Perspectives autochtones : Histoires de fonctionnaires autochtones Enjeu 7 - Réalités

La baladodiffusion Perspectives autochtones d’EDSC traite des réalités des employés autochtones dans la fonction publique ainsi que de la signification de la réconciliation pour eux et de ce qu’elle pourrait représenter pour le Canada. Des fonctionnaires y témoignent de leurs expériences en tant qu’Autochtones et des difficultés qu’ils doivent surmonter à cet égard.

la durée : 22:33 minutes

Transcription

(Extrait sonore : Andrea Dykstra)

« Étant donné que je jouais un rôle important au sein de ma communauté et avec divers organismes de défense des intérêts, les gens avaient ni plus ni moins l’impression que je collaborais avec l’ennemi. »

(Musique : « Hoka » de Boogey The Beat)

Perspectives Autochtones. Récits des employé(e)s Autochtones.

« Tansi. »

Ceci est Perspectives Autochtones, un programme dans le cadre duquel nous comptons explorer les expériences et les points de vue de fonctionnaires autochtones, en plus de découvrir ce que la réconciliation signifie pour eux et ce qu’elle peut représenter pour le Canada.

(Musique : « Dark Dance » de Cris Derksen)

Cindy Blackstock, professeure de travail social à l’Université McGill, a consacré plus de 25 années de sa vie à la protection de l’enfance et à la défense des droits des enfants autochtones.

Dans les nombreux articles qu’elle a rédigés et les nombreuses entrevues qu’elle a données, Mme Blackstock a tenu des propos témoignant d’une grande sagesse et illustrant son rêve pour l’avenir. Je ne peux évidemment pas les réciter en entier, mais j’ai regroupé certaines de ses citations que j’affectionne particulièrement dans le but de les partager avec vous.

Elle a mentionné :

« Je crois réellement que la grandeur de notre pays et de notre société conjointe (…) réside dans la possibilité que nous avons d’élever une génération de jeunes des Premières Nations qui n’auront pas à se remettre de leur enfance et une génération de jeunes non Autochtones qui n’auront pas à s’excuser. »

« Une étude bien connue sur les expériences négatives vécues durant l’enfance (…) a démontré que lorsque les enfants doivent composer avec plusieurs circonstances néfastes – par exemple quand ils vivent dans un milieu où les effets du régime des pensionnats se font sentir de génération en génération, quand ils vivent dans la pauvreté, quand ils n’ont pas accès à de l’eau potable, comme c’est le cas dans une collectivité des Premières Nations sur six, et quand ils fréquentent une école délabrée – tout cela s’accumule et peut les affecter pendant toute leur vie. En fait, cela les met encore plus à risque de contracter une maladie comme le diabète ou une maladie coronarienne. »

« Avec les jeunes, nous récoltons ce que nous semons. Si nous semons les graines de la discrimination, nous sommes beaucoup plus susceptibles de nous retrouver avec des adultes vivant des réalités difficiles. Toutefois, si nous semons les graines de la justice et de l’égalité et nous mettons en place une culture favorisant la confiance en soi chez les jeunes, nous permettons à ces expériences positives de porter fruit et de les accompagner tout au long de leur vie. »

« Ce que je ne veux pas voir, c’est une autre génération d’adultes des Premières Nations qui doivent se remettre de leur enfance, comme un si grand nombre de survivants des pensionnats ont eu à faire, et comme de si nombreuses familles des femmes autochtones disparues et assassinées doivent faire à l’heure actuelle. »

« En tant que pays, nous devons mettre fin à la discrimination qui affecte depuis longtemps les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations. Ils méritent tous d’être traités comme des égaux. »

« Pour moi, la réconciliation signifie ne pas avoir à s’excuser une deuxième fois. »

Et maintenant, des fonctionnaires canadiens nous font part de leurs réflexions et de leurs sentiments, dans leurs propres mots, au sujet de leur expérience de la réalité en tant qu’Autochtones.

(Musique : Greg Reiter)

TODD :
En tant qu’employés autochtones, à quelles réalités particulières êtes vous confrontés en milieu de travail? Qu’est ce que vous voyez que les employés non autochtones ne voient peut être pas?

JEANNETTE :
Au début, ce n’était pas reconnu. Quand j’ai commencé il y a 15 ans, je l’ai mentionné à mon gestionnaire et c’était comme… rien. J’aurais aussi bien pu être un meuble. C’est donc l’attitude à laquelle j’ai d’abord été confrontée. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, j’ai reçu de belles marques de reconnaissance. J’ai notamment reçu le Prix des sous ministres pour mon travail à Emploi et Développement social Canada. C’est différent. Très, très différent.

