TRY : Sauver le monde, une bibliothèque à la fois

Discours

Allocution dans le cadre de la conférence des employés des bibliothèques de TRY :
Guy Berthiaume, bibliothécaire et archiviste du Canada
Toronto, Ontario
3 mai 2016
Traduction de l'allocution prononcée en anglais.

Bonjour, et permettez-moi d'abord de vous remercier de m'avoir invité à participer à la conférence des bibliothèques de TRY.

Je dois avouer que quand j'entends l'acronyme « TRY », je me rappelle les immortelles paroles de Yoda dans L'empire contre-attaque :

« Fais-le, ou ne le fais pas. Il n'y a pas d'essai. »

D'une certaine façon, cette petite leçon de sagesse convient très bien au monde des bibliothèques.

Nous répondons aux changements — totalement, complètement, avec cœur et âme — sans quoi nous ne survivons pas.

Aujourd'hui, j'aimerais donc vous expliquer comment Bibliothèque et Archives Canada prévoit non seulement répondre aux changements, mais faire tout ce qu'il peut pour demeurer à l'avant-garde.

Je vais d'abord parler un peu de mon institution, Bibliothèque et Archives Canada.

Les Archives publiques du Canada ont été fondées en 1872.

Voici un petit fait historique intéressant : elles faisaient à ce moment-là partie du ministère de l'Agriculture!

Elles sont devenues les Archives nationales en 1987.

En 1953, la Bibliothèque nationale a été créée et, en 2004, le Canada a été l'un des premiers pays au monde à combiner sa bibliothèque nationale et ses archives nationales.

Bibliothèque et Archives Canada est né de la vision d'un nouveau type d'organisation de connaissances — entièrement intégré entre deux disciplines et équipé pour répondre aux demandes de renseignements du XXIe siècle.

Il s'agissait d'une idée audacieuse. Et même révolutionnaire.

Cette idée a déclenché une conversation.

Entre un bibliothécaire et un archiviste.

C'est-à-dire l'ancien bibliothécaire national Roch Carrier et Ian Wilson, l'ancien archiviste national.

Ces deux hommes comprenaient que le Web avait complètement changé la façon dont le monde utilisait l'information et définissait les connaissances.

Ian Wilson a peut-être saisi une carte. Où devait-on la conserver? Dans une bibliothèque ou dans des archives?

Roch Carrier a peut-être sorti une bobine de pellicule de sa poche. Bibliothèque? Archives? Qui sait?

Une excellente idée a vu le jour grâce à cette conversation.

Ils ont commencé à envisager une organisation qui fusionnerait la Bibliothèque nationale et les Archives nationales et qui rassemblerait des livres, des images, des œuvres artistiques, des textes, des enregistrements sonores et des objets en une collection unique.

Une organisation qui serait facilement accessible.

Cette idée était tellement novatrice que l'on a dû étendre la portée du terme « patrimoine documentaire » de manière à englober tout ce qu'une organisation de cette nature pouvait amasser, préserver et faire découvrir.

Ainsi, ils ont démarré les travaux visant à créer une nouvelle organisation, dont la raison d'être serait de préserver la mémoire collective du Canada dans toutes ses dimensions.

Une organisation qui toucherait le travail commun de deux disciplines uniques.

Nous sommes le seul pays membre du G-20 à s'être doté d'une telle institution nationale fusionnée, conçue pour :

  • juxtaposer les sphères de deux disciplines vénérables;
  • intégrer l'expertise et la technologie;
  • offrir un service homogène dans un monde de plus en plus homogène.

La Belgique, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande ont récemment tenté de fusionner leur bibliothèque nationale et leurs archives nationales sans toutefois réussir.

Singapour l'a fait en 2012 et jusqu'ici, il semble que le projet sera une réussite.

En étant à la fois la Bibliothèque nationale et les Archives nationales, BAC a l'occasion unique de remettre en question les anciennes méthodes de travail, de trouver de nouvelles façons d'exécuter son mandat et de refléter la société qu'il documente — une société fluide, interconnectée et spontanée.

C'est un grand défi, surtout pour un organisme gouvernemental.

