La théorie de la puissance aérienne et la classification des forces (La Revue de l'ARC - ÉTÉ 2016 - Volume 5, Numéro 3)

par Mathew Preston, B.A., M.S.S.

Les théories sur la puissance aérienne partent le plus souvent du postulat que la force étudiée est de grande taille et qu’elle peut produire une concentration stratégique. La littérature spécialisée dans ce domaine passe essentiellement outre aux forces aériennes plus petites; en effet, y sont pour ainsi dire inexistantes l’Aviation royale canadienne (ARC), la Royal Australian Air Force (RAAF) et l’Aviation royale néerlandaise. Ces entités plus petites ne disposent ni des fonds, ni des effectifs voulus pour qu’on les croie capables d’un effet stratégique; en outre, elles ne possèdent aucune ressource purement et intrinsèquement stratégique (du point de vue traditionnel); par exemple, elles n’ont pas de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) ou de bombardiers intercontinentaux tels que le B-1 ou le Tu-160. Par ailleurs, la plupart du temps, on classe les forces aériennes dans deux catégories : les « grandes », par exemple la United States Air Force, et les « petites ». En vertu de ce classement, l’ARC et la RAAF se retrouvent dans la même catégorie que des forces aériennes dotées de capacités qualitatives considérablement moindres que les leurs. Par ricochet, le facteur stratégique qui pourrait s’appliquer à certaines forces aériennes extrêmement modernes, mais de taille plus limitée, est sous-estimé.

La théorie traditionnelle de la puissance aérienne insiste beaucoup sur l’utilisation stratégique d’une puissance aérienne, grandement caractérisée par les bombardements stratégiques; ces bombardements, qui ont montré leur utilité pendant la Seconde Guerre mondiale, sont parvenus à la perfection théorique avec la création des armes thermonucléaires. Suivant la Seconde Guerre mondiale, une distinction s’est précisée entre les volets stratégique et tactique de la puissance aérienne. La caractérisation traditionnelle de ces concepts a engendré une situation où les petites forces aériennes sont incapables de mener des opérations dans l’ensemble du spectre. L’accent mis sur les grandes forces dans la littérature a créé un problème théorique, surtout quand on envisage l’application de la puissance aérienne dans les forces interarmes des États-Unis. Si les définitions de la puissance aérienne ne décrivent pas convenablement les contributions et capacités des petites forces telles que l’ARC, alors il est nécessaire d’en arriver à une nouvelle compréhension des paramètres au sein de la théorie sur la puissance aérienne.

Divers changements théoriques et technologiques ont eu lieu. Ceux-ci facilitent l’élaboration d’un nouveau système de classification, lequel peut servir à la discussion sur l’application de la puissance aérienne stratégique et sur son fonctionnement dans le contexte moderne.

« Pendant des siècles, la plupart des projectiles que les militaires lançaient vers l’ennemi rataient la cible[1]. » [Traduction] Cependant, cette réalité a changé au cours de la guerre du Vietnam, dans les airs à tout le moins, et la transformation a été évidente dans l’esprit des militaires. En effet, entre le 14 et le 15 mai 1972, un exploit technologique a été accompli, qui allait, plus que jamais, accroître l’efficacité de la puissance aérienne. Des chasseurs-bombardiers effectuant 14 sorties sont parvenus à détruire deux ponts au Vietnam du Nord; or, jusque-là, 871 sorties avaient abouti à l’échec, et 11 avions avaient été perdus[2]. Les F-4 Phantom ont réussi là où les bombardiers conventionnels avaient échoué, grâce à l’emploi de munitions à guidage de précision laser (MGP). Les bombes Paveway utilisées alors coûtaient 8 000 dollars chacune, mais elles étaient aussi efficaces que 25 bombes non guidées de calibre supérieur plus dispendieuses[3]. Depuis 1943, il existait bien diverses armes munies d’un système de guidage, mais ce sont les attaques de 1972 qui ont marqué le début de l’ère moderne des armes de précision[4]. Le fait qui suit est particulièrement important aux fins de la présente discussion : bien que des systèmes à guidage laser aient été employés au combat avant les raids de 1972 contre les ponts nord-vietnamiens, ce fut pendant ces raids que, pour la première fois, un seul chasseur-bombardier emportait à la fois la bombe et le marqueur d’objectif[5]. Une étude de la société RAND menée en 1975 a résumé comme suit l’évolution de cette technologie : « [D]es chars peuvent être frappés avec précision par des VTG [véhicules téléguidés] largués depuis de gros bombardiers, et des silos d’ICBM ennemis peuvent être atteints par des missiles de croisière lancés par des sous-marins “ tactiques[6] ”. » [Traduction] Cette évolution venait confondre les catégories de forces. L’arrivée de ces armes est donc un aspect important dont il faut tenir compte dans la définition de la puissance aérienne, car ces armes « sont à même de détruire, à un taux élevé, des forces terrestres ennemies en mouvement ou occupant des positions défensives, tout en neutralisant des éléments vitaux de l’infrastructure de combat de l’ennemi[7] ». Les petites forces aériennes peuvent s’en servir en produisant un effet proportionnel encore plus grand; leurs chaînes logistiques sont plus courtes et elles doivent se déplacer moins, de sorte qu’il leur est plus facile de se rendre rapidement sur le terrain[8].

