Repenser le chevauchement victime/délinquant

S’il est vrai que la plupart des auteurs d’actes violents sont aussi des survivants de la violence, il est important de reconnaître que ce ne sont pas toutes les victimes qui vont recourir à la violence par la suite. En fait, la plupart des survivants se révèlent incroyablement résilients et parviennent à adopter des habitudes et des mécanismes axés sur la guérison et la survie. 

– Réseau municipal canadien en prévention de la criminalité (2021, p. 31 [traduction])

Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels

Juin 2021




À PROPOS DU BUREAU DE L’OMBUDSMAN FÉDÉRAL

DES VICTIMES D’ACTES CRIMINELS

Le Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels aide à répondre aux besoins des victimes, défend leurs intérêts et formule des recommandations à l’intention du gouvernement fédéral sur des questions qui touchent les victimes. Pour plus de renseignements, consultez : https://www.victimesdabord.gc.ca

Introduction 

Le chevauchement victime-délinquant s’entend de la corrélation entre la victimisation et la perpétration d’actes criminels. L’existence de ce chevauchement est bien documentée et étayée empiriquement par les chercheurs, qui se sont principalement demandé pourquoi un grand nombre de délinquants avaient eux-mêmes déjà été victimes d’actes criminels (Posick et Zimmerman, 2015). Le discours habituel relatif au chevauchement victime-délinquant est très centré sur le délinquant et sous-tend le message selon lequel « les gens blessés blessent les gens ». Malheureusement, on prête moins d’attention au grand nombre de victimes et de survivants qui ne commettent pas de crimes et ne font pas de mal aux autres. Et pour bien des victimes, ce message revient à balayer du revers de la main leur vécu. Il est donc nécessaire de faire les distinctions qui s’imposent et de repenser ce chevauchement afin d’équilibrer le message et de mieux répondre aux besoins des victimes et des survivants d’actes criminels au Canada. 

La majorité des victimes et des survivants font preuve d’une force et d’une résilience incroyables tout au long du chemin vers la guérison. En utilisant une approche fondée sur les forces, nous pouvons changer d’optique et nous attarder à la force et à la résilience des nombreuses victimes et des nombreux survivants qui ne deviennent pas des agresseurs ni des criminels : la violence, la souffrance et la criminalité ne sont pas inévitables. Au lieu de mettre l’accent sur les facteurs de risque, nous pouvons nous concentrer sur la résilience et les facteurs de protection et tenter de comprendre les victimes et les survivants en tant que personnes possédant une capacité inouïe de surmonter l’adversité, et non en tant que personnes qui, nécessairement, causeront des dommages et commettront des infractions. Quand nous soulignons la résistance des victimes et des survivants face à la violence, que nous mettons en relief leur voix et leur expérience puis que nous leur offrons le soutien dont ils ont besoin pour guérir, alors ils peuvent s’épanouir. 

La pandémie de COVID-19 a exacerbé les défis auxquels font face les victimes et les survivants d’actes criminels au Canada; elle a aussi eu des effets disproportionnés sur les populations vulnérables déjà exposées à un risque plus grand de violence et de victimisation (p. ex., les femmes, les membres de la communauté 2SLGBTQ+, les Noirs et les Autochtones). La hausse de la victimisation et la multiplication des actes de violence durant la COVID-19 se sont aggravées en raison des règles de confinement, lesquelles ont grandement entravé l’accès à la justice, car bon nombre de victimes se sont alors trouvées isolées des ressources et des différentes mesures de soutien formelles et informelles. Or le contexte pandémique actuel offre l’occasion de nous centrer sur les victimes et les survivants, non seulement pour revoir le chevauchement victime‑délinquant, mais aussi pour en tenir compte dans les interventions gouvernementales en temps de pandémie et, plus largement, dans notre système de justice pénale. 

Dans le présent document, nous cherchons à repenser le chevauchement victime‑délinquant, non pas pour nier la réalité de bon nombre de délinquants, mais plutôt dans une volonté d’équilibrer le message de manière à placer les victimes au cœur des préoccupations en jetant un éclairage sur leur vécu et celui des survivants. À cette fin, lorsque nous examinons l’expérience humaine du traumatisme, il est essentiel d’appliquer une approche humaniste basée sur les forces de manière à reconnaître que les humains sont résilients, même dans les moments traumatisants de leur vie (Ferrara, 2018).

Premièrement, nous mettrons en contexte le chevauchement victime-délinquant au moyen d’un portrait succinct et d’une analyse critique du discours habituel sur le sujet. Deuxièmement, nous aborderons la nécessité de recadrer le message afin qu’il ne soit plus axé sur les lacunes, mais bien sur les forces et le vécu des victimes et des survivants d’actes criminels. Il est possible d’y arriver en agissant comme témoins et en amplifiant la voix des victimes et des survivants tout en tirant les leçons de leur expérience. Troisièmement, nous examinerons la documentation pour faire la lumière sur les forces, les facteurs de protection et la résilience qui sont à l’œuvre dans le contexte de la victimisation. Quatrièmement, nous adopterons une approche intersectionnelle pour discuter de certaines considérations importantes, comme la revictimisation, la violence fondée sur le genre et l’incidence de la COVID-19 sur les victimes et les survivants d’actes criminels. En dernier lieu, nous nous demanderons comment aller de l’avant pour privilégier et utiliser les forces des victimes, leur résilience et les facteurs de protection de façon à guider les efforts en matière de prévention de la criminalité et d’intervention pour, en fin de compte, favoriser la mise en place d’un système de justice pénale davantage centré sur les victimes. 

Partie 1 : Le chevauchement victime-délinquant

Les écrits spécialisés en criminologie portent principalement sur les délinquants, et non sur les victimes et les survivants. Depuis toujours, leur contenu met l’accent soit sur le délinquant, soit sur la victime (Jennings et al, 2011). Il existe bien de la recherche sur la victimisation, mais elle s’attache surtout aux facteurs exposant une personne au risque d’être victime de violence, de sorte que les chercheurs négligent passablement la valeur des données qualitatives portant sur l’expérience et le parcours de vie des victimes. L’identification d’un groupe de personnes à risque élevé d’être à la fois victimes et criminelles n’est pas un phénomène nouveau dans la recherche (Jennings et al, 2011). Cependant, récemment, les chercheurs et la société dans son ensemble ont commencé à reconnaître de plus en plus ce phénomène, qu’on désigne maintenant sous le nom de « chevauchement victime-délinquant ». Les études sur le sujet étayent solidement l’existence de ce phénomène, particulièrement pour ce qui est des crimes violents comme les homicides (Broidy et al, 2006; Jennings et al, 2011). 

