Remarques du greffier au forum des SMA
Discours
27 avril 2017
Le texte prononcé fait foi.
Bonjour à tous,
Permettez-moi de commencer par féliciter les personnes nommées à un poste de SMA ou à un poste équivalent. J’ai signé 68 certificats et lettres l’autre jour. Un nombre impressionnant, près du quart de la communauté, et une réalisation remarquable pour chacun et chacune d’entre vous. Je vous invite à vous joindre à moi pour les féliciter!
Vous pouvez être fier. Vous constituez une tranche très spéciale de la fonction publique. Chaque jour, 260 000 femmes et hommes travaillent chaque jour à servir la population. De ce nombre, un huitième de pour cent sont des sous-ministres adjoints. Vous constituez véritablement l’élite de la fonction publique, et j’emploie ce terme de la meilleure et de la plus positive des façons. Petits en nombre, votre incidence et votre influence n’en sont pas moins immenses. Faire partie de la communauté des SMA est quelque chose de spécial. J’espère que c’est ce que vous ressentez. La communauté a toujours eu un grand rôle à jouer, et rien ne changera cela.
Cette année, le pays célèbre manifestement un anniversaire très important. Deux anniversaires, devrais-je dire. J’ai eu l’honneur et le plaisir d’assister aux activités de commémoration organisées à Vimy, en France. Cent ans se sont écoulés depuis les événements de Vimy, et 150 ans depuis la création de la structure politique du Canada, cette expérience unique de jonctions de gènes – un Parlement de type britannique avec une fédération – qui a très bien vieilli.
Les jalons de ce genre nous poussent à réfléchir à notre passé. Ils nous incitent à regarder derrière nous et à examiner le chemin que nous avons parcouru et celui que nous emprunterons. Je cherche à vous dire aujourd’hui que non seulement nous regardons l’histoire, mais que nous la vivons et que nous l’orientons. Nous traversons une des périodes les plus importantes de l’histoire de notre pays.
Que de choses peuvent arriver en un an! J’étais devant vous la dernière fois, le 8 février 2016. Un an plus tard, il est on ne peut plus clair que le monde est agité de profondes secousses tectoniques, des changements qui remettent en question des hypothèses de base sur la façon dont la société doit fonctionner et doit être gouvernée. Mais avec ces secousses viennent des tremblements et, à l’occasion, de véritables séismes.
Je crois fermement que nous assistons à un dur affrontement entre les forces de l’ouverture et de l’inclusion et celles qui souhaitent plutôt se retirer derrière un mur et nous diviser. Partout dans le monde, les unes des journaux le montrent : le phénomène n’est pas l’apanage que de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Parfois, les forces d’ouverture et d’inclusion survivent et prévalent, mais parfois elles échouent. Il est on ne peut plus clair, cependant, que les résultats ne peuvent être tenus pour acquis ni être prédits avec certitude.
Le Canada n’est pas immunisé, et le Canada n’est pas isolé. Notre pays n’est pas une utopie. Nous traversons une époque qui mettra à l’épreuve le tissu social, l’unité, la prospérité et l’avenir de ce pays. Il s’agit d’une ère où ce qui se produit au Canada a une résonance particulière, non seulement pour les Canadiens, mais pour les gens de partout dans le monde. Comme on dit : « le monde a les yeux tournés vers nous ». Le monde compte sur nous. Il a besoin que le Canada réussisse et fournisse des exemples, les leçons et de l’espoir à ces forces d’inclusion et d’ouverture.
Ce que nous avons bâti au Canada au cours des 150 dernières années n’est pas un accident, ce n’est pas complètement de la chance. Le pays a été façonné par des générations et des générations de volonté politique, de courage, de leadership, de oui, de politiques efficaces, de bonne administration, de saine gouvernance, ainsi que de désir de changer les choses et d’aller vers l’avant.
Notre pays a connu ses échecs et ses problèmes. Nous avons traversé des périodes sombres. Notre présent renferme lui aussi des réalités effrayantes, mais nous avons toujours accepté de leur faire face. Nous avons connu des moments turbulents dans le passé. Certains d’entre nous sont assez âgés pour se rappeler la fin des années 1980 et le début des années 1990, alors que nous occupions des postes ayant une certaine responsabilité, que nous commencions notre carrière ou que nous étions à l’école. La situation actuelle me rappelle cette époque. Nous avons traversé une période de sept ou huit ans où les changements se faisaient rares, contrairement à l’anxiété. Les certitudes de la guerre froide dans laquelle les gens existaient depuis longtemps se sont écroulées, et les murs tombaient littéralement. Le premier indice que cette chose qu’on appelle Internet pourrait s’avérer plus qu’une simple tendance ou un simple gadget, et pourrait avoir de répercussions sur la société, la culture et l’économie.