Les partisans de la puissance aérienne rêvaient depuis longtemps du jour où l’arme, la plate-forme et la volonté de l’humain de s’en servir convenablement seraient intégrées pour faire de cette puissance un atout décisif. Aujourd’hui, ce rêve est devenu réalité. Il suffit de se rappeler les raids que nous avons effectués contre Schweinfurt (Allemagne), pendant la Seconde Guerre mondiale, pour constater dans quelle mesure saisissante les armes de précision ont accru notre puissance au cours des 50 dernières années : 300 bombardiers B-17 emportant 3 000 bombes au cours de deux raids n’ont pas réussi à accomplir ce que deux F-117 peuvent maintenant faire en emportant seulement quatre bombes. Les armes de précision ont véritablement donné un nouveau sens au mot concentration[9]. [Traduction] [Les italiques sont employés dans l’original (anglais).]

Même avant la guerre du Golfe — campagne d’où découle l’observation précédente —, on savait que les MGP allaient changer les règles du jeu. L’étude de la société RAND précisait que « l’exactitude ne dépend désormais plus de la distance […] s’il est possible d’acquérir un objectif […], on peut en général le frapper. Dans le cas de nombreux objectifs, si on le frappe, on le détruit[10]. » La guerre du Golfe a montré que les MGP étaient de loin les armes les plus efficaces, la plupart d’entre elles étant larguées depuis des chasseurs ou de petits aéronefs d’attaque[11]. Les gros bombardiers qui constituaient les forces du Strategic Air Command ont été relégués à un rôle de véhicule de transport des missiles de croisière. Ainsi, la plupart du temps (exception faite des limites relatives à la charge utile), le chasseur-bombardier (ou chasseur polyvalent) constitue l’avion de combat le plus efficace dans une force aérienne moderne. Le commentaire qui vaut le plus pour les forces aériennes de la taille de l’ARC est le suivant : le chasseur polyvalent représente la meilleure plate-forme pour l’application moderne de la puissance aérienne. À l’ère des MGP « il n’est pas surprenant de constater que la meilleure combinaison allie l’opérateur dûment formé sur une plate-forme intelligente, munie de détecteurs intelligents et larguant une arme intelligente[12] ». [Traduction]

Avant d’ajouter une nouvelle structure aux hypothèses théoriques de la puissance aérienne, il importe de souligner qu’il n’existe aucune distinction véritable entre les volets stratégique et tactique de la puissance aérienne, sauf en ce qui concerne le motif de son utilisation. Comme le stratège Edward Luttwak l’affirme « [d]epuis une cinquantaine d’années, on a pris l’habitude d’appliquer l’adjectif “ stratégique ” aux forces et aux armes à long rayon d’action, par opposition à celles dont la portée est plus courte. C’est ainsi que nous entendons parler de bombardiers ou de missiles “ stratégiques ” et “ tactiques[13] ”. » Il ajoute : « Cette malencontreuse terminologie nous a été transmise par les premiers avocats (sic) de la puissance aérienne[14]. » Pour Luttwak, l’utilisation des armes se fait à trois niveaux : tactique, opérationnel et stratégique[15]. Les armes ne sont pas stratégiques : seule la nature de leur emploi peut être telle. Colin Gray y fait déjà dans le titre de son livre Air Power for Strategic Effect. La puissance aérienne est « stratégique » quand on s’en sert de façon stratégique, et non en raison de certaines caractéristiques de sa composition matérielle. Certains observateurs feront valoir qu’il est impossible d’agir de façon stratégique sans réunir une force suffisamment massive pour vaincre l’ennemi. C’est là une fausse perception du « stratégique ». Si le Partenariat transpacifique peut être une réalité stratégique (par l’établissement de normes économiques occidentales en Asie avant la mise en œuvre par la Chine de son propre cadre)[16], alors on peut adopter une approche tout aussi stratégique en confiant un rôle particulier à une petite force aérienne au sein d’une coalition. C’est notamment vrai dans le cas des puissances moyennes, qui sont pratiquement incapables d’atteindre des objectifs stratégiques en recourant uniquement à la puissance coercitive. Un pays déploie plutôt alors la force militaire de concert avec ses alliés pour parvenir à une fin politique donnée. Le but de la guerre en soi n’est pas la fin politique, mais simplement d’être là pour poursuivre la guerre et réaliser la politique nationale. Cela revêt sans doute le plus de pertinence quand on parle de la stratégie canadienne et aussi de la plupart des pays alignant des forces aériennes dont la taille équivaudrait à celle de l’ARC. Le fonctionnalisme l’emporte.

