Maréchal en chef de l’Air Frank Miller : Un chef civil et militaire (La Revue de l'ARC - ÉTÉ 2015 - Volume 4, Numéro 3)

Raymond Stouffer

Réimpression tirée du Sic Itur Ad Astra : Études sur la puissance aérospatiale canadienne Volume 1 - Aspects historiques du leadership dans la Force aérienne, 2009.

Le jeudi 28 avril 1960, le journal Ottawa Citizen annonçait que Frank Miller, l’ex-maréchal de l’Air et, plus récemment, sous-ministre (SM) de la Défense nationale, avait été choisi par le gouvernement Diefenbaker au poste de président du Comité des chefs d’état-major (CCEM), en remplacement du général Charles Foulkes. Les vingt-quatre années passées par M. Miller au service de l’Aviation royale du Canada (ARC) « lui ont permis d’acquérir une vaste expérience dans tous les domaines de la Défense »[1] [Traduction]. En tant que sous-ministre, M. Miller était « considéré comme un des esprits les plus vifs et perspicaces du ministère de la Défense »[2] [Traduction]. Dans le même article, on laissait entendre que les changements qu’il fallait apporter au sein des forces armées canadiennes exigeaient l’expérience, les compétences en gestion et le leadership de Miller. Aussi M. Miller était-il « vu comme l’une des rares personnes capables de faire des forces militaires canadiennes une force unifiée »[3] [Traduction]. Le retour de Frank Miller à l’uniforme était ainsi idéal, compte tenu de ses états de service et des hautes attentes qu’il inspirait. Il allait devenir le plus haut gradé au Canada, malgré la méconnaissance des Canadiens à son égard, qui subsiste encore de nos jours.

L’objectif du présent article est, en partie, de mettre en lumière la vie publique de Frank Miller et ainsi de permettre aux gens de savoir qui il était et pourquoi il a été choisi pour remplacer M. Foulkes. Le fait qu’une telle chose n’a jamais été entreprise auparavant en dit long sur le peu d’intérêt qu’accordent en général les spécialistes à l’ARC de l’époque de la Guerre froide et, plus particulièrement, sur le sérieux manque de biographies consacrées aux aviateurs canadiens importants. La carrière de M. Miller, aussi remarquable soit-elle, demeure ainsi de nos jours grandement inconnue et sous-estimée. Le fait d’en apprendre sur le service civil et militaire de M. Miller permettra non seulement de découvrir les raisons ayant motivé sa nomination au poste de président du CCEM, mais également de mettre en lumière le leadership militaire en temps de paix. Nous avançons que ceux qui ont choisi M. Miller ont vu en sa personne des qualités supérieures à ses homologues en matière de leadership et de compréhension des besoins des forces armées en temps de paix.

Pour appuyer cette thèse, nous mettrons l’accent sur deux facettes de la carrière de Frank Miller. Premièrement, sa montée dans les rangs et ses nominations à des postes de plus en plus importants seront décrites dans le contexte de l’ARC en temps de paix et en temps de guerre. Deuxièmement, les réalisations professionnelles de M. Miller seront comparées à celles de deux autres officiers supérieurs de l’époque dont la carrière fut couronnée de succès, à savoir Roy Slemon et Charles Foulkes. M. Slemon avait quatre ans de plus que M. Miller et s’était joint à l’ARC avant lui. Ces deux aviateurs ont eu des affectations similaires dans les secteurs de l’aviation et du commandement sur une période de plus de trois décennies. Leurs ascensions rapides au sein de l’ARC en temps de guerre et en temps de paix ont fait en sorte qu’ils étaient des rivaux professionnels. M. Slemon allait devenir Chef d’état-major de la Force aérienne (CEMFA) en 1953. Sept ans plus tard, M. Miller allait atteindre un grade plus élevé à titre de président du CCEM et de Chef d’état-major de la Défense (CEMD).

Selon un historien, Charles Foulkes avait compris mieux que ses rivaux que le leadership militaire en temps de paix durant la Guerre froide exigeait des aptitudes particulières. M. Foulkes était conscient du fait que la mise en place de coûteuses forces constituées en temps de paix représentait un défi énorme pour les gouvernements canadiens qui devaient trouver un équilibre judicieux entre les intérêts nationaux et internationaux[4]. Dans le présent article, nous avancerons que Frank Miller savait aussi bien que son prédécesseur – et peut-être savait-il mieux – relever les défis liés à la direction des forces militaires canadiennes durant les premières années de la Guerre froide. Les carrières militaire et civile de M. Miller lui ont permis non seulement de se distinguer de ses pairs, mais également de M. Foulkes. Frank Miller, et non Charles Foulkes, a été considéré comme étant le chef militaire le plus apte à guider les forces militaires canadiennes durant les années turbulentes de l’intégration et de l’unification des forces.

Un des grands défis que doit relever celui qui veut écrire au sujet de Frank Miller est la pénurie de sources à sa disposition. Du fait que M. Miller n’a pas tenu de journal personnel, il y a peu de sources primaires qui décrivent la carrière professionnelle de Frank Miller et encore moins qui font état des premières années de sa vie. Les sources secondaires s’avèrent peu utiles. Heureusement, il y a assez de documentation pour nous permettre de brosser un tableau raisonnable.

Frank Miller est né à Kamloops, Colombie-Britannique, le 30 avril 1908. Il a fréquenté l’école publique et l’école secondaire de Kamloops. De 1925 à 1931, il a suivi un programme de génie civil menant à un baccalauréat ès sciences à l’Université de l’Alberta. Durant ses années universitaires à Edmonton, M. Miller était membre du Corps-école d’officiers canadiens[5]. Après l’obtention de son diplôme, M. Miller souhaitait devenir pilote. Tout comme Roy Slemon quelques années auparavant, M. Miller fut accepté dans l’ARC parce que les planificateurs de l’entre-guerres « estimaient qu’un diplôme en génie était une qualification essentielle pour devenir pilote »[6] [Traduction]. De plus, ils avaient tous les deux manifesté leur désir de faire carrière dans les forces militaires, à titre de membres du Corps-école d’officiers canadiens.

Frank Miller a été nommé officier au sein de la Force régulière de l’ARC le 15 septembre 1931. Un mois plus tard, le Sous-lieutenant d’aviation Miller était affecté au 1er Escadron au Camp Borden, en Ontario. En décembre 1931, il a obtenu son brevet de pilote après avoir réussi un programme de formation au pilotage. Le 16 décembre, il a été promu au grade de lieutenant d’aviation[7]. Bien que Frank Miller se soit enrôlé dans l’ARC parce qu’il souhaitait piloter des avions, il n’était conscient ni de l’envergure nationale du Service, ni de son potentiel militaire en gestation. Avant son enrôlement, il avait l’impression que l’ARC se contentait d’assumer des fonctions non militaires. Il s’attendait à donner un coup de main à d’autres ministères en exécutant des tâches telles que la cartographie aérienne, la lutte contre les incendies ainsi que les vols de liaison et de transport[8]. Dans l’ensemble, les présuppositions de M. Miller concernant l’ARC de la période de l’entre-guerres se sont avérées exactes. Sa propre expérience allait confirmer que, pendant une grande partie de l’entre-guerres, les aviateurs canadiens étaient « des pilotes de brousse en uniforme »[Traduction]. Néanmoins, M. Miller a été impressionné par l’éventail des rôles assumés par l’ARC au début des années 1930.

Malheureusement pour Frank Miller et ses confrères de la Force aérienne, ils s’étaient enrôlés dans l’ARC au moment où les effets de la Grande Crise se sont manifestés. Cherchant désespérément à financer les programmes de secours, le gouvernement Bennett a réduit radicalement le budget militaire en 1932. L’ARC s’est vue contrainte à réduire considérablement son personnel. Se souvenant de cette époque, M. Miller dirait un jour : « Le sol s’est ouvert à mes pieds… on m’a flanqué à la porte [de l’ARC]! »[9] [Traduction]. Heureusement pour M. Miller, son « congé » temporaire de la Force aérienne devait être de courte durée. En juillet 1932, il a été embauché au Quartier général de la Force aérienne (QGFA) à Ottawa. En janvier 1933, il était de retour à Borden pour y poursuivre sa formation au pilotage. Cette fois, la formation a eu lieu à la School of Army Cooperation.

