Changer ensemble: l'apport de l'innovation dans l'élaboration des politiques sociales au Canada

Discours

Présentation à la Fédération des chambres de commerce du Québec

800, Fasken Martineau, place Victoria
Montréal (Québec)
Le 26 septembre 2016

Merci de me donner le privilège de me retrouver en présence de personnes qui sont au cœur de notre essor économique et qui sont pleinement engagées sur le plan social. 
 
Mon parcours professionnel m’a emmené vers la politique depuis — somme toute — très peu de temps. 

J’aime bien faire le rapprochement entre ma carrière politique et le hockey. 

Le sport politique est un sport d’équipe. 

Ainsi, le principal défi c’est d’accepter que la rondelle ne soit pas toujours sur notre bâton.

La confiance et le travail d’équipe sous-tendent toutes nos chances de succès.

Et la toile de fond — au hockey comme en politique — c’est que le temps de réflexion est court, et on sollicite souvent notre opinion sur des sujets qui sont souvent très complexes.

Je suis donc bien heureux de pouvoir m’appuyer — dans ma démarche — sur des professionnels de tous les secteurs de notre société et de notre économie.

Permettez-moi de décrire brièvement le concept des 3A qui s’applique entre autres au hockey, mais aussi au travail vers une société meilleure.

Une société 3A repose sur trois éléments principaux, soit l’ambition, l’attitude et les actions.

Ce sont ces trois éléments qui nous permettent, à leur tour, d’atteindre trois niveaux élevés en matière de développement – soit le développement durable, le développement économique, et le développement inclusif.

D’abord le développement durable. 

On en parle de plus en plus dans notre société, pour des raisons assez claires, lorsque l’on observe la vitesse à laquelle se produisent les changements démographiques et l’importance que nos familles accordent à la qualité de leur environnement.

On accuse souvent les politiciens d’avoir une vision de quatre ans.

Je peux vous assurer que nous voyons bien au-delà de notre mandat actuel, et nous mettons en place des mesures qui serviront les générations à venir.

Ensuite, le développement économique. 

Il constitue la base de notre capacité à développer notre société. Le succès de notre développement durable et inclusif passe par la santé de notre économie et par notre habileté à créer des emplois, à vendre nos produits sur les marchés étrangers, et à stimuler la croissance économique.

Et enfin le développement inclusif.

Il s’agit d’un type de développement dont tire profit l’ensemble de nos familles et qui fait en sorte que chacun ait une chance égale de réussir dans la vie.  

Soyons clairs : nous souhaitons que notre société ne laisse personne « sur le banc », pour encore une fois utiliser une expression de hockey. 

Inclusion

J’aimerais insister davantage sur notre vision de l’inclusion. 

Une telle vision peut sembler un peu abstraite, mais a des conséquences concrètes. 

Je pense ici à la façon dont les processus économiques et politiques peuvent entretenir des sentiments d’exclusion dans la population par rapport, notamment, aux effets du libre-échange, à la capacité perçue des gouvernements de travailler pour le bien-être de tous, et à la participation aux grands défis de développement de notre société.

Quand on voit de quelle manière les sentiments — parfois légitimes, parfois imaginés — d’exclusion sociale nuisent aux processus politiques, je pense qu’il est important de reconnaître la valeur de l’inclusion non seulement pour des raisons sociales, mais aussi pour des raisons de développement économique et durable.

Les citoyens accordent une grande valeur au processus, parce que le processus en lui-même, dans une démocratie, a quelque chose de bon pour nos citoyens.

Les citoyens savent aussi que lorsqu’un processus fonctionne bien, qu’il est inclusif, qu’il est respectueux et qu’il est représentatif des intérêts variés et des opinions diverses, il mène à de meilleurs résultats.

L’ambition nourrit donc à la fois les attitudes et les actions – soit les deux autres « A » du 3A.  

Permettez-moi de faire un léger clin d’œil à mon ancienne vie universitaire, où l’on décrit le PIB par une fonction incorporant le A, le K et le L.

Innovation

Le L réfère au travail, et plus particulièrement à la quantité, la qualité, et la durée du travail.

Le K c’est l’infrastructure privée et publique.

L’élément dont je voudrais vous parler, et qui selon moi est le plus mystérieux, est l’élément A.  

