Remarques du greffier à la cérémonie du Prix de leadership en  ressources humaines Michelle C. Comeau 2017

Discours

Le texte prononcé fait foi.
Le 11 mai 2017

Bonsoir à tous. Je voudrais d’abord féliciter tous les candidats et les récipiendaires que nous allons bientôt honorer, mais, avant, j’aimerais prononcer quelques mots. Je porte trois titres et trois chapeaux que l’on regroupe souvent sous le terme de « greffier ». 

Mon premier titre est celui de sous‑ministre relevant d’un ministre, qui s’adonne à être le Premier ministre, ce qui est très cool. Je suis, toutefois, un sous‑ministre normal qui dirige un ministère. Près de 900 personnes travaillent pour le Bureau du Conseil privé pour lequel j’assume la responsabilité en tant que sous‑ministre, et je suis vraiment reconnaissant du soutien que je reçois dans ce poste.

Mon deuxième titre est celui de secrétaire au Cabinet. Dans cette fonction, je veille à ce que les travaux du Cabinet avancent, à ce que les choses soient prêtes à temps et à ce que les décisions puissent être prises et exécutées. À chacune des réunions du Cabinet, j’ai ma place réservée au coin de la table, et ça aussi c’est très cool.

Le titre qui n’est jamais mentionné toutefois est le seul qui est inscrit dans la loi, et c’est celui de chef de la fonction publique. Voilà le titre que je chéris le plus. Le 8 mai dernier, j’ai déposé au Parlement, tel que la loi le prévoit, mon rapport annuel au Premier ministre sur l’état de la fonction publique au cours de la dernière année, et sur nos réalisations et nos priorités pour les années à venir.

Il s’agit de mon rôle le plus important. Je préside le déjeuner des sous‑ministres et je joue un rôle déterminant dans la sélection de hauts fonctionnaires à des fins de promotion et dans la gestion de la communauté des sous‑ministres. Cela dit je consacre près de la moitié de mon temps de travail à gérer les problèmes liés au personnel, pour le meilleur et pour le pire. Je gère à la fois les problèmes les plus faciles et les plus difficiles. Je valorise grandement la fonction de ressources humaines et le rôle que ces dernières jouent dans les postes de leadership dans l’ensemble de la fonction publique. Après tout, tout ce que nous faisons repose sur les gens. Nous sommes une entreprise de ressources humaines. Nous sommes un service. Nous sommes une communauté. Une famille. Un écosystème. Les ressources humaines sont la clé et il en a toujours été ainsi.

Nous célébrons cette année le 150e anniversaire de notre pays. Peut‑être avez-vous vu certaines annonces dans la ville. Un grand nombre d’activités sont prévues, et j’espère que vous aurez l’occasion d’y participer. Cela fait donc 150 ans que, depuis ce jour de juillet 1867, la fonction publique sert les gouvernements successifs. Nous avons évolué avec le temps, nous avons appuyé les différents gouvernements et avons servi les Canadiens, alors j’ai un penchant pour l’histoire ces jours‑ci.

Au départ, nous étions en quelque sorte une fonction publique classique pour l’époque. En effet, la grande majorité des fonctionnaires travaillaient pour le bureau de poste, les douanes et le ministère de l’Agriculture. La plupart des emplois étaient offerts par le parti au pouvoir à titre de récompense à des personnes qui avaient soutenu le candidat local. Près de 50 ans se sont écoulés avant que nous créions la version moderne d’une fonction publique non partisane fondée sur le mérite.

Je ne dis pas cela pour introduire une leçon d’histoire. Je vous recommande de lire mon rapport, parce que vous allez y trouver un chapitre sur l’histoire de la fonction publique qui pourrait vous intéresser. Il reste que cette histoire fait partie de notre cheminement en tant que pays. Si nous vivons dans une région du monde exceptionnellement stable, pacifique, tolérante, prospère, libre et productive, c’est grâce au partenariat entre des gouvernements successifs et une excellente fonction publique, non partisane et fondée sur des valeurs, qui a cours depuis un siècle.

