Cultiver la responsabilité sociale par le bénévolat et l’esprit d’entreprise

De : Emploi et Développement social Canada

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Mus par la passion et la volonté de changer le cours des choses, certains des principaux bénévoles du Canada discutent de la façon dont, avec d'autres, ils appuient les gens et améliorent les collectivités.

On ne peut plus faire abstraction de la responsabilité sociale. « Chaque personne doit s'en occuper », affirme Sue Duguay, lauréate du prix Leader émergent de l'Atlantique.

Le Groupe directeur sur l'innovation sociale et la finance sociale du gouvernement du Canada – composé de 16 chefs de file, intervenants et spécialistes passionnés et diversifiés issus de nombreux domaines et responsables de la co-élaboration des recommandations pour une stratégie d'innovation et de finance sociale avec le gouvernement du Canada – abonde dans le même sens.

D'après le récent rapport Pour l'innovation inclusive : « […] nos collectivités sont encore aux prises avec des problèmes sociaux persistants et complexes qui touchent certains groupes plus que d'autres, comme les Autochtones, les aînés, les jeunes, les immigrants et les femmes fuyant la violence. De nouvelles approches novatrices s'imposent pour résoudre ces problèmes sociaux ».

Voilà un thème que les lauréats des Prix pour le bénévolat du Canada (PBC) devaient résoudre lorsqu'ils se sont réunis à Ottawa les 4 et 5 décembre 2018.

Chaque année, les PBC permettent de rassembler les lauréats des prix pour souligner leur apport considérable aux collectivités du Canada. Outre la réception de leur prix, les lauréats sont invités à participer à un forum de 2 jours pour discuter et faire part de leurs connaissances, de leur expérience et de leurs idées relatives au bénévolat dans une vaste gamme de thèmes.

Le forum procure une occasion inspirante aux lauréats actuels et antérieurs et aux intervenants d'élargir et d'approfondir leurs réseaux, et d'avoir accès à des particuliers et des organisations d'un océan à l'autre qui partagent la même conscience sociale. Grâce aux discussions riches et vastes, les participants progressent dans leur conception collective des bonnes pratiques en matière de leadership communautaire et de partenariats entre les secteurs.

Cette année, les discussions du forum ont porté sur la façon dont les divers acteurs peuvent s'unir pour mettre à profit et favoriser le bénévolat par l'innovation sociale afin de traiter les besoins sociaux des particuliers, des familles et des collectivités.

Responsabilité et innovation sociales

L'innovation sociale peut être défini au sens large comme l'élaboration de nouvelles solutions aux problèmes sociaux ou économiques. Elle peut rehausser la qualité de vie des gens par la collaboration avec de nouveaux partenaires, la mise à l'essai d'idées ingénieuses et la mesure de leurs retombées.

L'innovation sociale fait souvent intervenir la collaboration entre différents ordres de gouvernement, organismes de bienfaisance, de même que les secteurs sans but lucratif et privé pour agir sur un enjeu social commun.

Dans son rapport sommaire Reconnaissance du bénévolat en 2017, l'organisme Bénévoles Canada cite l'illustre auteur Stuart Emmett qui définit la responsabilité sociale individuelle (RSI) comme « l'engagement continu à se comporter de manière éthique et à contribuer au développement des gens, tout en améliorant la qualité de vie d'autres personnes, groupes ou équipes, de même que la société dans son ensemble ».

Du côté des entreprises, la responsabilité sociale organisationnelle (RSO) signifie aller au-delà de la conformité aux exigences juridiques en assumant volontairement la responsabilité des retombées de l'entreprise sur la société par l'intégration des préoccupations sociales et environnementales aux activités quotidiennes.

Comme l'a mentionné l'un des participants au forum : « Lorsqu'une entité organisationnelle se perçoit comme membre de sa collectivité et qu'elle agit en conséquence par sa responsabilisation envers sa collectivité, la prise de conscience de son utilité au sein de la collectivité et la communication de son savoir, elle peut véritablement jouer un rôle dans la progression du bien commun ».

Quel est donc le lien entre le bénévolat et la responsabilité organisationnelle, individuelle et sociale, et dans quelle mesure ce lien est-il important pour l'innovation sociale? D'après les lauréats des Prix pour le bénévolat du Canada de 2018, la réponse est : dans une mesure considérable!

Qui sont les lauréats des PBC

Chaque année, il y a 21 lauréats des Prix pour le bénévolat du Canada. Ils constituent un échantillon représentatif du pays d'un océan à l'autre. Les Prix pour le bénévolat du Canada sont un programme conçu pour les Canadiens et par les Canadiens. Les mises en nomination aux prix sont présentées chaque année, examinées par des examinateurs régionaux bénévoles, puis examinées de nouveau par un comité consultatif national qui sélectionne les finalistes.