Frank Miller figurait parmi le nombre restreint d’aviateurs qui ont eu la chance de poursuivre leur formation durant les années qui ont suivi la grande compression budgétaire. En 1932-1933, l’ARC a subi une réduction de personnel, passant de 906 officiers et aviateurs à 694. Le gouvernement a réduit le budget militaire de plus d’un million de dollars par rapport aux années qui avaient précédé la Grande Crise, si bien qu’il se chiffrait à 1 405 000 dollars. L’ARC a libéré des aviateurs et radicalement restreint la formation au pilotage, des expériences que M. Miller a vécues lui-même. Dans certains cas, la formation au pilotage a été complètement interrompue. De plus, l’élargissement de l’ARC était impossible en raison du manque de fonds à consacrer à la construction de bases, aux vols opérationnels et de formation, ainsi qu’à l’achat de nouveaux aéronefs[10]. Les compressions budgétaires ont également entraîné une réduction des initiatives de perfectionnement professionnel destinées au personnel plus chevronné. Ce genre de formation coûtait cher. Les seuls cours destinés au personnel d’état-major à la disposition des aviateurs de grade supérieur, leur permettant d’apprendre les plus récentes percées dans la théorie de la puissance aérienne, ainsi que les services de commandement et d’état-major, étaient enseignés outre-mer par la Royal Air Force[11].

Bien que les activités de pilotage au Camp Borden aient été grandement réduites à l’époque, le Lieutenant d’aviation Miller a pu achever son cours de coopération avec l’armée du 1er février au 31 mai 1933. Il a accumulé trente-quatre heures de pilotage aux commandes du Avro 621 Tutor et une seule heure aux commandes d’un des trois Consolidated O-17 Courier de l’ARC. Ce cours visait clairement à familiariser les pilotes de l’ARC avec les moyens de concerter les opérations avec l’armée. On lui a enseigné la photographie aérienne, la lecture de cartes, l’observation d’artillerie et le code Morse[12].

Les aviateurs canadiens, qui suivaient attentivement les nouveaux développements en matière de puissance aérienne en Grande-Bretagne, détestaient l’idée de consacrer de précieuses heures de formation au soutien des opérations de l’armée. La doctrine de la RAF reposait sur la primauté du bombardement stratégique. Le soutien des forces terrestres n’était pas une priorité. Malheureusement pour l’ARC, elle n’était pas dans une position qui lui aurait permis de mettre en application sa théorie. Jusqu’en 1938, elle est demeurée subordonnée au Chef d’état-major général (CEMG). Les officiers supérieurs de l’armée souhaitaient que l’aviation soit contrôlée au niveau de la division ou du corps, tout comme durant la Première Guerre mondiale. Mises à part les exigences de l’Armée canadienne, le fait demeure que l’ARC de la période de la Grande Crise se contentait de n’importe quel type d’entraînement opérationnel, compte tenu du nombre restreint d’aéronefs et de pilotes à sa disposition.

Pour le reste de l’année 1933, le Lieutenant d’aviation Miller a continué sa formation au pilotage à Borden et à Ottawa, en Ontario. Il a réussi son cours de pilotage aux instruments à Borden en juin. Aux commandes d’un de Havilland (D.H.) 60 Gipsy Moth, le prédécesseur de l’omniprésent appareil d’entraînement utilisé en temps de guerre, le D.H. 62 Tiger Moth, M. Miller a obtenu une cotation générale de « très bien »[Traduction] de la part de son instructeur, le Commandant d’aviation R.S. Grandy. D’après Grandy, M. Miller avait accompli d’importants progrès et n’avait commis aucune faute majeure. En juillet, M. Miller a suivi le cours de conversion au pilotage d’hydravion à ARC Ottawa (Rockcliffe), où il a piloté le D.H. 60 Floatplane et le Vickers Vedette. Du 1er août au 22 décembre 1933, le Lieutenant d’aviation Miller était de retour à Borden pour suivre le cours d’officier de l’armement de l’escadron à l’École des armes de l’air et de bombardement. Ce cours lui a permis de prendre les commandes de divers aéronefs de l’ARC, notamment le Fairchild 71, le Courier, l’Armstrong Whitworth Siskin et le Gypsy Moth. Par conséquent, il est étonnant de constater que, durant une année où la plupart des activités de pilotage avaient été arrêtées au sein de l’ARC, Frank Miller est parvenu à achever quatre cours de pilotage[13]!

Devant se plier aux compressions financières des années de la Grande Crise, la Force permanente de l’ARC a maintenu une présence nationale ténue et un semblant d’activité aérienne. Sur la côte Ouest, l’ARC avait pour base la station ARC de Vancouver, domicile du 4e Escadron Flying Boat (FB) et de deux détachements mobiles. L’ARC y a affecté le Lieutenant d’aviation Miller en janvier 1934 pour amorcer sa première affectation à des opérations. En plus de sa tâche principale en tant que pilote d’escadron, il a été nommé adjudant d’unité[14]. En 1934, la menace d’une guerre en Europe ne se préciserait que plusieurs années plus tard. Ainsi, le 4e Escadron (Fighter Bomber) a continué d’exécuter des fonctions non militaires pour venir en aide à d’autres ministères fédéraux et provinciaux. M. Miller et ses confrères de l’escadron ont piloté des hydravions Vedette, Vancouver et Fairchild dans le cadre de missions de lutte contre la contrebande et de photographie aérienne[15].

En 1935, les cheminements professionnels de Frank Miller et de Roy Slemon se sont croisés pour la première fois. De 1933 à 1938, M. Slemon était affecté à Borden à titre d’instructeur de vol et d’officier d’état-major au Quartier général de l’ARC[16]. En avril 1935, le Capitaine d’aviation Slemon était l’instructeur de M. Miller pour le cours de navigation à vue. Il a accordé à M. Miller la cote « supérieur à la moyenne »[Traduction]. En juin de la même année, M. Miller a réussi le cours d’instructeur de vol. Il a été jugé « un excellent élève »[Traduction] par nul autre que le Commandant d’aviation G. E. Brookes, le futur commandant (cmdt) de l’aviation, Groupe no 6 (ARC)[17].

De 1935 à 1938, Frank Miller a assumé plusieurs affectations en tant qu’instructeur de vol et de navigation aérienne. M. Miller fut promu au grade de capitaine d’aviation le 1er avril 1937 – on peut présumer qu’il ne s’agissait pas d’un poisson d’avril! Le mois suivant, il quittait l’École d’entraînement au vol de Borden pour l’École de navigation aérienne et de pilotage d’hydravions à Trenton. En septembre 1938, il se rendait en Grande-Bretagne pour poursuivre son entraînement. L’ARC a affecté M. Miller à la School of Air Navigation, RAF Manston, pour qu’il y suive un cours spécialisé en navigation aérienne[18]. Avant son départ, Frank Miller a épousé Dorothy Virginia Minor le 3 mai 1938. Le mariage a eu lieu à Galveston, au Texas[19].

Lorsque le Capitaine d’aviation Miller est allé outre-mer à l’automne de 1938, il y avait des motifs sérieux de craindre une guerre. Bien que le premier ministre Mackenzie King avait intérieurement accepté le fait que le Canada allait se ranger du côté de la Grande-Bretagne si la guerre était déclarée contre l’Allemagne nazie, le ministère de la Défense devait restreindre sa planification à la défense continentale. Malgré ces enjeux politiques, les planificateurs de la Défense au Canada, y compris ceux de l’ARC, ne pouvaient ignorer la probabilité d’une autre guerre en Europe. Préparer les forces militaires canadiennes, si peu nombreuses en temps de paix, à faire la guerre serait un grand défi. Pour y parvenir, les planificateurs de la Défense devaient identifier les marins, soldats et aviateurs qui avaient fait preuve d’aptitudes professionnelles supérieures, notamment au plan du leadership, pour diriger un tel élargissement des forces militaires[20]. Frank Miller était du nombre.