RYAN :
Eh bien, quiconque travaille dans la fonction publique vous dira que c’est un excellent emploi, mais c’est souvent frustrant. Il y a beaucoup d’indécision en général, et de nombreuses décisions sont prises en comité. J’estime que le fait d’être autochtone ne change pas grand-chose dans mon quotidien au travail, mais il y a toujours un peu de subversion; il ne s’agit pas réellement de racisme, mais les gens font des blagues ici et là. Au début, je n’étais pas trop conscient de la raison pour laquelle ils faisaient cela et je jouais le jeu. On doit souvent composer avec le côté sournois des gens, et ce n’est pas très agréable.

TIM :
Il y a autre chose. On a porté à mon attention de récentes situations où des employés autochtones ont été victimes de harcèlement et de discrimination dans certaines régions du pays. Nous allons faire d’autres recherches afin de découvrir à quel point cela est répandu, et nous soupçonnons que c’est probablement assez répandu. Il doit y avoir beaucoup plus de formation, de formation sur les compétences culturelles et de perfectionnement de ces compétences au sein de l’ensemble de la fonction publique. Encore une fois, je sais également qu’à Emploi et Développement social Canada, le message de notre sous ministre ne fait qu’affirmer que nous devons en faire plus.

ANDREA :
Donc, j’aimerais remonter à mon arrivée à la fonction publique, c’est à dire en 2004. Étant donné que j’étais très active au sein de ma communauté et que je travaillais avec divers organismes de défense des droits des Autochtones, mes collègues avaient l’impression que je collaborais avec l’ennemi. On me traitait de tous les noms. On me qualifiait de traîtresse. Donc, les personnes qui sont très actives au sein du mouvement populaire s’attendaient à ce que j’emprunte cette voie, à ce que je sois un peu plus radicale et à ce que j’agisse comme une force externe, mais j’estime qu’il s’agit davantage d’agir comme une force interne. Je suis donc demeurée dans la fonction publique, car il me semblait que j’aurais de meilleures chances de changer les choses en œuvrant de l’intérieur qu’en lançant des pierres de l’extérieur. Comme il peut être très difficile de passer par dessus le fait que des gens de la communauté ont ce genre de point de vue, j’ai dû trouver d’autres moyens de rester en contact avec ma communauté et avec le Canada autochtone dans son ensemble. J’ai dû trouver d’autres choses, comme d’autres façons de faire du bénévolat, pour démontrer que je n’ai pas été totalement cooptée par le gouvernement.

DANIEL :
J’aimerais rapidement raconter trois situations, dont j’ai été témoin, où des employés autochtones – des amis, des collègues, des personnes avec qui je travaillais – ont vécu des moments très difficiles au travail, pour différentes raisons. En fin de compte, chacun d’eux était chargé de faire avancer une question, était déterminé à y investir tout son savoir faire et a fait face à une grande résistance, qui s’est manifestée de différentes façons. Au début de ma carrière, j’ai eu l’occasion d’assister à quelques réunions d’examen interministériel au niveau opérationnel où l’on discutait de – je crois que je peux en parler, et je ne vais pas… je ne révélerai aucun secret d’État – mais lorsque l’on propose un mémoire au Cabinet, des réunions d’examen interministériel et interne ont lieu, où les participants discutent et font état de leurs préoccupations au sujet d’un mémoire au Cabinet, d’une présentation au Conseil du Trésor, d’un projet de loi ou d’autre chose. Donc, lors de cette réunion, j’ai observé une personne que je connaissais qui travaillait sur un programme axé sur les enjeux nordiques. Et pendant cette réunion, elle était chargée de la fonction habituelle de remise en question. Vous êtes vous assurés que ce document reflète les préoccupations soulevées par les gens dans le Nord et dans cette situation? Donc, elle parlait, et au fur et à mesure qu’elle parlait, je regardais les gens dans la salle et c’était comme si on leur avait enlevé l’oxygène. Ils déposaient leur stylo. Ils baissaient la tête. Ils l’ont laissée parler des différentes façons dont le document faisait fi du point de vue des Premières Nations du Nord, de la communauté inuite et ainsi de suite. Et quand elle a eu terminé, ils ont relevé la tête et repris leur stylo, et la réunion a continué. Ils faisaient ni plus ni moins la sourde oreille à ce qu’elle avait à dire, et je me suis rendu compte que cela était systématique, car j’ai assisté à une autre réunion sur un autre document et la même chose s’est produite. Elle avait la même responsabilité dans un dossier complètement différent. Elle a toutefois parcouru le document, en indiquant les endroits où les points de vue nordiques n’étaient pas pris en compte. Et encore une fois, la même chose. Ils ont déposé leur stylo et baissé la tête. On aurait pu entendre une mouche voler. Quand elle a terminé, les gens ont relevé la tête et repris leur stylo, et la réunion a continué. C’était une personne que je respectais et elle avait un travail à faire. Elle était simplement chargée de la fonction habituelle de remise en question pour veiller à ce que les points de vue soient pris en compte. Et je pouvais voir que les gens dans la salle choisissaient simplement de ne pas entendre ce qu’elle disait ou de ne pas y accorder une grande importance.

