Discours du greffier lors du Forum des cadres d’AANC
Discours
Le 10 novembre 2016
Le texte prononcé fait foi.
Bonjour tout le monde. Bienvenue à une composante sensationnelle de la fonction publique du Canada, dont je tire une très grande fierté. Les secrétaires et les greffiers de cabinet ne devraient pas avoir de ministère favori, mais dans ce cas-ci, j’en ai un. Je suis très heureux d'être ici parmi vous aujourd'hui pour vous présenter un bref aperçu et passer ensuite à la période de questions et réponses. Si vous avez des questions ou des commentaires dont vous souhaitez parler, ça me va.
Le thème de la journée est la santé et le bien-être mentaux. Sans être un expert, loin de là, j’ai vu les efforts déployés ces dernières années par la fonction publique, à titre de plus important employeur du pays, pour se mettre à niveau avec les tendances sociétales visant à gérer les questions relatives à la santé et au bien-être mentaux. Je suis très heureux des progrès que nous avons réalisés, mais il reste tant à faire. Donc aujourd'hui, nous pouvons certainement parler de cette situation ou nous pouvons également parler du monde des EX. À vous de choisir.
Je crois qu’une mise en contexte serait utile. Nous vivons dans une époque très intéressante, à l’échelle mondiale, qui touche notre pays, le gouvernement et la fonction publique. Toutes sortes de raisons font également qu’il s’agit d’une époque incroyable pendant laquelle diriger la fonction publique de notre pays. On peut tourner son regard un peu partout sur la planète, au sud de la frontière, en Europe, dans d’autres pays, et on voit une série de tendances bouleversantes.
Le modèle canadien de société inclusive, axé sur l’ouverture, d’une économie mixte dans le cadre de laquelle le marché et l’état travaillent main dans la main, une société hospitalière qui accueille chaque année près de 1 % de sa population en nouveaux arrivants; une société qui fait un travail plutôt efficace pour les intégrer à la vie économique, sociale, culturelle et politique du pays. Notre pays n’est pas parfait, mais à de nombreux égards, il se démarque un peu des autres pays.
Je crois que nous devons prendre conscience que nous n’avons pas atteint cette vision par accident. Nous ne pouvons nous reposer sur nos lauriers. Peu importe les succès que nous avons connus en tant que pays, ceux-ci sont le résultat de durs labeurs. Ils reposent sur la gouvernance, sur des politiciens et des leaders courageux, sur de bonnes politiques publiques, sur nos institutions. Tout ce qui précède nous a menés ici, et nous nous appuyons sur les efforts des générations antérieures de leaders de la fonction publique, dont la contribution est énorme.
Les succès que nous avons obtenus en tant que fonction publique constituent l’un de mes sujets favoris depuis que je suis devenu greffier du Conseil privé. Nous n'en parlons pas souvent. En vérité, nous recevons généralement beaucoup de commentaires sur les choses que nous avons mal faites, mais nous avons également réalisé de grandes choses. N'oublions pas que nous sommes des êtres humains et que tout ne se déroule pas rondement. Il y a des journalistes, il y a des politiciens dans l’opposition, il y a des agents du Parlement. Beaucoup de personnes qui n'hésitent pas à nous dire que nous aurions dû mieux faire ceci, et que devrions mieux faire cela. C’est une entente tacite dans une démocratie. Elle nous rend meilleurs et elle profite aux citoyens et aux contribuables.
Nous n’avons toutefois pas beaucoup d’occasions de célébrer notre contribution réelle. C’est pourquoi il est utile d’avoir des remises de prix et des séances d’accueil – certains d’entre vous étaient sans doute sur la scène la semaine dernière – pour célébrer nos réalisations de groupe et personnelles.
