Conférence mondiale de la Coalition pour les droits égaux sur les droits des personnes LGBTI et le développement inclusif

Discours

Allocution de Randy Boissonnault, député

Conseiller spécial auprès du premier ministre sur les enjeux liés à la communauté LGBTQ2,
Affaires mondiales Canada,

7 août 2018

Bonjour,

Quelle conférence exceptionnelle!

Chers distingués invités, amis et collègues. Merci merci merci. Les progrès que nous avons réalisés jusqu’à maintenant pour acquérir des connaissances, créer des réseaux et établir des normes ont été possibles grâce à votre expérience, à votre vision et à vos efforts.

Je tiens à remercier particulièrement le Chili, notre coprésident de la Coalition pour les droits égaux. Nous avons eu le plaisir de rencontrer son équipe dévouée à tous les échelons, du ministre aux ambassadeurs, en passant par les représentants diplomatiques.

Cette conférence, qui s’est déroulée à la suite du défilé de la fierté gaie de Vancouver, nous a donné l’occasion de voir la célébration dans l’optique des personnes ici présentes, qui ne sont pas en mesure de prendre part à de tels événements parce que leurs pays ne permettent pas la tenue de ces événements.

Il y a 40 ans, dans les débuts de la fierté gaie à Vancouver, si l’on vous voyait participer au défilé, vous risquiez de perdre votre emploi ou votre famille. Nous avons beaucoup progressé dans un pays où le premier ministre prend part aux défilés de la fierté gaie, comme fier allié.

Encore aujourd’hui, ici au Canada, participer au défilé de la fierté comporte toujours des risques pour certains. Chaque fois que nous marchons lors des célébrations, nous exprimons notre solidarité avec les marcheurs ailleurs qui sont accueillis avec violence.

Nous marchons en sachant qu’il nous reste encore du chemin à parcourir pour le plein respect des droits universels pour toutes les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, intersexuées et bispirituelles, et ce, partout dans le monde. Dans chaque pays et dans chaque communauté.

Heureusement, cette voie vers l’égalité est de plus en plus choisie. Nous allons encore plus loin lorsque nous travaillons ensemble. C’est pour cette raison que la Coalition pour les droits égaux (CDE) a été créée il y a deux ans, à Montevideo. À l’époque, 29 pays participaient. Aujourd’hui, ce nombre est passé à 40, dont Cabo Verde, notre premier État africain, et Chypre, notre tout dernier membre.

Mais ce n’est pas terminé. Je m’attends à ce que d’autres pays se joignent à nous. De plus, il est primordial que les organisations internationales et la société civile continuent d’être des partenaires essentiels et égaux.

À Montevideo, ma collègue Pam Goldsmith-Jones, secrétaire parlementaire, a fait part d’une remarque que j’avais faite à l’intention des 184 membres du caucus du gouvernement. C’était le mercredi après la terrible fusillade dans la boîte de nuit Pulse à Orlando. J’ai dit à mes collègues que j’étais dévasté. Que je me sentais vide. Je leur ai confié que je ne m’étais pas senti aussi découragé depuis les événements du 11 septembre à New York. Quarante-neuf personnes comme moi avaient été attaquées et tuées dans un lieu sûr, un sanctuaire, tout simplement parce qu’elles étaient lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, intersexuées et bispirituelles. J’ai exhorté mes collègues à établir des contacts avec des organismes et des espaces communautaires LGBTI, surtout ceux destinés aux personnes homosexuelles de couleur. Ils étaient doublement et triplement vulnérables. J’ai dit alors que nous avons toujours besoin d’espaces sécuritaires en 2016. Si parmi vos électeurs, personne n’a jamais eu à marquer une pause et à y réfléchir à deux fois avant de prendre la main de sa douce moitié, alors ils ignorent ce que c’est que d’être une personne LGBTI, et ils ignorent également pourquoi nous avons besoin d’espaces de refuge.

Nous n’avons qu’à observer ce qui se passe partout dans le monde pour garder espoir quant à ce qui nous attend. Dans les bureaux d’entreprise, les écoles, les tribunaux et les assemblées législatives, notre travail et notre histoire contribuent à changer le monde pour le mieux. Lorsque nous imaginons un monde plus bienveillant à notre égard, lorsque nous affirmons notre dignité malgré tous les risques, nous déplaçons des montagnes. Il existe un élan en faveur de l’abolition des lois de l’époque coloniale qui criminalisent les relations intimes entre des personnes du même sexe. Les membres de la CDE accueillent favorablement les progrès réalisés pour mettre fin à la pratique des examens anaux forcés à l’échelle nationale.

