.
c. c. Il est évident qu’une grande tension subsistera à court terme dans le secteur entourant l’enclave de MEDAK. Il est recommandé que la FORPRONU maintienne un minimum de deux compagnies mécanisées avec l’appui du génie et un appui antiblindé dans la zone de MEDAK jusqu’en décembre 1993.
CONCLUSIONS
38. L’opération a été un franc succès à bien des égards. Il est particulièrement important de souligner le succès de la technique consistant à concentrer la pression politique et militaire à un endroit et un moment décisifs dans le but d’atteindre l’objectif d’un accord de cessez-le-feu. Il est rare de voir les deux branches opérer dans une telle coordination, il pourrait donc être intéressant d’utiliser l’opération de l’enclave de MEDAK comme étude de cas auprès du personnel de la FORPRONU pour déterminer la stratégie à adopter lors de futures opérations à petite échelle.
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