Les petites forces aériennes ne peuvent créer des atouts relatifs à la concentration. Cependant, cela ne les empêche pas d’agir de façon stratégique. L’impératif stratégique des forces aériennes de deuxième niveau[17] consiste, en termes généraux, en deux choses. D’abord, entretenir leurs alliances (que ce soit au sein d’une vaste alliance ou, dans le cas du Canada, qu’il s’agisse de se conserver la faveur des États-Unis) ou, ensuite, à protéger la paix, la sécurité et le système humanitaire en échange d’un bénéfice politique international ou national. De cette façon, apporter une contribution significative constitue un impératif « stratégique ». En fournissant quelques avions C-130 pour le transport de munitions, on ne s’attire pas les faveurs de la USAF; par contre, on les attire en se chargeant entièrement de l’espace de combat aérien d’un théâtre (par exemple si le Canada assumait l’entière responsabilité d’une zone donnée de l’espace aérien de la Libye). Or, cela ne peut s’accomplir que si la force aérienne de deuxième niveau est qualitativement égale à une force aérienne de premier niveau. Bref, afin d’agir de façon stratégique, il ne suffit pas de faire une contribution : il faut que celle-ci soit significative.

À la lumière de ce constat, on peut voir que la défaite matérielle d’un ennemi n’est pas le seul ou le principal objectif stratégique d’une force aérienne de petite taille ou de taille moyenne. Le but stratégique réside plutôt dans le bénéfice politique qu’elle acquiert en jouant un rôle important dans la campagne (combats, opérations de dissuasion, ou tout simplement, mesures d’assurance). Voilà qui nécessite une nouvelle façon d’envisager la composition d’une force aérienne et l’application de la puissance aérienne.

À bien des égards, cela semble aller de soi dans le cas de n’importe quelle puissance moyenne, qu’elle emploie des ressources aériennes, navales ou terrestres. Toutefois, la puissance aérienne revêt des caractéristiques particulières qui nécessitent une refonte de la définition quand il s’agit de son application par des puissances moyennes. La technologie évolue à une cadence exceptionnellement rapide; les conflits entre grandes puissances qui permettraient de jauger les tactiques et technologies dans la réalité sont rares, voire inexistants. Bien que les forces terrestres subissent des changements technologiques (et qu’elles soient encore moins susceptibles que les forces aériennes d’affronter un concurrent égal ou quasi égal), leur application tactique fondamentale change peu, qu’elles se mesurent à un adversaire de première classe ou à une force insurrectionnelle. Compte tenu de ce qui précède, nous proposons la définition suivante :

Par « puissance aérienne », on entend la capacité d’une force aérienne d’employer sa puissance, tant cinétique que non cinétique – par exemple la recherche et le sauvetage (SAR), le transport aérien ou les capacités C4ISR (commandement, contrôle, communications, informatique, renseignement, surveillance et reconnaissance) – dans une zone particulière et au cours d’une période donnée pour vaincre un ennemi ou atteindre un objectif, lequel peut être la victoire matérielle ou politique remportée sur un ennemi, ou l’amélioration du statut d’un pays au sein d’une organisation de puissances.

Si l’on retient cette définition, la puissance aérienne peut être appliquée de multiples façons par une gamme plus large d’acteurs. Une attaque contre un ennemi peut être « stratégique » ou « tactique », selon la méthode de déploiement des forces. Si, par exemple, on recourt à la puissance aérienne principalement pour détruire des chars ennemis, alors la puissance aérienne est appliquée à l’appui d’une armée d’invasion et elle revêt donc un caractère tactique. D’un autre côté, si la destruction des chars de l’ennemi entraîne l’effondrement de son effort de guerre, comme ce fut le cas en Iraq, en 1991, l’intervention est effectivement stratégique. Cela montre que les aéronefs peuvent faire exactement le même travail dans les domaines stratégique et tactique; par conséquent, la puissance aérienne n’est d’aucune façon intrinsèquement stratégique, bien que l’on puisse l’appliquer à des fins stratégiques.