Vingt lauréats sont choisis pour représenter les 5 régions du Canada (l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, les Prairies, de même que la Colombie-Britannique et le Nord) dans 4 catégories :

Le Prix Thérèse Casgrain pour l'engagement de toute une vie, qui est d'envergure nationale, est remis aux particuliers dévoués qui font du bénévolat depuis au moins 20 ans et ont inspiré d'autres bénévoles, dirigé des groupes de bénévoles ou réalisé d'autres exploits exceptionnels au moyen du bénévolat. Leur apport peut se concrétiser par des engagements continus envers une organisation ou une cause, ou des engagements distincts envers une panoplie d'organisations ou de causes.

Une évolution dans la culture d'entreprise

Jadis, le lobbying et les contributions financières étaient les pivots des entreprises qui cherchaient à faire progresser et à promouvoir des causes sociales. Bien que ces pivots demeurent d'importants moyens d'influence, les entreprises se sont également mises à donner de leur temps, de leurs ressources et de leurs talents par le bénévolat.

Elly Nordstrom et Jennifer Hamilton ont fait part de la façon dont ENMAX Corporation, lauréate du prix Leadership d'entreprise dans les Prairies, a organisé des « journées au zoo » à l'intention du personnel composé de jeunes pères pour accompagner des enfants sans-abri et des enfants autistes au zoo.

« La réaction a été stupéfiante! Nous avons vu des employés qui avaient 30 ans et plus d'expérience de travail au sein de l'entreprise et qui n'avaient jamais fait de bénévolat, sortir pour passer du temps avec les enfants… Nous continuons de les appuyer sur cette percée pour leur trouver [ainsi qu'à d'autres employés] d'autres occasions en ce sens ».

De nos jours, il y a de plus en plus de programmes de bénévolat appuyés par l'employeur qui sont instaurés, encouragés, ancrés et appuyés à l'échelle de l'entreprise. Un tel changement de culture se révèle des plus réussis lorsque les cadres supérieurs donnent l'exemple en faisant régulièrement eux-mêmes du bénévolat et, parallèlement, en autorisant les heures de bénévolat des membres du personnel, en les encourageant et en les récompensant pour leurs propres initiatives bénévoles.

Le Dr Aslam Daud, président de l'organisme Humanity First et ancien lauréat d'un PBC, a relaté qu'il connaissait une entreprise où était organisé un concours international dans lequel les divers services travaillaient en partenariat avec des organismes de bienfaisance et humanitaires pour en arriver à des propositions sur la façon d'apporter des bienfaits à un nombre maximal de personnes.

L'entreprise a accordé à ses employés du temps pour collaborer avec les organismes à l'élaboration des propositions, ce qui signifie que cette entreprise rémunérait ses employés pour qu'ils consacrent du temps de travail à des projets de bénévolat, où leur savoir-faire se révélait directement utile.

« L'engouement suscité par le concours a contribué à l'évolution de la culture organisationnelle de l'entreprise vers le bénévolat », d'affirmer le Dr Daud.

Ce qui importe, c'est que des organisations, qu'elles soient à but lucratif ou non, s'ingénient à fournir une gamme d'occasions, et que chacun soit conscient des attentes de l'entreprise en matière de bénévolat.

« Les incitatifs aux employés et le jumelage des entreprises, à l'exemple de ce qui est offert par TransCanada et Tangerine, sont 2 exemples de stratégies efficaces pour récompenser le bénévolat dans les entreprises », affirme Lindsay Alves, représentante de Tangerine et lauréate du prix Leadership d'entreprise de l'Ontario.

Souvent, les entreprises font du bénévolat dans leurs champs de compétence, mais elles sont de plus en plus nombreuses à instaurer également un milieu organisationnel où les employés sont invités à faire du bénévolat dans leur propre champ d'intérêt, comme en témoigne l'exemple d'ENMAX.

Le point de jonction entre la responsabilité sociale organisationnelle et individuelle

Il existe un vaste éventail de mobilisation personnelle, surtout lorsqu'il s'agit d'adopter un comportement éthique et de contribuer à l'épanouissement et à la qualité des gens. Cela comprend les décisions personnelles relatives à l'empreinte environnementale, les produits qu'on achète, le choix de l'employeur, les dons à des organismes de bienfaisance, voire même les vacances. L'éventail s'étend également à l'aide offerte spontanément au bénévolat officiel.

Les participants au forum ont fait valoir que, grâce à des stratégies de mobilisation avisées des bénévoles, le point de jonction entre la responsabilité sociale organisationnelle et individuelle peut être mis à profit efficacement. En ce qui touche les entreprises, cela signifie concevoir des projets judicieux qui attirent les bénévoles et s'inscrivent dans leurs aptitudes, choix de vie et intérêts personnels. Quand on trouve un moyen d'établir un lien avec ce qui importe aux yeux d'une personne concernée et qui souhaite changer le cours des choses, cette dernière continuera de s'investir et de donner de son temps.