Bien que les forces militaires canadiennes savaient qu’elles devaient élargir leurs effectifs pour se préparer à la guerre, elles n’avaient pas les moyens d’atteindre cet objectif durant les années qui ont précédé la Deuxième Guerre mondiale. Faute de ressources suffisantes au Canada, l’ARC a dû envoyer un groupe d’aviateurs en Grande-Bretagne pour y recevoir un entraînement spécialisé de la part de la RAF[21]. Le Capitaine d’aviation Miller a été envoyé en Grande-Bretagne parce que ses supérieurs à la Force aérienne avaient noté ses qualités supérieures d’aviateur. M. Miller avait aussi fait preuve d’un potentiel de leadership supérieur à celui de ses pairs. Le 1er avril 1939, il a été promu à un grade d’officier supérieur, soit cmdt d’aviation[22]. L’ARC s’attendait à ce que, au terme de ce cours, M. Miller revienne au Canada avec une connaissance de pointe de la navigation aérienne. Surtout, les hauts dirigeants de la Force aérienne misaient sur M. Miller pour prendre les commandes des écoles de navigation aérienne, dans le cadre d’un programme d’entraînement aérien en pleine expansion.

Lorsque le Canada a déclaré la guerre à l’Allemagne le 10 septembre 1939, l’ARC a rappelé le Commandant d’aviation Miller. Il était bel et bien prévu que M. Miller dirigerait une école d’entraînement dans le cadre de l’élargissement des forces militaires en temps de guerre[23]. Toutefois, l’ARC ignorait à l’époque que ce programme allait prendre beaucoup d’ampleur. À la fin de septembre, le gouvernement King discutait de son engagement immédiat auprès de la Grande-Bretagne et de ses alliés du Commonwealth. Les Britanniques ont eu le choc d’apprendre que l’offre immédiate de King ne comptait qu’une division d’infanterie. Par la suite, la Grande-Bretagne a demandé à Ottawa si le Canada appuierait un programme d’entraînement aérien du Commonwealth, dans le cadre du British Empire Air Training Scheme.

Après plusieurs mois de négociations acrimonieuses, le gouvernement King a convenu de consacrer d’importantes ressources – soit des fonds, du matériel et du personnel – à la création d’une telle initiative nationale de grande envergure[24]. Selon l’entente, l’organisation et l’administration du Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique (PEACB) seraient la contribution principale du Canada au développement de la puissance aérienne du Commonwealth. En fait, le premier ministre King a accepté d’administrer le PEACB parce qu’il croyait que cet apport du Canada lui éviterait de contribuer des forces militaires importantes à l’effort de guerre. Toutefois, ce ne fut pas le cas. Quelle qu’ait été la motivation du premier ministre King, aux yeux de la minuscule ARC, cette responsabilité nationale constituait « un défi d’une grande envergure »[25] [Traduction]. À l’avis du vice-maréchal de l'air, chef d’état-major de la Force aérienne, mettre sur pied et administrer le PEACB était « l’équivalent de maintenir 50 escadrons durant une campagne »[26] [Traduction]. Avant la guerre, l’ARC avait de la difficulté à entraîner 125 pilotes par année. On lui demandait maintenant d’entraîner 540 pilotes, 340 observateurs et 580 radiotélégraphistes /mitrailleurs de bord tous les quatre mois! Heureusement pour l’ARC, elle avait acquis de l’expérience dans l’entraînement d’équipages alliés durant la guerre précédente. Aussi, elle disposait de leaders chevronnés et éprouvés comme Frank Miller qui allaient s’assurer de la réussite de ce programme d’entraînement aérien.

Même avant que la version finale du PEACB ait été approuvée avec la signature de l’entente le jour de l’anniversaire de Mackenzie King, le 17 décembre 1939, on avait amorcé la sélection et l’examen des sites pour les écoles d’entraînement. De plus, des contrats se rapportant à l’instruction de vol et aux besoins logistiques avaient été conclus. Le besoin le plus important à combler était de loin le recrutement d’instructeurs de vol civils et militaires. Bon nombre de jeunes pilotes de l’ARC qui avaient espéré une affectation outre-mer pour effectuer des vols de combat ont été déçus en apprenant qu’ils demeureraient au Canada à titre d’instructeurs[27]. Le Commandant d’aviation Miller était trop occupé pour s’inquiéter des vols opérationnels qu’il ne pourrait effectuer. Au moment même où débutaient les négociations anglo-canadiennes concernant le programme d’entraînement aérien, M. Miller était nommé cmdt de l’École de navigation aérienne et de reconnaissance à Trenton[28]. Il s’agissait de la première de plusieurs affectations importantes où il serait appelé à commander des écoles d’entraînement spécialisé dans le cadre du PEACB. Dans toutes ces situations, les évaluations du rendement de M. Miller ont signalé son travail remarquable. De plus, plusieurs officiers supérieurs importants de l’ARC allaient recommander la promotion accélérée de M. Miller, le préférant à ses pairs.

Pendant son affectation à l’École de navigation aérienne et de reconnaissance, il y avait parmi les supérieurs de M. Miller deux futurs commandants du Commandement de la défense aérienne du Groupe no 6 (ARC), les Colonels d’aviation G. E. Brookes et C. M. McEwen. En janvier 1940, M. McEwen a écrit que M. Miller était fiable, dynamique et plein de tact et qu’il avait fait preuve de jugement et de sens commun. Il a ajouté que M. Miller était particulièrement qualifié pour l’exercice de ses fonctions et qu’il était un excellent leader. En septembre 1940, M. Brookes a écrit que M. Miller avait fait preuve d’une maturité de jugement et de beaucoup d’initiative afin de résoudre les nombreux problèmes de son école au cours des premiers mois de fonctionnement. M. Brookes a ajouté que M. Miller avait eu une conduite exemplaire et a recommandé sa promotion accélérée[29].

En novembre 1940, l’École de navigation aérienne no 1 (ENA) a été relocalisée à Rivers, au Manitoba. Moins d’un mois après avoir déménagé au nouvel emplacement de cette école, M. Miller a encore une fois impressionné ses supérieurs. Le Colonel d’aviation Sully, futur directeur du Conseil de l’air responsable du personnel au QGFA, a souligné que M. Miller a fait un travail remarquable dans des conditions difficiles à titre de cmdt à l’ENA no 1. M. Sully a recommandé la promotion accélérée de M. Miller au grade de lieutenant-colonel d’aviation par intérim. Cette recommandation a été fortement appuyée par le Commodore de l’air Shearer. Dans le cadre des débuts difficiles du PEACB, Frank Miller a clairement démontré ses compétences hors pair à titre d’officier dirigeant l’ENA no 1. M. Miller a en effet été promu au grade de lieutenant-colonel d’aviation en décembre 1940 et six mois plus tard, il a été affecté à l’ENA no 2 située à Pennfield Ridge, au Nouveau-Brunswick, en qualité de cmdt[30].

L’année que M. Miller a passée à Pennfield Ridge s’est avérée une aussi grande réussite pour M. Miller que ses affectations précédentes à Rivers et à Trenton. Selon ce qu’a écrit le Colonel d’aviation Costello, en ce qui a trait à l’instruction et à l’administration, M. Miller a assuré d’une manière très efficace l’organisation et le commandement à Pennfield Ridge. La recommandation de M. Costello pour la promotion accélérée de M. Miller au grade de colonel d’aviation a été appuyée par le Vice-maréchal de l’air A. A. L. Cuffe, directeur du Conseil de l’air responsable de l’instruction. En mai 1942, M. Miller a été réaffecté à Rivers en qualité de cmdt de l’École centrale de navigation no 1. Il a encore une fois payé le prix pour sa réussite et s’est vu accorder deux mois plus tard une promotion au grade de colonel d’aviation par intérim et a été envoyé à l’est à Summerside, Île-du-Prince-Édouard, en qualité de cmdt de l’École de reconnaissance générale (GRS) no 1 nouvellement créée[31].

