Discours du greffier lors de la Communauté nationale des gestionnaires
Discours
13 décembre 2016
Le texte prononcé fait foi.
Merci, Karen. Tout d’abord, nakurmiik. Quel spectacle enchanteur. J’ai pu assister à des chants de gorge à plusieurs reprises, et ne vous méprenez pas, il s’agissait de chant de gorge de très grande qualité. Merci beaucoup d’avoir partagé ce moment avec nous.
Je tiens également à te remercier, Karen, pour cette présentation, et merci également à l’équipe qui a organisé l’événement.
Toute l’équipe des bénévoles et du personnel de la Communauté nationale des gestionnaires qui prennent le temps, dans leurs journées déjà occupées, de mettre sur pied ce genre d’événements, d’activités de réseautage et d’occasions d’apprentissage pour vos collègues et nous tous mérite un immense merci.
Je souhaite la bienvenue à tous les internautes qui nous regardent à l’aide de la technologie. Bien que ce soit merveilleux de pouvoir participer grâce à l’Internet, je dois toutefois admettre qu’il est agréable, de temps en temps, de participer à des réunions en personne. Elles ne sont que trop rares, et j’espère que vous tirerez avantage des kiosques et des expositions à l’extérieur et ainsi que de l’occasion qui s’offre à vous de faire un peu de réseautage informel. Ces occasions sont précieuses, il faut donc en profiter pleinement.
Je ne prendrai pas trop de temps. J’aimerais commencer en vous faisant part de quelques messages, puis que nous passions rapidement à un échange, afin que je puisse vous écouter au lieu de seulement vous parler. Donc, si vous avez des questions, vous pouvez commencer à faire la file aux micros dès maintenant; Karen agira comme modératrice et nous verrons où cela nous mènera. C’est le moment pour vous de formuler des commentaires, et c’est ce que j’aime beaucoup de ce genre d’événements.
Je souhaite en premier lieu reconnaître l’importance de notre communauté. Peut-être ne le réalisez-vous pas maintenant, car vous êtes accaparés par votre travail parfois difficile, mais vous avez une très grande influence.
Il y a environ 260 000 fonctionnaires travaillant pour plus de 300 organisations d’un océan à l’autre. Pour la plupart d’entre eux, la fonction publique a le visage de leur superviseur immédiat, de leur gestionnaire – les personnes ayant les pouvoirs en matière de ressources financières et humaines. Mais c’est vous qui créez les milieux et les plans de travail. Les personnes qui, comme moi, dirigent les ministères et les organisations ont souvent l’impression d’être derrière leur bureau à tirer les ficelles. Nous ne savons pas toujours à quoi elles sont rattachées, mais je sais qu’ils ont un lien avec vous.
Il existe un certain nombre de thèmes qu’abordent les sous-ministres lorsqu’ils se réunissent à propos de la façon de faire progresser notre institution. Mais nous arrivons toujours à un moment où les questions suivantes se posent : les gestionnaires sont-ils de notre côté? Auront-ils la formation, le soutien, la capacité pour aller de l’avant avec cette initiative? C’est pourquoi une journée comme aujourd’hui revêt une importance toute particulière.
Je prendrai maintenant quelques instants, puisque c’est de saison, pour revenir sur l’année qui s’achève.
La dernière rencontre du Cabinet a eu lieu ce matin, et elle fut accompagnée d’un « ouf, l’année est presque terminée! ». Le Parlement ajournera ses travaux d’ici quelques jours et les ministres ont hâte de rentrer à la maison, de passer du temps avec leur famille et les membres de leur collectivité, et de refaire le plein en vue de l’année à venir. Ils ont tout de même pris le temps de dresser un petit bilan de l’année qui se termine et je peux vous dire que l’année a été remarquable au chapitre des réalisations. Je ne tenterai pas de faire de même, mais je dirai que ce fut une année extraordinaire. Le gouvernement a commencé sur les chapeaux de roue l’an dernier. Nous sommes passés d’un gouvernement pleinement fonctionnel et à un gouvernement pleinement fonctionnel en 16 jours civils. Ce fut ahurissant.