« Pour les forces aériennes, la taille de la population du pays n’est pas aussi primordiale que ses caractéristiques[18]. » L’instruction et la technologie sont essentielles. Il en est ainsi surtout des forces aériennes incapables d’aligner des ressources égales à celles des États plus grands et plus riches. La technologie et l’instruction sont des atouts multiplicateurs de la force dans tous les domaines de la guerre, mais encore plus dans le domaine de la puissance aérienne : ce sont là les premiers éléments qui permettent d’établir une distinction entre les différents types de forces aériennes.

Le fait de se limiter aux termes petites et grandes pour distinguer les forces les unes des autres est problématique, car ces mots font intervenir de trop nombreux facteurs indéfinissables. Les mentions « petites » ou « grandes » pour désigner les forces aériennes sont multiples dans la littérature, sans que ces expressions soient nécessairement définies avec clarté. Si la distinction entre les forces aériennes est uniquement fonction de leur taille, alors l’importance de la technologie, de l’instruction et d’une situation géographique favorable est perdue[19]. En outre, la répartition des forces en deux groupes généraux (grandes ou petites) fait en sorte que les forces aériennes du Canada se retrouvent dans la même catégorie que celles de petits pays des Antilles et de la Baltique, dont les capacités technologiques et les effectifs sont moindres. La technologie et l’instruction peuvent servir à faire la distinction entre les types de forces aériennes. Voici ce que dit S. A. Mackenzie dans un des rares ouvrages consacrés aux petites forces aériennes : « Admettons qu’une petite force aérienne en est une qui, pour une raison fondamentale quelconque d’ordre économique, géographique, politique ou social, a choisi de limiter ses rôles à seulement certaines des interventions constituant la gamme complète des missions confiées aux forces aériennes[20]. » [TCO] Cette définition catégorise les forces aériennes en fonction non pas de leur taille, mais de leurs capacités, distinction utile.

Un haut degré d’instruction et de compétence technique est essentiel également à toute force aérienne digne de ce nom. C’est ce qu’illustre la boucle OODA du colonel John Boyd. Le sigle OODA signifie « Observer, Orienter, Décider et Agir ». Il résume un processus mental capital pour les pilotes. Plus un pilote exécute rapidement ce processus intellectuel, meilleurs seront ses résultats; habituellement, le pilote le plus rapide l’emporte[21]. Meilleur est l’entraînement et plus rapide sera l’application de la boucle OODA, et la force aérienne sera meilleure elle aussi en tant que somme de ses pilotes[22]. « Bien exécuté, le processus mental OODA devient la clé de la réussite […] appliqué avec brio, il devient la marque du génie[23]. » [TCO] Seule une force aérienne qui s’adonne à un régime d’entraînement intensif peut produire des pilotes qui compteront parmi les meilleurs du monde. Si, d’après la logique de Mackenzie, le calibre d’une force aérienne repose sur ses capacités et non sur sa taille, alors on peut aussi inclure dans l’équation la capacité de projeter la puissance.