Paul Nguyen, lauréat du prix Leadership communautaire de l'Ontario, a relaté en quoi le projet Jane and Finch à Toronto, permet de créer des occasions exceptionnelles pour les jeunes à risque, et constitue un exemple de mise en phase efficace des bénévoles. Ce projet motive les gens à s'investir dans la collectivité parce qu'il est le reflet de ce qui est déjà merveilleux et fonctionne bien là-bas. Aider les personnes à percevoir leur collectivité sous un angle optimiste et amical peut les inciter à être fières de celle-ci, à s'en soucier et à agir en sa faveur.

Les projets de bénévolat ou les initiatives de financement où des résultats peuvent être clairement perçus se révèlent également davantage motivants pour les gens. Nombreuses sont les organisations bénévoles qui doivent encore s'améliorer dans les façons de montrer les retombées, afin que les efforts en matière de bénévolat soient davantage mesurables et moins ambigus.

La fondation David McAntony Gibson – GlobalMedic, lauréate du prix Innovateur social de l'Ontario, assemble des trousses destinées aux missions d'urgence. Le fondateur Rahul Singh a mis en relief en quoi son organisation permet aux bénévoles de comprendre comment ils peuvent changer le cours des choses par la ventilation et la communication de chaque effort bénévole sous l'angle de sa valeur monétaire exacte. Par exemple, ce peut être le fait d'informer les bénévoles « qu'ils nous ont aidé à doubler le convoi d'aide humanitaire ».

Lorsque nous réfléchissons à la collectivité, nous avons tendance à songer aux personnes dans notre secteur d'activité ou à notre entourage immédiat ainsi que les personnes avec lesquelles nous entretenons habituellement des rapports. Toutefois, en réalité, chaque personne est une intervenante. Le défi à relever par les organisations consiste à transformer des intervenants passifs en intervenants actifs.

La mise en phase des activités bénévoles avec les intérêts et capacités des personnes, tout en veillant parallèlement à ce que les bénévoles sachent qu'ils changent le cours des choses, rend possible le recrutement par les entreprises de particuliers enthousiastes et socialement engagés pour les orienter tout au long du continuum de responsabilité sociale individuelle en vue de les amener à un niveau supérieur de participation et de leadership sur le plan collectif.

Édification de la résilience personnelle et communautaire

Les liens authentiques se situent au cœur de la résilience. La collectivité, ce n'est pas seulement l'endroit où on habite : c'est une entité dont on fait partie, à laquelle on adhère et dans laquelle on crée. Au sein des collectivités résilientes, personne n'est laissé pour compte parce que tout le monde se soucie des uns et des autres. La résilience signifie que des réseaux de soutien sont mis en place pour composer avec les difficultés, tant routinières qu'extraordinaires. De plus, la résilience change fortement le cours des choses si une catastrophe survient.

Le secteur bénévole joue un rôle vital dans l'édification de la résilience parce qu'il permet de créer des espaces où la collectivité peut se réunir et s'épanouir.

Dans certaines organisations, la rupture de l'isolement social et l'édification de la résilience communautaire sont des objectifs explicites. Dans d'autres organisations, il s'agit des résultats positifs du rassemblement de personnes au service d'un but différent, comme le nettoyage d'un parc.

Un exemple de résilience en tant que bienfait au niveau secondaire, ce sont les dollars de Calgary. Sierra Love qui représente l'organisme Arusha Centre Society, lauréate du prix Innovation sociale des Prairies, a relaté que les dollars de Calgary sont, à première vue, une initiative de monnaie locale. Toutefois, le développement économique communautaire à l'appui des entreprises locales est un élément sous-jacent à cette initiative. Celle-ci permet également d'appuyer les personnes vulnérables par la prestation de nouvelles sources de revenu supplémentaire et d'occasions de tisser des liens avec autrui, ce qui accroît les connaissances financières et donne aux gens l'occasion de s'investir dans leur collectivité. Il s'agit avant tout d'établir des collectivités intégratrices et résilientes.

Qui dit édification de la résilience communautaire dit investir dans les connaissances des gens plutôt que de strictement fournir des services. Voilà qui permet de résoudre les problèmes sociaux et, parallèlement, de favoriser l'entreprenariat social. Les bénévoles résilients contribuent à leur tour à rendre leur collectivité résiliente.