Cette situation présente des avantages dans un monde plein de changements, de bouleversements et de risques économiques et géopolitiques. Je peux faire le tour des pays sur une carte du monde et affirmer que je suis heureux que nous soyons au Canada. Une des raisons est que nous jouissons d’une excellente fonction publique impartiale et fondée sur le mérite, qui travaille jour après jour au service des Canadiens et des Canadiennes. Tous les gouvernements qui arrivent au pouvoir savent qu’ils peuvent compter sur elle pour des conseils, de l’aide et une contribution à la mise en œuvre. Chaque voyage dans un autre pays fait clairement ressortir les différences.
Je suis vraiment fier d’être le sous-ministre du premier ministre, et c’est également vraiment très génial de pouvoir assister aux réunions du Cabinet en tant que secrétaire du Cabinet. Je suis aussi très honoré d’être le chef de la fonction publique. Et tout ça c’est grâce à votre travail assidu et à votre dévouement; c’est pourquoi je dis merci à chacun d’entre vous.
Ce ne fut pas l’année la plus facile. Des embuches ont parsemé la route. La fonction publique est une organisation d’une très grande complexité. Nous sommes le plus important employeur du Canada. Nous sommes la plus grande organisation du pays. Nos secteurs d’activités se comptent par centaines. Et c’est pourquoi il est plus difficile de faire avancer le gouvernement du Canada ou la fonction publique que tout autre environnement institutionnel au pays. Il faut un leadership spécial et une persévérance particulière pour ce faire; sans compter que nous avons connu quelques situations difficiles cette année.
Mais nous devons persévérer, et je crois que nous devons continuer à faire preuve d’honnêteté et de candeur à l’égard des Canadiens à propos de nos activités, de nos réussites, mais aussi de nos échecs. Il existe une transparence et une sincérité à l’égard des résultats, ce qui est essentiel. On peut parler ici d’une caractéristique du gouvernement en place, mais, en vérité, l’idée d’un gouvernement ouvert et responsable l’a précédé. Nous devons également exprimer clairement quels sont nos objectifs et comment nous allons mesurer nos progrès vers ces objectifs. Et lorsque nous recevons une rétroaction, devons-nous apporter les ajustements nécessaires, renforcer ce qui fonctionne et, dans certains cas, rejeter ce qui ne fonctionne plus?
Ce n’est pas la tâche la plus facile, et la population s’attend à ce que nous l’accomplissions plus rapidement et avec plus de détermination. Les Canadiens et les Canadiennes n’attendront pas dix ans avant que nous décidions si un programme est efficace ou pas. Ce n’est pas une mince affaire. Et cela signifie beaucoup de rétroaction constante.
Nous devons également trouver des solutions et élaborer des politiques et des règlements dans un partenariat beaucoup plus étroit avec les personnes concernées. J’ai grandi dans une fonction publique où on se réunissait à Ottawa, on prenait une décision, on la présentait au Cabinet et on l’annonçait. Et si tout n’allait pas comme sur des roulettes, c’était à cause du plan de communication. Ce n’est tout simplement plus la façon de faire de nos jours. Les gens s’attendent à participer au processus décisionnel, qu’il s’agisse d’évaluations environnementales de projets énergétiques ou de programmes de sécurité du revenu. Nous devons donc développer les compétences de mobilisation et de consultation. Nous devons être en mesure de prêter une oreille attentive et parfois faire preuve d’une certaine humilité.
Un vieil adage que vous connaissez sans doute va comme suit : « donner l’heure juste aux dirigeants ». Cette maxime n’est plus vraiment d’actualité, car ce genre d’affirmation était fondé sur l’idée que la fonction publique était omnisciente et omnipotente. Ce n’est plus le cas, si tel l’a déjà été. On peut trouver des vérités, des faits post-vérités et des vérités post-factuelles un peu partout. Nous devons avoir une longueur d’avance et détenir un avantage comparatif en matière de qualité et de rigueur, et présenter le point de vue de la fonction publique, qui n’est pas celui des intervenants, ni d’un groupe d’intérêt, ni d’une région. Nous avons plutôt à cœur l’intérêt national et l’intérêt public, et nous nous soucions des générations à venir.