Maintenant que nous avons défini la puissance aérienne, nous pouvons en discuter sur le plan théorique sans utiliser les termes impropres que sont « petite » et « grande ». Au lieu d’utiliser ces deux mots, il serait sans doute plus utile, aux fins d’une discussion sur la puissance aérienne, de faire la distinction entre les forces en fonction de leur niveau. Les forces aériennes de niveau 1 devraient comprendre celles des États-Unis, de la Russie, de la Grande-Bretagne et de la France, bien que ces deux derniers cas ne soient pas des exemples parfaits. Les forces aériennes de niveau 1 n’ont aucun compromis à faire au chapitre des capacités, quelles qu’elles soient : elles en possèdent toutes une gamme complète, dont des chasseurs de supériorité aérienne, des chasseurs-bombardiers, des plates-formes d’attaque au sol et un arsenal complet de missiles de croisière et d’ICBM. Ces États ont également à leur disposition un éventail entier de moyens non cinétiques propres à la puissance aérienne : aéronefs de transport, unités SAR, capacités de guerre électronique (GE), systèmes aéroportés d’alerte lointaine et de contrôle (AWACS). En outre, ils ont accès aux toutes dernières technologies et peuvent projeter leur puissance n’importe où dans le monde grâce à des bases aériennes amies ou à leurs ressources aéronavales. Les progrès technologiques tels que ceux représentés par les simulateurs permettent par ailleurs aux pilotes de recevoir un entraînement poussé. Les caractéristiques d’une force aérienne de niveau 1 se résument donc ainsi : aucun compromis au chapitre des capacités; utilisation des toutes dernières technologies; capacité de projeter la puissance n’importe où dans le monde. Cette conclusion est issue de l’idée que les États-Unis — en raison de leurs nombreux groupes opérationnels aéronavals, des bases étrangères leur étant accessibles et des accords avec des pays alliés sur l’emploi de leurs bases — possèdent la force aérienne la plus puissante de la Planète si l’on prend en compte ses effectifs, sa technologie et sa capacité de projeter sa force partout dans le monde. Comme les États-Unis sont la plus formidable puissance aérienne du monde, les caractéristiques de leurs forces aériennes en font les meilleures auxquelles on puisse comparer toutes les autres, et leurs capacités sont insurpassables.

Si, comme le fait valoir Mackenzie, une petite force aérienne doit inévitablement renoncer à certains des atouts de la puissance aérienne pour des raisons liées à la géographie, à la technologie, aux paramètres économiques ou au caractère national, nous pouvons pousser la logique plus loin et dire qu’elle fait aussi un compromis quant à sa capacité de projeter sa puissance. Les forces aériennes de pays tels que l’Australie, le Canada, les Pays-Bas et la Norvège correspondent à celles du niveau 2. Elles ne font aucun compromis en ce qui concerne les capacités cinétiques de leurs plates-formes pilotées et elles disposent toutes des chasseurs polyvalents, leurs principaux avions de combat. D’importants compromis ont lieu quant à la taille de leurs ressources de transport aérien et elles n’ont ni plates-formes air-sol exclusives, ni intercepteurs, ni avions de supériorité aérienne; par ailleurs, ces forces aériennes ont des capacités limitées, voire nulles, aux chapitres des missiles de croisière ou des ICBM. Certaines, telles que celles de l’Australie et des Pays-Bas, sont en train de se doter de capacités aéronavales[24], mais la plupart ne sont pas à même de projeter leur puissance de cette façon, et aucune ne peut fonctionner dans un environnement de forte intensité, loin de leurs bases d’attache, sans une aide considérable de la part d’au moins un allié. Cependant, les capacités qu’elles choisissent de déployer sont de qualité égale à celles des forces aériennes de niveau 1. La plus grande différence entre les forces aériennes des niveaux 1 et 2 réside dans la quantité, et non dans la qualité. Cela résulte en partie de l’efficacité et du coût relativement faible des MGP, bien que d’autres facteurs technologiques et relatifs au personnel importent aussi. L’entraînement est on ne peut plus déterminant à cet égard. Seuls les pays riches, ou incroyablement passionnés par leur cause, peuvent se permettre d’entraîner leurs pilotes aux commandes d’aéronefs dans le monde réel dans une mesure telle qu’elle leur conférera un avantage compétitif. Avec la croissance des capacités des chasseurs de cinquième génération, la progression technologique deviendra nécessaire elle aussi dans le très proche avenir. En outre, le degré élevé de technologie désormais à la portée des petites forces, comme l’exemple australien le montrera, renforce l’idée que ce n’est plus la technologie qui distingue les grandes forces aériennes des petites. Bref, une force aérienne de niveau 2 possède les caractéristiques suivantes : elle jouit de la parité technologique qualitative avec les forces de niveau 1; pour le combat, elle mise beaucoup sur le chasseur polyvalent; elle fait peu de compromis au chapitre des capacités (les compromis sont surtout d’ordre quantitatif); elle possède une capacité limitée de projeter sa puissance n’importe où et n’importe quand sans l’aide d’un allié de taille, ou d’une coalition d’alliés.

