Station des Forces canadiennes Alert

Située sur l’île d’Ellesmere, au Nunavut, la SFC Alert est le lieu habité en permanence le plus au nord sur la planète, à seulement 817 kilomètres du pôle Nord géographique.
Le 1er avril 2009, l’Aviation royale canadienne (ARC) s’est vu confier le commandement de la SFC Alert. C’est maintenant une unité de la 8e Escadre Trenton, en Ontario.
La station Alert a d’abord été établie, au début des années 1950, comme station météorologique intégrée au réseau de stations météorologiques mixtes de l’Arctique. Le 1er septembre 1958, Alert assume un rôle opérationnel comme unité de renseignement sur les transmissions. La station Alert est ainsi devenue une station de radiotélégraphie sous le commandement de l’Armée canadienne.
Aujourd’hui, du personnel des Forces armées canadiennes (FAC), des employés du ministère de la Défense nationale (MDN), des employés d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et des employés contractuels forment la totalité de la population de la SFC Alert.
La SFC Alert entretient des installations de renseignement sur les transmissions afin de soutenir les opérations militaires canadiennes.
Par ailleurs, le personnel de la SFC Alert possède des moyens de géolocalisation pour appuyer les opérations et des installations de radiogoniométrie haute fréquence afin de soutenir les missions de recherche et de sauvetage et d’autres opérations, et prête aussi main-forte aux scientifiques d’Environnement et Changement climatique Canada. La station contribue aussi d’une façon fondamentale à l’affirmation de la souveraineté du Canada dans l’Arctique.
L’observatoire de veille de l’atmosphère du globe du docteur Neil Trivett appartient à ECCC. Il fournit des données pour les évaluations scientifiques et autres recherches atmosphériques qui permettent de mieux comprendre les changements climatiques et évaluer la qualité de l’air dans l’Arctique et à travers le monde. Alert est aussi une station météorologique de haute atmosphère.
Au fil des ans, les avancées technologiques ont permis de réduire le personnel nécessaire pour gérer le rôle de renseignements opérationnels et de transmissions.
Il y a environ 55 militaires et civils à temps plein à la station.
En règle générale, le personnel des FAC passe six mois à la SFC Alert, cependant, la rotation pour certains postes spécialisés est de trois mois.
Le personnel militaire qui accumule 180 jours de service honorable lors de leur affectation à la SFC Alert, ou dans le cadre du déploiement opérationnel d’une force militaire à Alert, est admissible à la Médaille du service spécial.
Eureka est situé sur l’île d’Ellesmere, Nunavut, au 80° de latitude Nord, environ 400 kilomètres au sud de la Station des Forces canadiennes Alert, ce qui fait d’Eureka le deuxième lieu habité en permanence situé le plus au nord sur la planète. Eureka comprend un aéroport, « Fort Eureka » (les quartiers du personnel militaire qui effectuent la maintenance de l’équipement de communication) et d’une station météorologique d’ECCC. Eureka a été fondé il y a environ 70 ans dans le cadre de la mise en place du réseau Canada-États-Unis de stations météorologiques de l’Arctique après la guerre.
La SFC Alert est située à l’extrémité nord-est de l’île Ellesmere, dans l’archipel Arctique canadien, sur le territoire du Nunavut.
Elle se trouve au 82° 30' de latitude Nord et 62° 19' de longitude Ouest. C’est environ la même longitude que Charlottetown, sur l’île du Prince-Édouard.
La SFC Alert se trouve à 817 km du pôle Nord géographique.
La localité la plus proche est Grise Fjord, à environ 725 km au sud. La station météorologique d’ECCC d’Eureka est environ 400 km au sud. Bien qu’Edmonton, en Alberta, soit la ville canadienne la plus proche, à 3 475 km de distance, Stockholm, en Suède, n’est qu’à 3 282 km.