RYAN :
Bon nombre de mes collègues sont plutôt à l’aise. En fait, ils ont à peu près tout ce que l’on peut demander, et ils ont des objectifs qui sont en réalité des luxes. Quand j’étais jeune, nous n’étions pas nécessairement pauvres, mais nous n’étions vraiment pas riches. Au cours de ma vie, j’ai connu des périodes assez difficiles et des périodes pendant lesquelles j’étais pratiquement sans le sou… des périodes où je n’étais pas officiellement sans abri, mais où, pratiquement, je l’étais, vous savez. Il y a des moments où j’ai éprouvé de grandes difficultés, sans être suicidaire, mais où je cherchais vraiment un but dans la vie. Que vais je faire? Quel est le but de mon existence? Je ne crois pas que de nombreuses personnes – mes collègues – aient déjà connu ce genre de… j’ai du mal à trouver le bon mot. C’est comme avec les privilèges qu’ils ont et dont ils n’ont pas conscience. Je ne parle pas de gens très riches. Je parle simplement d’éléments de base comme le fait d’avoir deux parents présents ainsi que des frères et sœurs. Vous faites des études et vous trouvez un emploi. Cela n’a jamais été certain dans mon cas. J’ai terminé mes études secondaires. J’ai occupé une série de petits emplois, mais j’ai ensuite connu des difficultés pendant une très longue période dans une petite ville où les perspectives d’avenir étaient très sombres. Aucune nouvelle industrie n’annonçait son arrivée. C’était très difficile.

ANDREA :
Cela peut être difficile. Ce n’est pas facile de retourner dans la communauté et de dire aux jeunes qu’ils devraient envisager une carrière dans la fonction publique du Canada, parce que le gouvernement du Canada est perçu comme l’ennemi. Comme les gens sont d’avis que le gouvernement ne tient pas ses promesses, ils nous regardent avec méfiance. Il est donc difficile de présenter un argument susceptible de convaincre quiconque de s’orienter vers une carrière dans la fonction publique du Canada, et encore moins de collaborer avec le gouvernement du Canada dans le cadre de toute initiative conjointe. J’ai seulement 36 ans, mais depuis de nombreuses générations, les Autochtones sont continuellement déçus du gouvernement du Canada, qui ne cesse de leur donner de faux espoirs, que ce soit dans le domaine de l’administration des bandes, de l’administration des programmes ou autre. Prenons l’exemple de ma mère, qui est directrice du développement économique de notre communauté, et de mon grand père, qui a déjà été administrateur de la bande; j’ai l’impression qu’ils devaient continuellement supplier le gouvernement de leur fournir des programmes pour la communauté et se battre pour que celle ci reçoive un traitement équitable. Donc, oui, il est assez difficile de dire : « Regardez, je travaille pour le gouvernement du Canada. Je fais ceci et cela. »

DANIEL :
Une autre fois, des personnes que je connaissais travaillaient sur un projet interministériel – et je ne peux pas entrer dans les détails à ce sujet – mais elles travaillaient sur un projet interministériel où les ministères participants devaient parler d’une seule voix pour représenter le gouvernement du Canada auprès des représentants autochtones qui se trouvaient à la table. Et ces personnes, je les connaissais assez bien; je savais qu’elles avaient déjà travaillé avec ces intervenants communautaires et qu’elles avaient des idées pour faire avancer les choses. Cela a toutefois donné lieu à une mésentente entre les ministères à la table. Lorsque les personnes que je connaissais ont essayé d’avancer et de faire progresser les choses, un autre fonctionnaire s’est opposé et a soutenu qu’elles essayaient d’affaiblir la prise de position du gouvernement du Canada et de se rallier plutôt aux intervenants autochtones. On les accusait pratiquement de vouloir convertir tout le monde à la culture autochtone. Elles ont donc été attaquées pour cela. Des réunions ont eu lieu pour éclaircir les choses et la tourmente a fini par passer, mais ces personnes se sont senties blessées. Elles avaient accepté de mettre leur réputation en jeu pour essayer de faire avancer les choses et leur intégrité a été attaquée. Elles ont fait l’objet de ces accusations parce qu’elles étaient autochtones et avaient ce lien avec les personnes avec qui elles devaient collaborer. Au lieu d’être un élément positif, leur origine autochtone est devenue quelque chose de négatif; quelque chose dont il fallait se méfier. Cela m’a vraiment ouvert les yeux; j’ai été perturbé.