Bien que M. Miller n’ait passé que six mois à Summerside, il a été en mesure durant cette période de transformer la GRS no 1 en une école reconnue pour l’excellence de son niveau d’instruction. En janvier 1943, le Vice-maréchal de l’air Cuffe a souligné, dans le cadre de son évaluation du Colonel d’aviation Miller, que ce dernier était très intelligent et qu’il avait une personnalité plaisante. Il a ajouté que les normes élevées de M. Miller en matière d’efficacité se reflétaient dans l’excellente condition de l’école d’instruction. Dans le cadre de leur évaluation réalisée le mois suivant, deux autres étoiles montantes au sein de l’ARC, soit le Commodore de l’air Morfee et le Vice-maréchal de l’air G. O. Johnson, ont déclaré que le Colonel d’aviation Miller avait fait un excellent travail à titre de cmdt de la GRS no 1. Ils ont également écrit que M. Miller méritait des éloges pour la haute qualité de l’instruction et l’efficacité de l’administration de la base[32]. Au printemps de 1943, les supérieurs de M. Miller sont arrivés à la conclusion qu’en raison de son excellent travail réalisé à ce jour dans le cadre du PEACB, il était prêt à assumer des fonctions au sein de l’état-major supérieur. Le Colonel d’aviation Miller a donc été affecté au Quartier général de la Force aérienne (QGFA) à Ottawa en qualité de directeur de l’instruction (Plans et besoins)[33].

M. Miller a travaillé au QGFA de janvier 1943 à avril 1944. Durant cette période, il a été promu commodore de l’air par intérim; il a terminé son service au Quartier général à titre de directeur de l’instruction aérienne et de directeur adjoint de l’instruction au Conseil de l’air. Si l’on examine les quatre années qui ont précédé, on constate que les réalisations de M. Miller à titre de dirigeant dans des établissements d’instruction dans le cadre du PEACB, ont renforcé sa réputation d’officier exceptionnel au sein de la Force aérienne. À son arrivée au QGFA, il était l’un des aviateurs les plus hauts gradés assurant la surveillance du plan d’entraînement aérien au plus fort de ses activités. Toutefois, au début du printemps de 1944, le PEACB s’apprêtait à connaître une réduction de ses opérations. On prévoyait une victoire et l’ARC avait besoin des talents d’aviateurs tels que Frank Miller pour combler des postes de commandement outre-mer. En avril 1944, M. Miller a été affecté au Quartier général du Groupe no 6 (ARC), situé à Allerton Hall, Yorkshire. À ces fins, il a renoncé à son grade de commodore de l’air par intérim[34].

D’avril à juin 1944, le Colonel d’aviation Miller « a appris les ficelles du métier » dans le cadre des nombreuses tâches de l’état-major liées à la direction des opérations canadiennes de bombardement. Durant cette période, M. Miller collaborera encore une fois avec Roy Slemon. Ce dernier avait servi à titre d’officier supérieur d’état-major - Air au Quartier général du Groupe no 6 (ARC) depuis sa création en janvier 1943. Ayant été le bras droit des Vice-maréchaux de l’air Brookes et McEwen, l’expérience du Commodore de l’air Slemon s’est avérée inestimable pour son protégé Frank Miller[35].

Au cours de l’été de 1944, M. Miller s’est vu confier son premier commandement d’une unité opérationnelle de bombardement, à la Base de Skipton-on-Swale de l’ARC[36]. Pour des raisons de sécurité, le grade et la position de M. Miller l’empêchaient « officiellement » de voler lors de missions de combat. Malgré le peu de détails qui existent au sujet de ses périodes de service au sein du Groupe no 6, ceux-ci donnent toutefois à penser qu’il a démontré un intérêt marqué à l’égard de ses subalternes. Son principal défi a été de diriger et d’encourager ses équipages aériens qui n’avaient que très peu de chances de survie lors de leurs missions de bombardement. Il a rencontré ses équipages à leur retour et a participé activement à leur débreffage[37]. Par ailleurs, en examinant de près les journaux de guerre des 424e et 433e Escadrons, on a découvert que le Colonel d’aviation Miller a « volé » en mission au-dessus de la région de Falaise en Normandie le 17 juillet 1944. Bien que le bombardement tactique à moyenne altitude constituait une procédure inhabituelle et dangereuse pour les équipages de bombardement[38], il voulait voir de près comment ses équipages appuyaient l’avance des alliés en France.

Le premier commandement opérationnel de M. Miller a impressionné ses supérieurs. Le Vice-maréchal de l’air McEwen a écrit en août 1944 que M. Miller était un bon organisateur et qu’il connaissait bien la nature humaine. Il a ajouté que M. Miller ne ménageait pas ses efforts en vue de garantir le fonctionnement opérationnel de sa base[39]. Le 14 octobre 1944, il a encore une fois été promu, cette fois au grade de commodore de l’air et a été nommé cmdt de la Base no 61, située à Topcliffe.

Au printemps de 1945, Frank Miller était devenu un officier respecté et expérimenté au sein du Groupe no 6 à titre de cmdt de base en temps de guerre. Durant cette période, il a également assuré le commandement de la Base no 63 de l’ARC de Leeming dans le Yorkshire. Au nombre des défis qu’il a relevés, mentionnons que M. Miller a été en mesure de maintenir les taux de sortie des escadrons de Leeming en dépit des changements de types d’aéronefs, des cours de conversion d’aéronef dispensés aux équipages et de la rotation du personnel. Il importe de souligner sa nomination en juillet 1945 à titre de cmdt adjoint de Roy Slemon au sein de la force Tiger de l’ARC. Cette unité devait représenter l’engagement pris par le Canada au sein d’une force de bombardement du Commonwealth collaborant avec les Américains dans la guerre livrée au Japon impérial. Toutefois, en raison de la capitulation du Japon plus tard cet été-là, les plans prévus pour la force ont été annulés et M. Miller a été rapatrié au Canada en septembre 1945[40].

La démobilisation en cette période de guerre s’est faite de façon rapide et dramatique. D’un effectif de pointe en temps de guerre s’élevant à plus d’un million d’hommes et de femmes portant l’uniforme, le gouvernement King a réduit son effectif militaire d’après-guerre à moins de cinquante mille tous grades confondus. Le premier ministre et ses plus proches conseillers comprenaient toutefois que les réalités du contexte géostratégique empêchaient le retour en temps de paix à une force comptant un effectif aussi négligeable que celui qui existait avant la guerre. La nouvelle menace à la paix mondiale était posée par l’État belligérant de l’Union soviétique. Armés de bombardiers à long rayon d’action et, après septembre 1949, d’armes atomiques, les Soviétiques constituaient une menace pour le continent nord-américain. Ottawa ne pouvait ignorer cette menace ni la réalité qu’il fallait se rapprocher des États-Unis (É.-U.) afin de défendre conjointement le continent contre toute attaque stratégique. Le Canada s’est donc joint aux É.-U. afin d’établir le Commandement de la défense aérienne de l’Amérique du Nord (NORAD). Avant de prendre cet engagement sans précédent en temps de paix, le Canada est devenu membre de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). La menace soviétique s’est étendue à l’échelle des pays de l’Europe de l’Ouest ainsi que de l’Amérique du Nord. Encore une fois, à l’encontre de la tradition, le gouvernement canadien a créé des forces régulières constituées de grande envergure. À l’ère du nouvel âge nucléaire, l’Alliance occidentale s’est appuyée sur la force aérienne pour soutenir ses stratégies offensives et défensives. Au début des années 1950, l’ARC deviendrait donc le service connaissant la croissance la plus rapide et la plus importante des trois services[41].