Le A, les économistes l’interprètent souvent comme étant l’innovation technologique.

Mais il y a plus que l’innovation technologique; il y a aussi l’innovation sociale; il y a la qualité des marchés; et aussi la capacité de commercer, d’échanger avec les autres pays.

Le A comprend donc l’innovation sociale.

Je voudrais vous donner un avant-goût de la façon dont le gouvernement peut améliorer le A de l’innovation sociale.

Je vais vous signaler deux dimensions qui émergent de plus en plus des consultations auxquelles j’ai la chance de participer.

Il y a la composante « partenariat », à nouveau un concept d’inclusion, grâce auquel des mécanismes modernes de finance sociale et de réduction des risques sociaux, privés et politiques font l’objet d’un travail collaboratif dans une fédération aussi variée que celle du Canada.

Il est important de garder à l’esprit l’importance des risques politiques. 

Les politiques publiques à l’échelle du pays peuvent être facilement freinées ou même complètement arrêtées si la gestion du risque politique à l’échelle du pays est mal effectuée.

Au-delà de la dimension du partenariat, on peut aussi unifier les forces de l’ensemble de la société en favorisant la synergie des éléments qui font la qualité de vie de nos familles.

Chaque famille a des circonstances particulières. 

Le dénominateur commun de nos familles, c’est l’importance qu’elles accordent à la participation sociale, à la qualité du transport, à la chance qu’ont leurs enfants de fréquenter de bonnes écoles, à la qualité des services de garde, à la qualité de l’environnement physique, à l’accessibilité des endroits publics, au sentiment de sécurité physique et au sentiment de sécurité financière.

Tous ces éléments se rassemblent et se renforcent dans la vie de nos familles, et il est important pour le gouvernement canadien d’en tenir compte dans sa capacité d’innover socialement.

C’est vraiment ça que l’on entend par « rechercher les synergies ».

Notre gouvernement a une vision globale du développement de la société canadienne.

Permettez-moi de vous présenter quelques exemples.

Nous avons rétabli l’âge d’admissibilité à la pension de la Sécurité de la vieillesse à 65 ans.

Ceci ne se veut pas une suggestion aux gens de prendre leur retraite à 65 ans.

En effet, l’âge de la retraite est une décision personnelle.

L’objectif est plutôt d’améliorer la vie des aînés, particulièrement les personnes vulnérables à faible revenu.

Nous avons constaté que, s’il n’y avait pas eu un revirement politique, 100 000 aînés canadiens âgés de 65 à 66 ans se seraient retrouvés en situation de pauvreté, augmentant le taux de personnes âgées vivant dans la pauvreté de 6 % à 17 %.

De plus, un homme âgé de la classe moyenne aurait vu son revenu diminuer de 11 % et une femme de la classe moyenne aurait vu son revenu diminuer de 32 %.  

Les 20 % les plus pauvres auraient subi 40 % des répercussions de la politique; ils auraient perdu 35 % de leurs revenus.

Mon deuxième exemple, c’est que nous sommes en train d’élaborer une stratégie nationale de logement en collaboration avec les autres ordres de gouvernement et un ensemble de partenaires et d’intervenants qui sont prêts à ce que le gouvernement canadien se réengage dans l’appui au logement au Canada, et ce, dans l’intérêt des familles canadiennes.

C’est une stratégie qui utilise une matrice en 4 dimensions.

On parle d’un spectrum de conditions de logement qui démarre avec l’itinérance, qui va ensuite aux refuges, aux maisons de transition, au logement social, au logement abordable en termes de marché locatif, au logement abordable en termes de propriété et finalement au marché qu’on appelle les marchés de logement non-subventionnés et peu affectés par les politiques sociales du gouvernement canadien.

Il s’agit d’un continuum de conditions de logement auquel s’ajoute une deuxième dimension : les défis du logement varient beaucoup en fonction d’où on se trouve géographiquement.

En gros, la conversation sur le logement à Vancouver est assez différente de celle qu’on entend à Montréal, à Windsor ou à Iqaluit.

La troisième dimension de cette matrice, c’est la dimension des partenariats possibles. 

À nouveau, on fait ici directement référence à l’innovation sociale.

