Le renseignement technologique et la guerre des radars durant la Deuxième Guerre mondiale (La Revue de l'ARC - HIVER 2016 - Volume 5, Numéro 1)

Par Azriel Lorber

L’issue de peu de guerres et de campagnes a été déterminée par un seul dispositif ou une seule arme dont l’absence aurait probablement entraîné un résultat différent. L’utilisation de l’arc anglais durant la guerre de Cent Ans constitue un exemple marquant. On peut également souligner l’utilisation du radar durant la Deuxième Guerre mondiale par les Britanniques au cours de la bataille d’Angleterre et par les Alliés au cours de la bataille de l’Atlantique. La victoire des Allemands à l’une de ces deux batailles aurait eu un effet décisif sur le cours de la guerre et en aurait possiblement modifié l’issue finale. La bataille d’Angleterre montre également que le fait d’élaborer ou même d’adapter une doctrine adéquate en vue d’utiliser une nouvelle arme permet d’en maximiser les avantages et de la faire prévaloir même si l’arme en question est techniquement inférieure à celle de l’ennemi.

L’idée d’utiliser des ondes radio réfléchies pour détecter des « objets » la nuit ou dans le brouillard a d’abord été lancée en 1905 par Christian Hülsmeyer, un ingénieur allemand. Celui-ci avait tenté de convaincre Von Tirpitz, puis le chef de la Kriegsmarine (marine allemande), mais on lui a répondu que le personnel de la marine allemande avait de meilleures idées. Bien que Hülsmeyer ait effectué une démonstration concluante, il n’a jamais pu susciter d’intérêt financier pour son invention, et celle-ci est finalement tombée dans l’oubli.

Durant la Première Guerre mondiale, les Allemands ont utilisé des Zeppelins et des aéronefs pour effectuer des raids de bombardement contre l’Angleterre, dont certains ont été couronnés de succès. Les Britanniques ont tenté de découvrir les attaquants en approche au moyen de l’Observer Corps (« corps des observateurs »), mais ils ne pouvaient agir que durant le jour. Ils ont essayé d’utiliser des détecteurs acoustiques (qui fonctionnaient de nuit), mais leur portée efficace a nui à leur utilité et, le plus souvent, le premier indice d’un raid imminent était l’explosion des bombes.

Les grands progrès de l’aviation durant l’entre-deux-guerre ont fait comprendre aux Britanniques que la Manche, qui a permis de déjouer l’Armada espagnole et les troupes de Napoléon, ne constituait plus un obstacle infranchissable gardé par la Royal Navy, car les aéronefs pouvaient la franchir en quelques minutes. Ce sentiment a été accentué par l’ancien premier ministre britannique Stanley Baldwin qui, en novembre 1932, a abordé le sujet devant le Parlement. Il a notamment indiqué ce qui suit : « Je crois bien qu’aucun pouvoir sur terre ne puisse protéger des bombardements l’homme qui se trouve dans la rue, peu importe ce qu’on lui dit. Le bombardier s’en tirera toujours… La seule défense réside dans l’offensive, ce qui signifie que l’on doit tuer plus de femmes et d’enfants que l’ennemi si l’on veut sauver sa propre vie.[1] » [Traduction]

Les adeptes de Douhet[2] (particulièrement aux États-Unis) qui ont appuyé le concept lié aux bombardements soutenus ont considéré ce discours comme des saintes Écritures, et Baldwin comme un prophète. C’était la preuve – ne provenant de nul autre que d’un ancien premier ministre britannique — qu’une grande force de bombardement permettrait d’éviter la guerre et que, si une guerre devait survenir, des bombardements soutenus pourraient rapidement faire ployer l’ennemi. Tant aux États-Unis qu’en Angleterre, la puissance aérienne préconise la prédominance offensive des bombardiers.

Le discours a profondément secoué le peuple britannique, mais il a entraîné d’importantes répercussions. La Royal Air Force (RAF) se méfiait des conclusions stratégiques de Baldwin. D’ailleurs, les chasseurs étaient beaucoup moins coûteux que les bombardiers. Peut-être devrait-on s’intéresser davantage à la défense aérienne après tout?

Plusieurs exercices de simulation de bombardements ont été menés dans le sud de l’Angleterre. Même lorsque les bombardiers étaient détectés, quel que soit le moyen de détection, et que les chasseurs étaient envoyés, il était presque toujours trop tard. À l’évidence, il fallait quelque chose de mieux, et cette ligne de pensée a probablement été influencée par la remise sur pied de la Luftwaffe en Allemagne. Vers la fin de l’année 1934, les Britanniques ont créé le Committee for the Scientific Survey of Air Defence (CSSAD) — connu sous le nom du comité Tizard (d’après le nom de son président, Henry Tizard). L’une des idées proposées consistait à utiliser un faisceau électromagnétique énergétique afin de faire bouillir le sang de l’équipage d’un avion en attaque. Les calculs préliminaires effectués par Robert Watson-Watt ont montré immédiatement que les technologies existantes ne pouvaient pas réaliser cette tâche.

Cependant, un des adjoints de Watson-Watt a dit à ce dernier que les émissions de la British Broadcasting Corporation (BBC) étaient souvent perturbées par le passage d’aéronefs près de la tour de la BBC. Watson-Watt a établi les liens nécessaires, effectué plusieurs tests et obtenu quelques fonds de la part de la RAF (avec l’aide du maréchal en chef de l’Air Sir Hugh Dowding, qui deviendra commandant du Fighter Command) pour procéder à des tests supplémentaires, qui se sont avérés fructueux. En 1937, 18 stations de détection et télémétrie par radioélectricité (radar) ont été construites le long des côtes sud et sud-est britanniques. Appelé « Chain Home », le système a été déclaré opérationnel en 1938. Il avait pour fonction de repérer l’approche d’aéronefs ennemis suffisamment d’avance.