À la table d'un groupe, un participant a relaté en quoi le programme Growing Futures offert au Centre alimentaire de Parkdale à Ottawa, ancien lauréat du prix Innovateur social de l'Ontario, permet aux jeunes d'acquérir dès maintenant des compétences qui leur permettront ultérieurement de devenir entrepreneurs.

Fournir des occasions d'acquérir des connaissances et des compétences dans le cadre d'initiatives de bénévolat, c'est un excellent moyen d'encourager les gens à donner de leur temps et, parallèlement, à contribuer à la résilience communautaire, personnellement et collectivement. C'est aussi une façon de rehausser le moral et de soutenir l'engagement. Chaque fois qu'un bénévole tire parti de l'acquisition de compétences, c'est la collectivité qui en bénéficie à son tour.

La fondation Lo-Se-Ca en Alberta, ancienne lauréate du prix Innovateur social, cherche à rehausser la qualité de vie des personnes handicapées. La représentante Carmen Horpestad a relaté comment cette fondation finance ses programmes au moyen d'un magasin d'occasions. Les bénévoles au magasin reçoivent une formation de caissier et de teneur de comptes, après quoi ils apprennent des concepts d'entreprise de base, notamment la prestation d'un service à la clientèle positif. Ces compétences et expériences les aident à progresser sur le plan professionnel.

Le rehaussement des capacités et des ressources contribue aussi à réduire l'état de dépendance. L'organisme de bienfaisance Cuts for Kids, invité à prendre part à la discussion tenue cette année, cherche à rehausser l'estime de soi chez les jeunes au moyen de coupes de cheveux gratuit dans la collectivité à Ottawa. Le fondateur Ibrahim Musa a relaté qu'à ses débuts, l'organisme comptait sur des bénévoles issus de d'autres quartiers pour aller offrir le service dans un quartier en particulier. Après un certain temps, Cuts for Kids s'est mis à donner une formation aux jeunes dans les quartiers choisis, après quoi ces derniers ont commencé à offrir le service à d'autres, ce qui montre que la diminution de la dépendance envers les donateurs externes accroît la viabilité du modèle choisi.

Les participants ont discuté de la fréquence à laquelle, par suite du travail qu'ils exécutent, les bénévoles sont exposés à de nombreuses facettes désagréables de la réalité humaine et sociale. La fatigue des bénévoles doit donc être prise en compte. Les organisations qui préparent et appuient convenablement leurs bénévoles sur les plans mental, physique et social afin d'assumer les tâches qui leur sont demandées aident ces derniers à réussir et, parallèlement, à édifier leur résilience personnelle.

Nourrir la responsabilité sociale individuelle

Il nous faut mobiliser les jeunes si nous souhaitons garantir l'avenir du bénévolat à l'appui de l'innovation sociale. Nous pouvons en faire davantage pour orienter les choix professionnels des jeunes en fonction de la responsabilité sociale.

Il appartient tant à l'entreprise privée qu'au secteur sans but lucratif d'inviter la prochaine génération à s'intégrer au secteur bénévole. Les employeurs doivent prendre des mesures pour instaurer des programmes qui stimulent le bénévolat chez les jeunes et qui habilitent ces derniers à agir de même qu'à opter pour des choix professionnels qui tendent vers le bien commun.

Une telle démarche n'a rien de compliqué. Le service communautaire propose aux jeunes une occasion utile d'acquérir des compétences et d'établir des contacts. De plus, les jeunes employés cherchent de plus en plus à faire partie d'organisations qui adoptent une démarche globalisante en matière de rémunération, ce qui peut vouloir dire la promotion de l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et l'appui aux initiatives bénévoles comme moyen de redonner à autrui.

Les participants au forum avaient plusieurs idées quant à la façon par laquelle favoriser une culture de bénévolat chez les jeunes et les moins jeunes!

Les organisations doivent mobiliser les gens dès leur tendre enfance : de préférence avant 10 ans. Un nombre accru d'universités pourraient favoriser le bénévolat chez leurs étudiants par l'intégration de l'apprentissage du service communautaire à leurs cursus, de sorte que le temps passé en matière de bénévolat procure des crédits de cours.

Les organisations des participants font également appel à diverses démarches pour rassembler les gens, y compris ceux qui n'établiraient probablement pas de contacts entre eux autrement. Parmi ces démarches, il y a : inviter les jeunes enfants et leurs parents à faire ensemble du bénévolat, jumeler des jeunes et des aînés dans des échanges de compétences (artisanat, cuisine, musique), et inviter des immigrants nouvellement arrivés à faire du bénévolat comme moyen d'intégration à leur nouvelle vie.

Plusieurs lauréats de prix ont fait remarquer qu'ils avaient été « sommés » à commencer à faire du bénévolat par d'autres. Voilà un rappel pour tout le monde, tous secteurs confondus, de l'importance d'inviter constamment autrui à faire du bénévolat. Tout compte fait, de nombreuses personnes souhaitent aider mais ne savent tout simplement pas comment.