Un autre élément du succès du Canada est le fait que, depuis le début – et nous célébrons notre 150e anniversaire l’an prochain –, notre fonction publique est non partisane, impartiale et fondée sur le mérite, et qu’elle a travaillé en partenariat avec les femmes et les hommes que nous élisons au gouvernement génération après génération. Peu de pays adoptent ce modèle. Des milliers de personnes changeront d’emplois à Washington l’an prochain. Vous aurez peut-être remarqué que le même processus se produit dans certains gouvernements provinciaux, et dans d’autres pays. Mais nous, nous profitons de cette continuité.
Vous vous rappellerez sans doute que l’an dernier, vous étiez nombreux à travailler sur la transition, au sein de ce ministère ou ailleurs. Nous avons passé d’un gouvernement à un autre en 16 jours civils, et le nouveau gouvernement était en place et fonctionnel. Quel accomplissement remarquable! Et nous voici maintenant, travaillant à la mise en œuvre du mandat d’un nouveau gouvernement, et ce, depuis la dernière année.
Je peux vous garantir une chose à propos de ce gouvernement : vous connaissez son programme. Il est décrit dans le discours du Trône, dans le Budget, dans les lettres de mandat. Vous pouvez le chercher sur le Web. Vous pouvez même consulter des sites qui assurent le suivi du nombre d’engagements en voie d’être réalisés. L’intention du gouvernement est on ne peut plus claire, et celui-ci est tout disposé à mesurer, avec candeur, s’il est capable de tenir ses promesses et d’expliquer les raisons de ses succès et de ses échecs.
L’ouverture constitue l’autre grande de qualité du gouvernement. Il est des plus ouvert. Des discussions et des consultations ouvertes. Les personnes touchées par les décisions devraient avoir voix au chapitre. Vous connaissez ce principe en raison de l’Honneur de la Couronne, qui s’étend maintenant à d’autres composantes du gouvernement.
Le gouvernement affiche une très grande franchise par rapport aux résultats et aux progrès, et vous en êtes témoins. Beaucoup sont tenus de rendre des comptes et se font poser les « bonnes » questions : expliquez-moi donc ce que nous tentons de faire… Comment savez-vous qu’on y arrivera? Si nous réussissons, tant mieux, mais comment pouvons nous encore améliorer les choses? Dans le cas contraire, que devons-nous faire pour corriger le tir? Ce dialogue permanent, ouvert, à propos des résultats représente réellement l’environnement dans lequel vous aurez tous à travailler pendant les cinq ou dix prochaines années, car je ne crois pas que l’on retournera jamais en arrière. Ce modèle de gouvernance est probablement là pour rester, peu importe les résultats des élections de 2019 ou 2023.
Ce qui m’amène à votre rôle en tant que cadres au sein de la fonction publique. Il y a 280 000 fonctionnaires répartis dans 320 organisations qui travaillent tant à la prestation de service qu’à la réglementation, à l'élaboration de politiques, aux négociations et à la représentation sur la scène internationale. Il s’agit d’une institution tout à fait incroyable, et j’ai eu le grand plaisir de vous connaître un peu mieux au cours de la dernière année.
Le véritable moteur qui nous permet d’aller de l’avant, d’obtenir des résultats et d’accomplir des choses pour les Canadiens, qui constitue l’environnement de travail de ces 280 000 personnes, est mis au point par vous, les cadres de la fonction publique. Vous établissez les priorités; vous créez les attentes concernant les échéances et le contrôle de qualité et vous définissez l’atmosphère des lieux de travail. C’est cette atmosphère même qu’adopteront vos organisations. La fonction publique est un caméléon, qui s’adapte très rapidement au ton et aux comportements de ses dirigeants.
Si vous êtes cynique et défaitiste, vous devrez gérer une équipe cynique et défaitiste en quelques semaines. Mais si vous êtes résilient et optimiste, que vous ne lâchez jamais – que vous vous retroussez les manches et que vous allez de l’avant – et bien voilà à quoi ressemblera votre équipe.