Un corpus de recherche bien établi porte à croire que la victimisation est un facteur de risque pour la perpétration d’actes criminels. Depuis toujours, les auteurs soulignent les facteurs de risque et l’adoption de comportements et de styles de vie « déviants » qui relient victime et délinquant (Broidy et al, 2006; Jennings et al, 2012). Plus récemment, les recherches se sont centrées sur les conditions sociales et le vécu, notamment la violence et les traumatismes intergénérationnels; un faible niveau socioéconomique; et un accès limité aux études et aux occasions de vie, qui accroissent la probabilité qu’une personne devienne victime et tombe dans la criminalité. En particulier, les chercheurs s’attardent de plus en plus aux expériences négatives de l’enfance (ENE) et au rôle que ces dernières jouent dans la violence future, aussi bien du point de vue de la victimisation que de la criminalité (Reavis et al, 2013). 

Les ENE s’entendent d’événements potentiellement traumatisants survenus dans l’enfance qui pourraient influer sur le développement d’une personne et sur sa santé et son bien‑être en général (Centers for Disease Control and Prevention (CDC), 2021). Même si la liste n’est pas exhaustive, les ENE incluent habituellement ce qui suit : les mauvais traitements, la négligence, la violence et l’exposition, au sein du foyer, à des difficultés liées à la santé mentale et à la toxicomanie (CDC, 2019). Les ENE sont associées à des résultats négatifs à l’âge adulte, dont des problèmes de santé physique et mentale, des troubles sociaux, affectifs et cognitifs, la consommation abusive de substances et la criminalité (Reavis et al, 2013; CDC, 2019). Selon les CDC (2019), un adulte sur six avait subi quatre types d’ENE ou plus. Ces expériences négatives sont souvent fréquentes chez les délinquants, et la recherche indique qu’il existe une corrélation incontestable entre des ENE multiples et la probabilité de comportements agressifs, violents ou criminels à l’âge adulte (Reavis et al, 2013). 

Une analyse des publications et des discours concernant le chevauchement victime-délinquant nous montre clairement que les unes et les autres accusent d’importantes lacunes, principalement en ce qui a trait au grand nombre de victimes et de survivants qui ne deviennent pas des délinquants. Le discours relatif à ce chevauchement est centré sur le délinquant et les déficiences. Promouvoir une nouvelle façon de considérer ce chevauchement ne vise pas à nier la réalité de nombreux délinquants, mais bien à équilibrer le message pour que l’accent soit mis davantage sur la victime. De même qu’il y a lieu d’accorder plus d’importance à l’analyse et à la prévention des ENE ainsi qu’à la promotion de facteurs de protection chez les jeunes, les victimes et les survivants méritent d’être compris et de voir leurs besoins comblés dans une optique axée sur la compassion, les forces et la résilience. Les stratégies d’adaptation positive et la résilience constituent des facteurs critiques qui détermineront la capacité des victimes de traiter les événements qu’elles ont subis afin de leur donner une signification et de progresser (Hill, 2003). En misant sur les forces de la personne et en favorisant les stratégies d’adaptation positive, on encouragera une guérison plus fructueuse et approfondie chez elle après le dommage causé par l’acte criminel (Hill, 2003). 

Partie 2 : Recadrer le message

En critiquant et en déconstruisant le message « les gens blessés blessent les gens » qui sous-tend le chevauchement victime-délinquant, il est possible d’élargir notre interprétation et de constater que ce ne sont pas tous les gens blessés qui blesseront d’autres gens. Au Bureau de l’ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels (BOFVAC), nous savons que bon nombre de victimes et de survivants de la criminalité ne feront pas de mal à autrui et ne perpétreront pas d’actes criminels; bien des victimes et des survivants nous ont fait part clairement du côté simpliste et profondément blessant de ce message. Malgré tout, il n’y a pour ainsi dire pas de recherche sur les victimes et les survivants qui ne causeront pas de tort à autrui.

Les experts et les militants dans le domaine des droits des victimes et de l’aide aux victimes réclament depuis longtemps que le système de justice pénale soit mieux adapté aux besoins des victimes et des survivants. Toutefois, les politiques et les pratiques centrées sur la victime ne peuvent être conçues et mises en œuvre suivant une approche descendante : il ne faut absolument pas oublier que les victimes et les survivants de la criminalité, comme tous les êtres humains, sont les experts pour ce qui touche leur propre vie et qu’ils doivent donc jouer un rôle central. À cette fin, nous devons donc d’abord et avant tout mettre en lumière le vécu des victimes et amplifier leur voix. Les données anecdotiques et qualitatives sur ce vécu doivent être prioritaires et tenues pour sacrées. Dans tout le Canada, c’est exactement la mission que se donnent les organisations et les militants de première ligne qui desservent les victimes, jour après jour. Si ces personnes sont souvent au fait des épreuves et des combats qu’ont traversés les victimes, elles sont aussi les témoins de leur force et de leur résilience incroyables malgré une douleur, une perte et des traumatismes inimaginables. Au BOFVAC, les voix des victimes résonnent jusque dans les fondements mêmes de nos recommandations stratégiques et de notre travail. 

N’oublions pas que personne ne souhaite être victime d’un acte criminel; pourtant, les victimes subissent souvent le plus grand poids des conséquences de la criminalité (ministère de la Justice, 2009). La désinformation et les mythes ont également pour effet de perpétuer des discours nuisibles pour les victimes, notamment celui selon lequel tous ceux et toutes celles qui ont subi des sévices sexuels dans leur enfance commettront plus tard des agressions sexuelles (Cromer et Goldsmith, 2010, à la p. 625). Bien que cette information soit erronée, des victimes de tels sévices durant leur enfance ont raconté au BOFVAC qu’ à cause de tels mythes, elles craignaient de devenir des agresseurs. Nous devons modifier ce message pour faire en sorte que les victimes ne subissent pas d’autres dommages ou traumatismes.