Évidemment, plus tôt les escadrons de chasseurs obtenaient cette information, plus ils disposaient de temps pour décoller. À ce moment, les Britanniques sont parvenus à une conclusion très importante. Il aurait été naturel de régler ce problème en augmentant la portée de détection des radars; cependant, les fréquents exercices ont montré que le véritable point fort résidait dans le réseau de communications et le contrôle dans ce champ de bataille complexe. La RAF a compris que la cueillette et le filtrage des renseignements provenant de différents radars et du corps des observateurs (qui a été remis sur pied) permettraient de dresser un portrait cohérent (une « image aérienne », en termes contemporains) et ainsi d’améliorer la gestion du combat. Par conséquent, la RAF a mis en place des « salles de filtrage » au quartier général du Fighter Command (afin de filtrer et d’organiser les renseignements reçus) et installé des postes de secteur pour gérer le combat. Elle a également établi un système étendu de communications, qui permettait de transmettre le flux d’information entre ces organisations, de même que de le faire parvenir jusqu’aux aérodromes de chasseurs. Il s’agissait du premier système de commandement et contrôle moderne.

La construction des stations de la Chain Home ne pouvait pas être passée sous silence, et des touristes de partout à travers le monde, y compris des Allemands, ont visité différents sites. La Luftwaffe a donc décidé de mener une enquête. Elle a chargé deux Zeppelins de toutes sortes de récepteurs radio et, au mois de mai 1939, les a envoyés le long de la côte britannique. Cependant, à l’exception de « sons » agaçants dans leurs écouteurs, les opérateurs n’ont rien entendu. Cela ne relevait pas d’un problème d’équipement, mais plutôt d’une hypothèse erronée de la part des Allemands.

L’Allemagne avait déjà son propre système de radar, qui était plus perfectionné que celui des Britanniques. Par conséquent, les Allemands ont présumé que le radar britannique, s’il s’agissait effectivement d’un radar, fonctionnait dans une gamme de fréquences semblables à la leur, c’est-à-dire de 400 à 600 mégahertz (MHz), ce qui correspond à des longueurs d’onde de 75 à 50 centimètres (cm), soit le plus haut rendement électronique de l’époque. Les Allemands étaient loin de se douter (bien que, dans une organisation de renseignement digne de ce nom, cela aurait été l’un des premiers éléments à vérifier) que le radar britannique fonctionnait à une fréquence inférieure à 200 MHz. De tels radars étaient moins efficaces à plusieurs niveaux, mais suffisaient aux besoins britanniques. La raison plutôt banale était que les basses fréquences permettaient l’utilisation de composantes radio commerciales — facilement accessibles et moins coûteuses. Toujours en quête de la perfection de la conception technique, les Allemands ne pouvaient imaginer que quiconque préférerait travailler d’une manière moins que parfaite[3].

Les problèmes des Allemands ne se limitaient pas à la technologie. La marine travaillait dans le domaine du radar depuis le début des années 1930 (en raison de la nécessité de mieux contrôler les tirs à longue portée), mais n’en avait soufflé mot à personne. En juillet 1938, Goering, à la tête de l’aviation allemande, l’a découvert par accident. À juste titre, il était furieux contre ce qu’il a perçu comme une sphère de la Luftwaffe. Goering a demandé des explications à la marine, mais on lui a répondu qu’il s’agissait d’une arme navale et qu’il devrait inventer sa propre arme[4].

Au mois d’août 1939, on a dû cesser les vols de Zeppelin étant donné que les Allemands n’étaient toujours pas certains que les stations étaient des radars opérationnels. Les Allemands ont alors commis une autre erreur qui a entraîné des répercussions stratégiques. Hitler, qui souhaitait que la prise de la Pologne constitue la première étape de la voie vers l’Est, a espéré que l’Angleterre et la France n’honoreraient pas leur pacte avec la Pologne et n’entreraient pas en guerre contre l’Allemagne. Malgré cela, il aurait dû comprendre que si l’Angleterre et la France choisissaient de combattre, les armes aériennes (des deux camps) joueraient un rôle de premier plan. Par conséquent, si les tours de la Chain Home avaient un lien quelconque avec les radars ou faisaient partie de la défense aérienne britannique, la doctrine en vigueur sur la guerre aérienne, partiellement élaborée à partir des leçons tirées de la guerre civile espagnole, devait être modifiée, ou du moins repensée. Étant donné que les Allemands eux-mêmes disposaient de radars, cette erreur au niveau de la pensée stratégique était doublement grave. Ce n’était pas évident à l’époque, mais le premier combat de renseignement technologique entre la RAF et la Luftwaffe a été hautement remporté par l’Angleterre.

À la surprise des Allemands, les Alliés ont honoré leurs obligations envers la Pologne et, le 3 septembre 1939, ont déclaré la guerre à l’Allemagne. Deux jours plus tard, l’Angleterre a envoyé des bombardiers pour attaquer les quais de Wilhelmshafen. Les radars allemands ont détecté les bombardiers à environ 130 km, mais ne disposaient d’aucune organisation permanente pour assurer la liaison entre les stations radars, l’organisation du commandement de la Luftwaffe et les bases de chasseurs. Les Britanniques ont bombardé leurs cibles et sont rentrés avant même que les chasseurs allemands puissent décoller. Les Allemands, qui pensaient en termes d’attaque, ont négligé les concepts défensifs et ne savaient pas comment intégrer la détection et l’interception à leur système.