Les ministres réalisent ceci assez rapidement, et plus le gouvernement est en place depuis longtemps – et nous avons constaté ceci plus d’une fois –, plus ils se tournent vers la fonction publique et demandent : « J’entends tous ces points de vue différents, vous pouvez m’aider à filtrer tout ce bruit et à faire avancer le dossier ». Voilà ce à quoi nous excellons au Canada, ce qui nous ramène à mon premier point.
La fonction publique fêtera l’année prochaine ses 150 ans, soit plus ou moins en même temps que le pays. Je suis sûr que nous réfléchirons beaucoup à nos origines et à notre avenir. J’espère que nous aurons de nombreuses occasions de le faire.
Je pense à la mobilisation que nous avons connue relativement à Destination 2020. La participation et les consultations dans le cadre d’Objectif 2020 nous en ont dit beaucoup sur les aspirations des fonctionnaires, sur le type de fonction publique au sein de laquelle ils veulent travailler et prospérer. Nous pouvons donc nous poser la question suivante : « À quelle sorte de fonction publique voudriez-vous que vos enfants appartiennent? ». Nous avons cerné les points sur lesquels nous devons travailler. Je ne veux pas m’éterniser sur tous les points, mais j’aimerais en souligner quelques-uns, car je pense que les hommes et les femmes qui sont présents aujourd’hui dans cette salle, c’est-à-dire vous, revêtent une importance cruciale à ces égards.
Un de ces points est le talent : trouver les bonnes personnes, contribuer à leur perfectionnement, les encadrer et agir en tant que mentors pour qu’elles accèdent aux postes où elles seront les plus efficaces. C’est vous qui prenez ces décisions, pas moi. J’ai sélectionné tout au plus de 50 à 60 personnes dans l’ensemble de la fonction publique. C’est vous qui prenez les décisions en matière d’embauche et de personnel. Je vous demande simplement à tous d’avoir un peu moins peur du risque et de prendre au moins une décision d’embauche risquée en cours d’année. Choisissez du talent jeune et perfectionnez-le, faites-le progresser plutôt qu’inscrire 17 exigences d’expérience professionnelle dans l’énoncé des critères de mérite. Je comprends que c’est plus facile à dire qu’à faire, et qu’il est difficile de faire le tri dans l’énorme bassin de postulants. Nous devons vous fournir des outils pour vous aider dans cette tâche. Il est primordial que vous misiez sur un jeune talent cette année.
Tous les baby-boomers comme nous partent à la retraite, et c’est pourquoi nous devons les remplacer très rapidement. Les gens devront être promus et occuper de nouveaux postes à un rythme jamais vu au cours des dix dernières années. Si comme moi, vous vous situez à l’extrémité plus âgée du spectre, consacrez du temps au mentorat, à l’enseignement ou à l’encadrement. Veillez à transmettre vos connaissances. Vous en savez beaucoup, vous avez de bonnes valeurs, vous avez l’expertise, et ce ne sera pas à votre souper de retraite que vous allez transmettre tout ce savoir.
Je réitère donc qu’il est l’heure d’activement faire de l’encadrement, du mentorat et de l’enseignement si vous êtes à l’extrémité plus âgée du spectre. Et si vous êtes à l’autre extrémité de ce spectre : écoutez-les! Ils ont beaucoup à offrir. Je sais que nous avons tous l’air de genres de dinosaures dépassés par la technologie, mais en fait, nous avons vécu beaucoup de choses et nous avons eu beaucoup d’expériences en travaillant avec des ministres, des intervenants et des clients au fil des années. Cette année, je vous défie d’emmener votre patron prendre un café. Ayons un dialogue intergénérationnel dans la prochaine année.