Les victimes répètent inlassablement au BOFVAC qu’elles se sentent souvent comme quantité négligeable dans le système de justice pénale. Ceux et celles qui s’adressent à nous le font en grande partie pour obtenir de l’aide après avoir épuisé bien d’autres recours dans un système qui ne semble pas tenir sérieusement compte de leurs préoccupations, de leur douleur et de la souffrance qu’elles ont endurée (BOFVAC, 2020a). Les victimes et les survivants nous ont raconté leurs sentiments de méfiance lorsqu’ils ont dû se débrouiller dans le système de justice pénale ainsi que la revictimisation qu’ils ont subie. C’est particulièrement vrai pour les personnes vulnérables et marginalisées, qui se heurtent à des obstacles systémiques supplémentaires (BOFVAC, 2020a; BOFVAC, 2017). Plus particulièrement, les victimes et les survivants déclarent souvent avoir vécu des expériences difficiles devant les tribunaux et les commissions des libérations conditionnelles, où l’accent est mis sur le délinquant et la victimisation qu’il a subie, si bien que bon nombre de victimes et de survivants se sentent incompris et frustrés. 

Malgré tout, la vaste majorité des victimes et des survivants avec qui nous avons le privilège de communiquer ne se mettront pas à causer des dommages ou à commettre des crimes. Même si elles ont vécu un traumatisme et des événements tragiques inimaginables, les victimes font preuve d’une force et d’une résilience incroyables (Hill, 2003). Les victimes et les survivants nous décrivent constamment à quel point ils sont déterminés à obtenir des réparations et à trouver des solutions, non pas par malveillance, mais bien pour retrouver une force et guérir. Ce sont des personnes pleines de ressources qui luttent sans relâche pour leurs droits malgré les obstacles qui se dressent continuellement dans leur recherche de justice. Un sentiment les anime tous, survivants comme victimes : l’espoir que, grâce à leurs actions et à leurs efforts, personne d’autre n’aura à traverser les mêmes épreuves qu’eux. 

Nous savons que les victimes et les survivants sont moins susceptibles de se manifester s’ils n’ont pas de soutien et que, lorsque les victimes ne sont pas traitées comme des partenaires à part entière dans le système de justice pénale, ce dernier est moins efficace (BOFVAC, 2020a). En effet, c’est avec de l’aide adéquate que les victimes et les survivants sont en mesure d’entamer leur guérison et peuvent alors s’épanouir (Hamby et al, 2020). Au nom d’un meilleur équilibre entre les victimes et les délinquants dans le système de justice pénale au Canada, nous devons nous centrer davantage sur le vécu des victimes, leurs nombreuses forces et leur résilience; nous devons mieux canaliser nos efforts en vue d’offrir aux victimes et aux survivants les outils et les ressources qui misent sur ces atouts, puis de leur donner l’élan dont ils ont besoin pour parvenir à la guérison. Il nous faut réorienter sur les victimes nos discussions à propos de la criminalité, mais nous ne pouvons leur imposer d’en supporter seules l’énorme fardeau. 

Partie 3 : Résilience et victimisation

Il ressort clairement de la recherche que la victimisation est associée à des symptômes plus marqués de traumatisme (Hamby et al, 2020). Une bonne partie des chercheurs dans ce domaine se concentrent sur la violence, les traumatismes et les taux de victimisation, de sorte qu’il y a peu d’études et d’information sur les facteurs de protection qui facilitent l’adaptation et l’épanouissement face à l’adversité (Hamby et al, 2020). Voilà qui concorde avec le fait qu’il y a peu de travaux de recherche sur l’expérience des victimes et sur la victimisation au sens large, particulièrement dans le contexte canadien.

Une étude récente de Benjamin Roebuck et de ses collègues, intitulée Resilience and Survivors of Violent Crime, a révélé que les victimes se disaient peu ou modérément satisfaites de la façon dont on les avait traitées dans le système de justice pénale, et qu’au Canada, les efforts actuels de collecte de données centrées sur les victimes étaient inégaux, dans le meilleur des cas (BOFVAC, 2020a). Or il est essentiel de disposer de données complètes pour déterminer si on consacre suffisamment de ressources appropriées à l’aide aux victimes; pour recenser les défis que doivent relever les victimes; et pour corriger les iniquités afin de mieux répondre aux besoins des victimes au Canada (BOFVAC, 2020a). 

Pour pouvoir mettre en œuvre une démarche fondée sur les forces et sur la victime, il est nécessaire d’abord de connaître les forces et les facteurs de protection qui sont associés à la résilience chez les victimes. Il est en effet crucial de nommer et de faire connaître les facteurs susceptibles d’atténuer les contrecoups de la victimisation criminelle (les symptômes traumatiques) et de faciliter l’adaptation ainsi que la guérison. De la sorte, il est possible de centrer le processus sur les victimes et les survivants tout en éclairant les pratiques exemplaires. Sherry Hamby est une chercheuse de renom dans le domaine de l’adversité et de la résilience après un traumatisme. Dans un article qu’elle a publié (Hamby et al, 2020), elle souligne l’importance de cerner les « véritables » forces et avance que bon nombre des « facteurs de protection » liés à l’adversité constituent en fait souvent des « facteurs de risque inversés », ce qui empêche d’éclairer comme il se doit les pratiques à adopter (Hamby et al, 2020, p. 379). 

Les traumatismes associés à la victimisation criminelle peuvent avoir des effets complexes à long terme sur les victimes et les survivants, entre autres des changements sur le plan cognitif (perte de mémoire); de la détresse et de la dérégulation psychologiques et émotives; et une perturbation du sentiment du soi (Hill, 2003, aux p 4-5). Au-delà de la personne elle‑même, la victimisation et les traumatismes peuvent être lourds de conséquences pour les relations avec les membres de la famille et les amis ainsi qu’avec la collectivité (Hill, 2003). 

Malgré tous ces constats, la recherche dans le domaine de la résilience montre que bien des gens arrivent à être résilients et à atteindre un état de bien-être même s’ils ont vécu des traumatismes profonds et de l’adversité (Hamby et al, 2020). Bon nombre de victimes sont capables de « panser leurs plaies » et d’utiliser fructueusement leurs ressources d’adaptation pour progresser et refaire leur vie, même sans aide professionnelle (Hill, 2003). Cette information n’est sans doute pas surprenante pour ceux et celles qui travaillent de près avec ces personnes, mais elle doit jouer un rôle significatif quand vient le temps de corriger les perceptions du système face aux victimes et aux survivants, d’améliorer le traitement qui leur est réservé ou de repenser comment la justice pénale peut être plus sensible à leurs besoins. 