Nous sommes confrontés tour à tour aux défis de notre époque, qu’il s’agisse d’une dépression économique, des guerres mondiales ou des changements apportés par les nouvelles technologies. Dans tous les cas, le partenariat conserve la même importance. Nous faisons un très, très bon boulot.

J’ai dit plus d’une fois aux ministres du Cabinet et au Premier ministre qu’il existe sans doute ailleurs dans le monde des fonctions publiques qui font certaines choses mieux que nous. Peut‑être échangerions ce que nous nous faisons pour ce qu’eux ils font. Mais, somme toute, nulle part ailleurs sur la planète le Canada ne serait mieux servi qu’ici. Nulle part. Alors, soyez fiers de ce que vous accomplissez en tant que fonctionnaires et soyez fiers de ce que nous réalisons ensemble.

S’il en est ainsi, c’est grâce aux hommes et aux femmes qui se présentent au travail chaque jour pour servir leurs collectivités, tenter d’aider leurs ministères et leurs ministres à élaborer des politiques, des lois, à fournir des services, à mener des recherches scientifiques, et aux agents en poste aux frontières et ailleurs qui protègent nos foyers. C’est un travail très, très important. Ce sont ces personnes qui font toute la différence.

Dans le cadre de mon travail – c’est‑à‑dire aider le Premier ministre à réaliser son programme aujourd’hui et bâtir les capacités de la fonction publique pour son gouvernement et tous les gouvernements à venir – rien n’est plus important que de porter attention aux gens qui se présentent au travail, aux gens qui sont ici, et aux gens que nous voulons attirer et recruter et construire notre avenir.

J’ai établi diverses priorités, et je suis toujours disposé à les passer en revue avec vous. Je suis heureux de pouvoir en parler ou de répondre à des questions, mais ces priorités vont de soi pour les personnes qui sont réunies ici. Ils comprennent quelques‑uns des défis que nous devons relever et quelques‑unes des occasions que nous devons saisir, ensemble. C’est seulement ensemble que nous pourrons réussir. Ce n’est pas une politique du Conseil du Trésor ou une lettre ou un mandat du greffier qui nous permettra de réussir. Voilà des choses que allons accomplir ensemble grâce à votre expérience, à vos connaissances et à vos idées, en partenariat, des gestionnaires de première ligne aux syndicats aux groupes d’équité en matière d’emploi, et ainsi de suite. Nous allons relever le défi associé à ces priorités. Je permets tout simplement de vous souligner quelques-unes de ces priorités.

La santé mentale et le mieux‑être au travail font partie d’une mission nationale. Le Canada prend cet enjeu très au sérieux. Nous effaçons les stigmates et nous brisons les tabous de manière à rendre possibles les discussions sur ces problèmes. Certains autres employeurs nous ont devancés sur cette question, mais nous les rattrapons rapidement. Avec 260 000 employés répartis dans 300 organisations, le plus important employeur au pays, la fonction publique, se doit d’être un leader en matière de santé mentale et de mieux‑être au travail. Nous devons dépasser la phase « parlons-en ». Il y a certaines questions difficiles liées au comportement en matière de gestion, aux systèmes de soutien et au modèle médical que nous utilisons pour la santé mentale et nous allons devoir nous pencher sur ces questions dans les années à venir.

Nous devons de toute évidence attirer, retenir et perfectionner les éléments talentueux. Nous ne pouvons pas nous permettre de nous asseoir sur notre diplôme universitaire pendant 35 ans et prendre ensuite notre retraite. Nous allons toujours devoir apprendre de nouvelles compétences et nous allons devoir faire preuve d’habileté et être en mesure de bouger à la fois à l’intérieur de notre organisation et entre les différentes organisations, apprendre de nouvelles choses et travailler sur des choses sur lesquelles nous n’aurions jamais imaginé travailler. Cela signifie un système d’apprentissage interne qui recourt à toutes sortes d’approches.