Mais c'est possible, pourvu que l'on travaille avec des partenaires. 

Ce n'est pas le contenu qui manque; il est partout — privé, publié et gouvernemental.

Mais le processus qui sera utilisé pour rendre ce contenu disponible et accessible doit faire l'objet d'une réflexion commune.

Si BAC veut tirer parti de sa « double nationalité », il doit demander des conseils globalement et le plus souvent possible, car il y a très peu de modèles d'organismes semblables à suivre ou à consulter.

Ce manque d'exemples à suivre signifie que BAC a dû tracer une nouvelle voie non testée, et qu'il a connu les essais et les erreurs qui sont inévitables dans un tel cas. Nous avons sans doute fait quelques erreurs, mais nous apprenons sans cesse.

Notre mandat est large et exhaustif :

  • préserver le patrimoine documentaire du Canada pour les générations présentes et futures;
  • servir de mémoire permanente à l'administration fédérale et à ses institutions.

Nous exécutons notre mandat grâce à une gamme de programmes et de services qui répondent aux besoins de nos clients, intervenants et partenaires.

Nos responsabilités sont les suivantes :

  • maintenir le dépôt légal, qui exige que deux exemplaires de tout ce qui est publié au Canada nous soient remis;
  • déterminer quels documents fédéraux ont une valeur archivistique ou historique, et donner les autorisations de disposer dans le cas des documents qui n'ont plus de valeur opérationnelle;
  • tenir à jour le catalogue collectif national qui contient plus de 25 millions de notices bibliographiques, d'emplacements et de l'information sur les collections de centaines de bibliothèques canadiennes;
  • élaborer des normes nationales et internationales dans le domaine de l'archivistique et de la bibliothéconomie;
  • exécuter le Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire, un nouveau programme de financement mis en œuvre cette année pour appuyer les collectivités du patrimoine documentaire du Canada.

Nos services comprennent :

  • l'accès à l'information, de sorte que les Canadiens puissent obtenir les renseignements qu'ils désirent du gouvernement fédéral;
  • des services de référence offerts aux personnes qui consultant nos documents, y compris les journalistes, les chercheurs, les étudiants, les professeurs et le grand public;
  • des services pour les éditeurs, notamment l'obtention d'un numéro international normalisé du livre (ISBN) et de catalogage avant publication (CIP).

Il s'agit de programmes cruciaux et de services importants, mais il y a plus encore.

Nous assurons également l'intendance d'une vaste collection de documents tant numériques qu'analogiques.

Jetons un coup d'œil sur cette collection :

  • 22 millions de livres, le poids de 43 baleines bleues!
  • 250 kilomètres de documents textuels, qui, alignés, nous permettraient de nous rendre de Toronto (qui, comme tout le monde le sait, est le centre de l'univers!) jusqu'aux confins de l'atmosphère de la Terre!
  • 3 millions de cartes, de plans et de dessins d'architecture, ce qui équivaut au nombre de feuilles sur 12 chênes!
  • 30 millions de photographies, presque autant que la population du Canada;
  • 550 000 heures d'enregistrements audio et vidéo, suffisamment pour vous occuper pendant les 63 prochaines années;
  • 5 milliards de mégaoctets de contenu numérique;
  • un exemplaire de chaque timbre émis par Postes Canada;
  • une collection unique de médailles;
  • ainsi que la plus importante collection d'œuvres d'art canadiennes au monde, avec plus de 425 000 œuvres d'art dont des sculptures, des illustrations tirées de livres pour enfants, des bandes dessinées, des affiches politiques et des portraits emblématiques.

Comme vous pouvez l'imaginer, entreposer cette collection en toute sécurité constitue un véritable exploit.

J'aimerais mentionner brièvement quelques édifices impressionnants dans lesquels nous conservons notre collection.

Le Centre de préservation de Gatineau, qui renferme 48 voûtes et laboratoires de conservation modernes, est une installation à la fine pointe de la technologie et de calibre mondial.

En outre, nous prévoyons construire une nouvelle installation à côté du Centre de préservation dans laquelle nous offrirons l'accès à nos documents textuels qui y seront conservés.