La résilience est une caractéristique positive, qui désigne souvent la capacité d’une personne de rester en santé et équilibrée face aux défis et à l’adversité (Hill, 2003). Il s’agit à la fois d’un processus et d’une progression où la personne utilise les atouts, les forces et les capacités internes qui lui sont propres pour surmonter diverses difficultés (Hill, 2003; Hamby et al, 2020, p. 378). En ce qui concerne la victimisation et les traumatismes, la résilience peut être assimilée à la capacité de la personne de mobiliser ces forces et ces ressources afin de se rétablir après un épisode de détresse ou de crise (Hill, 2003). D’après Hamby et al (2013), la résilience comporte trois éléments : un événement marqué par l’adversité ou provoquant un traumatisme; des signes d’un fonctionnement sain après l’événement; un facteur de protection ou une force qui permet à la personne de sortir de la détresse et de l’adversité (p. 172).

Tout au long de leur recherche, Sherry Hamby et ses collègues ont tenté de recenser, sous les trois angles ci-après, les facteurs de protection les plus prometteurs pour favoriser le bien-être et l’épanouissement après un traumatisme ou face à l’adversité : l’autorégulation (ou les « forces régulatrices »); la recherche de signification et les forces interpersonnelles (Hamby et al, 2020, p. 383). Les forces à souligner sont les suivantes : la régulation émotionnelle, la conscience et l’endurance émotionnelles; le but, l’optimisme et la recherche d’un sens religieux; la compassion, le souci de pérennité et le soutien communautaire (Hamby et al, 2016, p. 227).

Élaboré par Grych et al (2015), le modèle du portfolio de résilience (Resilience Portfolio Model (RPM)) vise à conjuguer la recherche sur la résilience, la psychologie positive ainsi que la croissance et l’adaptation post-traumatiques pour offrir une approche exhaustive permettant de savoir comment promouvoir la santé et l’épanouissement chez ceux et celles qui ont connu l’adversité (Hamby et al, 2018). Grâce au RPM, il est possible de comprendre et d’aborder la victimisation dans une optique axée sur les forces. Selon ce modèle, les interventions qui favorisent la création d’un solide « portfolio » de forces, en ce qui concerne plus particulièrement l’autorégulation, la recherche de sens et le contexte interpersonnel, sont importantes pour permettre d’atteindre le bien-être après des événements éprouvants (Hamby et al, 2018; Hamby et al, 2020, à la p. 378).

D’après les recherches ayant porté sur le RPM, la quête de sens joue un rôle particulièrement important si l’on veut obtenir des résultats positifs pour la santé mentale et le bien-être dans un contexte de victimisation criminelle, de traumatisme et d’adversité dans son sens élargi (Hamby et al, 2020; Hill, 2003). Elle signifie que la personne cherche à s’accomplir en se rattachant à quelque chose de plus grand qu’elle-même, et les activités visant une telle réflexion sont d’ailleurs souvent ciblées par les interventions (Hamby et al, 2020; Hill, 2003). Cette recherche de sens suppose que la personne veuille à la fois obtenir de l’information pour comprendre et traiter la victimisation et chercher à s’adapter émotionnellement (Hill, 2003). Les auteurs Hamby et al (2020) mentionnent également le phénomène des « forces multiples » (poly-strengths), c’est-à-dire qu’outre les forces elles-mêmes, le nombre et la diversité des forces qui se conjuguent sont importantes pour la résilience. 

D’autres facteurs clés favorisant la résilience et l’adaptation positive sont mis en lumière dans la documentation sur la victimisation, notamment la confiance en soi et l’autonomie; l’adaptabilité; l’optimisme et l’espoir; la capacité de gérer des émotions complexes; la compétence sociale et le soutien social (Hill, 2003; Bonanno, 2005; Gewirtz et Edleson, 2007; Coifman et al, 2007; Haskett et al, 2006). L’auteur Hill (2003) souligne l’importance de recenser les forces et les éléments favorables à la croissance afin de pouvoir ensuite miser sur les points forts préexistants et les développer, ce qui, d’un point de vue clinique, est plus efficace pour la personne que de tenter d’en acquérir de nouveaux dans des moments stressants. 

Qu’il s’agisse de crimes violents ou non violents, les victimes et les survivants ont souvent besoin d’un soutien accru. Ils entrent en contact avec un grand nombre de personnes différentes et demandent souvent l’aide ou l’appui de plusieurs ressources informelles et formelles, comme les organismes de première ligne (p. ex. les services aux victimes d’actes criminels); les amis et la famille; des professionnels de la santé mentale et physique; et des services de counseling (Bow Valley Victim Services Association (BVVSA), 2021). Soulignons qu’il est important que les victimes et les survivants bénéficient d’interventions et de mesures de soutien accessibles au moment opportun (Hill, 2003). Quand on parle de victimisation criminelle, il est vital de connaître et de comprendre les facteurs associés à la résilience après un traumatisme et face à l’adversité. Ceux et celles qui travaillent directement auprès des victimes d’actes criminels peuvent adapter les pratiques exemplaires s’ils ont conscience de ces facteurs et qu’ils les comprennent. 

Les organismes de services aux victimes en première ligne, qui offrent souvent une intervention en situation de crise ainsi qu’un soutien émotionnel et pratique directs à la victime, doivent absolument savoir quelles forces cibler, puisque bon nombre de ces organisations et fournisseurs de services ont une disponibilité et des ressources limitées (Hamby et al, 2020, à la p. 378). Par exemple, si on sait que la recherche de sens et d’un but dans la vie est associée à la résilience en cas de traumatisme et face à l’adversité, les interventions fondées sur des données probantes dans divers contextes, comme les interventions narratives, peuvent offrir des solutions prometteuses (Hamby et al, 2020). 

En plus de guider les pratiques exemplaires des organismes de première ligne qui viennent en aide aux victimes, l’information sur les forces à cibler présente une utilité qui s’étend aux autres ressources et soutiens déjà mentionnés ainsi qu’aux nombreuses personnes, au sein du système de justice pénale, qui entrent en contact avec des victimes et des survivants, qu’il s’agisse de policiers, d’avocats, de procureurs de la Couronne ou de juges. Elle est aussi très pertinente sur le plan des politiques publiques : plus on possède de renseignements sur la meilleure façon d’aider les victimes et les survivants de la criminalité, plus il est facile d’exercer des pressions sur les décideurs afin qu’ils modifient les interventions en matière de criminalité et de victimisation au Canada; c’est ainsi que les politiques seront révisées et élaborées de manière à être davantage centrées sur les victimes et basées sur des données probantes. 