Cette attaque, qui a eu lieu dans de mauvaises conditions météorologiques, ne s’est pas avérée très fructueuse, et les Britanniques ont attendu une autre occasion. Celle-ci s’est présentée le 18 décembre, alors que 22 bombardiers se sont approchés encore une fois de Wilhelmshafen. Les Allemands les ont découverts et ont riposté juste à temps. Ils ont abattu 12 bombardiers, et 3 autres se sont écrasés à l’atterrissage. À la suite de ces raids, les Britanniques ont tiré plusieurs conclusions sur l’équipement et les opérations de bombardement, mais en raison de la réaction lente des chasseurs allemands, ils ont également conclu que les Allemands ne disposaient pas de radar[5]. Par contre, ce qui s’est passé du côté allemand s’avère plus intéressant. Les caractéristiques de ces combats, particulièrement du second, ont été analysées dans les moindres détails, principalement pour confirmer ou rejeter les demandes des pilotes concernant l’abattage des avions ennemis. Tous ont convenu que l’interception a été réussie grâce à l’alerte lointaine du radar, mais cette conclusion n’a pas été considérée comme importante. Elle a été écartée pour une raison ou pour une autre et n’a jamais été intégrée à la doctrine allemande sur la guerre aérienne.

Après la chute de la France, Hitler a décidé qu’il devait prendre l’Angleterre pour écarter une menace future, mais l’invasion de l’Angleterre s’avérait impossible tant que la Royal Navy, appuyée par la RAF, contrôlait la Manche. Il fallait d’abord éliminer le Fighter Command de la RAF en tant que force de combat efficace. À ce moment, les Allemands avaient compris que les tours étranges sur les côtes britanniques étaient réellement des radars. De plus, ils écoutaient maintenant les conversations entre les pilotes et les contrôleurs au sol.

Le début des opérations contre le Fighter Command a été fixé au 12 août 1940, et Goering a prédit que cette arme de la RAF serait détruite en quatre jours[6]. Évidemment, il n’en savait pas beaucoup sur la RAF. À cet égard, le major Joseph Schmid, officier en chef du renseignement de la Luftwaffe, ne lui a pas rendu service[7]. Le 16 juillet, le major Schmid a soumis un rapport sur la RAF, dans lequel il indiquait que celle-ci était en tous points inférieure à la Luftwaffe[8]. Le fait que le rapport n’a fait aucune mention des radars constitue une erreur encore plus grave. Le 7 août, le major Schmid a rédigé un autre rapport qui traitait des radars. Cependant, ce rapport indiquait que les chasseurs britanniques étaient contrôlés à partir du sol et donc limités à leur station de contrôle et restreints au niveau de la mobilité. Le major Schmid a affirmé ce qui suit : « Par conséquent, le rassemblement d’une force solide de chasseurs à des points déterminés et à court préavis est peu probable. Lors d’une attaque massive allemande sur une zone cible, on peut donc s’attendre à une légère opposition de chasseurs semblable à celle suscitée dans le cadre d’attaques sur des objectifs très épars.[9] » [Traduction]. Le major Schmid avait compris que les radars détectaient l’approche des aéronefs ennemis, mais pas que le radar ne constituait qu’une partie d’un système de commandement et contrôle intégré, qui affectait les ressources en fonction des besoins. À ce moment, les Allemands ne disposaient pas d’une telle organisation. Les leçons tirées des interceptions de Wilhelmshafen ont été oubliées, et les Allemands ont pris du temps à comprendre l’existence et le rôle d’une telle organisation. Le radar, élément central de ce système, a servi de « multiplicateur de la force » parce qu’il permettait aux contrôleurs de diriger les chasseurs vers les formations allemandes en approche et a permis d’éviter des patrouilles d’une journée, de même que la fatigue des pilotes et l’usure des aéronefs.

Les propres lacunes du major Schmid l’ont désavantagé. Le major Schmid n’était pas pilote et ne parlait que l’allemand. De plus, sa carrière précédente a évolué au sein des forces terrestres. (Son homologue britannique était commodore de l’air, un grade équivalent à celui de brigadier-général.) En outre, dans tous ses rapports, il a largement sous-estimé la puissance et les capacités britanniques de production des aéronefs[10]. Son humble grade peut témoigner de la faible estime des Allemands pour le renseignement et de leurs attentes limitées concernant la qualité de l’information qu’ils pouvaient en tirer.

Les attaques du 12 août par la Luftwaffe visaient principalement les aérodromes du Fighter Command dans le but de détruire les installations et les aéronefs au sol. Le premier jour, les Allemands ont également attaqué quatre stations radars, dont trois ont été légèrement endommagées et l’autre détruite. Ils ont rapidement découvert que ces tours étaient difficiles à détruire, mais ils ne se sont pas doutés de l’importance des installations situées autour des tours, car ils ignoraient que l’équipement radar, les opérateurs et les générateurs électriques s’y trouvaient. Afin de réaliser des économies, le ministère de l’Aviation avait installé cet équipement essentiel dans de simples abris au-dessus du sol. Les stations de secteur étaient aménagées de façon semblable. Un changement de tactique de la part des Allemands, par exemple le recours à des bombardements en tapis, aurait pu anéantir l’ensemble du système de défense aérienne britannique en une seule matinée[11]. Vu leur savoir-faire, les Allemands ont probablement supposé que le « véritable » équipement était situé sous terre, sous 10 pieds [3 mètres] de béton (c’est du moins ce qu’ils auraient fait) et que ces abris consistaient en des installations de repas et d’entreposage, dont la destruction ne valait pas le coût des bombes. Cela souligne l’erreur de projeter ses propres réflexions et procédures d’opération sur l’ennemi.