Le Centre de préservation des pellicules de nitrate est la seule installation au Canada qui soit conçue pour l'entreposage à long terme des pellicules et des négatifs de nitrate. Il a remporté de nombreux prix pour sa conception écologique.

Nous avons également ouvert, à Gatineau, de nouvelles installations qui sont dotées des toutes dernières fonctionnalités en matière d'entreposage à haute densité. Notre collection de journaux nationaux y est entreposée, ainsi que les dossiers militaires des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

Ceci vous donne une idée générale de Bibliothèque et Archives Canada.

Et en tant que bibliothèque, nous devons relever le même défi que toutes les autres bibliothèques au XXIe siècle — comment gérer le changement tout en assurant l'accès.

Dans le contexte de l'information numérique, relever ce défi peut s'avérer une tâche complexe.

Nous devons tenir compte....

  • de l'évolution des besoins et des attentes de notre clientèle;
  • des enjeux relatifs au droit d'auteur;
  • de l'équilibre entre les ressources numériques et imprimées;
  • des nouvelles technologies;
  • d'un environnement des connaissances très mobile 24 heures sur 24, 7 jours par semaine.

Examinons maintenant certains de ces sujets de manière un peu plus détaillée.

Tout d'abord, nous devons reconnaître que nous sommes tous connectés. Extrêmement connectés.

En 2014, 24 millions de Canadiens possédaient un téléphone cellulaire. Et cela ne signifie pas que les Canadiens consacrent tout leur temps à parler!

Quatre-vingts pour cent de ces téléphones étaient des téléphones intelligents, utilisés beaucoup plus avec des applications que pour avoir des conversations.

Ce réseau tentaculaire de connexions redéfinit la façon dont les bibliothèques fournissent leurs services.

Tout comme le fait le monde de l'édition numérique.

Une enquête menée par Booknet en 2014 auprès de 70 éditeurs canadiens a révélé que 93 % produisaient des livres électroniques.

Un tiers des maisons d'édition canadiennes offrent maintenant 75 % ou plus de leur collection en format numérique.

Uniquement pour l'année 2014, OverDrive, un organisme spécialisé dans le prêt virtuel d'œuvres numériques, a déclaré une augmentation de 33 % de la circulation des livres électroniques, des livres audio et d'autres médias numériques dans les bibliothèques canadiennes et américaines.

À elle seule, la Bibliothèque publique de Toronto a enregistré 2 millions de ces prêts.

Au Québec, un consortium de bibliothèques publiques a développé la plateforme pretnumerique.ca. En trois ans à peine, plus d'un million de prêts ont été effectués par ce service populaire.

Nous avons également assisté au développement des bibliothèques numériques, notamment Gallica, une bibliothèque en ligne créée par la Bibliothèque nationale de France. À la fin de 2014, Gallica a donné l'accès gratuit à 3,2 millions de documents, y compris des livres, des périodiques, des cartes, des enregistrements sonores et des photographies.

Parallèlement, l'impression représente encore environ 80 % des ventes globales de livres, contredisant ceux qui encore récemment prédisaient la mort du livre.

Selon un sondage du Pew Research Centre, 90 % des lecteurs de livres électroniques lisent encore des livres imprimés — ces livres que l'on peut déposer sur une étagère, tenir dans nos mains et prêter à nos amis.

Cette situation pose un véritable défi, tout particulièrement pour les bibliothèques publiques qui sont censées maintenir leurs ressources imprimées tout en élargissant leurs collections numériques.

La nature de ces collections numériques est également un point intéressant. 

Fournir l'accès à ces nouveaux types de collections est une nouvelle frontière que doit franchir la communauté des bibliothèques, et jusqu'à présent les réponses ont été fascinantes.

Prenons l'exemple de la Digital Public Library of America.

Aux États-Unis, la Digital Public Library of America, ou la DPLA, est un portail commun qui permet l'accès à plus de 13 millions d'articles qui font partie des collections d'organisations de mémoire de l'ensemble des États-Unis, comparativement à 2,3 millions d'articles il y a trois ans seulement!