Collaborer pour innover

La concurrence que se livrent les organismes sans but lucratif pour obtenir des ressources qui se raréfient de plus en plus est si intense qu'elle a souvent pour effet de réprimer la créativité et l'innovation. Voilà qui donne une importance cruciale à la collaboration plurisectorielle pour relever le défi que pose l'innovation sociale.

Afin que s'établisse une collaboration authentique entre les acteurs à but lucratif et sans but lucratif, il faut reconnaître que les réussites des uns sont également bénéfiques aux autres.

Les acteurs sans but lucratif jouent un rôle colossal dans l'amélioration de la qualité de vie des collectivités, ce qui se révèle à son tour bénéfique au secteur privé en lui permettant d'attirer et de maintenir en poste des employés compétents au sein de ces mêmes collectivités.

Gerald Mak, lauréat du prix Leader émergent de l'Ontario, a fait remarquer que le secteur privé peut jouer un rôle vital en renforçant la capacité novatrice du secteur sans but lucratif. Il a relaté qu'il aime, entre autres choses, rappeler aux gens les bienfaits des « trois P » : les partenariats public-privé. Sans les 3 P, dit-il, il est presque impossible d'amorcer la concrétisation de grandes idées ingénieuses.

Les partenariats sont d'une efficacité accrue lorsque le but consiste en l'établissement de rapports à long terme et l'obtention de résultats particuliers. Voilà qui permet aux entités organisationnelles et sans but lucratif de bâtir en collaboration des programmes au fil du temps, de travailler sur un pied d'égalité, et de rendre des comptes ensemble.

Si les partenariats jouent un rôle crucial pour nourrir l'innovation, des participants y sont allés d'une mise en garde : ces partenariats doivent être équilibrés et structurés de telle sorte que les acteurs sans but lucratif déterminent clairement les paramètres de la participation des acteurs organisationnels, afin que ces derniers demeurent fidèles à leur mission.

Il importe également de reconnaître que le bénévolat consiste en une collaboration ayant pour objet la réalisation d'un objectif supérieur permettant à toutes les parties intéressées d'y trouver leur compte.

Un rôle accru pour le secteur public

Les participants ont souligné que ce serait négligent de leur part de discuter de la résilience du monde des bénévoles sans reconnaître le rôle joué par les gouvernements pour les aider à édifier cette même résilience.

Le secteur public a le pouvoir d'accélérer et de faciliter l'innovation au moyen de la collaboration plurisectorielle. Par exemple, les municipalités proposent souvent des subventions de contrepartie.

L'investissement public-privé constitue un autre modèle novateur. Plusieurs villes comptent désormais des carrefours incubateurs qui jouent le rôle de zones d'innovation : des espaces où les entreprises sociales peuvent présenter une demande et obtenir de l'aide sans frais, ce qui serait impossible autrement.

Du point de vue des politiques publiques, les gouvernements pourraient envisager la possibilité d'accorder des crédits d'impôt afin que les heures de bénévolat soient déductibles d'impôt, comme c'est le cas actuellement avec les équipes de recherche et de sauvetage et les pompiers bénévoles. Voilà qui pourrait permettre de favoriser et d'amplifier le bénévolat partout au pays.

En outre, plutôt que de s'en remettre au processus actuellement très fastidieux et compétitif d'accès au financement entre les acteurs sans but lucratif, on pourrait fonder un organisme central pour gérer les propositions de projet et établir les priorités.

Enfin, les organisations gouvernementales devraient reconnaître officiellement les démarches de bénévolat en leur sein – à l'exemple, entre autres, des Prix pour le bénévolat du Canada – dans l'optique de promouvoir une culture de bénévolat au sein des gouvernements.

Créer une communauté de praticiens

Les chefs de file du secteur bénévole ou sans but lucratif doivent établir plus souvent des liens avec les autres chefs de file.

Les participants ont relevé la frustration que d'autres chefs de file bénévoles et eux avaient ressentie à ce chapitre, de même que l'inefficacité du travail en vase clos.

Inspirés par le fait d'être réunis pendant 2 jours pour relater leurs réussites et leurs idées, les participants ont avancé que les organisations bénévoles tireraient parti du réseautage sous une forme ou une autre afin de bien communiquer leurs pratiques exemplaires, leurs connaissances et leurs compétences, et de jumeler les compétences aux besoins.

Ils ont proposé la tenue éventuelle de réunions à l'échelle locale, régionale ou nationale, de même que la création éventuelle de programmes de legs pour qu'une génération puisse passer le flambeau à la suivante.