Les Britanniques ont également eu recours à un certain subterfuge en activant un transmetteur factice à la station détruite[12]. Ce transmetteur ne pouvait rien capter, mais les Allemands l’ignoraient. Goering a conclu que les efforts consentis à détruire les stations radars sont restés vains. Dans le cadre d’une réunion à la suite des opérations de la première journée, à laquelle ont participé le major Schmid ainsi que le colonel Paul Deichman, chef d’état-major de la deuxième flotte aérienne qui dirigeait la campagne, Goering a mentionné que les attaques n’ont pas mis les stations radars hors service. Le major Schmid a ajouté que ces stations radars n’avaient aucune importance. Cependant, Deichman, qui aurait dû se montrer plus avisé[13], a indiqué de « [l]aisser les radars des Britanniques, ce qui leur permettra de trouver [les] formations de chasseurs [allemands] qui les détruiront.[14] » [Traduction] Par conséquent, les attaques contre les stations radars ont cessé. Cela s’est avéré une énorme erreur, et l’on peut dire que ce jour-là, l’Allemagne a perdu la bataille d’Angleterre et, par projection, peut-être même la guerre.

Les Allemands n’étaient pas les seuls à ne pas comprendre le radar. Les forces militaires américaines ne se sont intéressées à un système de commandement et contrôle basé sur le radar qu’après la bataille d’Angleterre. Le fait que les Britanniques n’aient pas abordé grandement le sujet a contribué à ce manque d’intérêt[15]. L’échec américain est accentué par le fait que la section de recherche de la marine travaillait sur le radar depuis 1922 et qu’un premier projet de mise sur pied d’un radar a été lancé en 1930[16].

La bataille d’Angleterre a fait rage durant tout l’été, et les Allemands ont subi de nouvelles pertes. Lorsqu’un avion allemand était abattu, son équipage – s’il survivait – était capturé. Un pilote britannique abattu, s’il n’était pas blessé, pouvait retourner au combat la même journée. Après une mission, les Allemands devaient effectuer un long vol de retour, parfois dans un aéronef endommagé avec des membres d’équipage blessés. Les pilotes de chasseurs allemands devaient souvent amerrir d’urgence sur la Manche en raison d’un manque de carburant. Bien que le service de sauvetage air-mer allemand était très efficace et a permis de sauver la plupart de ces pilotes, il s’agissait malgré tout d’une expérience traumatisante[17].

Au cours du mois d’août et du début de septembre, on a remarqué un changement évident dans les rapports des pilotes au retour des missions. Contrairement aux briefings de renseignement préalables aux missions, dans lesquels on affirmait que la RAF envoyait son dernier aéronef, les pilotes ont indiqué qu’ils ne pensaient pas que l’ennemi était durement touché. La journée décisive fut le 15 septembre, et les deux parties n’ont ménagé aucun effort. On a dit à Churchill durant une visite au Fighter Command que les réserves étaient épuisées.

Bien que les pertes allemandes fussent plus élevées que celles des Britanniques, ces derniers se sont également heurtés à d’importants problèmes. Les pilotes étaient épuisés en raison des combats incessants, et les remplaçants n’étaient pas formés adéquatement. De plus, étant donné les bombardements continus, le réseau téléphonique essentiel de la défense aérienne était près de s’écrouler. C’est à ce moment qu’Hitler a commis un autre impair.

Quelques jours auparavant, un bombardier allemand a fait une erreur de navigation durant la nuit et a bombardé Londres; en revanche, la RAF a bombardé Berlin. Les dommages étaient sans importance. Cependant, Hitler, enragé, a ordonné à la Luftwaffe de cesser de s’en prendre aux aérodromes du Fighter Command et d’attaquer Londres. Les leaders allemands ne se doutaient pas de l’état déplorable du Fighter Command, et la gestion négligée du renseignement de la Luftwaffe, dirigé par le major Schmid, les a empêchés de bien se rendre compte de la situation.

En fin de compte, ce sont les Allemands qui ont cédé les premiers. La modification des objectifs des attaques qui visaient maintenant Londres a offert au Fighter Command le répit nécessaire; les pilotes aguerris ont pu se reposer, les nouveaux pilotes ont acquis de l’expérience et le système de communication a été réparé. Le système Chain Home a permis au Fighter Command de garder la tête hors de l’eau suffisamment longtemps pour arrêter l’attaque allemande. Cependant, les problèmes des Allemands liés au radar n’étaient pas terminés.

Les radars de cette période fonctionnaient dans les gammes de fréquences de 200 à 600 MHz, c’est-à-dire des longueurs d’onde de 150 cm à 50 cm. Il était convenu que les radars qui fonctionnaient dans des fréquences supérieures, d’environ 3 000 MHz [9,99 cm], étaient meilleurs. Ces radars nécessitaient des antennes plus courtes, permettaient une meilleure résolution des cibles et étaient généralement plus efficaces. Il était possible d’atteindre ces fréquences, mais de tels dispositifs fournissaient une puissance de seulement 40 watts, ce qui n’était pas suffisant pour les radars. En outre, les calculs initiaux ont convaincu les Allemands qu’à ces hautes fréquences, l’énergie transmise serait en grande partie réfléchie dans toutes les directions et qu’une quantité insuffisante retournerait au receveur. Après tout, la réception de cette énergie réfléchie constitue l’essence du radar[18]. Les arguments des Allemands sur cette question sont devenus chargés d’émotion, ce qui a entraîné une interruption du travail ordonné dans une telle mesure qu’à la mi-janvier 1943, on a donné l’ordre de cesser sur-le-champ tous travaux sur les radars à ondes centimétriques[19].