La DPLA a atteint un autre important jalon au cours de l'année dernière en regroupant 1 900 institutions participantes. Lors de son lancement en avril 2013, la DPLA comptait à peine 500 institutions participantes!

La DPLA fournit un accès en ligne gratuit au contenu du patrimoine culturel de bibliothèques, d'archives et de musées de partout aux États-Unis, et son succès témoigne de la puissance des réseaux et de la place qu'ils occupent à titre d'industrie à croissance rapide.

En fait, étant donné l'importance accordée aux connexions et aux réseaux, il n'est pas surprenant de constater que les partenariats sont en voie de devenir le meilleur moyen qu'ont les organisations de mémoire, telles que les bibliothèques, de répondre efficacement à l'univers numérique.

Par exemple, la Koninklijke Bibliotheek des Pays-Bas et ses partenaires des secteurs publics et privés prévoient numériser d'ici 2018 environ 90 % des monographies qui y ont été publiées avant 1940.

La Nasjonalbiblioteket de Norvège fournit à tous les Norvégiens qui ont une adresse IP l'accès à 250 000 livres publiés qui sont encore protégés par le droit d'auteur.

L'externalisation ouverte est un autre mécanisme utilisé par les bibliothèques et d'autres organisations pour établir des liens entre les institutions et les utilisateurs.

Par exemple, LibCrowds de la British Library permet aux bénévoles de créer une base de données interrogeable à l'aide des catalogues sur fiches.

Grâce à l'externalisation ouverte, la National Library de l'Australie permet de corriger des textes de sa collection de journaux numérisés dans sa plateforme Trove.

Bien sûr, il serait négligent de ne pas mentionner la question du droit d'auteur à l'ère numérique, un enjeu pour toutes les bibliothèques du monde.

L'actuelle Loi sur le droit d'auteur a été adoptée en 2012. Pourtant, un certain nombre de questions persistent, notamment :

  • la signification d'une utilisation équitable;
  • les exceptions au droit d'auteur dans le Traité de Marrakech, qui permettent de créer des versions adaptées des livres et d'autres œuvres protégées à l'intention des personnes ayant des déficiences perceptuelles.

Puisque BAC est une institution nationale, on lui demande souvent de communiquer son point de vue et son expertise sur le droit d'auteur à d'autres ministères.

Nous travaillons en étroite collaboration avec les intervenants, le ministère du Patrimoine canadien et Innovation, Sciences et Développement économique pour présenter notre point de vue dans le cadre de la révision de la législation sur le droit d'auteur qui doit avoir lieu en 2017.

Après avoir tant parlé de l'aspect numérique, je crois qu'il est important de rappeler que les espaces physiques des bibliothèques sont encore très importants.

J'ai été frappé par cette observation faite dans un récent rapport de la British Library :

À une époque où la communication des connaissances et de la culture se fait de plus en plus en format numérique et sur écran, la valeur et l'importance de la qualité des espaces physiques et des expériences augmentent au lieu de diminuer. 

Il semble que plus nos vies reposent sur des écrans, plus la valeur perçue des rencontres avec de vraies personnes et des objets prend de l'importance : l'activité dans chaque sphère alimente l'intérêt vers l'autre.

Il s'agit d'une observation remarquable.

Cette constatation est un élément clé de la modernisation de notre présence au 395, rue Wellington, l'un des bâtiments les plus emblématiques d'Ottawa qui témoigne de l'importance des bibliothèques pour les Canadiens.

C'est aussi l'une des raisons pour laquelle nous examinons la possibilité de partager des locaux avec la Bibliothèque publique d'Ottawa.

Ceci nous permettrait de créer une plaque tournante culturelle sans précédent dans la ville avec des espaces d'exposition partagés et la capacité de combiner divers services, tels que la généalogie.

Nos salles de lecture du 395, Wellington seraient déménagées dans la nouvelle bibliothèque centrale.

En réunissant nos services, nous pourrions augmenter l'accès aux collections des deux institutions.

« Emplacement, emplacement, emplacement » comme le dit si bien le vieux dicton du marché immobilier.