Peut-être qu'un mécanisme, notamment un site Web, pourrait permettre aux lauréats des Prix pour le bénévolat du Canada et à d'autres de se constituer en communautés de praticiens propices à l'échange d'idées, de compétences et de ressources, ce qui pourrait ultérieurement déboucher sur une collaboration directe.

Presque par enchantement, Tina Walter, directrice de la gestion du rendement et de la reconnaissance est responsable des Prix pour le bénévolat du Canada, a relaté qu'un réseau d'anciens lauréats des PBC est en cours de création pour appuyer les bénévoles partout au Canada, dans l'optique de pouvoir combler ce besoin.

Épilogue : Le pouvoir de transformation du bénévolat

Les gens s'intègrent au secteur par des façons très différentes, pour des raisons tout à fait différentes et à différentes périodes de leur vie. Certains sont motivés par une volonté globale d'apporter quelque chose, ou parce qu'on leur a demandé de le faire. D'autres passent d'abord à l'action pour améliorer ce qu'ils estiment être la bonne chose à faire dans le monde auquel ils font face : l'enfant d'une mère n'obtient pas le soutien approprié de l'État, un restaurateur voit chaque jour des sans-abri se rassembler à côté de son restaurant, un adolescent constate qu'il peut mettre à profit, pour le bien de son quartier, sa passion pour la vidéographie.

Malgré la grande différence entre ces points d'accès, les gens semblent maintenir leur participation pour des raisons semblables : non seulement font-ils le bien à autrui, mais ils jugent que le bénévolat les enrichit, voire les transforme, sur le plan personnel. Aux yeux de nombreux bénévoles, le simple fait d'aider une personne est source de joie, et procure le sentiment de faire partie d'un vaste processus de transformation sociale positive qui tend vers une société davantage bienveillante, juste et viable.

Voici quelques citations et énoncés supplémentaires des lauréats des PBC. Il est à souhaiter que les lecteurs s'y identifieront et y trouveront matière à inspiration.

Harold Empey, Prix Thérèse Casgrain pour l'engagement de toute une vie

« C'est en 1945 que j'ai conclu mon premier accord de bénévolat, notre groupe a été dirigé vers une autre ville dans un camion de l'armée pour y vendre des billets afin de bâtir quelque chose dans la collectivité. J'ai alors vendu davantage de billets que les autres et je suis devenu accro au bénévolat! »

« La liste de choses que j'ai accomplies n'est vraiment pas importante. Je tenais simplement à vous dire que le bénévolat s'est révélé une merveilleuse aventure ».

Domaines de bénévolat : mobilisation populaire; campagnes de financement et de sensibilisation; préparation aux urgences et aux décès; éradication de la poliomyélite; transitions sociopolitiques.

Marché Ferdous (Ala Jabur), Leader d'entreprise, Québec

« Nous l'avons fait en raison du pays d'où nous sommes originaires : l'Irak, un pays qui est passé par des périodes très difficiles. De nombreuses guerres. De nombreuses catastrophes. La dictature… L'Irak a subi une destruction complète… Des personnes dignes dans ce pays, même des professeurs d'université, des membres de la classe moyenne, avaient besoin de nourriture et ont connu la famine. Je sais également que la faim touche la dignité des gens. C'est la pire chose qui puisse arriver à quelqu'un ».

« On ne saurait nous attribuer tout le mérite du bénévolat, vraiment, parce que ce que nous faisons, ça vient du fond du cœur! ».

Domaines de bénévolat : sécurité alimentaire; perfectionnement des compétences; intégration des immigrants.

Kaleb Dahlgren, Leader émergent, Prairies

« Le plus important à mes yeux, c'est de redonner à autrui. Il n'y a jamais eu dans ma vie d'influence positive [moi qui suis diabétique] et c'est ce que j'ai voulu exercer auprès des enfants. Beaucoup d'enfants qui prennent part au programme en sont venus à donner des exposés à l'école, à redonner à autrui, et à venir en aide. C'est ce qui à mes yeux compte le plus : leur apporter un soutien et être présent pour eux ».

Domaines de bénévolat : diabète; médias sociaux; mobilisation populaire, sport, modèle de comportement pour les jeunes.

Sukhmeet Singh Sachal, Leader émergent, Colombie-Britannique et le Nord

« J'ai grandi en Inde… Le jour de mon 5e anniversaire… Je me suis rendu à un endroit où j'ai aperçu un enfant, les pieds enchainés à un lit brisé. Cette image fut si marquante qu'elle a suscité en moi le besoin d'aider autrui. Lorsque j'ai vu cet enfant, j'étais en état de choc… J'ai décidé que j'allais, à chacun de mes anniversaires, me consacrer à aider d'autres gens. Je recevais des cadeaux d'anniversaire tous les 2 ans et j'allais tout simplement les donner aux autres enfants [dans ce centre] ».