L’acte d’ambition accompli par notre pays d’abandonner des générations de politiques protectionnistes, ou du moins la majorité d’entre elles, et de sauter dans l’inconnu du libre-échange à l’échelle nord-américaine avec les États-Unis, l’élection nationale de division qui s’est jouée sur cet enjeu, les crises d’unité nationale, les référendums constitutionnels; il s’agissait là de moments difficiles, mais il faisait bon faire partie de la fonction publique du Canada.
Je suppose que je veux dire que nous nous en sommes sortis. En fait, non seulement avons-nous survécu à cette période, mais le pays était plus fort, plus uni, plus dynamique et plus prospère que jamais auparavant. Nous avons toujours trouvé une façon d’aller de l’avant, et nous avons accompli quelque chose de remarquable.
Je crois fermement que le fait d’avoir eu pendant 150 ans une fonction publique non partisane, professionnelle excellente et guidée par un code de valeurs constitue une des raisons, une des sources de ce succès, ce qui est de plus en plus reconnu d’ailleurs. Je fais bien entendu référence aux valeurs de service pour le gouvernement élu et les Canadiens. Nous faisons de notre mieux pour notre pays, chaque jour.
La fonction publique est une communauté unique, dont vous êtes les chefs de file. Nous représentons les personnes sur lesquelles la population peut compter pour agir comme intendant des ressources publiques et comme gestionnaires des fonds pour les générations futures, et pour agir dans l’intérêt supérieur pour l’avenir du pays.
Alors que nous sommes aux prises avec les grands enjeux de notre ère, les femmes et les hommes présents aujourd’hui devront montrer la voie à suivre. De nombreuses tâches vous incomberont : assembler des équipes; assurer la croissance des employés; enseigner; agir comme mentor; défendre des idées; prendre des décisions; établir des orientations; définir des plans de travail; préciser clairement les attentes; partager; collaborer; et vous associer les uns aux autres et avec des personnes à l’extérieur du gouvernement. Collectivement et individuellement, nous devons continuer de faire preuve d’humilité. Nous ne possédons pas toutes les connaissances, ni toutes les solutions. Nous devrons apprendre constamment et tenter de nous améliorer. Trente‑six millions de Canadiennes et de Canadiens et des gens de partout dans le monde qui ont les yeux rivés sur nous ne méritent rien de moins.
Comme vous le voyez, de nombreux thèmes peuvent être abordés, et j’ai hâte d’en discuter avec vous. Dans quelques semaines, vous pourrez lire mon rapport au premier ministre. Si vous étudiez mon rapport de l’an dernier et les discours que j’ai prononcés au cours des 12 derniers mois, vous verrez mon point de départ.
La fonction publique dont nous aurons besoin dans le futur devra davantage s’adapter et faire preuve de souplesse. Nous devrons être des caméléons. Nous devrons mettre en place des équipes et des structures pour des tâches ou des projets particuliers, tout en étant prêts à les démanteler une fois notre but atteint. Il faut pour cela des organisations moins hiérarchisées, des outils et une gestion des ressources humaines plus flexibles. Une capacité à déplacer les employés, les talents et les ressources au sein d’équipes multidisciplinaires qui voient la participation de plusieurs ministères pour accomplir les tâches.
Cela nécessite également des structures occasionnelles et, oui, des emplois occasionnels. Tout le monde n’occupera pas un emploi traditionnel. Nous aurons besoin de leaders qui sont capables de gérer cette situation et dont la trajectoire de carrière a passé par ce genre d’emplois temporaires destinés à mener à bien une fonction autant que par des emplois centraux traditionnels qui existent souvent au sein des organisations.
Comprenez-moi bien. Je crois qu’il y a trop de niveaux. Trop de niveaux de direction et trop de niveaux en général. Je suis arrivé il y a bien longtemps, et je tire une grande fierté d’avoir grimpé 16 échelons dans la fonction publique pour me rendre à l’emploi que j’occupe actuellement. Mais je suis en même temps consterné d’avoir dû grimper 16 échelons dans la fonction publique. Nous aurons des structures moins hiérarchisées, des classifications plus génériques et une capacité accrue à déplacer les employés dans un niveau. La transition ne sera pas facile, et c’est à vous, les SMA, que reviendra la tâche de mener votre organisation pendant le processus.
Le présent gouvernement est très ouvert, et il met l’accent sur la transparence. Il cherche une relation directe et honnête avec les Canadiennes et les Canadiens. Qu’est-ce qui fonctionne et qu’est-ce qui ne fonctionne pas? Nous sommes tous devenus plus enclins, j’espère, à admettre nos erreurs et à en tirer des leçons. Nous acceptons également plus volontiers de faire face aux conséquences de nos actes.