Les Britanniques ignoraient tout de ce débat allemand. Trois ans plus tôt, au début de 1940, deux scientifiques de l’Université de Birmingham avaient mis au point un dispositif simple, fondé partiellement sur d’anciennes idées américaines, qui fonctionnait avec la gamme centimétrique. Il s’agissait du magnétron à cavités qui, au cours des premiers essais, a produit une puissance de plusieurs centaines de watts. Après avoir apporté quelques modifications, on a conçu un système pratique qui produisait de 12 à 15 kilowatts à une longueur d’onde de 9,5 cm[20].

Les Britanniques savaient qu’étant donné le manque de ressources, ils ne seraient pas en mesure de produire ces systèmes en grandes quantités. À la fin du mois d’août 1940, une délégation britannique s’est rendue aux États-Unis pour discuter d’une coopération scientifique et technologique et demander l’aide des Américains en vue de terminer la mise au point de certaines technologies avancées à leur disposition, de même que d’en entreprendre la production. Churchill a personnellement demandé à ce que les technologies les plus avancées soient présentées aux Américains sans restriction et sans exiger de contrepartie. Cette délégation était menée par Henry Tizard, connu pour sa participation au CSSAD[21]. Les Américains ont montré un intérêt poli envers les percées britanniques, mais ont été « renversés » par le magnétron à cavités. Ils ont rapidement mis en place des recherches dans ce domaine et ont amorcé la production de ces radars pour les Britanniques[22].

Un radar à ondes centimétriques a d’abord fait l’objet d’un essai en vol en mars 1941. On a constaté qu’il pouvait distinguer les repères au sol tels que les rivières, les villes et même les routes, et qu’il pouvait le faire même par temps ennuagé. On a rapidement compris que cela aiderait grandement les équipages de bombardiers de nuit qui se dirigeaient à l’aveuglette dans la noirceur du ciel d’Allemagne, en particulier lorsqu’ils volaient au-dessus des nuages.

Le nouveau radar s’est également avéré efficace pour découvrir des sous-marins. On utilisait déjà un type de radar plus ancien à cet effet, mais les Allemands l’avaient découvert dans un avion capturé et avaient mis au point un détecteur « métox » afin de détecter les émissions du radar. Il s’agissait ici d’une nouvelle technologie, que les Allemands pensaient impossible à réaliser et que ceux-ci n’étaient pas en mesure de détecter même s’ils parvenaient à en découvrir un. Cela assurerait possiblement des mois de succès aux chasseurs de sous-marins sans que ces derniers puissent s’en tirer.

Un nouveau débat a immédiatement éclos pour déterminer qui disposerait des nouveaux radars. Les chasseurs de nuit, qui combattaient les bombardiers allemands, ont été les premiers à en recevoir, mais en petite quantité. Le conflit réel opposait entre le Bomber Command, qui voulait obtenir de meilleurs moyens pour bombarder ses objectifs, et le Coastal Command, qui devait combattre les sous-marins. Le Coastal Command avait un argument convaincant. Étant donné que les bombardiers avaient tendance à être abattus en territoire ennemi, la nouvelle technologie tomberait rapidement aux mains des Allemands.

Watson-Watt, considéré comme le « père du radar britannique », appuyait les revendications du Bomber Command, mais était suffisamment astucieux pour souligner que si les Allemands prenaient possession d’un tel radar, il ne leur faudrait qu’un mois ou deux pour mettre sur pied des contremesures. Le maréchal en chef de l’Air Arthur Harris, à la tête du Bomber Command, n’était pas intéressé par tout cela. Il souhaitait bombarder l’Allemagne et ne voulait pas tenir compte d’autres facteurs même si ces derniers avaient une incidence sur la conduite de la guerre dans son ensemble. Churchill, qui vouait également une haine passionnée aux nazis, a été convaincu par Harris. Vers la fin de 1942, le Bomber Command a commencé à obtenir de nouveaux radars, et au début de 1943, des aéronefs munis de ces radars ont effectué des vols en territoire ennemi. Le 2 février 1943, un de ces bombardiers a été abattu près de Rotterdam, en Hollande. L’appareil a été endommagé, mais le cœur du nouveau radar, fait d’une solide pièce de cuivre, a survécu.

Le radar a été transporté dans un laboratoire, et les scientifiques ont examiné le cadeau tombé du ciel entre leurs mains. Les scientifiques ont rapidement compris ce que c’était et quelles étaient les capacités techniques du nouveau dispositif. Cependant, au lieu d’être contents, ils étaient tristes. Goering a expliqué cela de la meilleure façon : « Je m’attendais à ce que les Britanniques et les Américains soient avancés sur le plan technologique, mais je n’ai jamais pensé qu’ils le seraient à ce point. J’espérais que même si nous étions derrière, nous pouvions au moins participer à la même course.[23] » [Traduction]

À ce moment, la « chance » a souri de la façon la plus inusitée : ce radar a été capturé par la Luftwaffe, mais pendant un long moment, l’organisation n’a pas communiqué cette découverte étonnante à la marine allemande, ce qui fait que celle-ci n’a découvert son existence qu’au mois de septembre. Cet échec a été résumé par deux chercheurs de la marine américaine. « La raison de ce délai de six mois constitue l’un des mystères de la guerre et un facteur important de la guerre contre les sous-marins (on peut peut-être l’expliquer simplement par un manque criminel de liaison entre le personnel technique de l’aviation et de la marine allemandes).[24] » [Traduction]

Enfin, plusieurs mois après le Bomber Command, le Coastal Command a également obtenu son radar. Muni d’un radar « indétectable », il s’est lancé avec force à la poursuite des sous-marins, et la liste croissante de sous-marins perdus a commencé à provoquer la consternation au sein du commandement supérieur de la marine allemande. Malgré cela, même après que la marine a été informée de l’existence du nouveau radar, il a fallu plusieurs mois pour mettre au point un récepteur d’alerte pour cette longueur d’onde, le « Naxos ». En raison de cette précipitation, la production du Naxos et son installation dans les sous-marins ont été bâclées. Encore une fois, la chance a joué un certain rôle. Lorsque l’équipe allemande responsable des essais radar a effectué une patrouille sous-marine, le sous-marin a été coulé et l’équipe a été capturée[25].

