
La littératie numérique : une compétence essentielle en milieu de travail
Par le capitaine Ben Zuo - Le 23 Mai, 2025
temps de lecture : 4 min

Caption
Pour démontrer l'importance de la culture numérique, cette image d'un char, d'une personne et d'un équipement de surveillance a été créée numériquement par Adobe AI Firefly.
La littératie numérique se définit comme « …une combinaison de capacités techniques et cognitives dans l’utilisation de technologies de l’information et de la communication pour créer, évaluer et partager l’information ». Comme les sous-officiers supérieurs et les officiers commissionnés passent de plus en plus de temps à travailler à leur bureau, à consulter des courriels et à utiliser des outils de collaboration numérique, la littératie numérique devient une compétence essentielle en milieu de travail. Pourtant, elle n’est pas enseignée de manière formelle ou délibérée dans le cadre d’une instruction progressive, et ce, peu importe le niveau de groupe professionnel militaire ou de grade. On s’attend plutôt à ce que chacun « apprenne sur le tas ». Un manque d’instruction formelle standardisée en matière de littératie numérique au sein des Forces armées canadiennes (FAC) fait en sorte que l’organisation peut rater des occasions d’accroître l’efficacité, la qualité et le rendement du travail. La nécessité d’être plus efficace avec les ressources à notre disposition (tant militaires que civiles) est particulièrement importante dans le contexte actuel des restrictions budgétaires, du recrutement et du maintien en poste.
Tout d’abord, nous reconnaissons que les FAC sont conscientes de l’importance des outils numériques et des compétences nécessaires à leur utilisation. Il existe de nombreux services de soutien dans ce domaine et de nombreuses organisations de niveau 4 et plus disposent d’un personnel spécialisé dont la fonction principale ou secondaire est d’agir en tant qu’officiers de gestion de l’information (OGI). Toutefois, bien que ces OGI soient régis par la DOAD 6001-1 et qu’ils ne soient responsables de la gestion de l’information qu’à des fins de gouvernance et de conformité, ils sont souvent « doublement sollicités » à devenir des experts en la matière (EM) dans le domaine numérique. Cette pratique présente un risque, car les OGI deviennent souvent des points de défaillance uniques alors que les organisations se déchargent de la responsabilité de former chaque membre des FAC en matière de compétences numériques et de gestion de l’information.
Nous pouvons décomposer le problème de la littératie numérique en fonction des catégories suivantes, dans la mesure où elles sont liées aux résultats opérationnels et administratifs des FAC :
Sans une réduction importante de la charge de travail, les membres des FAC qui travaillent dans un environnement où les ressources sont limitées doivent être plus efficaces et utiliser leur temps et leur énergie de façon plus productive. Afin de favoriser une meilleure gestion des tâches et l’établissement de priorités, ainsi que d’optimiser les flux de travail pour réduire les processus manuels redondants et fastidieux, il est impératif que les membres soient en mesure d’utiliser efficacement les outils ou les processus numériques tels que :
a. La fonction de suivi des tâches disponible au moyen de la suite Microsoft Office D365.
b. Les planificateurs et les tableaux de bord dans les suites d’applications de MS Teams.
c. Le programme Power BI ou des outils d’analyse de données similaires.
d. L’application appropriée d’outils de suivi collaboratifs en temps réel.Au fur et à mesure que la numérisation des documents augmente, le volume d’information numérique augmente de façon exponentielle et il en va de même pour les exigences liées à la gestion de ce volume. Les compétences et les habiletés qui peuvent faciliter ce processus comprennent :
a. L’utilisation efficace du marquage des métadonnées des documents, qui permet une tenue de dossiers pertinente, facilite l’analyse et favorise une métrologie informatique utile.
b. Une compréhension claire des bases de la plateforme en ligne SharePoint et de la façon dont elle peut être personnalisée pour répondre aux besoins de chaque organisation, du N1 au N5.
c. La capacité à tirer parti des solutions de stockage en nuage au moyen de D365 OneDrive et la manière dont elles s’appliquent à la fois aux bibliothèques personnelles et institutionnelles.Depuis l’avènement de logiciels dotés d’« intelligence artificielle (IA) », la capacité à traiter de volumes élevés d’information et de données devient plus accessible à l’utilisateur commun. Il incombe à l’utilisateur de connaître et de comprendre les capacités ainsi que les contraintes et les limites de cette technologie. Les éléments essentiels pour comprendre cette technologie émergente sont les suivants :
a. Comprendre la différence entre la véritable IA et les outils qui existent aujourd’hui, comme les grands modèles de langage et l’IA générative.
b. Comprendre le risque que comporte l’IA générative, y compris sa tendance à générer des données incorrectes en raison des « hallucinations » de l’IA.
c. Comprendre l’importance d’« amorcer » l’IA en lui fournissant de l’information de source à l’aide de consignes correctement structurées avant d’effectuer des analyses ou de générer des données.
Les FAC existent actuellement à une époque où la littératie numérique de base n’est pas enseignée et est pourtant quand même escomptée, tandis que de nouvelles technologies sont introduites dans notre écosystème numérique à une vitesse fulgurante sans réglementation quant à l’instruction nécessaire pour minimiser les risques et utiliser la technologie numérique de manière efficace.
Des formations professionnelles sont offertes sur des plateformes telles que Enterprise Skills Initiative (ESI) de Microsoft, Microsoft Learn et Udemy; toutefois, ces possibilités ne sont pas bien promues et ne sont pas uniformément accessibles à tous, car certaines plateformes ont un nombre limité de licences pour le ministère de la Défense nationale. Malgré les récents efforts de reconstitution, les militaires sont souvent débordés durant les heures de travail, ce qui limite les occasions d’utiliser ces plateformes d’apprentissage pendant leur service.
Ce déficit en matière de compétences ne peut pas être comblé en comptant sur le renouvellement générationnel au sein des FAC. Malgré la croyance populaire, il n’est pas acquis que les nouvelles générations de membres des FAC soient successivement plus compétentes sur le plan numérique que les générations précédentes. Bien que la génération Z ait grandi immergée dans la technologie, elle peut être confinée à l’intersection étroite de la technologie mobile et des médias sociaux. Cette exposition n’implique pas ou ne garantit pas une meilleure littératie numérique en général.
Pendant que la « peinture numérique » est encore fraîche avec l’introduction relativement récente de D365 (Microsoft 365) dans l’écosystème numérique des FAC, nous sommes prêts à saisir la meilleure occasion d’institutionnaliser la formation en littératie numérique. De l’instruction élémentaire à l’obtention d’un niveau opérationnel de compétence et au-delà, nous devons nous assurer que ces compétences soient inculquées à chaque soldat, matelot et aviateur.
À propos de l’auteur :
Le capitaine Ben Zuo est un officier du génie électrique et mécanique qui poursuit actuellement une maîtrise en administration des affaires à l’Université Queen à Kingston, en Ontario, dans le cadre du programme d’études supérieures parrainé. Depuis son enrôlement dans les FAC en 2015, il a servi au sein du 2e Bataillon des services et du 2eRégiment, Royal Canadian Horse Artillery, et a participé à plusieurs opérations, plus récemment avec le Royal Canadian Dragoons en 2021. Avant de commencer ses études de M.B.A., il a servi consécutivement comme officier des opérations et adjudant de l’unité des services techniques du Groupe de soutien de la 4e Division du Canada.

contenu actuel
Previewf | 1 | Article | 4 | 5 |
---|
Détails de la page
- Date de modification :