Domaines de bénévolat : lutte contre l'intimidation; solidarité avec les groupes marginalisés; prise de parole en public; leadership des jeunes du Nord.

Audrey Burt, Leadership communautaire, Québec

« Ce qui était au départ une passion est devenue ensuite ma vie professionnelle… [Mon fils] est ma boussole; c'est pour lui que nous avons commencé tout ça… Selon moi, quel que soit l'état dans lequel nous naissons, nous avons tous le droit de vivre la meilleure vie possible. J'en suis sincèrement convaincue et j'entends faire des pieds et des mains afin que mon fils bénéficie d'un espace bien à lui, tout comme les autres personnes dans la même situation que lui ».

Domaines de bénévolat : services d'autisme, conscientisation, formation.

Arusha Centre Society (Sierra Love), Innovation sociale, Prairies

« J'estime que le bénévolat change véritablement le cours des choses dans la vie des gens sous toutes ses facettes différentes. Le bénévolat s'est toujours révélé à mes yeux une source de croissance personnelle et un moyen de redonner à ma collectivité ».

Domaines de bénévolat : justice sociale; environnement; viabilité économique.

Japanese Community Volunteers Association (David Iwaasa), Innovation sociale, Colombie-Britannique et le Nord

« Certains considèrent le bénévolat comme du travail, mais ce processus est source d'apprentissage et permet de travailler sur soi. Rendre service est un plaisir, et la participation de nos bénévoles se révèle cruciale »

Domaines de bénévolat : intégration des aînés, soutien communautaire.

Oswald Sawh, Leadership communautaire, Prairies

« Le bénévolat s'est révélé très thérapeutique pour moi… Je constate que le fait d'être bénévole a presque quelque chose d'apaisant, et cet effet apaisant agit sur soi et sur autrui. Il y a quelque chose de gratifiant à venir en aide aux autres. C'est ce que je retiens du bénévolat : on donne, mais on reçoit également ».

Domaines de bénévolat : mauvais traitements; violence conjugale; prévention de la colère; société compatissante; problèmes vécus par les Autochtones.

Sue Duguay, Leader émergent, Atlantique

« Nous devons prendre conscience du pouvoir potentiel d'un mouvement, tout particulièrement ces jours-ci, parce qu'il ne s'agit pas strictement de se rassembler autour d'une organisation ou d'une idée, mais de se rallier à des mouvements. Nous parlons d'améliorer la société au moyen des mouvements. Donc, si une personne parvient à s'investir dans plusieurs mouvements, nous en arrivons à une société améliorée ».

Domaines de bénévolat : mobilisation politique des jeunes; langues officielles; participation communautaire des jeunes.

Paul Nguyen, Leadership communautaire, Ontario

« Je n'avais pas l'intention de devenir militant et ce n'est pas ainsi que je souhaite me désigner, mais je suis d'avis que chaque personne qui grandit dans un quartier difficile est militant de cœur ».

Domaines de bénévolat : jeunes marginalisés et à risque; recours aux médias pour la participation communautaire; journalisme positif.

Cornelis Zandbergen, Leadership communautaire, Colombie-Britannique et le Nord

« J'estime que le fait de communiquer mes expériences et de faire part de mon dévouement et de ce que nous avons à offrir à notre province, j'estime donc que nos nouveaux bénévoles, à la sortie du cours, ont le sentiment d'avoir fait le bon choix en devenant bénévoles. Un grand nombre d'entre eux sont également devenus des chefs de file dans leur collectivité respective ».

Domaines de bénévolat : premier intervenant; Croix-Rouge à l'échelle locale et internationale; campagnes de financement.

David Bradley, Leadership communautaire, Atlantique

« Notre histoire en est une de revitalisation communautaire face au recul économique. Mais j'estime que c'est également l'histoire d'une manière d'accroître l'attrait exercé par une collectivité sur les gens qui y vivent et d'en faire pour eux globalement un milieu de vie amélioré ».

Domaines de bénévolat : développement communautaire économique, patrimoine et culture.

ENMAX Corporation (Elly Nordstrom et Jennifer Hamilton), Leadership d'entreprise, Prairies

« Nous continuerons de mettre en lien les gens au sein de la collectivité et d'optimiser leur potentiel. Tout compte fait, c'est ce que nous accomplissons ».

Domaines de bénévolat : participation bénévole organisationnelle.

Gerald Mak, Leader émergent, Ontario

« Il est essentiellement important de faire du bénévolat parce que nous devons redonner à la collectivité. Si je suis en mesure de mettre en lien ces différentes personnes pour les aider à obtenir du financement – ou que ce soit pour une collaboration et ainsi de suite – j'estime que tel est notre devoir à titre de bénévoles ».