Dans son ouvrage intitulé In Pursuit of Impact: Trauma- and Resilience-Informed Policy Development, la chercheuse Nadia Ferrara décrit une approche inédite pour comprendre les traumatismes et la résilience qui vise à humaniser l’expérience et à atteindre un équilibre entre traumatisme et résilience; elle souligne par ailleurs qu’il est crucial de recourir à cette approche pour adopter des politiques publiques significatives (2018). Alors qu’on reconnaît habituellement la résilience après la guérison, Mme Ferrara fait valoir l’importance de souligner la résilience d’une personne du début à la fin de l’expérience traumatisante (2018). 

En outre, la recherche sur les ENE démontre qu’il est possible, en dépit des innombrables effets préjudiciables des ENE à long terme, d’en atténuer les répercussions grâce à des stratégies d’intervention appropriées (Réseau municipal canadien en prévention de la criminalité (RMCPC), 2021, p. 38). Il faut miser sur les facteurs de protection et la résilience des victimes afin de réduire les conséquences des dommages et de favoriser la guérison. Cela peut se faire, comme dans le cas des ENE, au moyen d’interventions précoces et de mesures de soutien pour contrer les problèmes de santé mentale et la consommation — abusive ou non — de substances; de mesures destinées à créer ou à développer des stratégies d’adaptation positive; et d’activités axées sur la socialisation et les relations positives (RMCPC, 2021, p. 38).

Cela dit, vu l’importance qui y est accordée aux facteurs, à l’expérience et aux comportements individuels, les recherches sur la résilience risquent d’imposer à nouveau la responsabilité d’agir aux victimes et aux survivants. Il est donc impératif de saisir la nécessité d’élaborer une réponse structurelle qui appuie les victimes de même que ceux et celles qui travaillent directement auprès d’elles. 

Partie 4 : Facteurs à considérer

Incidence de la victimisation violente

La victimisation criminelle, surtout quand les actes sont de nature violente, a une incidence profonde sur la vie des victimes et de leurs proches. Selon Statistique Canada, le coût annuel de la criminalité s’élève à 99,6 milliards de dollars par année, dont 83 % sont à la charge des victimes (ministère de la Justice, 2015). Comme elles disposent de solutions limitées pour compenser les coûts, les victimes supportent souvent une charge financière immense (coûts visibles et invisibles) et subissent « le plus grand poids » des conséquences de la criminalité (ministère de la Justice, 2009). Cette information est capitale pour comprendre l’ampleur de la victimisation criminelle au Canada (ministère de la Justice, 2015) et la nécessité de prévoir un financement suffisant destiné aux victimes d’actes criminels. 

Au-delà des victimes et de leurs proches, la violence se répercute plus largement sur la santé et le bien-être des collectivités et de la société, entraînant souvent des coûts accrus pour les services d’intervention, par exemple la police et les services d’aide aux victimes (RMCPC, 2021). Cette situation suscite et exacerbe la peur au sein de la collectivité (RMCPC, 2021), ce qui est particulièrement vrai pour les personnes marginalisées et racisées dans le contexte de la violence policière persistante contre les Noirs et des tensions croissantes entre les policiers et les citoyens. La recherche porte à croire également que cette situation a un impact sur le sentiment d’être en sécurité, ce qui expliquerait pourquoi les jeunes femmes se sentent moins en sécurité que les hommes (RMCPC, 2021, p. 30). 

Analyse intersectionnelle

Il est important d’analyser la criminalité et la victimisation d’un point de vue intersectionnel, c’est-à-dire de comprendre que l’expérience d’une personne victime d’un acte criminel par rapport à d’autres victimes — même dans le cas de crimes semblables — sera différente selon son vécu et divers facteurs personnels, notamment sa race, son identité de genre, sa situation socioéconomique et sa culture (BVVSA, 2021). Voilà pourquoi les victimes et les survivants de la criminalité doivent recevoir des services et un soutien qui sont adaptés aux besoins de chacun et qui tiennent compte de nombreuses identités entrecroisées (BVVSA, 2021). Il faut veiller plus particulièrement à la mise sur pied de programmes sûrs et pertinents sur le plan culturel, sans oublier que certaines catégories de victimes nécessitent des interventions tenant compte des traumatismes et des services holistiques, par exemple les victimes de la violence fondée sur le genre, les membres de la communauté 2SLGBTQ+ et les peuples autochtones, lesquels sont surreprésentés dans le système de justice, aussi bien comme victimes que comme contrevenants (Press, 2019; McDonald, 2019, p. 21). 

L’intersectionnalité est étroitement reliée à l’accès à la justice; le BOFVAC entend encore et toujours les victimes et les survivants exprimer leur frustration — spécialement dans le contexte de la COVID-19 — devant les obstacles supplémentaires qui nuisent à la participation des victimes, notamment les longs délais judiciaires. Il est essentiel de prendre en considération les facteurs influant sur les inégalités de traitement et l’accès aux services de justice de base (p. ex., le signalement des actes criminels, la recherche d’aide, la participation aux procès de nature pénale). Ces facteurs sont notamment : un faible statut socioéconomique, des barrières culturelles et linguistiques ou des contraintes géographiques (McDonald, 2019, p. 20).

Revictimisation et violence fondée sur le genre 

Il faut parler aussi de la revictimisation. Selon les études, la victimisation a tendance à se répéter (Hamby et al, 2016). L’expérience de la victimisation à répétition est souvent une réalité navrante, particulièrement pour de nombreuses personnes vulnérables et marginalisées. La recherche démontre que, par opposition à l’effet d’un seul incident, le fardeau cumulatif, c’est-à-dire le nombre de fois où une même personne a été victime d’un crime (ce qu’on appelle la « polyvictimisation »), aura des conséquences d’autant plus importantes pour la santé actuelle ou future de la personne (Hamby et Grych, 2013; Hamby et al, 2020, p. 377).

Les données à cet égard sont déterminantes dans le cas de la violence fondée sur le genre, qui regroupe un large éventail d’actes et de comportements, par exemple, le comportement sexuel non désiré, le harcèlement sexuel et les agressions physiques et sexuelles (Cotter et Savage, 2019). Quant à la violence entre partenaires intimes (VPI), elle est une forme de violence fondée sur le genre qui touche de façon disproportionnée les personnes qui s’identifient comme femmes et est généralement perpétrée par des hommes (Cotter et Savage, 2019). Selon Statistique Canada (2018), dans 79 % des cas de VPI signalés à la police, les victimes sont des femmes. Il reste que ce chiffre est fort probablement inférieur à la réalité, étant donné que cette forme de violence est en général peu déclarée. Non seulement les femmes sont donc plus susceptibles de subir de la violence fondée sur le genre, mais les chercheurs ont aussi découvert qu’elles sont plus souvent victimes de multiples incidents au cours d’une période de 12 mois et qu’elles vivent davantage de conséquences émotionnelles (p. ex., elles changent leurs habitudes et leurs comportements et/ou subissent des répercussions émotionnelles négatives) que les hommes. Les recherches antérieures avaient révélé que le risque de violence était plus élevé pour les femmes ayant une incapacité, ainsi que pour les femmes autochtones, les filles et les jeunes femmes, les lesbiennes et les bisexuelles (Cotter et Savage, 2019).