La SFC Alert utilise le même fuseau horaire qu’Ottawa, soit l’heure normale ou avancée de l’Est.La balise d’Alert, souvent photographiée, affiche plusieurs autres distances d’Alert, incluant :
Vancouver (C.-B.) |
4 264 kilomètres |
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Winnipeg (Man.) |
3 990 kilomètres |
Toronto (Ont.) |
4 344 kilomètres |
Ottawa (Ont.) |
4 151 kilomètres |
Montréal (Qc) |
4 135 kilomètres |
Halifax (N.-É.) |
4 183 kilomètres |
Baie Resolute (Nunavut) |
1 046 kilomètres |
Thule Air Force Base (United States Air Force (USAF)) (Groenland) |
676 kilomètres |
Le terrain aux alentours de la SFC Alert est accidenté et parsemé de collines et de vallées. La chaîne de montagnes United States est visible à l’ouest et, par temps clair, on peut apercevoir les pics et les falaises du Groenland, à 56 km au sud-est.
La banquise persiste généralement au large pendant l’été et forme une masse ininterrompue de la rive à l’horizon en hiver. Le trait de côte est irrégulier, avec de nombreux bras, baies et pointes. Les roches de la région se composent presque exclusivement d’ardoise et de schiste argileux, qui se brisent facilement en formant des ravins et des canyons, dans les régions de plateau, et d’argile pierreuse sur la côte. En été, le schiste se décompose en une poussière très fine et pénétrante, et le sol dégèle par endroits jusqu’à une profondeur de un mètre, en dessous de laquelle se trouve le pergélisol.
Bien que, dans la région, le sol soit pauvre et les conditions de croissance très difficiles, on y trouve plus de 70 espèces végétales. Les plantes réussissent à survivre à l’abri des collines et dans les fissures du sol et, pendant la plus grande partie de juillet et août, des fleurs miniatures poussent en abondance, et tous les endroits abrités regorgent d’une profusion de rouge, de mauve, de blanc et de jaune. Parmi les plantes courantes figurent le pâturin glauque, la stellaire moyenne, le pavot d’Islande, la saxifrage, le saule de l’Arctique et la dryade à feuilles entières.
La faune de la région présente une étonnante diversité, mais des populations réduites, étant donné la rareté de la nourriture disponible. Le lièvre arctique et le renard arctique sont présents dans la région, et on peut y voir à l’occasion des phoques, des loups arctiques, des bœufs musqués, des caribous, des lemmings et des martres (hermines).
De nombreux types d’oiseaux nichent dans la région en été, mais la quittent en septembre. Il s’agit de goélands bourgmestres, de mouettes blanches, de labbes à longue queue, de bécasseaux, de tournepierres, de bruants des neiges, et, à l’occasion, d’oies des neiges. Bien que les insectes semblent presque totalement absents, les araignées, les mouches à chevreuil et les hypodermes (bleus) abondent sur l’île d’Ellesmere. À certains endroits, de petites mouches se rassemblent en nuées à quelques pouces au-dessus de rochers, sur les flancs de collines réchauffés par le soleil, mais elles ne dérangent pas.
Les différences environnementales les plus marquées par rapport au sud du Canada sont les périodes de clarté et d’obscurité totales, les températures ambiantes plus basses, et les précipitations annuelles moins importantes.
Du 8 avril au 5 septembre environ, il n’y a absolument aucune période d’obscurité. Au milieu de l’été, le soleil s’élève à environ 30˚ au-dessus de l’horizon à midi et descend à environ 16˚ à minuit.
Du 10 octobre au 1er mars, il n’y a pas de lumière directe provenant du soleil. Entre ces deux extrêmes, on observe une période de transition relativement courte d’environ six semaines.
Pendant les mois d’été, la SFC Alert connaît environ 28 jours sans gel. La température maximale moyenne le jour est d’environ 10 ˚C, et la température la plus élevée enregistrée est 20 ˚C.
En juillet, le mois le plus chaud, la température moyenne le jour est de 4 ˚C. Durant l’hiver, la température est généralement autour de -40 ˚C pendant des périodes prolongées; la température la plus basse jamais enregistrée est de -50 ˚C. De violentes tempêtes peuvent survenir avec peu de préavis; la visibilité se détériore alors rapidement jusqu’à devenir nulle à cause de la poudrerie. La capacité du corps humain à garder sa chaleur est également considérablement affectée lorsque le vent devient plus fort. Cet effet, appelé « facteur éolien », fait en sorte que la température paraît plus basse que ce qu’indique le thermomètre.