Enfin, une force aérienne de niveau 3 doit faire des compromis à l’égard de la plupart des capacités de la gamme; elle se concentre surtout sur les capacités cinétiques et sur les opérations dans sa propre région. Elle n’a pas les moyens d’acquérir des technologies de pointe, en particulier dans les domaines de la GE et des ressources AWACS; elle accuse donc un déficit considérable dans tout conflit l’opposant à une force aérienne de niveau 1 ou de niveau 2. La possibilité de projeter la puissance détermine aussi le niveau auquel une force aérienne peut fonctionner. Comme nous l’avons déjà dit, une force aérienne de niveau 3 est peu à même de le faire. Une force aérienne de niveau 2 peut projeter sa puissance n’importe où dans le monde avec une certaine aide d’autrui (ou, dans certains cas, il lui suffit d’obtenir le droit d’utiliser une base, sans moyens logistiques comme tels), mais une force aérienne de niveau 3 ne peut se déployer que dans sa région, à moins de se mettre complètement à la remorque d’une force plus grande dotée de meilleures capacités que les siennes. En gros, une force aérienne de niveau 3 ne peut agir que dans sa région immédiate. Sur le plan technologique, elle mise beaucoup sur des chasseurs des générations antérieures et sur d’autres aéronefs, et l’entraînement est limité pour des motifs financiers. En raison de leurs capacités technologiques inférieures, de nombreux pays non occidentaux ou non industrialisés possèdent des forces aériennes de niveau 3.

Comme le niveau 2 est celui qui correspond le plus au contexte canadien, nous nous concentrerons sur celui-là. Tout d’abord, les atouts primordiaux de ce groupe (MGP, chasseurs polyvalents, transport aérien, et, maintenant, capacités GE et AWACS) en ont fait une entité davantage axée sur les interventions tactiques, au sens traditionnel du terme. L’ARC, en particulier, se déploie depuis toujours de cette façon. Au début de la guerre froide, la Division aérienne de l’ARC en Europe a tout d’abord été munie du F-86 Sabre, un chasseur de supériorité aérienne[25]; plus tard, elle a aligné des avions importants du point de vue tactique, le CF-104 Starfighter, notamment[26]. Cet avion et le CF-5 ont principalement été acquis pour exécuter des frappes tactiques en Europe[27]. Les grandes forces aériennes, celles des États-Unis, surtout, devaient s’occuper des aspects stratégiques, en particulier le bombardement d’installations russes derrière les lignes. Le Canada, parallèlement aux autres pays alliés, a mis l’accent sur cet emploi tactique de la puissance aérienne. C’est ainsi que les doctrines à orientation tactique ont été acceptées dans les forces aériennes de ces pays. C’est ce que montrent les types d’aéronef achetés alors, en particulier le chasseur principal. Quand le Canada s’est procuré des CF-188, il a choisi ce type d’avion en raison surtout de ses capacités polyvalentes et tactiques[28].

À notre époque, les forces aériennes de niveau 2 s’intéressent surtout aux aéronefs polyvalents et ultra-perfectionnés. L’Australie illustre parfaitement cette affirmation. L’achat d’EA-19 Growler à capacité de GE, de chasseurs F-35 et de Boeing Wedgetail (avion doté de grandes capacités GE, AWACS et C4ISR et que beaucoup considèrent comme meilleur que tout appareil que les États-Unis sont en mesure de déployer actuellement) montre que le pays met de l’avant l’acquisition, en petit nombre, d’appareils aux capacités de pointe et pouvant remplir de multiples missions en raison de leur polyvalence[29]. En outre, ce sont tous là des outils qui servent depuis toujours à des fins tactiques. Aucun n’est conçu pour frapper le territoire national de l’ennemi, derrière les lignes; ils sont destinés à mener des opérations sur la ligne de front.

La puissance aérienne stratégique ou tactique n’existe pas; il n’y a que les fins qui sont tactiques ou stratégiques. Les MGP sont l’outil principal des forces aériennes modernes et elles sont surtout larguées par des chasseurs polyvalents; cela signifie qu’il est possible d’évaluer la capacité des forces aériennes de niveau 2 à appliquer la puissance aérienne. Si, comme nous l’avons précisé plus haut, on entend par « puissance aérienne » la capacité d’agir sur les plans stratégique et tactique telle qu’elle est définie par le commandant de l’opération ou les chefs politiques d’une région donnée, pendant une période définie, comment ces forces aériennes de niveau 2 s’intègrent-elles dans la théorie sur la puissance aérienne?