Les politiques comme la mise en accusation obligatoire dans les cas de violence conjugale ont des effets négatifs disproportionnés sur les femmes qui ont subi de la violence fondée sur le genre. D’après une étude réalisée en 2005, qui portait sur des femmes arrêtées dans des dossiers de violence conjugale à Toronto, les femmes avaient recours à la force le plus souvent en réaction à des sévices infligés par leurs partenaires de sexe masculin; en outre, l’inculpation de femmes violentées exacerbait leur vulnérabilité à des violences ultérieures, et la criminalisation de ces femmes présentait de lourdes conséquences sur les plans social, émotionnel et financier (cité dans Pollack et al, 2005, p. 4).

Pandémie de COVID-19 

La pandémie de COVID -19 a amplifié les difficultés auxquelles se heurtent les victimes et les survivants de la criminalité au Canada et a frappé de manière disproportionnée les populations vulnérables qui risquent déjà plus que les autres d’être victimes de violence et d’être victimisées (femmes, membres de la communauté 2SLGBTQ+, personnes de race noire, Autochtones et autres communautés racisées; BOFVAC, 2021b). Les experts s’inquiètent du risque accru créé par les mesures sanitaires pour les victimes de VPI et de violence familiale, car bon nombre de victimes ont été contraintes de rester isolées à la maison avec leurs agresseurs sans avoir un accès adéquat aux mesures de soutien et aux services nécessaires (Mittal et Singh, 2020). 

Le rapport intitulé Peaceful Homes: A Guide to the Prevention of Violence in the Home During and After Covid-19 (2021) (Un foyer paisible : Guide de prévention de la violence à la maison durant et après la COVID-19) publié récemment par le RMCPC propose un cadre d’intervention en cas de violence familiale dans le contexte de la pandémie. Ce cadre vise précisément les familles où le risque de conflit conduisant à de la violence est plus élevé à cause de diverses caractéristiques socioéconomiques et de facteurs de stress (RMCPC, 2021). On appréhende par ailleurs une hausse de la violence familiale dans les foyers à risque moindre si ces problèmes ne sont pas pris de front (RMCPC, 2021, à la p. 7). Le rapport fait état du peu d’attention accordée à la prévention de la violence durant la pandémie et met en lumière l’insuffisance, aux yeux des experts, des lois et des services à la disposition des victimes d’actes de violence (RMCPC, 2021; Mittal et Singh, 2020). On y souligne également qu’un grand nombre de foyers et de familles sont restés relativement stables grâce à une résilience et à des facteurs de protection adéquats. 

Les victimes de VPI et de violence familiale sont de plus en plus vulnérables, surtout à la suite des confinements ordonnés en Ontario durant la troisième vague de la pandémie. Les victimes et les survivants méritent qu’on leur donne accès aux services nécessaires pour combler leurs besoins essentiels, notamment leur droit de se sentir en sécurité dans leur propre foyer. Nous continuons d’imposer aux victimes et aux survivants la responsabilité de s’adapter et d’être résilients, sans consacrer d’efforts véritables pour alléger ce fardeau et protéger les gens. L’importance d’une approche appliquée en amont (RMCPC, 2020) afin de prévenir et de contrer la violence sera décrite en détail dans la prochaine section. 

Partie 5 : Aller de l’avant

Dans sa réponse à la violence, aux mauvais traitements et aux traumatismes, le système canadien de justice doit être plus sensible aux besoins des survivants et des victimes tout en plaçant ces dernières au cœur de ses processus, au lieu de leur enlever leur pouvoir et de perpétuer les sévices. En nous centrant sur les forces des victimes, leur résilience et leurs facteurs de protection, nous parviendrons à améliorer les efforts de prévention et d’intervention, ce qui nous permettra de faire de nos collectivités des milieux plus sains et plus sécuritaires. Pour avancer vers cet objectif, nous devons tenir compte de ce qui suit. 

Recherche axée sur les victimes 

Notre système de justice pénale ne peut devenir plus sensible aux victimes et aux survivants sans accorder la priorité aux recherches et à la collecte de données centrées sur les victimes. Comme nous l’avons mentionné plus haut, il y a des lacunes évidentes dans la documentation sur la victimisation et l’expérience des victimes dans le contexte canadien. Les recherches qui existent visent principalement à colliger des statistiques sur la victimisation et à cerner des facteurs de risque, et ces recherches sont passablement négligées et mises de côté par les décideurs, qui ne les jugent pas prioritaires. Il faut surtout, selon une approche axée sur les forces et sur les victimes, recueillir des données concernant les facteurs de protection et la résilience, lesquels font en sorte qu’un grand nombre de personnes ayant été blessées ne causent pas de tort à autrui par la suite. 

     Pour mettre les victimes et les survivants à l’avant-plan, il faut prendre le temps d’écouter les victimes et de tirer des leçons de leur vécu. Agir comme témoins de la résistance des victimes à la victimisation, à la violence et à l’adversité plus globalement est à la base de la pratique axée sur la réponse (PAR), qui offre un cadre fondé sur des données probantes permettant de structurer la réponse à la violence. Les dix principes fondamentaux de la PAR, énoncés par Linda Coates et Allan Wade (2020), du Centre for Response-Based Practice, mettent l’accent sur le contexte social dans lequel se produit la violence; sur les êtres humains en tant qu’acteurs sociaux; sur l’omniprésence de la résistance dans la réponse à la violence; et sur le rôle primordial que joue la dignité dans le bien-être (Liard Aboriginal Women’s Society, 2020, pp. 3-4). Une personne formée en matière de PAR peut mieux intervenir, soutenir et rétablir la dignité et la sécurité de tous les survivants de la violence (Liard Aboriginal Women’s Society, 2020, à la p. 3). La formation de Kaska Advocates conçue par la Liard Aboriginal Women’s Society (2020) offre une analyse contextuelle de la PAR, qui comporte un outil d’évaluation, des instruments pour la consignation des données et un guide d’entrevue. Elle peut constituer un outil précieux aux fins de l’apprentissage et de la formation. 