Cela est survenu, par exemple, le 23 janvier 1993, alors que le thermomètre indiquait -45 ˚C, mais que la température ressentie était de -71 ˚C à cause des vents de 40 km/h. À des températures inférieures à -30 ˚C, la peau humaine gèle en moins d’une minute si elle n’est pas protégée; il est donc impératif que tous les résidants de la station Alert s’habillent en conséquence lorsqu’ils quittent la région immédiate du camp.
La région entourant Alert, tout comme la plus grande partie de l’Extrême-Arctique, est considérée comme un désert. Cela peut paraître étrange quand on pense que l’endroit est couvert de neige la plus grande partie de l’année, mais les précipitations moyennes qui tombent sur la région de la SFC Alert sont inférieures à celles qui tombent sur le désert du Sahara.Depuis 1951, lorsqu’on a commencé à enregistrer des données météorologiques, les pluies annuelles moyennes à Alert atteignent seulement 17,5 mm et tombent principalement en juillet et en août. Il neige cependant chaque mois, la moyenne annuelle étant de 148,1 centimètres (cm). De tous les mois, c’est septembre qui reçoit la plus importante quantité de neige, avec une moyenne de 33 cm.
La SFC Alert porte le nom d’un navire britannique, le Navire de Sa Majesté Alert, qui a passé l’hiver 1875-1876 dans une petite baie près du cap Sheridan (à 9,7 km à l’est de la SFC Alert). Le navire était sous le commandement de Sir George Nares qui recherchait depuis longtemps les vestiges de la malheureuse expédition de Franklin.
Tentant d’atteindre le pôle Nord, Nares a été le premier à poser le pied sur l’île inhabitée d’Ellesmere, et son expédition s’est rendue plus loin au nord que toute autre expédition à cette époque.[1]
En 1950, la SFC Alert a été mise en place comme station météorologique intégrée au réseau de stations météorologiques mixtes de l’Arctique. Dès l’implantation de la station, le gouvernement du Canada s’est montré disposé à l’utiliser pour imposer la souveraineté du Canada sur l’Extrême-Arctique du continent nord-américain. L’emplacement de la SFC Alert, plus près de Moscou que d’Ottawa et de la Russie que de la baie Frobisher (maintenant Iqaluit), lui a conféré une importance certaine durant la guerre froide.
Par conséquent, en 1956, une équipe de communication de l’ARC a été mandatée pour effectuer des recherches expérimentales sur les communications à longue portée dans l’Extrême-Arctique.
Sans cesse grandissante, la station Alert est devenue une station de radiotélégraphie en 1958 sous le commandement de l’Armée canadienne. Dans les années 1960, à la suite de l’unification, la station de radiotélégraphie Alert est devenue la SFC Alert. Elle relevait du Réseau radio supplémentaire des Forces canadiennes.
Jusqu’au 31 mars 2009, la SFC Alert relevait du sous-ministre délégué (Gestion de l’information) par l’entremise du Groupe des opérations d’information des Forces canadiennes.
Le 1er avril 2009, la station a été intégrée à la Force aérienne et est devenue une unité de la 8e Escadre Trenton, Ontario, retrouvant ainsi ses racines d’installation de l’ARC.
La passation du pouvoir de commandement s’est effectuée à l’aube de la modernisation de l’équipement et des processus à la station, ce qui a entraîné une réduction du personnel nécessaire pour la gestion et un changement pour le reste des activités.
« À mesure que la technologie évolue, les opérations à Alert sont exécutées à distance », a indiqué le lieutenant-colonel Stewart Beal, de la Direction – Programmes (Air) lors de la passation de commandement. « Nous en sommes maintenant à un stade où la plupart des militaires à Alert font partie du personnel de soutien. »
En conséquence, le soutien logistique qui était déjà fourni par l’ARC est devenu le secteur d’activité central de la station, ce qui a exigé un changement officiel du pouvoir de commandement. Les tâches qui relèvent maintenant officiellement de l’ARC comprennent l’utilisation de la station, des installations et de l’équipement militaires, ainsi que la gestion de toutes les ententes, de tous les contrats et de toutes les politiques concernant Alert.
