Endroits où l'on trouve des espèces exotiques envahissantes

Introduction

Selon l'Union mondiale pour la nature, les espèces exotiques envahissantes constituent la deuxième menace la plus importante pour la biodiversité, après la destruction de l'habitat. Aucune région du Canada n'est immunisée contre les possibilités d'invasion par des espèces exotiques, et on peut déjà en observer les conséquences dans bon nombre d'écosystèmes, sinon tous.

Dans leurs nouveaux écosystèmes, les espèces exotiques envahissantes deviennent des prédateurs, des compétiteurs, des parasites, des géniteurs d'hybrides et des sources de maladies pour nos plantes et nos animaux indigènes et domestiques. L'impact des espèces exotiques envahissantes sur les écosystèmes, les habitats et les espèces indigènes est grave et souvent irréversible.

Cynanche
Botrylle étoilé © Pêches et Océans Canada
Guêpe perce-bois © David R. Lance, USDA APHIS PPQ, bugwood.org
Salicaire © John D. Byrd, Mississippi State University, bugwood.org

En 2002, on a estimé que 24 % des espèces considérées «en péril» par le Comité sur la situation des espèces en péril pouvaient être menacées par les espèces exotiques envahissantes. Parmi les quelques 90 espèces indigènes considérées ainsi « en péril », mentionnons le guillemot à cou blanc, le lycène insulaire, la castilléja dorée, la salamandre tigrée, le scinque des Prairies du Nord, le châtaignier d'Amérique, l'écureuil volant de l'Est, et le ginseng.

De même, dans les Grands Lacs, qui abritent actuellement plus de 160 espèces exotiques, la lamproie est considérée comme responsable de l'extinction du cisco de profondeur, et la moule zébrée a extirpé les moules indigènes dans certains secteurs.

Il est clair que les espèces exotiques envahissantes constituent un facteur de plus en plus important dans le déclin des espèces indigènes tant dans les écosystèmes aquatiques que terrestres.

Environnements terrestres

Bon nombre des environnements terrestres diversifiés du Canada ont subi les répercussions d'espèces envahissantes de plantes, d'animaux, d'insectes et de maladies. Les espèces envahissantes sont observées le plus souvent dans les zones urbaines ou près de celles-ci, ainsi que partout dans la nature habitée. On peut aussi trouver ces espèces dans bon nombre de régions éloignées au Canada, y compris l'Arctique.

Longicorne asiatique © Michael Bohne, USDA Forest Service, bugwood.org

On indique ci-dessous quelques espèces exotiques envahissantes observées dans les environnements terrestres du Canada.

Tableau 1 : Espèces exotiques envahissantes observées dans les environnements terrestres
Nom d'espèces: Description:
Renouée du Japon
(plante)
  • Grosse plante vivace, indigène en Chine, au Japon et en Corée.
  • Croissance rapide - elle peut atteindre deux mètres au cours d'une seule saison de croissance.
  • Cette plante se répand principalement par les matériaux végétaux rejetés, ou dans le sol qui contient du matériel végétal.
  • On l'observe dans de nombreux centres urbains partout au Canada, et en bordure de certaines routes en Nouvelle-Écosse.
  • Des buissons denses excluent tout autre type de végétation.
Rat surmulot
(mammifère)
  • Espèce de mammifère originaire de l'Asie centrale.
  • Il s'agit d'une espèce qui a suivi l'établissement de l'homme dans tous les continents du monde.
  • L'espèce est prolifique.
  • Elle peut causer des dommages importants aux cultures, aux immeubles et aux magasins d'alimentation.
  • Elle constitue un risque majeur pour la santé de l'homme.
  • On observe les rats surmulots dans toutes les provinces sauf l'Alberta, qui lutte activement depuis 50 ans pour les empêcher de s'introduire dans la province.
Perce-oreille européen
(insecte)
  • Observé initialement à Terre-Neuve entre 1827 et 1835.
  • L'espèce s'est répandue depuis dans tous les centres urbains au pays.
  • L'insecte n'est pas directement nuisible à l'homme.
  • Il s'agit d'un détritivore nocturne qui se nourrit de matériaux végétaux en décomposition, ainsi que de feuilles, de fleurs et de fruits.
  • Il peut devenir un animal nuisible majeur dans les propriétés urbaines, et peut entrer dans les habitations si la population est suffisamment importante.
Chancre du noyer cendré
(maladie)
  • Cette maladie constitue une menace grave pour le noyer cendré dans son territoire naturel.
  • À l'heure actuelle les scientifiques ne connaissent pas avec certitude l'origine de ce champignon, mais ils pensent qu'il provient de l'extérieur de l'Amérique du Nord.
  • Le noyer cendré est maintenant une espèce en péril en Ontario.
  • Les chancres qui se forment sur les tiges et les branches peuvent empêcher la circulation de l'eau et des nutriants dans l'arbre.
  • Le plus souvent, les chancres sur la tige principale tuent l'arbre.

Espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques

Les espèces envahissantes ont eu d'importants effets négatifs dans bon nombre de milieux aquatiques comme les rivières, les lacs et les océans. Que ces envahisseurs aient été libérés par des navires qui déversaient leur eau de ballast, ou par des pêcheurs qui vidaient leur seau à appâts contenant des espèces non indigènes, ou même par des gens qui se débarrassaient de plantes ou d'animaux d'aquarium, les résultats sont les mêmes. Une nouvelle espèce aquatique peut perturber l'équilibre naturel des écosystèmes dans lesquels elle est libérée.

La moule zébrée © Randy Westbrooks, U.S. Geological Survey, bugwood.org

On indique ci-dessous quelques espèces observées récemment dans les eaux canadiennes.

Tableau 1 : Milieux marins
Nom d'espèces : Description :
Crabe européen
  • Connu également sous le nom de coquerelle de mer.
  • Introduit pour la première fois dans les eaux au large de Cape Cod il y a plus d'un siècle.
  • A atteint les eaux du Nouveau-Brunswick dans les années 1950, et celles de la Colombie-Britannique en 1998.
  • Occupe le même habitat que les crabes, les myes, les huîtres et les moules indigènes.
Tuniciens
  • Les tuniciens envahisseurs ou «ascidies jaunes» sont des filtreurs qui croissent sur des objets stationnaires submergés.
  • On connaît cinq espèces envahissantes de tuniciens qui ont des répercussions sur l'aquaculture et les pêcheries des côtes est et ouest du Canada.
Tableau 2 : Environnements d'eau douce
Nom d'espèces : Descriptions :
Crabe chinois
  • Ce crabe passe la plus grande partie de son cycle de vie dans les environnements d'eau douce.
  • Le Canada n'abrite pas d'espèces indigènes de crabe d'eau douce.
  • Bien que cette espèce ait été découverte initialement dans le lac Érié en 1965, elle n'a pas été capable de s'établir dans les Grands Lacs, probablement parce que son cycle de vie nécessite tant un milieu marin qu'un environnement d'eau douce.
  • Cette espèce représente une menace importante pour le fleuve Saint-Laurent ainsi que ses nombreux affluents.
Moule zébrée
  • Découverte initialement dans les Grands Lacs vers 1986.
  • Elle est à l'origine d'une modification importante du fond des lacs, perturbant l'habitat des poissons et le frai.
  • Les populations de moules dominent souvent près du rivage, modifiant les processus naturels comme l'arrivée des nutriants dans les eaux plus profondes.
  • Les moules excrètent aussi des nutriants, ce qui crée un environnement pouvant être associé à des problèmes de qualité de l'eau, comme la salissure algale sur les rivages rocheux, un mauvais goût de l'eau potable et des épidémies létales de botulisme parmi les espèces fauniques, particulièrement lors de périodes où les eaux sont chaudes.
Gobie à taches noires
(poisson)
  • Introduit dans la rivière St. Clair en 1990 probablement à partir d'eau de ballast déversée par des navires provenant du sud de l'Europe.
  • L'espèce a depuis colonisé les cinq Grands Lacs.
  • L'espèce a eu des répercussions sur les populations de poissons indigènes.
  • En Ontario, il est illégal de posséder des gobies à taches noires vivants ou de les utiliser comme appâts.
  • Ce poisson peut frayer plus d'une fois par année.

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