Cette information et ces ressources sont nécessaires pour améliorer la sensibilisation et la formation, pour rendre plus efficaces les efforts actuels de prévention et d’intervention ainsi que pour en découvrir de nouveaux (Hamby et al, 2016). Les experts en matière de victimisation et de résilience soulignent l’importance de s’attarder davantage aux facteurs de protection et aux forces, surtout lorsqu’il y a polyvictimisation, afin d’atténuer le fardeau cumulatif de la victimisation tout au long du parcours de vie (Hamby et al, 2016). Il est capital d’adopter une approche plus globale dans les interventions, en particulier, ce qui permet de multiplier les forces et d’accroître le bien-être pour tous les aspects de l’écologie sociale (Hamby et al, 2016, p. 229). Puisqu’il faut aller au-delà des facteurs de risque, il faudra aussi élaborer de meilleurs outils pour évaluer les forces et les facteurs de protection. L’intégration de cadres comme la PAR peut s’avérer primordiale à cet égard.

Le fait que la VPI et la violence familiale se soient intensifiées en temps de pandémie souligne à grands traits l’importance de créer, à l’intention des victimes, des programmes et des mesures de soutien accessibles et dotés d’un financement à long terme pour les aider dans leur cheminement vers la guérison. Depuis trop longtemps, ce sont en effet les victimes et les survivants, de même que les organismes de première ligne, qui font le gros du travail (BOFVAC, 2020a). Il ne suffit pas de recadrer théoriquement notre approche en matière de prévention de la criminalité et d’intervention : les décideurs doivent également agir et affecter des ressources adéquates pour que le travail se fasse. 

Les organismes de première ligne sont témoins du vécu des victimes au quotidien; leurs services se fondent sur la collecte (principalement) informelle de données anecdotiques et qualitatives concernant l’expérience vécue par les victimes. Il y a lieu de s’engager à verser un financement de base durable à ces organismes. Il s’agit là d’une recommandation qui se retrouvait déjà dans le Rapport d’étape : La Charte canadienne des droits des victimes du BOFVAC (2020a) et dans le mémoire présenté dans le cadre de l’étude portant sur les comportements contrôlants ou coercitifs dans les relations intimes, qui mentionnait que le système actuel de financement de projets donnait lieu à des subventions et à des contributions « aléatoires et irrégulières » (BOFVAC, 2021a). En nous engageant à verser un financement durable et en priorisant les initiatives de recherche, nous fournirons de meilleurs outils à ceux et celles qui se consacrent déjà à la tâche afin qu’ils soient plus efficaces dans leur réponse et leur soutien aux victimes, et ce, à partir de données probantes. Il sera non seulement possible d’aiguiller le travail des fournisseurs de services, mais aussi d’obtenir des renseignements d’une valeur inestimable pour les chercheurs, le personnel du système de justice pénale, les décideurs gouvernementaux et l’ensemble de la société, tout en mobilisant et en habilitant les victimes et les survivants. 

Puisque ce sont les membres du personnel de la justice pénale qui interagissent souvent directement avec les victimes et les survivants, il est primordial de les former sur la façon la plus efficace de répondre aux besoins des victimes. Dans son rapport d’étape, le BOFVAC recommandait au ministère de la Justice d’élaborer et d’évaluer une formation continue destinée à l’ensemble des fonctionnaires travaillant dans le système de justice pénale à tous les échelons du gouvernement (2020a). Les données sur les moyens permettant de favoriser la résilience des victimes et sur les facteurs de protection peuvent contribuer à l’élaboration d’une formation plus poussée. 

Justice réparatrice

Quand elles doivent s’orienter dans le système juridique et l’appareil judiciaire, les victimes d’actes criminels se sentent souvent de nouveau blessées, meurtries et réduites au silence (Van Sluytman, 2020). Afin de mieux répondre aux besoins des victimes et des survivants, le système de justice pénale peut, entre autres, étendre et intensifier le recours aux initiatives de justice réparatrice axées sur la victime. Comme nous l’avons mentionné, les conséquences de la criminalité et de la victimisation vont généralement au-delà de la personne elle‑même. Des données probantes démontrent que la justice réparatrice a des effets positifs non seulement sur les victimes, mais aussi sur le reste de la collectivité (Van Sluytman, 2020). Il faudrait tout particulièrement songer à recourir à la justice réparatrice dans le cas de certains types de crimes violents, comme la violence sexuelle ou avec arme à feu. Le BOFVAC a déjà recommandé que le gouvernement fédéral verse un financement de base aux programmes de justice réparatrice communautaires (BOFVAC, 2020a).

Selon la recherche, la justice réparatrice répond mieux aux besoins des victimes et des survivants, et elle engendre des niveaux de satisfaction plus élevés que ne le fait le système de justice traditionnel (ministère de la Justice, 2018; Drost, 2015). Les tenants de la justice réparatrice axée sur la victime soulignent qu’elle offre aux victimes une autre voie d’accès à la justice et leur permet de regagner leur pouvoir (Singer, 2019). Alors que le système de justice traditionnel est centré sur ceux qui commettent des crimes, la justice réparatrice s’attarde plutôt à l’expérience des victimes, à leurs sentiments et à leurs émotions, par exemple la douleur, le ressentiment, la confusion, voire l’humiliation (Restore, 2017). Bien que les intervenants de la justice pénale soient sensibilisés à la justice réparatrice, et malgré un intérêt croissant chez les victimes, celles-ci ne reçoivent pas d’information adéquate au sujet des programmes de justice réparatrice existants et ne sont pas assez souvent aiguillées vers ces programmes (Bourgon, 2019; cité dans McDonald, 2019, p. 14). Ainsi, nous observons une sous-utilisation de la justice réparatrice, en dépit d’études solidement documentées faisant état de ses avantages pour la victime (effets positifs de nature psychologique, capacité d’agir et autonomisation) (Vanfraechem et al, 2015, pp. 3 et 52; Wemmers, 2017, p. 14). Le BOFVAC a déjà recommandé que la Charte canadienne des droits des victimes (CCDV) soit modifiée afin qu’il soit obligatoire de donner des renseignements sur les programmes de justice réparatrice aux victimes qui signalent des crimes (rapport d’étape sur la CCDV, BOFVAC, 2020a).