La capacité d’agir de façon tant stratégique que tactique dépend beaucoup de ce que l’on entend par « stratégique ». Depuis toujours, dans le contexte de la puissance aérienne, le mot qualifie toute attaque du territoire national de l’ennemi visant à entraîner l’effondrement de ses efforts de guerre. C’est ce que nous pouvons lire dans les ouvrages de Douhet, Trenchard et même Warden[30]. Comme nous l’avons fait valoir, les forces aériennes de niveau 2 ont principalement pour but d’exécuter des opérations tactiques, ou, à tout le moins, des missions perçues comme telles. Maintenant que les MGP peuvent servir à frapper des objectifs de taille moindre, il n’est plus nécessaire de bombarder les villes. Par conséquent, on n’a plus besoin d’une plate-forme expressément conçue pour les bombardements stratégiques au cours d’un conflit de haute intensité. Comme le chasseur polyvalent possède de grandes capacités, surtout lorsqu’il s’agit de déployer des MGP, et que les forces aériennes de niveau 2 misent beaucoup sur les avions de ce genre, ces dernières sont bien placées pour remplir des missions de bombardement. L’importance des chasseurs polyvalents pour la puissance aérienne moderne, même pour celle d’une force aérienne de niveau 1, peut être démontrée par le fait que les forces aériennes de ce niveau réduisent le nombre d’appareils différents composant leur flotte, à mesure que les capacités de ces chasseurs deviennent plus manifestes. À preuve, les États-Unis sont en train de remplacer leurs Harrier, A-10, F-16, F-18 et F-15E par des avions F-35, tandis que la Chine passe à une force dotée de deux types d’aéronefs (le J-20, pour la supériorité aérienne, et le J-31, pour les missions davantage axées sur l’attaque). De plus en plus, on conçoit qu’une ou deux variantes à grandes capacités du chasseur-bombardier ou du chasseur de supériorité aérienne peuvent se charger de la majorité des missions déterminantes. Comme c’est ainsi que les forces aériennes de niveau 2 s’équipent, elles sont en train de devenir aussi capables d’appliquer la puissance aérienne que des forces de niveau 1, du moins dans leur zone d’opérations immédiate, sinon dans l’ensemble du théâtre.

La notion selon laquelle le commandant doit décider ce qu’est un déploiement stratégique ou tactique en est une qui, en vérité, est plus difficile à appliquer au niveau politique pour une force aérienne de niveau 2, à tout le moins en tant qu’acteur individuel. Comme nous l’avons mentionné, les forces aériennes de niveau 2 sont rarement, voire jamais, capables d’exécuter une mission expéditionnaire sans l’aide d’alliés, en grande partie à cause de leurs limites quantitatives. Quand elles sont déployées outre-mer, elles le sont essentiellement au sein d’une coalition. Elles ne peuvent donc pas décider de la stratégie de leur propre campagne. Il arrive souvent que ces forces relèvent d’un autre commandant que le leur (par exemple un commandant de mission de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord [OTAN]); dans une telle situation, elles ne peuvent pas établir elles-mêmes le sens de « stratégique » ou de « tactique ». Par exemple, l’ARC a participé aux attaques aériennes exécutées au Kosovo en 1999, mais elle n’a été chargée que de groupes d’attaque dont la nature de l’intervention était décidée par le quartier général de l’OTAN. Les forces aériennes de niveau 2 ont pour seuls rôles de suivre les ordres, comme de bons soldats, et de bombarder les cibles leur étant assignées. Cependant, on peut en comprendre qu’une telle force aérienne peut agir sur les plans stratégique et tactique.

Bref, une force aérienne de niveau 2 est parfaitement capable de se charger du dernier aspect de la puissance aérienne, soit la capacité de fonctionner dans une zone donnée pendant une période donnée. Comme nous l’avons déjà dit, les forces aériennes de ce niveau sont essentiellement égales aux forces de niveau 1 sur le plan qualitatif; leur taille réduite est le seul handicap les empêchant d’acquérir la maîtrise de l’air. La capacité technologique de supprimer les défenses antiaériennes ennemies tant au sol que dans les airs en est une qui devient de plus en plus importante pour les forces de niveau 2. L’exemple de l’Australie, qui a acheté des appareils F-35, Growler et Wedgetail, tous très furtifs ou munis de solides moyens de GE, montre que la capacité de neutraliser des défenses aériennes de grande qualité est maintenant à la portée des forces aériennes de niveau 2[31]. Cet atout leur permet d’opérer dans une zone donnée, sans être harcelées par l’ennemi, pendant un certain temps. Cela comprend la capacité d’exécuter des missions cinétiques pendant un moment dans une zone donnée, par exemple des attaques au sol ou des vols d’appui rapproché, et des missions non cinétiques notamment dans les domaines du transport aérien et des vols SAR. Imaginez un dôme de sécurité au-dessus des ressources aériennes d’un pays dans le théâtre : c’est ce que représente la puissance aérienne moderne du point de vue géographique.

