Dispatch : Une plateforme qui transforme les opérations de l’ARC

Article de revue / Le 1 mars 2020

Par le capitaine Andrew Sheahan, officier responsable des projets, 8e Escadron de soutien opérationnel, 8e Escadre Trenton, Ontario

Le capitaine Andrew Sheahan est l’un des officiers responsables des projets de la 8e Escadre et un contributeur clé du projet Dispatch. Il a travaillé en étroite collaboration avec le capitaine Amanda Whalen pendant la campagne de lancement, réalisant des essais du nouveau logiciel avec les escadrons de la 8e Escadre. Dans cet article pour le bulletin PERSpectives, il décrit le processus visé par Dispatch pour moderniser les opérations de mobilité aérienne de l’ARC.

Une équipe d’ingénieurs en logiciels du Centre de guerre aérospatiale de l’ARC, travaillant dans un laboratoire surnommé « Le poste de pilotage », a développé une nouvelle application pour transformer et simplifier le système de soutien logistique de la mobilité aérienne. Dispatch, comme son nom l’indique, est une plateforme destinée aux répartiteurs basés au Canada, qui offre un processus de soutien moderne aux membres de l’équipage de l’ARC déployés dans le monde entier. Elle utilise de nouveaux outils logiciels pour offrir une meilleure planification des missions aux membres de l’équipage, et permet aux répartiteurs de fournir un soutien plus réactif et plus agile lorsque la mission change à la dernière minute, un fait courant dans les opérations de l’ARC.

La vitesse et la portée de la mobilité aérienne de l’ARC ont considérablement augmenté au cours des 60 dernières années, permettant le déploiement d’une puissance aérienne plus précise et plus importante que par le passé. En revanche, le cadre de soutien a changé plus lentement. Quels que soient les endroits où les membres d’équipage voyagent, ils transportent avec eux un paquet de papiers administratifs qu’ils surnomment affectueusement le « ballon de football ». Au fil des années, le contenu de ce paquet s’est étendu pour comprendre des renseignements sur la manutention, le ravitaillement, les formalités douanières, l’hébergement, les autorisations diplomatiques, etc. Ce paquet contient souvent plus de 150 pages et est un fardeau pour l’équipage, qui doit le trier, le confirmer et le transporter partout dans le monde. Ce qui a été encore plus difficile a été le processus d’information de l’équipage lorsque le lieu et la date de la mission ont changé. Bien souvent, cela donne lieu à un nouveau « ballon de football » qui doit être relayé laborieusement pièce par pièce à un commandant de bord déjà débordé dans un lieu lointain (la plupart du temps par téléphone ou par courriel). « Avant l’arrivée de ce nouveau logiciel, il était extrêmement chronophage de noter toutes les modifications à la main, ou de trier des dizaines de courriels pour avoir les bons renseignements », précise le major Jeff Edwards, pilote d’un CC130H. « C’est vraiment une avancée majeure. »

Par conséquent, en s’éloignant radicalement de l’approche traditionnelle de l’approvisionnement, l’équipe d’ingénieurs en logiciels a tout simplement décidé de concevoir une solution à partir de zéro. « Après avoir rencontré plusieurs membres du 8 ESO et de plusieurs escadrons, j’ai constaté qu’ils avaient de très bonnes idées », se félicite C. Young. « Ce qui nous faisait défaut était une fonctionnalité permettant de transformer ces bonnes idées en une solution numérique livrable en très peu de temps et évolutive en fonction de l’usage. »

Forte de ce constat, l’équipe a suivi un cadre bien établi et testé en combat, connu sous le nom de « développement agile ». Utilisée depuis des décennies dans l’industrie, et plus récemment par l’équipe Kessel Run de la United States Air Force ainsi que les laboratoires connexes de développement de logiciels du département de la Défense, ce fut une première pour l’ARC.

Au cours des deux mois suivant la consultation initiale, tout au long du cycle de développement agile, l’équipe du 8 ESO a réalisé des essais de l’application Web dans le nuage. Le capitaine Amanda Whalen, qui occupait à l’époque un poste d’officier de répartition responsable du soutien des opérations de mobilité aérienne à Trenton, a supervisé le passage de l’ancien logiciel et de l’ancien système de gestion de la paperasse administrative aux nouveaux processus numériques modernes. Au cours du développement rapide et itératif du logiciel, elle a agi comme officier de liaison principal entre son personnel et l’équipe d’ingénieurs en logiciels pour cibler les difficultés et les possibilités d’efficience. Elle a joué un rôle déterminant dans la stratégie de lancement, déployant l’application aux escadrons et aux utilisateurs finaux, gérant leur rétroaction et aidant l’équipe d’ingénieurs en logiciels à traduire les problèmes des utilisateurs en solutions logicielles.

Pour les répartiteurs, l’application permet d’organiser une grande quantité de renseignements présentés de manière facilement compréhensible. Pour l’équipage, elle constitue un produit simplifié. Si la situation change, les données peuvent être facilement modifiées et les parties concernées en sont rapidement informées.

S’il ne fait aucun doute que ce nouveau produit profite aux répartiteurs, les résultats les plus notables ont été observés chez les membres de l’équipage. « Le temps que je gagne est considérable. La lecture de toutes les confirmations, qui me prenait auparavant plusieurs heures, ne me prend plus que quelques minutes », se réjouit le capitaine Alex Metson, pilote au sein du 437e Escadron de la 8e Escadre. « Ce qui est génial, c’est que tout est centralisé, accessible en dehors des heures de travail et facilement mis à jour lorsque l’on voyage. Je n’ai plus besoin d’appeler ma base à Trenton à 2 heures du matin et de copier les renseignements à la main. »

L’application laisse également entrevoir des avantages financiers importants. Comme la charge de travail représentée par la gestion de la paperasse administrative a diminué, le 8 ESO a pu réduire de près de 70 p. 100 son nombre de postes à temps plein, réaffectant plusieurs opérateurs compétents, assignés jusque-là à des tâches administratives, à des missions plus pertinentes, comme la cellule tactique des liaisons de données.

Le 8 ESO continue de collaborer avec l’équipe d’ingénieurs en logiciels en vue de réaliser des économies prévisionnelles de 4 à 6 millions de dollars par an en produits pétroliers d’aviation. Ceci sera possible en déterminant les situations optimales de suremport et en faisant des recommandations aux commandants de bord à l’aide de l’application. (Le suremport est la pratique qui consiste, pour un aéronef, à transporter du carburant supplémentaire à faible coût depuis des aéroports où le prix du carburant est peu coûteux vers des lieux isolés et austères où le prix du carburant est plus élevé, réduisant ainsi les achats de carburant à l’aéroport de destination.)

Dispatch met en place une nouvelle façon de faire des affaires. Mais surtout, ce logiciel prouve que l’ARC peut répondre aux besoins de son équipage de façon opportune à l’aide d’outils de pointe. Grâce à ce logiciel multifonction, l’équipage peut s’assurer que, pendant la mission et sa phase de préparation, toutes les considérations pertinentes ont été prises en compte. En cas de problème, un pilote peut communiquer avec le répartiteur concerné sur son dossier et collaborer avec lui pour trouver une solution.

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