Tout comme les bibliothèques universitaires, Bibliothèque et Archives Canada doit faire des choix qui sont à la fois pragmatiques et éclairés.

La nature de la technologie signifie qu'il n'est pas toujours possible de prévoir les conséquences en cours de route, ou comment les gens s'adapteront. Et on ne peut pas adopter toutes les nouvelles technologies disponibles.

Il est donc essentiel de partager les ressources, l'expertise et l'expérience avec le plus grand nombre de partenaires possibles.

Il s'agit de l'une des raisons pour laquelle nous avons élaboré un plan triennal qui constitue la feuille de route des activités de BAC jusqu'en 2019. 

Le plan repose sur les consultations que nous avons menées auprès de nos clients, intervenants et employés.

Il reflète la rétroaction présentée par nos clients plus actifs dans le cadre de séances de consultation, de groupes de discussion, de sondages en ligne et de discussions officielles tenues lors de notre Forum des milieux intéressés.

Le Forum des milieux intéressés regroupe 12 de nos partenaires professionnels clés de la collectivité du patrimoine documentaire canadien, notamment :

  • l'Association des bibliothèques de recherche du Canada (ABRC);
  • le Réseau canadien de documentation pour la recherche (RCDR);
  • le Conseil provincial et territorial des bibliothèques publiques (CPTBP);
  • le Conseil des bibliothèques urbaines du Canada (CBUC).

Nous avons demandé aux répondants à notre sondage de classer les activités de BAC par ordre de priorité et 54 % ont indiqué en premier « l'accès aux collections », tandis que 24 % ont choisi la préservation et 18 % l'acquisition.

Nous les avons écoutés, et l'accès est devenu l'objectif premier de notre plan triennal.

De plus, nous avons réagi en préparant l'avenir avec un plan qui tient compte des tendances dont j'ai parlé, et qui, selon nous, répondra aux besoins des Canadiens.

Voici les points saillants de nos conclusions :

À titre d'institution, les quatre grandes priorités de BAC sont les suivantes :

  • être au service de ses clients;
  • être à l'avant-garde de l'archivistique et de la bibliothéconomie;
  • être une institution proactive et inscrite dans des réseaux nationaux et internationaux;
  • se doter d'un profil public plus affirmé.

Notre priorité est d'être une institution entièrement dédiée au service de tous ses clients.

Ceux-ci comprennent des universitaires, des chercheurs, des archivistes, des bibliothécaires, des étudiants, des institutions gouvernementales, des donateurs, des généalogistes et le grand public.

Naturellement, l'accès figure en tête de cette liste.

De plus, une nouvelle stratégie du service axé sur la clientèle permettra d'offrir aux chercheurs des services mieux adaptés à leurs besoins.  

Nous publierons le plus de contenu possible sur les médias sociaux et nous investirons dans la numérisation de notre collection afin d'accroître le contenu en ligne accessible aux Canadiens.

Dans le cadre de l'un de nos plus importants projets, nous avons investi dans la numérisation de nos dossiers de la Première Guerre mondiale, ce qui constitue le plus gros projet de préservation numérique jamais réalisé par BAC.

Vous serez intéressé d'apprendre que Frederick Banting (le codécouvreur de l'insuline), Raymond Chandler (le créateur du célèbre détective Philip Marlowe) et Archibald Belaney (le naturaliste connu sous le nom Grey Owl) ont tous servi dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) pendant la Première Guerre mondiale.

Nous avons commencé à numériser leurs dossiers de service, ainsi que 640 000 autres — c'est-à-dire les dossiers de toutes les femmes et de tous les hommes qui ont servi pendant la Grande Guerre.

Les dossiers comportent des photographies, des journaux et des dossiers médicaux.

BAC reçoit chaque mois plus de 800 demandes de consultation de ces fichiers.

Ces dossiers racontent des histoires inoubliables de courage et de peur, de résilience et de souffrance, de victoires et de pertes qui ravivent l'histoire de la vie et l'honneur de tous ceux qui ont combattu au nom du Canada.