Cependant, à bien des égards, les communautés LGBTI continuent de se heurter aux obstacles qui nuisent à leur pleine participation dans des conditions d’égalité dans toutes les sphères de la société. Vous n’avez qu’à marcher main dans la main pendant un moment pour subir de la violence au coin de la rue. Vous pouvez vous marier, mais vous ne pouvez pas adopter d’enfant. Vous pouvez subir des chirurgies non nécessaires à la naissance, sans votre consentement. En recherchant des moyens d’exprimer votre genre, vous découvrez que les seules options nécessitent des milliers de kilomètres et des milliers de dollars, qui sont hors de votre portée.

Les choses ne changeront pas en une nuit. De nombreuses communautés ne sont pas représentées ici aujourd’hui. Il est peu probable que certaines de ces communautés se joignent à nous bientôt.

Ce qui nous a rassemblés ici est notre espoir d’avoir un meilleur avenir.

Demander à chaque secteur de jouer son rôle est la clé, ainsi que de disposer d’une variété d’outils de persuasion. Par exemple, comme nous l’avons appris lors d’une des séances de discussion, les activités commerciales peuvent être un outil de changement puissant. Là où la loi et les mœurs échouent, l’économie peut être persuasive.

Ce fait est reconnu par un nombre croissant d’entreprises.

L’an dernier, aux États-Unis, selon la National LGBT Chamber of Commerce, la communauté LGBT a dépensé 917 milliards de dollars. Le même sondage a permis de déterminer que trois adultes LGBT sur quatre et leurs proches préfèreraient soutenir les marques favorables aux LGBT.

L’importance de faire preuve d’inclusion ne peut désormais plus être négligée. Honnêtement, dans une ère où l’économie mondiale est incertaine, il est insensé d’exclure la participation économique de communautés entières.

C’est la raison pour laquelle j’ai l’honneur de me joindre au ministre de la Diversification du commerce international, l’honorable Jim Carr, pour la première mission commerciale LGBTQ2 au Canada. Nous allons diriger une délégation d’entrepreneurs LGBTI à la conférence internationale de la National LGBT Chamber of Commerce des États-Unis, qui aura lieu à Philadelphie la semaine prochaine.

Au bout du compte, l’essor de la politique de division ne fera pas le poids face à l’ampleur de notre mouvement. Le système international basé sur les règles. Les aspects économiques de l’inclusion. L’humanité inhérente qui réside en chacun de nous, lorsque les gens nous regardent droit dans les yeux.

Le Canada continuera de lutter contre la discrimination et de maintenir son engagement visant à miser sur la diversité et l’inclusion dans la prise de décisions et dans les politiques sur la scène nationale. Sur le plan international, nous œuvrons à faire progresser les droits des personnes LGBTI de concert avec nos partenaires multilatéraux et bilatéraux.

Nous sommes fiers de le faire en collaboration avec les pays membres de la CDE, les organisations internationales et la société civile.

À cette fin, j’ai le plaisir d’annoncer, dans le cadre de l’engagement de notre gouvernement en matière d’avancement des droits LGBTI, une voie à suivre en vue d’améliorer les paramètres stratégiques du Canada relativement aux mécanismes de soutien du travail LGBTI à l’échelle internationale. En septembre, à Ottawa, le gouvernement du Canada organisera une réunion de travail avec la société civile canadienne qui se voue au développement international LGBTI. Je présiderai cette réunion. Des représentants d’Affaires mondiales Canada y participeront, au chapitre de la diplomatie et du développement international. Ensemble, nous allons jeter les bases de la voie à suivre.

Je réaffirme également notre volonté de mettre à jour les lignes directrices intitulées « Voix à risque », qui donnent une orientation précise aux missions du Canada à l’étranger en vue de soutenir les défenseurs des droits de la personne.

En outre, je suis heureux d’annoncer l’allocation de la somme d’un million de dollars pour le Programme pour la stabilisation et les opérations de paix. Il s’agit d’une nouvelle initiative pour les communautés LGBTI. Le Canada va lancer un appel de propositions dans les mois à venir afin de répondre aux défis liés aux droits des personnes LGBTI durant les conflits violents. Cette annonce vise à protéger les personnes LGBTI lors des conflits, à encourager la contribution des personnes LGBTI dans les réponses aux conflits et les efforts de stabilisation, et à stabiliser les sociétés après un conflit tout en faisant progresser les droits des communautés LGBTI. Voilà une autre mesure concrète que va suivre le Canada en vue de défendre et de promouvoir les droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, intersexuées et bispirituelles, tant dans leur pays qu’à l’étranger.

Lorsque la CDE s’est réunie pour la première fois à Montevideo il y a deux ans, nous avons présenté ce principe directeur :

« Collaborer à bâtir un monde où toutes les personnes, nées libres et égales en dignité et en droits, seront en mesure d’exercer leurs droits fondamentaux. »

Nous nous engageons de nouveau à respecter ce principe. À notre prochaine rencontre, j’espère que nous serons encore plus près de le concrétiser à l’échelle mondiale.

En ne laissant personne de côté.

Je vous remercie. 

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