Le Commandement des opérations interarmées du Canada est responsable de mener l’opération Boxtop deux fois par année, pendant lesquelles la SFC Alert et la station météorologique à Eureka sont réapprovisionnées. Les vols de ravitaillement passent par la base de l’USAF, à Thule, au Groenland.
Des expéditions sont régulièrement entreprises dans l’archipel Arctique canadien et le MDN examine au cas par cas les demandes de soutien qui lui sont adressées.
Système de transmission de données dans l’Extrême Arctique (HADCS)
En mars 2008, 15 militaires du 444e Escadron de soutien au combat de la 5e Escadre Goose Bay (T.-N.-L.) ont participé à un déploiement à la SFC Alert avec deux CH146 Griffon afin d’aider les équipages à effectuer l’entretien du HADCS de la station.
Le HADCS est un système de transmission de données sécurisé entre la SFC Alert et Ottawa. Le système est composé, en partie, d’un réseau de six répéteurs de faisceau hertzien à portée visuelle entre la SFC Alert et Eureka, et d’un lien satellite entre Eureka et Ottawa.
1875 | L’équipage du NSM Alert hiverne devant Cape Sheridan, à quelque distance de l’emplacement actuel de la SFC Alert. |
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1948 | C.J. Hubbard, directeur du projet d’opérations dans l’Arctique du U.S. Weather Bureau et W.I. Griffith, le représentant du centre météorologique canadien examinent la région afin de choisir le futur site pour la station. |
1950 | Alert est établie comme station météorologique intégrée au réseau de stations météorologiques mixtes de l’Arctique exploité par les É.-U. et le Canada. |
1950 | Un avion Lancaster de l’ARC s’écrase lors d’une mission de ravitaillement, tuant les neuf membres d’équipage et passagers. |
1956 | L’ARC mandate une équipe de communication pour effectuer des recherches expérimentales à Alert. |
1957 | Le radio amateur est utilisé pour la première fois à Alert. |
1958 | Le 1er septembre, l’Armée canadienne établit une station de radiotélégraphie et commence les opérations de renseignement sur les transmissions à la station. |
1959 | Première expansion d’envergure pour Alert |
1966 | Le 11 juillet, le Réseau radio supplémentaire des Forces canadiennes (RRSFC, le prédécesseur du Groupe des opérations d’information des Forces canadiennes) est désigné comme formation. Les sites appartenant à l’organisation passent de stations de radiotélégraphie à stations des Forces canadiennes (SFC), incluant SFC Alert. |
1966 | Avec l’unification, la station de radiotélégraphie devient SFC Alert. |
1980 | Une liaison UHF est établie entre Alert et Eureka; le service de téléphonie est disponible pour la première fois à Alert. |
1980 | Pour la première fois, les femmes sont affectées à Alert dans le cadre de l’étude effectuée par les Forces canadiennes sur les femmes et les métiers non traditionnels. |
1981 | Début de la construction du Système de transmission des données dans l’Extrême Arctique; le projet est terminé en 1982. |
1983 | L’emploi des femmes à la SFC Alert est autorisé. |
1991 | Vol 22 de l’opération Boxtop s’écrase près d’Alert tuant cinq personnes. |
1997 | La dernière transmission de radio amateur est effectuée à partir d’Alert. |
1997 | Le projet de contrôle à distance de l’équipement est terminé, la dotation en personnel d’Alert est réduite de plus de 200 à 69 personnes. |
1998 | La mise à niveau HADCS II est terminée. |
2008 | Le personnel de la station est réduit à 21 militaires et 32 civils. |
2009 | Le 1er avril, l’ARC se voit confier le commandement de la SFC Alert. |
2018 | Le 1er septembre, la SFC Alert célèbre son 60e annivers. |
[1] Pour en savoir plus sur l’expédition de Nares et les autres explorateurs de l’Arctique, vous pouvez lire le livre de Pierre Berton, The Arctic Grail: The Quest for the North West Passage and the North Pole 1818 à1909, publié en 1988.
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