Fait remarquable, la carrière du Commodore de l’air Miller n’a jamais ralenti durant cette période de transition. On le préparait manifestement à occuper un poste de dirigeant au sein de l’ARC d’après-guerre. Avec des activités de vol se limitant principalement à la cartographie aérienne et aux communications durant la période de 1945 à 1948, M. Miller a été affecté au Commandement du matériel aéronautique tout d’abord à titre d’agent en chef du personnel puis, en juin 1946, à titre de cmdt du Commandement de la défense aérienne. Du mois d’août 1948 à septembre 1949, il a fréquenté le US National War College[42]. Les amitiés et les contacts qu’a établis M. Miller avec des collègues stagiaires américains et de l’OTAN ont été très opportuns et ont grandement profité à l’ARC dans le cadre de ses relations futures avec des membres de l’alliance. À l’automne de 1949, M. Miller a été affecté au QGFA à titre de directeur des opérations et de l’instruction au Conseil de l’air. Deux ans plus tard, il a obtenu une promotion au grade de vice-maréchal de l’air et est devenu vice-chef d’état-major de l’air pour le Maréchal de l’air Curtis. Un rôle important qu’il a joué est celui à titre de représentant de la Force aérienne canadienne au sein de la Commission permanente mixte de défense Canada-États-Unis. À cet égard, le Chef d’état-major de la Force aérienne (CEMFA) a reconnu les mérites de M. Miller pour sa contribution exceptionnelle dans le domaine des relations militaires canado-américaines[43]. À une époque où la collaboration entre l’ARC et la United States Air Force (USAF) a connu une croissance rapide, M. Miller était le plus haut gradé au sein de l’ARC à entretenir des liens avec l’USAF au chapitre des discussions portant sur la doctrine commune, les achats d’équipement militaire et la planification de la défense aérienne en Amérique du Nord.

Il n’est pas clairement établi si M. Miller s’attendait à remplacer M. Curtis en tant que chef d’état-major de la Force aérienne. Les dossiers existants donnent à penser que l’ARC avait préparé Roy Slemon à cette fin, et c’est lui qui a bel et bien remplacé M. Curtis en janvier 1953; cette conclusion repose sur le fait que M. Curtis occupait ce poste depuis 1947. Cela sous-entend que le ministre de la Défense Claxton a accordé plus de temps à M. Curtis à titre de CEMFA afin que M. Slemon puisse acquérir davantage d’expérience[44]. Frank Miller a dû concéder à son vieil ami et concurrent cette nomination tant convoitée. Cependant, au cours de l’année suivante, le Maréchal de l’air Slemon a offert à M. Miller une possibilité de carrière formidable. Il a pris des dispositions avec le Général Foulkes afin que M. Miller soit affecté au Grand Quartier général des Puissances alliées en Europe à titre de représentant adjoint de la Force aérienne pour le Général Lauris Norstad[45]. L’ARC a insisté sur le fait qu’il était approprié de lui accorder un poste aussi prestigieux au sein de l’état-major de l’air compte tenu du fait que le Canada fournissait à titre de contribution au Secteur du Centre de l’OTAN, une division aérienne comptant douze escadrons de chasse. Frank Miller n’a pas accédé au grade de CEMFA, mais il a été l’aviateur le plus haut gradé au Canada à faire partie de l’OTAN.

Le 14 juin 1954, le ministre de la Défense Claxton a profité de la visite à Ottawa du Général Gruenther, Commandant suprême des Forces alliées en Europe (SACEUR), pour annoncer la nouvelle nomination de M. Miller. Bien qu’il y ait eu un moment d’embarras lorsque M. Claxton a erronément annoncé que M. Miller était immédiatement promu au grade de maréchal de l’air, cet événement s’est avéré important pour l’ARC sur le plan général et également pour M. Miller sur le plan personnel. La raison de la visite du Général Gruenther à Ottawa était entre autres pour convaincre les représentants officiels de la Défense de l’importance d’assurer la défense collective dans l’Ouest et les aviser qu’il fallait que le Canada continue à fournir un soutien à cet égard. Le SACEUR a souligné que la force aérienne était devenue le facteur dominant dans le cadre de la planification de la défense et il a remercié ses hôtes canadiens pour leur participation croissante dans ce secteur. Il était donc des plus appropriés qu’un aviateur hautement recommandé tel que Frank Miller se joigne à l’état-major de l’OTAN[46].

Un an après l’annonce de sa nomination, Frank Miller a été promu maréchal de l’air. Il a donc rejoint Roy Slemon au sein des rangs des aviateurs les plus hauts gradés au cours d’une période qui est devenue « les années dorées »[Traduction] de l’ARC. En plus des douze escadrons de chasse équipés de Sabres en Europe, l’ARC comptait au sein de la Force régulière au pays, neuf escadrons équipés de chasseurs CF100 tout temps, fabriqués au Canada. En 1955, le budget de défense affecté à l’ARC dépassait les budgets de la Marine royale du Canada (MRC) et de l’Armée canadienne réunis. Durant cette même année, l’effectif de l’ARC de 51 000 militaires a dépassé celui de l’Armée canadienne. L’année 1955 serait également une année mémorable pour Frank Miller. Alors qu’il assistait à une réunion de l’OTAN à Paris cette année-là, le premier ministre St-Laurent, accompagné de Bud Drury, le sous-ministre de la Défense nationale, a rendu visite au Maréchal de l’air Miller. Au grand étonnement de M. Miller, le premier ministre voulait que ce dernier revienne au Canada et remplace M. Drury en qualité de SM[47].

Comment le premier ministre en est-il venu à désirer qu’un aviateur en service actif devienne sous-ministre au ministère de la Défense? M. Miller a raconté plusieurs années plus tard, qu’il avait envoyé un message au premier ministre afin qu’il reconsidère sa décision. M. Miller a déclaré qu’à sa connaissance, c’était un travail pour un civil, et non un militaire, parce que le SM représentait les employés civils du ministère. M. Drury, qui n’était pas content d’avoir été remplacé, s’est dit d’accord avec M. Miller. Cependant, les supérieurs de M. Drury ont clairement indiqué que M. Miller n’avait pas été « sollicité pour être son remplaçant, mais qu’on lui avait demandé de le remplacer »[48] [Traduction]. Avant de relever cette fonction six années plus tôt, M. Drury détenait des antécédents similaires à ceux de M. Miller. Il était diplômé du Collège militaire royal et avait connu une ascension jusqu’au grade de brigadier durant la guerre. Il n’y a donc eu aucune réaction négative de la part des hauts fonctionnaires lors de la nomination de M. Miller à titre de SM. L’ex-brigadier Drury avait déjà établi un précédent et avait été bien accueilli au sein du ministère. Il a cédé son poste à M. Miller à contrecœur, et ce, seulement pour des raisons familiales[49].

En qualité de sous-ministre, les responsabilités de Frank Miller ont considérablement changé en portée et en nature. Bien que ses responsabilités incluaient principalement la gestion de civils au sein du ministère et la coordination du budget de la Défense, il a exercé une profonde influence préalablement à l’intégration et à l’unification des Forces armées canadiennes. L’organisation du pouvoir reposait sur une myriade de comités supérieurs[50]. M. Miller siégeait à tous ces comités. Il faisait partie du Conseil de la Défense, du Comité des chefs d’état-major et du Conseil de recherches pour la défense du Canada. En l’absence du ministre de la Défense, M. Miller a participé aux réunions du Comité du Cabinet pour la Défense, et à l’occasion, à des réunions du Cabinet. Il voyait rarement les premiers ministres St-Laurent et Diefenbaker, mais il communiquait très souvent avec ses patrons immédiats, Ralph Campney et George Pearkes. Il s’est également rappelé bien s’entendre avec Charles Foulkes[51].