La portée de ces radars était plutôt courte — plusieurs kilomètres —, mais les Allemands n’ont jamais pu établir la portée de détection. Une fois que les sous-marins ont quitté le golfe de Gascogne, les Britanniques ont eu du mal à les suivre. Cependant, deux autres dispositifs sont entrés en jeu. Le premier consistait en une triangulation des sources de transmissions radio au moyen de stations de réception au sol ou en mer, processus appelé radiogoniométrie haute fréquence. Souvent, les triangulations de radiogoniométrie haute fréquence étaient combinées aux décodages d’Enigma (nom de code donné à un appareil de chiffrement allemand) (le renseignement tiré de cette source avait reçu le nom de code « Ultra »). Les Allemands se sont finalement doutés que la localisation de leurs sous-marins était liée aux transmissions radio, mais ils ne pouvaient pas cesser d’utiliser la radio durant leurs opérations dans l’ensemble de l’océan[26]. Ils ont tenté de renforcer la sécurité en réduisant les délais de transmission, en modifiant les fréquences et en prenant d’autres mesures semblables, mais les Alliés avaient seulement besoin des positions approximatives, et le radar faisait le reste. Ironiquement, il est arrivé que les Allemands se tirent dans le pied. Les agents allemands qui se trouvaient en Espagne ont photographié à Gibraltar des navires britanniques munis d’étranges antennes de radiogoniométrie haute fréquence sur leurs mâts, et ces photos devaient être intégrées à des ouvrages de reconnaissance de navires. Cependant, un officier de sécurité allemand zélé a fait disparaître l’arrière-plan des photos qui, avec les antennes révélatrices, auraient pu permettre aux Allemands de découvrir leur origine[27].

Les pertes croissantes ont convaincu les Allemands que les radars des Alliés avaient des capacités presque mythiques, qui leur permettaient de détecter des sous-marins à de très grandes distances dans l’immensité de l’océan. De plus, le radar à ondes centimétriques a rendu un autre service aux Alliés : le choc de sa découverte et la préoccupation des Allemands concernant son rendement ont contribué à dissimuler le secret de l’Ultra.

La bataille d’Angleterre et la bataille de l’Atlantique constituent des jalons de la Deuxième Guerre mondiale. La défaite de l’une des deux campagnes aurait pu entraîner une défaite totale ou le retrait de l’Angleterre de la guerre, une défaite possible de l’Union soviétique et un retour à l’isolationnisme américain, du moins jusqu’à l’attaque des Japonais. Sans déprécier le dévouement et le sacrifice de « quelques personnes », l’issue de ces deux campagnes, et particulièrement de la bataille d’Angleterre, a été décidée par l’utilisation du radar.

L’Allemagne était initialement un chef de file dans le domaine de la technologie radar, et les Britanniques ont commis une faute en refusant d’accepter que les Allemands possédaient une telle technologie. L’erreur initiale des Britanniques concernant les ressources affectées au radar à ondes centimétriques a été atténuée par la gestion inefficace de l’innovation technologique des Allemands, ce qui relevait essentiellement d’un problème organisationnel[28]. Cependant, les Britanniques ont remarqué que le fait de tirer profit des avantages offerts par les nouvelles technologies (qu’elles soient mises au point localement ou acquises de l’extérieur) nécessite une compréhension du potentiel du champ de bataille et l’élaboration de cadres organisationnels et doctrinaux adéquats pour permettre une exploitation efficace et des améliorations. En omettant de tenir compte de ces impératifs, en plus du mauvais traitement du renseignement, les Allemands n’ont pas été en mesure de transposer leur avantage technologique en une supériorité opérationnelle de longue durée.

Comme l’auteur Robert Buderi le souligne, le radar est véritablement « l’invention qui a changé le monde »[29] [Traduction].

Azriel Lorber était membre du corps blindé de la Force de défense israélienne, dont il a pris sa retraite avec le grade de major. Il a étudié le génie aérospatial aux États-Unis et a obtenu un doctorat du Virginia Polytechnic Institute. Depuis sa retraite, il fournit des services de consultation et donne des cours sur la technologie militaire. Son plus récent ouvrage, intitulé Ready for Battle: Technological Intelligence on the Battlefield, a récemment été publié aux États-Unis.