La santé mentale est une autre question importante. Je suis fier du progrès que nous avons fait. Nous avons maintenant une stratégie nationale, qui reçoit le plein appui du Conseil du Trésor à titre d’employeur, et de nos agents de négociation. Un élément vraiment positif dans les relations patronales-syndicales est le travail que nous faisons ensemble en ce qui concerne le mieux-être en milieu de travail et la santé mentale. J’ai mis au défi tous les administrateurs généraux de trouver une stratégie appropriée pour leur organisation, et nous allons faire des choses qui vont toucher l’ensemble de la fonction publique en matière de formation, de renforcement des capacités et de mieux-être.
La principale chose que les experts de la santé mentale vous disent est qu’il y a effectivement toutes sortes de choses qui ont une incidence sur la santé mentale et le mieux-être en milieu de travail. L’un des déterminants les plus importants – probablement le plus important dans l’équation – est le genre d’environnement de travail que les gens créent. Et cela dépend beaucoup de vous en ce qui concerne les agents stressants que sont l’orientation incertaine, les échéanciers incertains, la courtoisie, la conduite. Ce sont là des choses sur lesquelles vous avez une influence, que ce soit par la manière dont vous vous comportez ou par les normes que vous établissez pour votre équipe sur ce qui est acceptable, ce qui n’est pas acceptable, ou en montrant que vous ouvrez grand les yeux et les oreilles pour comprendre ce que vivent les personnes pour qui vous travaillez.
Donc, si nous voulons faire de réels progrès en matière de santé mentale, ce ne sera pas au moyen d’un courriel du greffier ou d’un plan du ministre Brison. Ce sera grâce à vous. Vous allez faire de la fonction publique le genre de milieu de travail que nos employés méritent. Une conversation nationale sur la santé mentale a été amorcée. Nous prenons la question au sérieux en tant que société et prenons très rapidement des mesures pour faire quelque chose à cet égard. En tant que plus gros employeur, pour plus d’un quart de million de Canadiens, nous devons faire mieux et cela représente un grand défi pour l’année à venir. Je vous remercie donc à l’avance pour tout ce que vous allez faire.
Ce sont là deux de mes thèmes favoris — le talent et la santé mentale. Il y en a probablement d’autres dont nous pourrions parler. Je pense que vous travaillez de plus en plus dans une fonction publique intégrée. Je vous encourage à travailler vraiment fort sur vos compétences essentielles en gestion. Oui, il y a des aspirations et des programmes de leadership et certains d’entre vous deviendront sans doute des cadres ou des sous-ministres. Mais ce sur quoi j’insiste vraiment, c’est ceci : Il importe d’assurer la saine gestion des personnes et des ressources et de l’information; de créer des activités et des plans de travail sensés; de donner le ton et d’assurer le leadership. Soyez tout simplement un vraiment bon gestionnaire et cela changera énormément les choses, non seulement pour votre unité, mais pour l’ensemble de la fonction publique.
S’il y a un message que j’aimerais que vous reteniez, c’est le suivant : Vous avez beaucoup plus d’influence que vous ne le croyez. Je sais que certains jours vous vous sentirez probablement un peu impuissants et que vous vous direz, « Si seulement le greffier savait », « Si seulement le PM savait ». Ça arrive à tout le monde. Mais nous acceptons d’assumer le leadership. Vous êtes le vrai visage de la fonction publique pour 259 000 fonctionnaires.
Lorsque je vois le genre de personnes qui viennent aux salons de recrutement et aux événements et dans les réseaux, je vois le genre d’hommes et de femmes qui sont attirés par les bonnes valeurs traditionnelles qui nous guident depuis 150 ans : un excellent service non partisan quel que soit le gouvernement que les Canadiens élisent dans le respect de la primauté du droit dans le cadre d’élections libres et justes. C’est vraiment encourageant et je suis incroyablement optimiste. À l’approche de l’année de célébration de 2017, ne célébrons pas uniquement notre pays, mais célébrons aussi qui nous sommes et ce que nous faisons pour notre pays.
Merci beaucoup.
Détails de la page
- Date de modification :