La preuve documentaire donne à penser que M. Miller a été confronté à deux grands défis. L’un était son désir de mieux intégrer les chaînes de commandement civil et militaire. L’autre était la nécessité de changer l’organisation globale du ministère de la Défense. Il a réalisé des progrès en vue de régler le premier problème. Bien que les employés civils étaient guidés à l’aide de règlements distincts, ils ont été mieux intégrés à la chaîne opérationnelle militaire. Des progrès minimes ont été réalisés sur le plan de l’organisation de la défense. Ici, jusqu’à un certain degré, M. Miller a partagé les frustrations de M. Foulkes. Selon leur expérience respective au sein du CCEM, ils ont compris que jusqu’à ce que l’on retire le droit aux chefs de service de consulter directement le ministre, on observerait toujours une gestion inefficace au ministère. Après avoir tenté en vain pendant cinq années d’inciter les chefs de service à mieux coordonner et rationaliser leurs exigences de programme, M. Miller savait qu’il fallait apporter des changements afin que le ministère soit en mesure de satisfaire aux tâches de défense qui lui étaient assignées. Toutefois, des changements internes n’étaient pas la seule solution. M. Miller a dû composer avec l’animosité existant entre les services. Il a également dû traiter avec un Conseil du Trésor parcimonieux et insensible au fait qu’un budget de défense en baisse constante était plus préoccupant que l’inefficacité au sein du ministère[52].

Si M. Miller s’est rappelé bien s’entendre avec le Général Foulkes, les procès-verbaux des réunions du CCEM portent à croire qu’ils ne s’entendaient pas toujours. Fait intéressant, leurs différends ne se limitaient pas aux budgets de la Défense et du personnel civil, sujets qui constituaient les responsabilités traditionnelles du SM. Ces derniers avaient également des désaccords sur des questions opérationnelles. M. Miller avait des opinions bien arrêtées sur diverses questions ayant trait à la politique stratégique. Il a formulé des recommandations relativement à l’utilisation et à l’entreposage des armes nucléaires, a encouragé les discussions sur le désarmement et a commenté des évaluations stratégiques du renseignement militaire. On comprend par conséquent que messieurs Miller et Foulkes n’étaient pas du même avis sur de tels sujets. Cela dit, M. Miller s’en remettait à l’autorité du président lors de ces réunions[53]. Par ailleurs, en privé et au sein d’autres comités comme le Conseil de la Défense, messieurs Miller et Foulkes « avaient une très bonne relation et travaillaient en étroite collaboration »[54] [Traduction].

Hormis les frustrations de M. Miller à l’égard des chefs de service, il a eu la plupart du temps une bonne relation professionnelle avec eux. Cela incluait le fait de travailler avec son vieil ami et rival, Roy Slemon. Ils ont bien travaillé ensemble et ont uni leurs efforts pour défendre le programme Arrow de CF105 qui a connu une triste fin ainsi que le besoin d’un commandement canado-américain de défense aérienne[55]. Lors de la création du Commandement de la défense aérienne de l’Amérique du Nord (NORAD) en 1957, M. Slemon a été nommé cmdt adjoint, ce qui représentait encore une fois une affectation de carrière prestigieuse. Fait encore plus important, en ce qui avait trait au gouvernement Diefenbaker, les liens étroits existant entre Frank Miller et l’organisation de la défense aux É.-U., ont facilité la signature de l’Accord sur le partage de la production de défense (DPSA) et l’Accord sur le partage du développement industriel pour la défense (DDFA). Pour les Conservateurs, le NORAD signifiait une production de défense intégrée ainsi qu’une défense aérienne continentale intégrée[56].

Les relations étroites qui existaient entre M. Miller et l’USAF ont également été profitables pour le Canada dans le cadre d’acquisitions d’équipement et de mises à niveau de systèmes majeures, notamment les CF104 Starfighters, les missiles BOMARC et les CF101 Voodoos. M. Miller a également surveillé le financement et la passation de marchés pour des plateformes d’armes à coût aussi élevé. Il n’était donc pas surprenant que M. Miller fasse souvent des commentaires au sujet de la politique opérationnelle de l’ARC durant les réunions du CCEM[57]. Cela a peut-être déplu à Hugh Campbell, le CEMFA; l’infrastructure, la logistique et les coûts de personnel qui y étaient associés constituaient cependant des préoccupations pour M. Miller en qualité de SM. Par ailleurs, ce dernier a la plupart du temps appuyé les intérêts de l’ARC[58]. Ultimement, à titre de SM, il était en meilleure position que le CEMFA pour savoir qu’il fallait rationaliser les demandes de l’ARC et celles des autres services.

Frank Miller n’a peut-être pas voulu devenir sous-ministre, mais une fois qu’il s’y est engagé, il a accompli son travail de façon aussi exceptionnelle qu’auparavant dans le cadre de sa carrière militaire. Cela ne veut pas dire qu’il pouvait faire le travail seul. Pour l’aider dans le cadre de l’aspect civil au ministère, il a compté énormément sur Elgin Armstrong. Cela a donné lieu à deux résultats positifs. Tout d’abord, la vaste expérience détenue par M. Armstrong sur les questions ayant trait au personnel civil et aux finances a grandement aidé M. Miller dans cette portion importante de son travail. Ensuite, et fait encore plus important pour assurer l’avenir du ministère de la Défense, M. Miller a préparé M. Armstrong afin qu’il le remplace[59]. Frank Miller a donc été en mesure de combiner dans le cadre de l’exercice de ses fonctions une bonne connaissance des enjeux du côté civil à la Défense nationale et ce qu’il comprenait déjà comme étant les vrais enjeux posés du côté militaire.

Lorsqu’il a été annoncé publiquement au début de l’année 1960 que Diefenbaker voulait remplacer M. Foulkes, ceux qui connaissaient bien le ministère de la Défense ont étonnamment laissé entendre que Frank Miller était un candidat sérieux. Le choix logique était l’un des chefs de service. Le Vice-amiral Dewolf, chef des services de la Marine, semblait détenir une longueur d’avance si le gouvernement décidait d’établir un précédent et de faire la rotation de la présidence entre les trois services. Or, le chef des services de la Marine était trop âgé. En outre, la Marine royale du Canada (MRC) était également le plus petit des trois services au chapitre de la main-d’œuvre et des dépenses. Compte tenu de l’importance réduite de l’Armée canadienne durant la Guerre froide, le Lieutenant-général Clark, chef d’état-major général (CEMG), n’était pas considéré comme un choix sérieux. Le gouvernement ne voulait pas d’un marin ni d’un soldat pour remplacer M. Foulkes. Curieusement, l’aviateur haut gradé était également inacceptable. À cette époque, Ottawa devait composer avec de nombreuses questions critiques en matière de politique de défense liées à la puissance aérienne et aux armes nucléaires. Cependant, Hugh Campbell n’a pas été choisi[60]. Le ministre de la Défense Pearkes a informé Frank Miller de son retour à l’uniforme en tant que prochain président du Comité des chefs d’état-major.

En avril 1960, M. Miller a dépoussiéré son uniforme de maréchal de l’air et a amorcé sa deuxième carrière à l’ARC à titre de « recrue la plus âgée »[Traduction]. Le 2 juin, il a assuré la présidence dans le cadre de sa première réunion au sein du CCEM. Le 1er septembre 1961, Frank Miller a été promu maréchal en chef de l’air; le seul aviateur canadien en service actif à détenir ce grade[61]. Lorsque les Libéraux ont repris le pouvoir en 1963, M. Miller a travaillé avec le ministre de la Défense Hellyer à l’intégration et l’unification des Forces armées canadiennes. En août l’année suivante, M. Miller est devenu le premier Chef d’état-major de la Défense (CEMD). Il importe de souligner que M. Hellyer a maintenu M. Miller en poste à titre de CEMD pendant deux autres années, sachant que cet officier supérieur appuyait l’intégration de l’armée, mais pas son unification. Charles Foulkes a tenté de convaincre le premier ministre Pearson et M. Hellyer de lui permettre de revenir en tant que CEMD en raison de son soutien non équivoque aux changements proposés par le ministre de la Défense à la structure militaire canadienne. M. Hellyer a pourtant décidé de garder M. Miller, écrivant plus tard que son CEMD avait « les qualités requises »[62] [Traduction].