BBC―British Broadcasting Corporation
cm―centimètre
CSSAD―Committee for the Scientific Survey of Air Defence
MHz―mégahertz
RAF―Royal Air Force

[1]. Eugene M. Emme, éd., The Impact of Air Power: National Security and World Politics, Princeton, New Jersey, Van Nostrand Company, 1959, p. 51-52. (return)

[2]. Giulio Douhet était un penseur et un officier italien qui affirmait que, dans le cadre d’une guerre future, l’issue pourrait rapidement être déterminée par la puissance aérienne, en particulier les bombardiers, sans avoir à répéter les horreurs de la guerre de tranchées de la Première Guerre mondiale. (return)

[3]. Lorsqu’Hitler a vu les chars soviétiques capturés pour la première fois, il a indiqué que les chars ne présentaient aucun intérêt « étant donné que la finition était horrible et que toute personne qui fait du bon travail n’aurait pas laissé les choses dans cet état » [Traduction]. R. V. Jones, The Wizard War: British Scientific Intelligence 1939–1945, New York, Cowan, McCann & Geoghegan, 1978, p. 333. Bien entendu, nous savons que les chars soviétiques étaient bien faits où cela compte le plus. Il semble que les ingénieurs allemands, dans tous les domaines, ne savaient pas où économiser les efforts nécessaires sans compromettre le rendement. (return)

[4]. Louis Brown, A Radar History of World War II: Technical and Military Imperatives, Bristol, Royaume-Uni, Institute of Physics Publishing, 1999, p. 78. (return)

[5]. Alan Beyerchen, « From Radio to Radar », Military Innovation in the Interwar Period, éd., Williamson Murray et Allan Millett, Cambridge, Royaume-Uni, Cambridge University Press, 1996, p. 276. Même devant des preuves irréfutables, les Britanniques se sont résolument accrochés à l’idée erronée selon laquelle ils étaient les seuls à posséder la technologie radar. Heureusement pour eux, cette erreur n’a pas eu de répercussion sur la bataille qui a suivi. (return)

[6]. Stephen Budiansky, Air Power: The Men, Machines, and Ideas that Revolutionized War, from Kitty Hawk to Iraq, New York, Penguin Books, 2005, p. 235. (return)

[7]. La littérature fournit des renseignements contradictoires sur le grade de l’homme et même sur l’orthographe de son nom, mais sa percée fulgurante ne fait aucun doute. Derek Wood et Derek Dempster, La bataille d'Angleterre : la victoire de la R.A.F., Paris, Éditions France-empire, 1990, p. 95-96, ont indiqué qu’en 1938, lorsqu’il est devenu chef du service de renseignement de la Luftwaffe, Schmid était major. Budiansky, dans son ouvrage intitulé Air Power, p. 220, mentionne que Schmid était colonel, bien que ce grade soit toujours d’un niveau hiérarchique quelque peu inférieur pour remplir de telles fonctions. Après une affectation en Afrique du Nord à titre de commandant d’une division de blindés, il a été rappelé de Tunisie sur l’ordre de Goering et nommé commandant de la capacité allemande de chasseurs de nuit. Dans son ouvrage intitulé Hitler’s Blitzbomber, Maxwell Air Force Base, Air University Documentary Research Study, 1951, p. 39, Eugene M. Emme indique que le grade de Schmid lorsque ce dernier occupait ce poste était celui de generalleutnant, ce qui, même en temps de guerre, constituait un avancement rapide. (return)

[8]. Derek Wood et Derek Dempster, La bataille d'Angleterre : la victoire de la R.A.F., Paris, Éditions France-empire, 1990, p. 100-106. (return)

[9]. Derek Wood et Derek Dempster, La bataille d'Angleterre : la victoire de la R.A.F., Paris, Éditions France-empire, 1990, p. 110-111. (return)

[10]. Richard Overy, The Battle, New York, Penguin Books, 2000, p. 126. (return)

[11]. Peter Townsend, Un duel d'aigles : R.A.F. contre Luftwaffe, Paris, Laffont, 1969, p. 417-418. (return)

[12]. Wood et Dempster, La bataille d'Angleterre : la victoire de la R.A.F., p. 395-396. (return)

[13]. Deichman a effectué des vols à titre d’observateur durant la Première Guerre mondiale et a reçu une formation de pilote en Union Soviétique durant la période de coopération entre les Soviétiques et la République de Weimar. (return)

[14]. Wood et Dempster, La bataille d'Angleterre : la victoire de la R.A.F., p. 417-418. Même si l’on ne tient pas compte de la suffisance et la vanité militaires habituelles, Deichman a commis une erreur élémentaire. Il aurait dû savoir que, lorsque l’attaquant combat sur un front large, il a l’avantage de choisir le point d’attaque et de pouvoir rassembler ses forces au schwerpunkt (centre de gravité) comme Clausewitz l’a nommé. Le défendeur n’a pas cet avantage et doit répartir ses forces sur l’ensemble du front. Le radar et le système de contrôle connexe ont permis aux Britanniques de concentrer péniblement les forces à l’endroit où les Allemands avaient l’intention d’attaquer et de parvenir à rééquilibrer les forces. Si les Allemands souhaitaient une compétition sportive, il était plus simple de transmettre aux Britanniques l’heure et le lieu de la prochaine attaque. Cependant, en tant que mouvement militaire, c’était contraire aux principes de la guerre, en particulier en ce qui a trait à la surprise et à la dispersion des forces ennemies. Il s’agit encore une fois des concepts de Clausewitz. (return)

[15]. Thomas G. Mahnken, Uncovering Ways of War: U. S. Intelligence and Foreign Military Innovation, 1918–1941, Ithaca, New York, Cornell University Press, 2002, p. 159-160. (return)

[16]. David K. Allison, « New Eye for the Navy: The Origin of Radar at the Naval Research Laboratory », Naval Research Laboratory Report 8466, Washington, DC, Naval Research Laboratory, 1981. (return)