TIM :
Nous devons nous pencher très sérieusement sur ce qui se passe. Nous devons également veiller à ce qu’une formation sur les compétences culturelles soit donnée à tous les employés, mais plus particulièrement aux superviseurs, aux gestionnaires, aux directeurs et aux cadres supérieurs. Je crois que nous devons accorder beaucoup plus d’importance à des choses comme les compétences culturelles, la gestion des conflits, la résolution de problèmes et, encore une fois, la vérité et la réconciliation. La recommandation numéro 57 porte sur tous ces éléments. Donc, je crois vraiment que nous avons beaucoup de travail à faire et que nous devons nous engager à aller au cœur de ces questions. Nous devons faire preuve de transparence et prendre des mesures concrètes pour que les choses changent.

PAMELA :
Donc, notre sous ministre adjoint utilise maintenant le Cercle consultatif national des employés autochtones pour examiner les politiques et tout changement stratégique proposé.
Nous faisons partie d’un comité exécutif des politiques pour le secteur. Nous siégeons également au comité exécutif des ressources humaines responsable de ce facteur. Nous veillons donc à ce que le plan des ressources humaines renferme des engagements. Il ne s’agit pas seulement de viser une représentation à 50 p. 100; nous devons veiller à ce que les gestionnaires participent aux ateliers de sensibilisation que nous organisons, et notre sous ministre adjoint paie pour cela. Nous embauchons donc des Métis et des membres des Premières Nations pour venir parler de leur culture et des questions qui les préoccupent, et nous commençons tout juste à le faire aussi pour les Inuits.

ANDREA :
J’estime que je suis réellement en position de pouvoir, car j’ai l’occasion d’amener les gens à prendre conscience de leurs préjugés. Je le fais très calmement. Lorsque le sujet est soulevé dans une conversation, je dis simplement « oh, en passant, je suis membre des Premières Nations » ou quelque chose du genre. Cela les amène vraiment à se remettre en question. J’aime provoquer les choses de cette manière pour sensibiliser les gens, mais j’aime également… j’aime exercer une sorte de fonction de remise en question, tant pour les décideurs que pour mes collègues, quand il s’agit des questions autochtones. J’aime parler en me fondant sur ma propre expérience, mais cela ne signifie pas que je représente l’ensemble du Canada autochtone ou que j’ai vécu les mêmes choses que tous les autres Autochtones, car mon expérience est très différente de celle de bon nombre de mes collègues au sein du Ministère.

PAMELA :
Mon expérience à la fonction publique s’est beaucoup améliorée en raison du [inaudible] et du mandat établi par le premier ministre pour les Autochtones au sein de notre ministère. Il s’agit d’une expérience positive. Je me sens libre d’exprimer ce que je ressens. Je me sens libre de sensibiliser mes collègues à ce que vivent les Autochtones. Je me sens libre de me prononcer sur ce que je trouve approprié et sur ce avec quoi je suis en désaccord. Et quand je m’exprime, cela vient du fond du cœur.