En 1966, Frank Miller a pris sa retraite et a laissé l’avenir des Forces canadiennes entre les mains de son patron. Sous la direction de M. Miller, la majeure partie du travail avait été faite pour préparer le changement au sein des Forces canadiennes. Loyal jusqu’à la fin, son départ à la retraite a permis à M. Hellyer de choisir un CEMD entièrement engagé à diriger une armée canadienne unifiée. M. Miller et son épouse ont vécu leurs années de retraite à Charlottesville, en Virginie. Frank Miller est décédé le 20 octobre 1997. Malheureusement, tout comme ce fut le cas pour sa vie publique, peu de Canadiens et de Canadiennes ont remarqué son décès.

En décrivant la carrière de Frank Miller, ce document a permis d’accomplir deux choses. Tout d’abord, on en connaît davantage au sujet de cet homme remarquable dont les trente-cinq années de service fournissent un bon aperçu de l’évolution de l’ARC durant quatre périodes distinctes : la grande dépression, la Seconde Guerre mondiale, l’après-guerre et la Guerre froide. Il est devenu un aviateur et un dirigeant expérimenté. Ses affectations à des opérations et son instruction professionnelle acquise en Grande-Bretagne et aux États-Unis l’ont préparé à relever les défis qui se sont posés à la force aérienne lors de son rétablissement du retranchement de l’après-guerre et lors de son expansion durant la Guerre froide. Au milieu des années 1950, la carrière exceptionnelle de Frank Miller avait été remarquée non seulement par des officiers supérieurs, mais aussi par des politiciens et des hauts fonctionnaires. Le premier ministre St-Laurent lui a « ordonné » de devenir sous-ministre adjoint de la Défense nationale. Cet événement sans précédent a été suivi d’un autre, cinq ans plus tard, lorsque George Pearkes a fait reporter l’uniforme à M. Miller en qualité d’officier militaire le plus haut gradé.

La deuxième chose que ce document a permis d’accomplir découle de la première. Le fait de décrire la carrière de Frank Miller a permis de répondre à la question à savoir pourquoi il a gravi les échelons jusqu’au plus haut grade pour diriger les militaires en temps de paix. Son rendement exceptionnel continu et son expérience acquise à titre d’officier supérieur et de fonctionnaire l’ont placé en tête de ses concurrents. Il ne fait nul doute que ses antécédents au sein de la force aérienne et son expérience de travail avec les alliés du Canada ont fait de lui un candidat préféré par rapport à ses collègues de la marine et de l’armée. En qualité d’aviateur, il a également profité du fait concret que la stratégie nucléaire durant la Guerre froide s’est fortement appuyée sur la force aérienne. On a dépensé plus d’argent pour l’ARC que pour l’armée canadienne et la MRC confondues. Et pourtant, le gouvernement n’a pas choisi M. Miller l’aviateur. Il y avait plus encore. Reconnu pour son excellent travail à titre de SM, l’expérience de M. Miller du côté civil était tout aussi importante pour diriger des militaires en temps de paix que ses antécédents militaires. M. Miller a eu un historique de carrière reconnu sur le plan de l’excellence, de la conscience professionnelle et de la loyauté.

Ce sont les « qualités requises »[Traduction] auxquelles M. Hellyer a fait allusion. Elles placent M. Miller dans une catégorie à part par rapport aux autres officiers de grade supérieur. Ces caractéristiques personnelles et professionnelles ont également distingué M. Miller de Roy Slemon et Charles Foulkes. Ces deux collègues de M. Miller ont été eux-mêmes des dirigeants hors pair et ont connu du succès dans le cadre de leur carrière militaire. Heureusement pour eux, leurs réalisations professionnelles ont éclipsé celles de Frank Miller en raison de publications précédentes et dans le cas de M. Foulkes, en raison d’un document détaillé de remplacement rédigé par M. Foulkes lui-même. Le présent document a permis d’égaliser le terrain au chapitre de la recherche. Il a permis au lecteur de comprendre et d’apprécier à sa juste valeur la vie publique de Frank Miller. Ainsi, ce document nous montre qu’il était non seulement un dirigeant exceptionnel durant la Guerre froide, mais qu’il était l’un des meilleurs.


Major Raymond Stouffer

Le Major Raymond William Stouffer naît le 21 avril 1956 à Baden-Soellingen, en Allemagne de l’Ouest. Il est l’unique enfant de l’Adjudant-chef à la retraite Norman Hollis Stouffer et de Gertrud Waltraud Stouffer (née Schneider).

Le Major Stouffer s’engage dans les Forces armées canadiennes le 10 août 1975 et étudie au Collège militaire royal du Canada. Il obtient son baccalauréat spécialisé en histoire en mai 1979. Le Major Stouffer occupe ensuite dans les forces armées un poste d’officier du transport de la Force aérienne et se spécialise dans les opérations d’aérotransport tactique et stratégique. C’est un arrimeur qualifié pour le C130 Hercules. Au cours de sa carrière, le Major Stouffer occupe plusieurs postes de commandement et d’état-major au Commandement aérien et au Quartier général de la Défense nationale. Comme dernière affectation à Ottawa, il est membre de l’ancien Bureau du projet de la capacité de transport aérien stratégique, mis en place à l’époque pour choisir le nouvel avion de transport stratégique pour les Forces canadiennes.

En mai 2000, le Major Stouffer reçoit sa maîtrise en études sur la conduite de la guerre du Collège militaire royal du Canada (CMR). En septembre 2002, il entreprend un doctorat à temps plein dans le même programme, toujours au CMR. Ses trois domaines d’études théoriques sont la puissance aérienne, la politique de défense du Canada et l’histoire canadienne. Le 28 janvier 2005, le Major Stouffer soutient avec succès sa thèse de doctorat et obtient son doctorat en philosophie (Études sur la conduite de la guerre) lors d’une convocation, le 20 mai 2005. Il travaille aujourd’hui en tant que professeur adjoint au département d’histoire du CMR.

ARC―Aviation royale du Canada
BAC―Bibliothèque et Archives Canada
CCEM―Comité des chefs d’état-major
CEMD―Chef d’état-major de la Défense
CEMFA―Chef d’état-major de la Force aérienne
CEMG―Chef d’état-major général
cmdt―commandant
CMR―Collège militaire royal du Canada
DHP―Direction – Histoire et patrimoine
É.-U.―États-Unis
ENA―École de navigation aérienne
GRS―École de reconnaissance générale
MRC―Marine royale du Canada
NORAD―Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord
OTAN―Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
PEACB―Programme d’entraînement aérien du Commonwealth britannique
QG―quartier général
QGDN―Quartier général de la Défense nationale
QGFA―Quartier général de la Force aérienne
RAF―Royal Air Force
SACEUR―Commandement suprême des Forces alliées en Europe
SM―sous-ministre
USAF―United States Air Force

[1]. « Airman Heads Chiefs », The Ottawa Citizen, 28 avril 1960. Dossier de M. Miller, Direction – Histoire et patrimoine (DHP). (retourner)

[2]. « Airman Heads Chiefs », The Ottawa Citizen, 28 avril 1960. Dossier de M. Miller, Direction – Histoire et patrimoine (DHP). (retourner)

[3]. « Airman Heads Chiefs », The Ottawa Citizen, 28 avril 1960. Dossier de M. Miller, Direction – Histoire et patrimoine (DHP). (retourner)

[4]. Sean M. Maloney, « General Charles Foulkes: A Primer on How to be CDS », dans Warrior Chiefs: Perspectives on Senior Canadian Military Leaders, Bernd Horne et Stephen Harris éditeurs, Toronto, Dundurn Press, 2001, p. 219. (retourner)