Nous devons refléter la société de laquelle nous venons et la population que nous servons. Cette question s’inscrit dans votre discussion de la journée. Cela signifie aller bien au-delà des vieilles notions d’équité en matière d’emploi, qui nous ont été bien utiles à l’époque, et même des nouvelles notions de diversité, afin d’atteindre un idéal encore meilleur : l’inclusion. Un collègue m’a déjà dit la chose suivante : « la diversité, dans ce pays, est un fait. L’inclusion est un choix qui nécessite un engagement, des efforts et des gestes concrets ».
Les attentes à notre égard, en tant que fonctionnaires, continueront d’augmenter. Nous n’avons pas le luxe de laisser de côté de larges parts du pays dans le cadre des conversations visant à définir des solutions et à résoudre des problèmes. Il est maintenant clair et avéré que les organisations et les équipes qui visent l’inclusion au sein de leur effectif obtiennent un meilleur rendement que celles qui ne le font pas.
Plus nous sommes inclusifs, meilleurs seront les conseils, lois et politiques que nous élaborerons, et plus grands seront les sentiments de confiance et de légitimité au sein de ceux que nous servons.
En tant que sous-ministres adjoints, vous êtes les leaders de votre organisation. Vous avez une influence énorme sur les autres employés gouvernementaux. Je compte sur vous pour donner le ton et être attentifs au bien-être en milieu de travail, à la santé mentale, à la résilience et à l’inclusion.
Je compte également sur vous pour utiliser tout le talent de votre organisation, qu’il s’agisse du talent déjà présent ou de celui que vous souhaitez ajouter à l’avenir, pour remplir toute tâche que la population vous attribuera.
Je compte sur vous, qui faites partie du un huitième de pour cent de la fonction publique, pour rembourser votre dette et pour donner au suivant, pour encadrer les employés, leur servir de mentor et vous faire le champion des autres fonctionnaires. Soyez le SMA que vous auriez voulu avoir et devenez le SMA de l’avenir.
Mais ce sera difficile, car il y a toujours plus de travail. Vous devrez faire attention à votre propre santé et à votre propre résilience.
L’un des messages que je veux vous transmettre, comme toujours, est de prendre soin de vous-mêmes. Réinvestissez en vous-mêmes. Vous êtes à l’étape de votre carrière, de votre vie, où vous êtes le plus à risque en ce qui concerne le stress et l’effondrement, sur le plan mental et physique. Prenez un pour cent de votre salaire et réinvestissez dans votre personne, reconstituez-vous, renouvelez-vous. Abonnez-vous à un centre de conditionnement physique. Achetez de l’équipement. Ma façon de faire favorite, dans toute ma paresse, est de m’inscrire dans mon centre communautaire avec un entraîneur personnel et de payer d’avance pour toute l’année. Ainsi, si je n’y vais pas, je me sens coupable.
Prenez soin de vous et des autres. C’est très important. J’ai vu de brillantes carrières partir en fumée à cause d’épuisement professionnel, ces dernières années.
Reconnaissez la valeur de vos employés. Sortez de votre bureau. Discutez. Si vous êtes le SMA qui reste toujours dans son coin et à qui les gens ont peur de parler dans l’ascenseur, votre organisation sera rapidement dans le pétrin. Essayez toutes les astuces que vous connaissez : des séances « posez-moi toutes les questions que vous voulez » comme celles mises en place par certains de nos amis du secteur privé, des réunions du personnel debout, des vidéoconférences. Il ne s’agit pas que de leur parler et de leur donner des explications. Il s’agit surtout d’écouter et de porter attention à la rétroaction que vous recevez.
Faites attention à vos employés. Ils vous regardent. Ils vous observent. Ils vous suivent. Si vous adoptez un ton négatif, cynique, vous aurez au bout de six mois un effectif négatif et cynique. C’est aussi simple que cela. Vous devez faire preuve de l’optimisme débordant, de la confiance et de la résilience que vous souhaitez voir dans votre équipe.
Voilà un travail difficile. Voilà un poste difficile. Malgré tout, cet emploi est valorisant. Vous avez le pouvoir de changer les choses. La fonction publique peut changer les choses. Notre pays peut changer les choses. Ce que vous faites importe. Vous avez le fardeau de l’histoire sur vos épaules cette année : il faut orienter et façonner le pays et l’aider à traverser une période de grands bouleversements politiques, sociaux, économiques et technologiques, et à vous assurer que nous en sortirons plus forts, plus prospères, plus unis et plus confiants.
Mais il y a une bonne nouvelle : je sais que vous serez à la hauteur.
Merci beaucoup.