Vers des municipalités plus inclusives

 Conseil québécois LGBT

Le Conseil québécois LGBT a une chose en commun avec plusieurs organismes LGBTQIA2+, il vise des changements systémiques pour favoriser l’inclusion des personnes LGBTQIA2+ dans toutes les sphères de la société.

« On y va tranquillement pas vite », nous dit Sheba Akpokli, co-coordinatrice de projet au Conseil québécois LGBT, « mais, je pense qu’avec la volonté politique et des projets comme le guide des municipalités inclusives qui montrent que c’est possible, j’ai quand même bon espoir qu’on va y arriver! ».

Le Guide pratique pour des municipalités québécoises inclusives des personnes LGBTQIA2+ est un outil pour aider les municipalités à combler les lacunes en matière d’inclusion dans la sphère municipale, un palier de gouvernement qui possède un pouvoir d’action croissant. Il comprend des recommandations concrètes et des outils pratiques qui peuvent être adaptés à différentes municipalités dans le but de rendre leurs politiques, services et interactions avec les populations LGBTQIA2+ plus inclusifs. 

Mobiliser le pouvoir d’agir des municipalités

Les municipalités assument de plus en plus de responsabilités envers leur collectivité locale, parce qu’elles représentent le palier de gouvernement ayant le contact le plus direct aux populations qu’elles desservent.

« Les dossiers sur lesquels travaillent les municipalités sont multiples et les enjeux variés », explique Sheba. L’élargissement des mandats municipaux et la pluralité des dossiers font en sorte que les municipalités doivent prioriser les enjeux à gérer.

À travers une série de consultations, Sheba et son équipe ont travaillé de près avec leurs organismes membres pour mettre au point des stratégies et promouvoir des outils et politiques d’inclusion qui peuvent être facilement intégrés et adaptés à différents milieux municipaux.

Sheba nous dit : « il était important d’équiper nos membres afin de leur permettre de continuer le projet dans leur milieu, accroître leur impact et rejoindre plus de personnes. » La reconnaissance des réalisations antérieures des municipalités et la possibilité d’incorporer des recommandations dans les projets en cours ont été bien accueillies par ces dernières.

L’importance d’une perspective intersectionnelle

Le Conseil a valorisé une approche intersectionnelle dans l’ensemble de son guide et de ses interactions avec les municipalités. Comme le souligne Sheba, la population n’est pas homogène et l’intersectionnalité apporte une lentille qui permet de voir les défis spécifiques que vivent différents groupes, comme les personnes aînées LGBTQIA2+ ou encore les femmes noires immigrantes qui viennent d’arriver au Canada.

L’approche intersectionnelle que propose le guide permet aux municipalités d’examiner si une politique rejoint réellement toute la population.

L’accessibilité et l’utilisation des espaces publics comme les parcs sont des sujets qui ont été évoqués lors de rencontres avec les municipalités. Les populations qui se servent le plus souvent de ces espaces sont les femmes et les personnes issues des minorités. Un parc qui est propre et bien entretenu ne desservira pas plus ces deux groupes s’il n’est pas adéquatement éclairé le soir. Ces populations prendront un autre chemin pour se rendre à leur destination même s’il y a un chemin plus rapide qui passe par le parc. Cette expérience diffère de celle d’un homme cisgenre hétérosexuel qui ne craindra pas d’être agressé dans ce même parc.

Les municipalités ont souvent tendance à tomber dans le piège de l’universalité pour desservir leurs populations. « Le piège de l’universalité c’est qu’on ne voit pas les défis spécifiques que vivent certains types de populations », explique Sheba. Pour comprendre les causes profondes des réalités vécues par les populations LGBTQIA2+, il est essentiel de réaliser une évaluation intersectionnelle des enjeux qui les affectent.

La pérennisation du projet

Le guide des municipalités inclusives a été bien reçu par toutes les personnes qui l’ont consulté.

Sheba exprime que « c’était vraiment agréable de voir que depuis la présentation du guide, les municipalités sont allées chercher l’outil, l’ont téléchargé et l’ont inclus dans leurs ressources pour les aider dans leur travail d’inclusion. C’était un des moments de pur bonheur et de satisfaction qu’on a eu! ».

Bien que le projet ait pris fin en mars 2024, la diffusion du guide et la mobilisation autour de la question d’inclusion au niveau municipal se poursuivent. Plusieurs personnes qui sont membres du Conseil se sont inspirées du guide pour proposer des actions de continuité et se sont engagées à continuer à en parler.

Le guide a même parcouru de longues distances pour rejoindre des municipalités francophones à l’extérieur du Québec, intéressées par cet outil.

Une dernière réflexion

S’il y a un message que Sheba espère que les gens retiennent après avoir consulté le guide, c’est celui-ci : « Nos communautés ne sont pas homogènes, isolées quelque part dans la population. On est dans toutes les sphères. Nos populations sont parmi les plus touchées en matière d’accès aux logements en raison de la précarité et de la forte représentation parmi les populations en situation d’itinérance ou encore en matière d’accès aux soins de santé de qualité.

Plus récemment, nous voyons aussi la montée des discours haineux à l’endroit de nos communautés, ainsi que le recul de nos droits. On a besoin que les municipalités portent cette lunette intersectionnelle, pour s’assurer que nos réalités sont représentées dans les politiques et les services qu’elles offrent. Avec de la volonté politique, l’engagement municipal aura des impacts plus grands ».

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2024-08-12