Domaines de bénévolat : participation communautaire des jeunes; modèle de comportement pour les jeunes; entrepreneuriat; campagnes de financement; participation des comités communautaires.

David McAntony Gibson – GlobalMedic (Rahul Singh), Innovation sociale, Ontario

« Si vous avez un groupe de gens soucieux du bien public, qui souhaitent faire du bénévolat et que vous souhaitez vous rendre sur le terrain pour abaisser le coût de l'aide humanitaire de façon à ce que nous puissions parvenir aux zones en crise, je vous garantis que mon groupe répondra toujours présent pour donner de l'espoir et apporter une aide humanitaire sur place ».

Domaines de bénévolat : aide humanitaire et secours en cas de catastrophe; partenariats; innovation.

PEI Credit Unions (Katherine Ryan et David Chapman), Leadership d'entreprise, Atlantique

« Qu'il s'agisse de coordonner un événement ou de prêter main-forte à une équipe sportive, quel que soit le besoin, nous sommes toujours disposés à agir rapidement dans notre collectivité lorsque la situation l'exige. Ce qui nous ramène une fois de plus à notre esprit communautaire très poussé et à notre volonté de tout faire pour améliorer la situation de nos membres et l'état de notre collectivité ».

Domaines de bénévolat : participation bénévole communautaire et organisationnelle; connaissances financières; campagnes de financement.

Sébastien Verger Leboeuf, Leader émergent, Québec

« Nous parlons beaucoup du partage fondé sur la solidarité, du don, et de la transmission des connaissances entre générations. Sans ces éléments, je ne serais pas ici aujourd'hui parce que c'est grâce essentiellement à des adultes ou des personnes plus âgées que moi que je suis ici aujourd'hui. J'ai commencé à 15 ans, lorsque mon père m'a fortement incité à donner des cours sur la sécurité nautique. Cette insistance de mon père, je m'en réjouis aujourd'hui parce qu'elle m'a permis de progresser. À l'heure actuelle, j'adore travailler avec les enfants parce qu'ils sont curieux et souhaitent tout voir et tout apprendre ».

Domaines de bénévolat : équipes de recherche et de sauvetage; campagnes de financement; formation et acquisition de compétences; organisateur communautaire.

Yellowknife District Charge Co-operative (Donald Babey), Leadership d'entreprise, Colombie-Britannique et le Nord

« Nous avons véritablement à cœur notre collectivité d'une façon qui, à mon sens, diffère d'une entreprise à but lucratif qui a des objectifs financiers à atteindre. Certes, nous devons réaliser des profits et nous maintenir à flot, mais nous sommes aussi très fortement attachés à notre collectivité et nous entretenons des liens solides avec toutes les personnes où nous habitons, ce qui fait de Yellowknife la meilleure collectivité qui soit ».

Domaines de bénévolat : sécurité alimentaire; participation communautaire; campagne de financement.

Choices for Youth (Sheldon Pollett), Innovation sociale, Atlantique

« Nous ne pourrions jamais accomplir tout ce que nous réalisons sans un nombre considérable de bénévoles dans notre collectivité, dont actuellement ma propre fille de 16 ans qui adore le bénévolat. C'est ce dont nous avons besoin. Il faut l'apport complet d'une collectivité afin d'obtenir de telles retombées sur un nombre appréciable de jeunes au pays qui, en toute franchise, sont en danger ».

Domaines de bénévolat : jeunes à risque; itinérance; logement supervisé; intervention de crise.

Tangerine (Lyndsay Alves), Leadership d'entreprise, Ontario

« En notre qualité de chef de file dans la participation bénévole organisationnelle, nous œuvrons à appuyer les organisations et les programmes qui inspirent l'estime de soi, le travail d'équipe et le leadership, et favorisent un sentiment d'appartenance et d'acceptation. Nous avons établi de solides rapports avec les collectivités à l'aide des organisations locales sans but lucratif, et nous inspirons nos employés et leur famille, les membres des collectivités locales et les Canadiens à l'échelle nationale à prendre part au renforcement de leur collectivité ».

Domaines de bénévolat : estime de soi; travail d'équipe; leadership; partenariats; participation bénévole organisationnelle.

Accueil Bonneau (Aline Bourcier), Innovation sociale, Québec

« Nous avons joué un rôle clé parmi le groupe des sans-abri de Montréal. La mission de notre organisme consiste à fournir un abri aux personnes sans-abri ou à celles qui risquent de le devenir, à leur permettre de combler leurs besoins essentiels, de s'intégrer à la société et de trouver un logement, ainsi qu'à rehausser leur qualité de vie et leur bien-être ».

Domaines de bénévolat : services aux sans-abri; soins de santé préventifs; apiculture en milieu urbain; entreprise sociale.

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