[17]. Les chasseurs monoréacteurs de l’époque étaient bien connus pour leur « faible endurance », particulièrement en raison des combats aériens qui nécessitaient des vols à plein régime. Le Messerschmitt Me-109, le cheval de bataille allemand de l’époque, avait une endurance d’environ une heure, et à de trop nombreuses occasions, ce chasseur a dû abandonner l’attaque et rentrer et a souvent été forcé d’amerrir malgré tout. Cajus Bekker, The Luftwaffe War Diaries, Londres, Macdonald & Co, 1971, p. 236. Dans son ouvrage intitulé Les premiers et les derniers : les pilotes de chasse de la deuxième guerre mondiale, Paris, Yves Michelet, 1985, p. 42, Adolf Galland souligne également l’absence de réservoir auxiliaire de carburant qui, selon lui, faisaient déjà l’objet d’essais en Espagne en raison de la distance de pénétration limitée du bombardier. Par conséquent, l’ensemble du secteur au nord de Londres était (presque) un lieu exempt de bombardement. (return)

[18]. David Pritchard, The Radar War: Germany's Pioneering Achievement 1904–1945, Somerset, Royaume-Uni, Patrick Stephens, 1989, p. 87. Les Allemands avaient essentiellement raison, bien que pour susciter un tel effet, on devait obtenir des ondes encore plus courtes, ce qui était impossible avec la technologie de l’époque. Ils ont probablement fondés leurs calculs sur les travaux de James Maxwell (1831–1879), enrichis ultérieurement par Arnold J. W. Sommerfeld (1868–1951). Ces travaux ont également été approfondis dans les années 1970 par Pyotr Ufimtzev et ont ouvert la voie à la furtivité et au F-117, bien que Ufimtzev l’ignore à ce moment. Voir Ben R. Rich et Leo Janos, Skunk Works: A Personal Memoir of My Years at Lockheed, New York, Little, Brown & Company, 1994, p. 19-22. Comme les Allemands s’intéressaient au radar et non à la furtivité (qui relevait davantage de la science-fiction à cette époque de toute façon), ils ont conclu que les radars à très hautes fréquences étaient inutiles. (return)

[19]. David Pritchard, The Radar War: Germany's Pioneering Achievement 1904–1945, Somerset, Royaume-Uni, Patrick Stephens, 1989, p. 88. (return)

[20]. Pour obtenir le récit complet de la mise au point de ce dispositif, voir Robert Buderi, The Invention that Changed the World, New York, Simon & Schuster, 1997, p. 82-88. (return)

[21]. La mission de Tizard comprenait l’ensemble des plus récentes percées technologiques britanniques, notamment le moteur à réaction, les données concernant les recherches britanniques sur la bombe atomique, les fusées, les viseurs gyroscopiques, les dispositifs de détection de sous-marins, les réservoirs de carburant auto-obturants et le magnétron à cavités, le cœur du radar à ondes centimétriques (Robert Buderi, The Invention that Changed the World, New York, Simon & Schuster, 1997, p. 27-28). Tous ces renseignements ont été divulgués sans réserve aux Américains. (return)

[22]. E. G. Bowen, Radar Days, Bristol, Royaume-Uni, Adam Hilger, 1987, p. 150-163; et Robert Buderi, The Invention that Changed the World, New York, Simon & Schuster, 1997, p. 27, 28 et 37. (return)

[23]. Alfred Price, Aircraft versus Submarine: The Evolution of the Anti-submarine Aircraft, 1912 to 1980, Londres, Jane’s Publishing, 1980, p. 118. (return)

[24]. Philip M. Morse et George E. Kimball, Methods of Operations Research, Washington, DC, Operations Evaluation Group, Office of the Chief of Naval Operations, Navy Department, Operations Evaluation Group Report No. 54, 1946, p. 96. Maintenant que l’on dispose de tous les renseignements, on peut supposer que cela constituait la revanche de Goering concernant l’incident (susmentionné) survenu en 1938, lorsque le personnel de la marine lui a demandé de partir et d’inventer ses propres radars. (return)

[25]. Philip M. Morse et George E. Kimball, Methods of Operations Research, Washington, DC, Operations Evaluation Group, Office of the Chief of Naval Operations, Navy Department, Operations Evaluation Group Report No. 54, 1946, p. 96. (return)

[26]. La coordination de la guerre sous-marine dans l’ensemble de l’océan nécessitait un trafic radio à grande échelle. Le haut commandement allemand connaissait le danger, mais le considérait comme un mal nécessaire. Cependant, comme on tenait pour acquis qu’Enigma était indéchiffrable, « l’incitation aux communications a entraîné un relâchement presque complet de la discipline radio » [Traduction]. Les sous-marins allemands sont devenus « l’organisation militaire la plus bavarde de l’histoire de la guerre » [Traduction]. David Kahn, La guerre des codes secrets : des hiéroglyphes à l'ordinateur, Paris, Inter Editions, 1980, p. 503; et Alfred Price, Aircraft versus Submarine: The Evolution of the Anti-submarine Aircraft, 1912 to 1980, Londres, Jane’s Publishing, 1980, p. 125. (return)

[27].Alfred Price, Aircraft versus Submarine: The Evolution of the Anti-submarine Aircraft, 1912 to 1980, Londres, Jane’s Publishing, 1980, p. 143-144. (return)

[28]. Dans un contexte similaire, bien que l’on fasse référence à un autre sujet, on doit se rappeler l’observation suivante : « Compter sur les maladresses de l’ennemi sur le champ de bataille était au mieux une stratégie faible qui ne mène pas au bonheur et à une longue vie. » [Traduction] Wolfgang W. E. Samuel, American Raiders: The Race to Capture the Luftwaffe’s Secrets, Jackson, MS, University Press of Mississippi, 2004, p. 426. (return)

[29]. Robert Buderi, The Invention that Changed the World: How a Small Group of Radar Pioneers Won the Second World War and Launched a Technical Revolution, New York, Touchstone, 1997. (return)

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