Lorsque le projet sera terminé, près de 32 millions d'images seront disponibles sur le site Web de BAC aux fins de la recherche en ligne, ce qui offrira un accès sans précédent à notre histoire.

BAC a également participé activement à la numérisation de documents avec certains de ses partenaires.

Par exemple, Canadiana.org a numérisé 35 millions de pages de documents d'archives sur microfilm.

Ancestry.ca a numérisé et indexé 11 collections d'archives, ce qui représente 3 millions de pages en ligne.

De nouveaux partenariats avec Canadiana.org et Ancestry.ca sont maintenant en cours concernant les bobines de journaux et les certificats d'instruction militaire. 

Nous augmenterons également le contenu des interfaces mobiles afin de rejoindre un plus grand nombre de personnes.

Comme vous le savez probablement, nous adopterons un nouveau système de gestion de bibliothèque intégré qui remplacera AMICUS, qui est maintenant désuet.

Les négociations concernant ce projet ont été un peu plus longues que prévu, mais je suis heureux d'annoncer qu'il y a de la lumière au bout du tunnel.

Nous prévoyons que BAC utilisera d'ici 2017 les services d'OCLC pour la plupart des fonctions de gestion de collection internes : l'acquisition, le catalogage, le contrôle des publications en série et la circulation. Nous utiliserons également OCLC pour le Catalogue collectif national, le catalogage dérivé, le prêt entre bibliothèques et le partage des ressources.

Je sais que le prêt entre les bibliothèques que je viens de mentionner est un sujet qui intéresse vivement la communauté des bibliothèques.

Je suis heureux de vous annoncer que depuis le 1er avril, nous avons élargi notre service de prêts qui inclut maintenant les titres de journaux sur microfilms.

En outre, nous collaborons avec la communauté des bibliothèques depuis plusieurs années à la réalisation de l'Initiative des derniers exemplaires.

Cette initiative a pour objectif de réduire les fonds documentaires en double et de préserver les derniers exemplaires. Pour ce faire, nous demanderons aux institutions canadiennes de s'entendre sur les publications dont elles seront responsables. Les institutions membres de l'ABRC ont participé très activement à ce travail.

Enfin, pour respecter notre priorité, nous poursuivrons la mise à jour et l'amélioration de notre site Web.

Comme vous le savez, notre site est déjà l'un des dix sites les plus populaires du gouvernement, mais nous croyons qu'il pourrait être encore plus facile à utiliser en optimisant les outils de recherche et en aidant les Canadiens à découvrir leur patrimoine.

La deuxième priorité établie dans notre plan triennal est de nous placer à l'avant-garde de l'archivistique, de la bibliothéconomie et des nouvelles technologies.

Comme je l'ai mentionné précédemment, nous travaillons à l'établissement d'un deuxième centre de préservation à Gatineau, un centre ultramoderne, qui permettra de préserver et de fournir l'accès à nos documents textuels.

Nous serons prêts à affronter l'avenir numérique grâce à notre stratégie de numérisation, qui a été conçue pour fournir la technologie dont nous avons besoin, veiller à ce que nos collections incluent les nouvelles formes de patrimoine numérique, notamment les données et le Web, et répondre à nos besoins en matière de conservation.

Notre troisième priorité est d'être une institution proactive et inscrite dans les réseaux nationaux et internationaux.

Concrètement, je pense que cela signifie que BAC doit s'engager dans des partenariats innovants.

Des partenariats avec de nouveaux acteurs tels que le milieu universitaire, les organismes à but non lucratif, le secteur privé, les institutions provinciales et d'autres établissements publics, notamment les bibliothèques publiques.

Nous avons récemment annoncé l'un de ces nouveaux partenariats, à savoir le partage des locaux avec le populaire Musée canadien de l'immigration du Quai 21 à Halifax.

En janvier prochain, les bureaux de BAC dans la région atlantique seront déménagés de Dartmouth au Quai 21, au cœur du centre-ville d'Halifax.

Cela signifie que les Canadiens auront accès aux services des deux organisations dans un emplacement central.