Ce qui m’amène à parler de bien-être en milieu de travail. Si j’ai appris une chose à force d’assister à diverses réunions de comités de consultation, c’est bien qu’il existe un lien inextricable entre les pratiques de gestion et le bien-être au travail, notamment à cause du stress. Le stress peut mener à des problèmes de santé mentale. Les mauvaises pratiques de gestion représentent l’une des principales sources de stress.
Donc, votre comportement et vos compétences de leader font partie de l’équation – car il existe bien entendu d’autres enjeux. En tant que leaders, vous aurez une grande influence sur l’environnement de travail. C’est pourquoi je suis heureux que vous preniez le temps de discuter de ces sujets. Nous pouvons faire beaucoup à propos de la résilience personnelle. Ces emplois ne deviennent jamais plus faciles. Ils se compliquent de plus en plus, en fait. Ainsi, la résilience, en tant que personne, en tant qu’équipe, et en tant que communauté, fera partie des outils qui nous permettront de continuer à aller de l’avant.
Et pour paraphraser Hillary Clinton, « ça en vaut la peine ». Car quand vous créez ces équipes et ces organisations, quand vous obtenez des résultats pour les personnes qui comptent sur vous, et que vous pouvez observer les progrès, qu’il s’agisse de relations ou de résultats ou de construction ou de mise en œuvre d’éléments faisant partie d’une réconciliation historique, quel travail hautement satisfaisant. Peut-être n’obtiendrez-vous pas beaucoup de crédit. Celui-ci ira au ministre, comme il se doit. Mais vous savez ce que vous avez accompli, et vous pouvez retourner dans vos familles et vos collectivités, et vous pouvez bomber le torse avec fierté, et dire « j’ai joué un rôle ». J’ai joué un rôle dans l’architecture. J’ai joué un rôle dans la construction. J’ai joué un rôle dans la mise en œuvre.
Alors, oui, il est difficile d'être un leader. Vous aurez droit à quelques remerciements, félicitations ou commentaires positifs. Les responsabilités sont grandes, autant que la pression. Être un leader est un travail stressant, par exemple lorsque vous n’avez pas d’argent dans votre budget et que vous devez offrir des programmes et des services. C'est aussi un travail stressant lorsque vous disposez de grands moyens et que vous devez les employer à bon escient.
Donc, à titre de leader, vous devez apprendre différentes techniques de résilience pour différents types d’environnements et de situations. Les rencontres et les discussions constituent une pièce immense du puzzle.
Nous pourrions discuter de tant d'autres sujets, mais j'aimerais conclure par un dernier point. Dans sa lettre de mandat, le premier ministre a fait de la réconciliation avec les peuples autochtones une priorité absolue pour lui personnellement et pour le gouvernement. Cela signifie donc qu’il y a une détermination à accomplir des choses et une détermination à tenter de nouvelles approches. Il ne s’agit pas de reprendre des programmes et des institutions des années 1990 avec un peu plus d’enthousiasme.
S’il faut prendre un pas de recul et tenter différents accords, différentes organisations, différents programmes, différents outils, le premier ministre sera ouvert à ces possibilités. Si vous avez une demande motivée et que vous avez une idée, c’est le temps idéal de faire preuve d’innovation, de sortir des sentiers battus et d’élaborer de nouvelles solutions. Et, bien sûr, vos solutions devront être façonnées en collaboration avec les peuples autochtones du pays. Les techniques de dialogue, de mobilisation, d’élaboration ouverte de politiques, de cogestion et de gouvernance seront intégrées partout au gouvernement. Vous êtes des pionniers qui travaillent là-dessus depuis au moins l’article 35, et même avant dans certains cas. La fonction publique a beaucoup à apprendre de vous.
Permettez-moi de terminer par un dernier message : merci à vous tous, puisque vous ne recevez pas souvent de remerciements. Je sais ce que vous faites. Je sais ce que vous faites mieux que la plupart des gens, et je vous en suis immensément reconnaissant. Je vous remercie à l’avance pour une année 2017 qui sera incroyablement difficile et enrichissante.
Merci. Miigwetch.