[5].  For webmaster: Bibliothèque et Archives Canada (BAC), Record Group 2, RCAF Record of Service, 139 Air Chief Marshal Frank Miller, Commander de l’Ordre de l’Empire britannique, Décoration des Forces canadiennes. Dossier signé par Paul Hellyer, ministère de la Défense nationale, août 1966. Aux fins des renvois subséquents, désigné sous le nom de « état de service de M. Miller ». (retourner)

[6]. Sandy Babcock, « Air Marshal Roy Slemon: The RCAF’s Original », dans Warrior Chiefs: Perspectives on Senior Canadian Military Leaders, Bernd Horne et Stephen Harris éditeurs, Toronto, Dundurn Press, 2001, p. 258. (retourner)

[7]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[8]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. Aux fins des renvois subséquents, désignée sous le nom de « Entrevue de Bland ». (retourner)

[9]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[10]. Larry Milberry, Sixty Years: The RCAF and CF Air Command 1924-84, Toronto, CANAV Books, 1984, p. 47. (retourner)

[11]. W. A. B. Douglas, La création d’une aviation militaire nationale. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada - Tome II, Ottawa, ministère de la Défense nationale et le Centre d’édition du gouvernement du Canada, Approvisionnement et Services Canada, 1987, p. 136. (retourner)

[12]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[13]. Résumé de carrière rédigé pour Paul Hellyer, août 1966, État de service de M. Miller. (retourner)

[14]. Résumé de carrière rédigé pour Paul Hellyer, août 1966, État de service de M. Miller. (retourner)

[15]. Milberry, p. 53. Durant les années de la Grande Crise, l’ARC consacrerait la moitié de ses heures de vol civiles à mener des patrouilles de lutte contre la contrebande pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Voir W. A. B. Douglas, La création d’une aviation militaire nationale. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada - Tome II, Ottawa, ministère de la Défense nationale et le Centre d’édition du gouvernement du Canada, Approvisionnement et Services Canada, 1987, p. 117. (retourner)

[16]. Sandy Babcock, « Air Marshal Roy Slemon: The RCAF’s Original », dans Warrior Chiefs: Perspectives on Senior Canadian Military Leaders, Bernd Horne et Stephen Harris éditeurs, Toronto, Dundurn Press, 2001, p. 264. (retourner)

[17]. Résumé de carrière rédigé pour Paul Hellyer, août 1966, État de service de M. Miller. (retourner)

[18]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[19]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[20]. Brereton Greenhous, Stephen J. Harris, William C. Johnston et William G. P. Rawling, Le creuset de la guerre, 1939 - 1945. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada, tome III, ministère de la Défense nationale et travaux Publics et Services Gouvernementaux Canada - Les éditions du gouvernement du Canada, 1999, p. 17. (retourner)

[21]. W. A. B. Douglas, La création d’une aviation militaire nationale. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada - Tome II, Ottawa, ministère de la Défense nationale et le Centre d’édition du gouvernement du Canada, Approvisionnement et Services Canada, 1987, p. 165. (retourner)

[22]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[23]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[24]. Brereton Greenhous, Stephen J. Harris, William C. Johnston et William G. P. Rawling, Le creuset de la guerre, 1939 - 1945. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada, tome III, ministère de la Défense nationale et travaux Publics et Services Gouvernementaux Canada - Les éditions du gouvernement du Canada, 1999, p. 20-23. (retourner)

[25]. Auteur inconnu, « The Canadian Overseas Air Force Policy », résumé de la DHP (sans date), Dossier 83/698, p. 1. (retourner)

[26]. Auteur inconnu, « The Canadian Overseas Air Force Policy », résumé de la DHP (sans date), Dossier 83/698, p. 1. (retourner)

[27]. Auteur inconnu, « The Canadian Overseas Air Force Policy », résumé de la DHP (sans date), Dossier 83/698, p. 1. (retourner)

[28]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[29]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[30]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[31]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[32]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[33]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[34]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[35]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[36]. Pour des raisons que l’on ignore, les documents officiels ne font pas mention de l’affectation de M. Miller à la Base de Skipton-on-Swale de l’ARC. La date exacte à laquelle il est arrivé là-bas n’est pas clairement établie non plus. Cet auteur a déterminé que M. Miller a quitté le QG du Groupe no 6 à un certain moment en juin ou au début de juillet 1944 – bien avant ce qui est écrit dans les documents officiels où l’on indique qu’il a quitté le QG en septembre 1944 pour se rendre à TopCliffe. Brereton Greenhous, Stephen J. Harris, William C. Johnston et William G. P. Rawling, Le creuset de la guerre, 1939 - 1945. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada, tome III, ministère de la Défense nationale et travaux Publics et Services Gouvernementaux Canada - Les éditions du gouvernement du Canada, 1999, p. 985. Consulter également les états de service de M. Miller. (retourner)

[37]. Brereton Greenhous, Stephen J. Harris, William C. Johnston et William G. P. Rawling, Le creuset de la guerre, 1939 - 1945. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada, tome III, ministère de la Défense nationale et travaux Publics et Services Gouvernementaux Canada - Les éditions du gouvernement du Canada, 1999, voir la photo, p. 534. (retourner)

[38]. Rapports historiques, Base de Skipton-on-Swale de l’ARC, 17 juillet 1944, Direction Histoire et Patrimoine (DHP). (retourner)

[39]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[40]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[41]. Major Stouffer, An Expression of Canadian Nationalism : The History of No.1 Air Division and RCAF Cold War Air Power Choices (thèse de doctorat, Collège militaire royal du Canada, janvier 2005), chapitres 1 et 2. (retourner)

[42]. Note non datée rédigée par le Maréchal de l’air Curtis. États de service de Miller. (retourner)

[43]. « Career summary for Air Member for Personnel (AMP) » (Résumé de carrière), 28 août 1946, État de service de M. Miller. (retourner)

[44]. Sandy Babcock, « Air Marshal Roy Slemon: The RCAF’s Original », dans Warrior Chiefs: Perspectives on Senior Canadian Military Leaders, Bernd Horne et Stephen Harris éditeurs, Toronto, Dundurn Press, 2001, p. 264. (retourner)

[45]. Lettre du Maréchal de l’air Slemon envoyée au Général Norstad, 5 juin 1954, états de service de Miller, DHP. (retourner)

[46]. Message de Claxton au Général Norstad, 12 juin 1954, états de service de Miller, DHP. (retourner)

[47]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[48]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[49] . Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[50]. Douglas, L. Bland, Chiefs of Defence : Government and The Unified Command of the Canadian Armed Forces, Toronto, Brown Book Company Limited, 1995, p. 154-158. (retourner)

[51]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[52]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[53]. Divers procès-verbaux de réunions du Comité des chefs d’état-major, dossier 2002/17, boîte no 71, Fonds de l’état-major interarmées, DHP. (retourner)

[54]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[55]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[56]. Jon B. McLin, Canada’s Changing Defense Policy, 1957-1963 : The Problems of A Middle Power in Alliance, Baltimore, John Hopkins University, 1967, p. 178-181. (retourner)

[57]. Procès-verbal d’une réunion spéciale du Comité des chefs d’état-major, paragraphe 27, 4 décembre 1957, dossier 2002/17, boîte no 71, Fonds de l’état-major interarmées, DHP. (retourner)

[58]. À titre d’exemple, consulter le procès-verbal de la 608e réunion du Comité des chefs d’état-major, paragraphe 17, dossier 2002/17, boîte no 71, Fonds de l’état-major interarmées, DHP. (retourner)

[59]. Entrevue avec le maréchal en chef de l’Air Miller (retiré), par Douglas Bland, 22 septembre 1992, DHP. (retourner)

[60]. « Civilian may be successor to Foulkes », The Province, 23 janvier 1960. Dossier de M. Miller, DHP. (retourner)

[61]. Lloyd Breadner a été promu maréchal en chef de l’air en 1945, année où il a pris sa retraite. (retourner)

[62]. Paul Hellyer, Damn the Torpedoes : My Fight To Unify Canada’s Armed Forces, Toronto, McClelland & Stewart Inc., 1990, p. 85. (retourner)

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