Dans les cas de violence fondée sur le genre, plus spécialement, il faut privilégier la justice réparatrice. Bien des écrits soulignent les aspects positifs de la justice réparatrice en réponse à la VPI et/ou à la violence sexuelle, dont les suivants : elle crée un mécanisme permettant aux femmes de se faire entendre et de se sentir habilitées; elle donne un moyen à la victime d’obtenir réparation pour certains des dommages qu’elle a subis (responsabilité du délinquant); et elle peut offrir la possibilité de signaler des violences subséquentes (cité dans Singer, 2019). Toutefois, des experts (c’est-à-dire des militantes féministes et des spécialistes de la justice réparatrice) ont également exprimé de nombreuses inquiétudes face au recours à la justice réparatrice dans des cas de violence fondée sur le genre, surtout pour rappeler la nécessité de veiller à ce que les processus soient axés sur la victime et à ce qu’ils prennent en considération ses intérêts et sa sécurité, de même que l’inégalité des forces entre elle et le délinquant (Singer, 2019), afin de ne pas causer de tort ni de violences supplémentaires. 

Il est donc vital que la justice réparatrice soit centrée sur la victime. Dans son article concernant la justice réparatrice axée sur la victime, Margot Van Sluytman (2020) souligne qu’il faut prendre en compte les opinions des victimes dans l’élaboration et la surveillance des programmes et des processus de justice réparatrice. Elle mentionne le fait que « les progrès, les politiques et les ressources sont essentiels à la justice réparatrice axée sur les victimes ». Comme ce sont les victimes qui subissent directement les effets de l’acte criminel, leur participation à la justice réparatrice doit absolument être volontaire (Drost, 2015). Dans son article, Van Sluytman (2020) explique un nouveau modèle de justice réparatrice, le Sawbonna, qui place les victimes au premier plan des processus de justice réparatrice et met l’accent sur l’humanité commune, les droits de la personne et la capacité d’agir. Le Sawbonna privilégie l’autonomisation, la résilience et l’établissement de relations (Van Sluytman, 2020), ce qui cadre bien avec l’importance accordée à l’approche fondée sur les forces que nous évoquons tout au long du présent document. 

L’information au sujet de la justice réparatrice axée sur la victime et de modèles comme le Sawbonna peut influer sur les futures interventions stratégiques visant à étendre les initiatives en matière de justice réparatrice, ou à tout le moins rappeler l’importance de placer les victimes et les survivants au cœur de ces efforts et d’en faire une réalité. En outre, si les conséquences humaines ne suffisent pas, il est important de signaler que la justice réparatrice est souvent plus rentable que le système traditionnel, tant sur le plan pratique (la médiation est essentiellement assurée par des bénévoles) que dans une perspective à long terme, puisque la récidive est moins fréquente (ministère de la Justice, 2018).

Prévention de la violence en amont

Le rapport du RMCPC, Peaceful Homes, met en lumière la nécessité de privilégier davantage la prévention de la violence — même si les services aux victimes et les interventions en cas de violence doivent garder toute leur importance —, puisque la meilleure forme d’aide consiste à faire en sorte qu’il n’y ait jamais de victimisation (2021). Le BOFVAC et le RMCPC rappellent tous deux l’importance d’adopter une démarche « en amont », qui implique de s’attaquer aux racines mêmes de la violence, avant qu’elle ne se produise ou qu’elle ne s’aggrave, en mettant l’accent sur la prévention des risques et l’intervention (atténuer les situations à risque élevé) (BOFVAC, 2021b). La prévention de la violence en amont a déjà été recommandée par le BOFVAC dans une lettre ouverte à la Dre Theresa Tam qui portait sur la nécessité d’une stratégie de prévention de la violence dans le cadre du plan de reprise postpandémique du Canada (2020b).

Peaceful Homes traite de l’efficience de la prévention en amont et de l’importance de s’attaquer aux facteurs de risque sociaux au moyen de stratégies et de programmes fondés sur des données probantes (RMCPC, 2021). Le rapport donne l’exemple d’une campagne sur les réseaux sociaux créée en partenariat avec le BOFVAC, qui vise à sensibiliser la population aux solutions efficaces pour prévenir la violence et à mieux faire connaître ces solutions. Cette démarche est compatible avec la recherche sur les ENE mentionnée précédemment et avec le rôle important des mécanismes d’intervention précoce dans la réduction des dommages et l’amélioration des résultats à l’âge adulte.  

Conclusion

Malheureusement, bien des gens blessés blessent des gens. Toutefois, telle n’est pas la réalité de la majorité des victimes et des survivants d’actes criminels. Si ce genre de discours perdure, il peut faire en sorte que l’expérience des victimes et des survivants, qui, pour la plupart, ne causent pas de tort à autrui et ne commettent pas d’actes criminels par la suite, soit négligée ou niée. Afin de parvenir à un meilleur équilibre entre les victimes et les délinquants dans le système de justice pénale canadien, nous devons recadrer le message et adopter une approche axée sur la victime et sur les forces pour comprendre la violence, les mauvais traitements et la victimisation, puis y répondre. Afin d’aller véritablement de l’avant, nous devons nous centrer sur les forces, la résilience et les facteurs de protection des victimes, qui sont incroyables, et nous en servir pour guider les efforts de prévention et d’intervention (Grych et Hamby, 2015). 

Si nous voulons placer les victimes au cœur du processus, il faut d’abord qu’elles soient investies de droits adéquats qui aient un caractère exécutable. Or, ce n’est pas toujours ce qui se passe au Canada. Le BOFVAC sait que, dans bien des cas, les préoccupations des victimes ne sont pas prises en compte « parce qu’on estime que la "véritable" poursuite de la justice concerne uniquement les autorités de justice pénale et l’accusé » (BOFVAC, 2020a). La CCDV ne va pas assez loin pour faire respecter les droits des victimes et assurer un accès équitable à la justice pour toutes les victimes et tous les survivants de la criminalité. Dans son rapport d’étape sur la CCDV, le BOFVAC a d’ailleurs souligné la nécessité de donner aux victimes les moyens légaux de faire respecter leurs droits en cas de violation et a lancé un appel à l’action à l’échelle du pays pour que la CCDV soit revue et renforcée (2020a). Enfin, alors que la question de la réadaptation des délinquants se voit accorder de plus en plus d’importance, les victimes et les survivants de la criminalité méritent aussi que soient appliquées des politiques équitables visant d’abord et avant tout à favoriser leur guérison, leur dignité et leur bien-être afin qu’ils puissent donner un sens à leur vie et s’épanouir.

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