Les visiteurs pourront faire des recherches dans la collection de BAC, rencontrer les archivistes de BAC et découvrir leurs antécédents familiaux à l'occasion d'une visite au Musée.

De plus, nous unirons nos forces pour organiser des expositions et offrir des programmes publics.

C'est avec plaisir que je vous informe que nous sommes sur le point de faire une annonce similaire pour Vancouver.

L'année dernière, nous avons créé un précédent en signant deux ententes avec l'Université d'Ottawa et l'Université Dalhousie en vue de partager l'expertise, les connaissances et les technologies, et d'appuyer les activités de recherche et de sensibilisation au cours des cinq prochaines années.

J'espère que cette tendance se poursuivra avec d'autres universités canadiennes qui souhaitent partager de l'expertise avec BAC.

Grâce à ces partenariats, BAC et les institutions universitaires se placent à la fine pointe de la bibliothéconomie et de l'archivistique.

Ces partenariats signifient aussi que les chercheurs et les étudiants des cycles supérieurs auront un meilleur accès aux ressources et aux employés de BAC, ce qui les aidera dans leurs travaux, particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales.

Les réseaux et les partenariats ont également contribué à l'élaboration de la Stratégie nationale de numérisation du patrimoine documentaire, en collaboration avec le Forum des milieux intéressés.

La première étape de la mise en œuvre de la stratégie sera d'établir un comité directeur qui en assurera la supervision.

Le comité de spécialistes sera formé de créateurs, d'écrivains, de communautés culturelles, d'utilisateurs finaux, ainsi que de représentants des bibliothèques, archives, sociétés d'histoire, musées, galeries, universités, secteurs privés et à but non lucratif.

À titre d'organisme indépendant, le comité définira l'orientation, organisera des projets et élaborera des modèles de financement pour les diverses initiatives de numérisation.

Le groupe fonctionnera comme un conseil d'administration dans lequel tous les membres ont les mêmes possibilités de proposer des solutions et des projets.

Il y aura aussi un secrétariat national qui appuiera la mise en œuvre de la stratégie.

Les objectifs principaux du secrétariat seront les suivants :

  • dresser l'inventaire des projets et des systèmes de numérisation actuels et cerner les lacunes;
  • élaborer, partager et définir les besoins futurs en matière de normes;
  • recueillir et partager les pratiques exemplaires;
  • produire un portail collaboratif;
  • soutenir le travail du comité directeur national.

Nous organisons une table ronde internationale sur les stratégies de numérisation nationales qui aura lieu le 3 juin, à l'occasion de la réunion de l'Association canadienne des bibliothèques à Ottawa.

Cet événement sera l'occasion de lancer officiellement la Stratégie nationale de numérisation du patrimoine documentaire.

La discussion promet d'être fascinante. Juste pour vous mettre en appétit, voici les experts internationaux qui prendront la parole :

  • Dan Cohen, le directeur général de la Digital Public Library of America;
  • Rolf Källman, le chef du service des Archives nationales de la Suède;
  • Hildelies A. Balk-Pennington de Jongh, la chef de la commercialisation et des services de la Bibliothèque nationale des Pays-Bas;
  • Dan Jones, premier vice-président du contenu mondial et directeur général, secteur international, chez Ancestry.

Considérez-vous maintenant comme invités à vous joindre à nous à Ottawa le 3 juin!

Étant donné que je vous parle de partenariats, je dois mentionner que puisque nous sommes en 2016, la participation du public est tout aussi importante.

Nous allons accroître les occasions offertes au public de participer et de partager leurs connaissances avec nous en ce qui a trait à notre collection.

De plus, nous poursuivrons le financement du Programme pour les collectivités du patrimoine documentaire afin d'aider les organismes privés, y compris les bibliothèques et archives privées, à préserver et à mettre en valeur leurs collections.

Pendant la première année du programme, nous avons fourni des fonds essentiels à 65 organisations, dont l'ABRC, le RCDR et d'autres membres de la communauté des bibliothèques. Cette année, dans le cadre du deuxième cycle du programme, nous avons reçu 155 demandes totalisant un financement de plus 8 millions de dollars.