DANIEL :
La troisième histoire; il s’agit encore une fois d’un type de situation qui se produit très souvent à l’échelle du gouvernement. Je peux révéler que nous travaillions dans le domaine de la statistique. Un des produits que notre directeur avait fait mettre au point au fil des ans était une analyse. Sans trop entrer dans les détails techniques, il s’agissait d’une analyse des données du recensement permettant de déterminer combien de membres des Premières Nations quittaient les réserves pour s’installer en ville, combien quittaient la ville pour retourner dans les réserves et d’autres statistiques du genre. Cela était digne d’intérêt parce que, particulièrement dans les années 1990, le gouvernement avait été critiqué – et dans une certaine mesure il l’est encore à ce jour – pour avoir sous financé des programmes dans le but évident d’encourager les gens à quitter les réserves et à s’installer en ville. Si vous revenez en arrière pour lire les manchettes concernant les recensements de 1996 et de 2001, vous constaterez que les médias accordaient une grande attention à la croissance de la population autochtone en milieu urbain. Donc, la manchette du Globe and Mail était toujours quelque chose comme « Exode des réserves vers les villes ». Cependant, il est possible d’utiliser les données du recensement pour vérifier cela et déterminer combien de personnes déménagent d’un endroit à un autre, et l’analyse que nous avions produite – que nos collègues et nos prédécesseurs avaient produite – montrait que ce n’était pas le cas. Le phénomène était beaucoup plus complexe et nuancé; de nombreuses personnes quittaient effectivement les réserves pour s’installer en ville, mais l’inverse était aussi vrai. D’autres dynamiques sont également en jeu. Donc, l’une des choses que notre équipe avait l’habitude de faire au fil des ans consistait à transmettre cette information aux échelons supérieurs. Au fil du temps, j’ai pris conscience qu’au fur et à mesure que de nouveaux cadres et de nouveaux administrateurs arrivaient, il fallait toujours communiquer la même information à ce sujet. Je me suis rendu compte que nous menions une lutte perdue d’avance en essayant de démontrer à ces gens que, même si ce n’était pas parfait, les données véritables étaient beaucoup plus nuancées que ce que l’on pouvait lire dans le Globe and Mail. Cependant, les destinataires que nous voulions renseigner, politiciens ou autres, n’étaient pas prêts à entendre ce que nous avions à dire ou étaient surpris et désiraient en savoir plus. Quand nous pouvions enfin leur présenter le véritable portrait de la situation, de nouvelles personnes arrivaient et nous devions tout recommencer. Donc, la raison pour laquelle je raconte toutes ces histoires est que je porte un regard sur tout cela en tant qu’Autochtone. Nous parlons de l’échelle et de la portée des défis que le gouvernement du Canada doit relever pour renouveler sa relation avec les peuples et les collectivités autochtones ainsi que pour prendre part à la réconciliation; tous les appels à l’action contenus dans le rapport de la Commission de vérité et réconciliation, et ainsi de suite. Nous devons combler les écarts socioéconomiques. En tant qu’Autochtone, on aborde ces questions en se disant : « Ok, donc, quels sont les leviers qui permettraient de changer les choses? » Eh bien, vous pouvez vous appuyer sur des données probantes. Cela ne donne pas toujours les résultats escomptés. En fait, vous pouvez créer une fonction de remise en question au sein du gouvernement, mais en faisant cela, vous risquez de – même si vous exercez ce rôle – vous risquez de ne pas être écouté. Vous devez donc être bien conscient de la manière dont vous faites ce travail et ce n’est pas toujours simple. Et enfin, si vous vous exprimez le plus honnêtement possible et vous essayez simplement de mettre votre expertise, vos relations et vos liens au service de la cause, vous risquez que l’on vous critique et que l’on s’interroge sur vos motivations. Je ne raconte pas ces histoires pour être rabat joie. Je veux seulement montrer qu’une personne peut être confrontée à de nombreuses difficultés simplement pour pouvoir travailler. Donc, lorsque nous parlons de l’engagement et de la contribution des employés autochtones au sein de la fonction publique; évidemment, nous faisons un million de choses différentes dans un large éventail d’emplois. Certains travaillent à Parcs Canada. D’autres travaillent dans des domaines comme le service, la technologie de l’information ou les programmes stratégiques, pour n’en nommer que quelques uns. Quand il s’agit de nous mettre au travail, les difficultés que cela comporte peuvent parfois sembler insurmontables. Le gouvernement semble maintenant vouloir accorder une grande importance à la réconciliation et au renouvellement des relations; il s’agit d’une occasion très intéressante, mais nous devons bien réfléchir afin de déterminer la meilleure façon de procéder.

Perspectives Autochtones : Récits des employé(e)s Autochtones est une production d’Emploi et Développement social Canada.

Toutes les opinions exprimées dans le cadre de la série sont strictement celles des personnes qui les expriment et ne sont pas nécessairement partagées par leur employeur.

Les fonctionnaires que vous avez entendus dans cet épisode sont : Andrea Dykstra, Jeannette Fraser, Ryan Jeddore, Daniel Jette, Pamela Kupeuna et Tim Low.

Notre musique thème est signée Boogey the Beat, et vous avez également entendu la musique de Greg Reiter.

Mon nom est Todd Lyons. Je suis animateur, auteur et directeur technique pour la série Perspectives Autochtones.

Merci de votre écoute.

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Lien de téléchargement (MP3, 15,5 Mo) Enjeu 7 - Perspectives autochtones : Histoires de fonctionnaires autochtones

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