Il est important de travailler en partenariat parce que les différents ordres de gouvernements et partenaires ont une capacité d’intervenir différente selon la disparité géographique.

Et on fait aussi à nouveau référence au deuxième élément d’innovation sociale, le fait que le logement est intimement relié aux autres dimensions de la vie de nos familles : le transport, la capacité à participer au marché du travail, la formation, les services de garde, la qualité physique et sociale du milieu de vie.

J’en profite pour mentionner que nous créerons sous peu un nouveau comité directeur qui donnera un élan à l’innovation sociale à l’échelle nationale.

Ce comité — qui réunira des chefs de file, des praticiens et des experts de nombreuses disciplines — est une étape essentielle à la recherche et à la mise en œuvre de solutions novatrices pour résoudre les problèmes les plus complexes de notre société.

Permettez-moi maintenant de vous parler de l’Allocation canadienne pour enfants.

Tel que je l’ai dit à maintes reprises, ceci est l’innovation la plus importante en matière de politique sociale en une génération.

Nous sommes passés de six mesures disparates à une prestation mensuelle non imposable.

Nous avons simplifié notre système fiscal et créé de l’efficacité pour le gouvernement et de la transparence pour les familles.

Grâce à cette prestation, nous changeons la vie des familles, permettant à environ 300 000 enfants d’échapper à la pauvreté, ce qui mène au plus faible taux de pauvreté chez les enfants jamais connu.

Au Québec, nous estimons que l’Allocation sortira 60 000 enfants de la pauvreté d’ici 2017, soit près de la moitié des enfants présentement en situation de pauvreté.

Nous avons aussi récemment bonifié le Supplément de revenu garanti pour les aînés vivant seuls qui ont les revenus les plus faibles.

Cette mesure améliorera considérablement la sécurité financière de quelque 900 000 aînés et permettra à environ 13 000 d’entre eux de se sortir de la pauvreté.

Aujourd’hui, les Canadiens de la classe moyenne s’inquiètent de ne pas avoir suffisamment d’épargne pour leur retraite.

Une famille sur quatre qui approche l’âge de la retraite, soit 1,1 million de familles, risque de ne pas avoir épargné suffisamment en prévision de la retraite.

Les jeunes travailleurs et travailleuses, en particulier, sont confrontés au défi d’assurer une épargne-retraite suffisante, ce qui pose un défi dans un contexte où un moins grand nombre d’entre eux peut s’attendre à occuper un emploi qui offre un régime de retraite.

Pour remédier à ce problème, nous nous sommes engagés auprès des Canadiens à renforcer le Régime de pensions du Canada dans le but de les aider à atteindre leur objectif de jouir d’une sécurité de revenus solide, sûre et stable à la retraite.

Le 20 juin 2016, le ministre des Finances, M. Morneau, a ainsi conclu un accord historique avec ses homologues provinciaux visant à bonifier le Régime de pensions du Canada.

Efficacité d’un régime public

Les points de vue diffèrent quant à l’efficacité d’un régime de pension public par rapport aux régimes et à l’épargne privés.

Bien que tous les types d’épargne-retraite sont importants, le Régime de pension du Canada a l’avantage de réduire les risques financiers et de longévité pour les familles, et ce, à un coût généralement plus faible.

Quito

Je voudrais conclure en vous disant que dans trois semaines, j’aurai le privilège d’être à Quito en Équateur pour représenter le Canada dans une conférence internationale des Nations Unies qu’on appelle la conférence Habitat III.

Le but de cette conférence est de parler du Nouvel agenda urbain à un moment où nos populations vivent de plus en plus dans les villes.

Nous y aurons d’excellentes discussions sur le logement, l’environnement, l’urbanisme et plusieurs autres aspects de la vie urbaine.

Le gouvernement canadien a à la fois une responsabilité et une occasion de contribuer au développement dans le monde.

Notre responsabilité s’appuie sur notre capacité à démontrer aux autres gouvernements et aux autres pays qu’une société inclusive, ouverte, responsable et respectueuse est une société d’avenir.

En revanche, la qualité de notre présence à l’étranger attire chez nous des investisseurs et des investissements qui contribueront à notre développement.

Merci à nouveau du privilège d’être avec vous. Je serai heureux de répondre à vos questions.

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2017-02-13