Nous devons être très attentifs pour ne pas cerner et perfectionner les compétences en vigueur il y a 10 ans, mais plutôt les compétences pour les 10 prochaines années à venir. Par exemple, où allons‑nous trouver ces analystes de données et ces spécialistes des mégadonnées? Comment allons‑nous travailler avec les établissements postsecondaires et les collèges pour développer ces spécialistes? Comment allons‑nous interagir avec les fonctionnaires déjà en place et leur donner une idée des bonnes questions à poser et de la bonne façon de gérer les analystes de données que nous allons embaucher? Comment les mégadonnées s’appliqueront‑elles à l’élaboration des services et des politiques? Finalement, il y a toutes sortes de capacités que nous devons développer : gestion de projet, scientifiques, communications, médias sociaux et autres compétences connexes. C’est un domaine dans lequel nous excellons déjà. Nous avons toujours été en mesure de nous renouveler et d’apprendre et de nous améliorer. Mon patron dit qu’il est toujours possible de mieux faire, et il a raison. Jusqu’à maintenant, nous avons été en mesure de le faire.

Les Canadiens exercent une grande pression sur la fonction publique pour que cette offre des services rapides et souples. Ils veulent obtenir des services et ils les veulent maintenant. Ils veulent avoir accès aux services au moyen de leurs téléphones intelligents. En tout temps. Ils veulent pouvoir dialoguer avec les décideurs avant l’établissement de nouvelles politiques et non pas après. Nous avons beaucoup de pain sur la planche pour répondre aux attentes des Canadiens.

Je demeure néanmoins très optimiste. Nous traversons une période de grands changements, et je suis certain que vous êtes les premiers à sentir les effets liés à ces changements. Vous devez beaucoup entendre parler du stress et des tensions auxquels est soumise la fonction publique dans le cadre de vos systèmes, des sondages, des processus de grief et de recours et les conversations de couloir. Je sais que vous aussi vous travaillez d’arrache-pied pour aider les gestionnaires à trouver les bonnes personnes, à déplacer des personnes, à gérer les cas et ainsi de suite. C’est un travail très important.

La diversité de notre pays est un fait. Nous devons maintenant passer à la phase de l’inclusion. Il s’agit d’un choix. C’est une action, des décisions que nous allons prendre ensemble. Nous devons refléter notre pays, nous devons ressembler à notre pays et nous devons nous assurer non pas simplement d’avoir différents visages dans la salle, mais également d’écouter ces personnes. Nous devons trouver des façons de nous attaquer aux problèmes et de prendre des décisions où toutes les voix sont prises en compte tandis que nous composons avec les difficultés, tentons de donner des conseils et de parvenir à des décisions. L’inclusion représente un plus grand défi que la diversité, mais c’est la voie que nous devons suivre.

Les changements démographiques sont assez évidents. On pourrait dire que nous avons maintenant quatre générations qui travaillent côte à côte au sein de la fonction publique. Ces générations ne pensent pas, n’apprennent pas et n’agissent pas de la même manière. Le premier défi que nous devons relever en tant que fonction publique au cours des années à venir, c’est de trouver une façon de faire fonctionner de grandes organisations complexes caractérisées par une diversité générationnelle, comment faire passer le savoir des employés chevronnés aux nouvelles cohortes avec tout leur énergie et leur idéalisme et leur dynamisme grâce au mentorat, à la formation et à l’encadrement. Ce défi tient au fait que les bébés boomers comme moi ne seront plus là dans quelques années. Nous allons devoir accorder rapidement des promotions. Nous allons devoir bouger les personnes plus fréquemment, et nous devons nous assurer que le système de valeurs, la sagesse et le jugement qui est acquis au cours d’année de dur labeur et de service soient transférés aux nouvelles cohortes qui s’en viennent.

La bonne nouvelle c’est que je sais que nous pouvons y arriver. Nous avons bâti une fonction publique unique dans le monde, extraordinaires de par ses réalisations et dotée d’un grand potentiel. Je sais que nous serons là pour les Canadiens encore très, très longtemps. J’aimerais remercier chacun d’entre vous qui appuyez cette extraordinaire fonction publique. Le travail de ressources humaines est l’un des plus importants dans la fonction publique. Nous ne le disons pas assez souvent. Nous ne vous remercions pas assez souvent. Nous ne célébrons pas assez souvent ce travail, et c’est pourquoi il est si plaisant d’être ici ce soir.

Merci beaucoup.

 

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