Nous en sommes maintenant à la quatrième et dernière priorité de notre plan triennal : se doter d'un profil public plus affirmé. Je suis convaincu qu'il s'agit de la clé pour mettre en évidence la valeur de notre collection et de nos services. 

Nous continuerons d'effectuer des prêts à des fins d'exposition, afin qu'un public élargi puisse vivre l'émotion que procure le contact avec des originaux, par exemple des œuvres d'art, des cartes ou l'un des documents fondateurs du Canada, tels que la Constitution.

Rien ne vaut l'expérience unique de se trouver devant des pièces originales. 

Même si la numérisation est la voie de l'avenir, le monde analogique a encore quelques tours dans son sac.

S'exprimant dans le Wall Street Journal, Walter Isaacson a décrit l'émotion qui l'a d'abord envahi lorsqu'il a découvert que les documents d'Albert Einstein allaient être publiés gratuitement en ligne.

Un sentiment qui a été suivi d'un pincement au cœur, car il regrettait le fait que la prochaine génération d'érudits ne connaîtra pas le frisson de l'inspiration que procure la vue de documents originaux.

Je crois que son inquiétude n'est pas totalement fondée.

Même si la Joconde n'est qu'à un clic sur Google, des millions de personnes font la file pour la voir au Louvre, vivante et en personne, pour ainsi dire.

Même si la musique des Beatles est facilement disponible sur iTunes, les gens font la file à la British Library pour voir les paroles de A Hard Day's Night au verso de la carte d'anniversaire de Julian Lennon.

C'est pourquoi l'un des engagements auxquels je tiens le plus consiste à faire en sorte que nous exposions autant de documents originaux que possible.

Il existe un véritable lien émotif avec les témoignages de notre histoire dans leur forme originale que rien ne peut remplacer.

Nous avons également lancé une saison dynamique de programmes publics au 395, rue Wellington avec diverses séries de conférences.

Hier encore, nous avons eu le bonheur d'accueillir Caroline Brazier, bibliothécaire en chef de la British Library, qui nous a fait part de ses réflexions sur la valeur des bibliothèques.

Dans le cadre de la même série, nous avons aussi reçu Robert Darnton, bibliothécaire en chef émérite des bibliothèques de l'Université Harvard et fondateur de la DPLA, qui s'est entretenu avec nous l'an dernier.

Dans le cadre de la série Signatures, j'ai la chance d'interviewer quelques-uns des grands donateurs qui ont confié leurs archives personnelles à BAC, y compris le très honorable Jean Chrétien, qui sera mon invité le 18 mai.

Et il y en aura encore beaucoup d'autres, puisque beaucoup d'éminents Canadiens ont donné leurs archives à BAC.

Nous n'arriverions pas à faire tout cela si nous n'étions pas à l'écoute — en train d'écouter et de répondre.

Nous sommes des bibliothèques, nous sommes habituées à cette façon de faire. C'est dans notre ADN.

Les bibliothèques figurent parmi les institutions les plus ouvertes et avant-gardistes au monde.

Bien que mon exposé ait mis l'accent sur le changement, il ne faut pas oublier que nous serions incapables de nous adapter aux types de changements que nous vivons aujourd'hui sans le travail effectué au cours des années précédentes.

Des efforts qui nous ont permis d'acquérir la sagesse et l'expérience dont nous avons besoin pour examiner les changements et repérer les occasions réelles de croissance et d'innovation.

L'écrivain Haruki Murakami a dit :

« Le présent, ça se construit à partir d'une accumulation de choses passées. »

Ce passé a produit bon nombre de nouvelles idées et d'adaptations que nous considérons aujourd'hui comme des pratiques courantes.

Il est important de ne pas l'oublier.

À titre de bibliothèques et de bibliothécaires, nous sommes les gardiens de la mémoire, les évangélistes de l'information et les gardiens des connaissances.

Nous avons toujours été là, à l'avant-garde du changement.

Et nous le serons toujours.

Même si, et je cite Yoda une dernière fois :

« Quand 900 ans comme moi tu auras, moins en forme tu seras! »

Je vous remercie.

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