Pourquoi est-il nécessaire de redéfinir la puissance aérienne? Quelles seraient les conséquences de la nouvelle définition sur les forces aériennes petites, mais bien entraînées et dotées de grandes capacités? La puissance aérienne est de loin la plus théorique des dimensions de la guerre[32]. Parce que la technologie évolue beaucoup plus vite que le rythme auquel se produisent les engagements de haute intensité servant à mettre les théories à l’épreuve, il importe d’élaborer une théorie et une doctrine qui nous permettront de toujours actualiser l’entraînement et nos modes de pensée : si les temps changent, il doit en être de même de la façon dont nous les envisageons.

Cela ne signifie pas que les définitions antérieures étaient fautives ou incomplètes, ou, par conséquent, qu’il ne faudra pas en conserver certains éléments. Qu’il s’agisse de la campagne aérienne ou de l’effort de guerre total, il importe toujours de trouver le centre de gravité de l’ennemi. En outre, les armes changent, mais les principes demeurent les mêmes. D’abord et avant tout, il faut acquérir la maîtrise de l’air ou, dans le contexte d’un engagement à forces égales, la supériorité aérienne, puis attaquer l’ennemi en fonction des besoins. L’objectif ultime consistera toujours à acquérir la supériorité aérienne dans le théâtre, de manière à permettre l’utilisation libre de la puissance aérienne[33]. L’attaque contre l’ennemi peut être stratégique – comme Warden l’évoque avec ses cercles concentriques de cibles principales – ou tactique, comme l’attaque contre les blindés de Mouammar Khadafi pour protéger les civils et aider les combattants rebelles. Parfois, les deux réalités se recoupent, comme lors de l’opération DESERT STORM et de l’attaque contre les chars de la Garde républicaine[34]. Quoi qu’il en soit, il y aura toujours des cibles intrinsèquement tactiques ou stratégiques et d’autres qui seront les deux à la fois. Aucune évolution de la technologie ne changera quoi que ce soit à ces réalités.

En adoptant une définition exhaustive de la puissance aérienne, on élargit l’application de la définition originale en la rendant plus précise, ce qui est primordial. En définissant simplement la puissance aérienne comme quelque chose qui a lieu du haut des airs, les théoriciens n’accomplissent pas grand-chose. Ce faisant, ils formulent une définition tellement large qu’elle rend trop abstraite toute réflexion sur la question.

La plupart des théoriciens ont axé leurs ouvrages sur les grandes forces aériennes de niveau 1, et c’est là une autre raison d’élargir la définition. Giulio Douhet a demandé à l’Italie de déployer une force de 20 000 bombardiers, pendant que John Warden écrivait dans le contexte américain[35]. En élargissant le cadre de la définition pour y inclure un endroit particulier et une période bien définie, on élimine l’idée de tous les lieux en tout temps, ce qui équivaudrait à dire que la puissance aérienne n’est véritablement réalisable que par les États-Unis.

En créant une définition et un cadre théorique s’appliquant autant aux petites forces aériennes qu’aux grandes, on peut évaluer le rendement de toutes les forces aériennes et formuler des recommandations sur les acquisitions, les déploiements et la doctrine qui conviendront dans l’avenir. Par exemple, en vertu de la nouvelle définition, une force aérienne de niveau 2 peut se mesurer à une force de niveau 1 sur le plan qualitatif, mais elle ne pourra appliquer sa puissance avec efficacité que si elle possède toute une gamme de capacités. Elle peut renoncer à certaines d’entre elles, mais seulement dans une certaine mesure, si elle veut soutenir la concurrence et appliquer la puissance aérienne avec succès. Contrairement à la tendance qui se manifeste dans les armées plus petites, qui cherchent à devenir des forces spécialisées pour mieux servir les coalitions[36], les forces aériennes de taille limitée doivent conserver une gamme de capacités solide et complète.

Récemment, lors de l’opération menée en Libye en 2011, le Canada a montré qu’il était important de disposer d’une force aérienne polyvalente. Grâce à ses systèmes modernisés, le CF-188 a compté parmi les chasseurs polyvalents les plus performants au cours de l’opération. Les CC-177 Globemaster, nouvellement acquis, ont permis à l’ARC de fonctionner de manière indépendante, bien que depuis des aérodromes italiens : auparavant, cela aurait été impossible avec les CC-130 qui étaient les seuls avions de transport lourds du Canada. Les CP-140 Aurora envoyés dans le théâtre ont fourni des capteurs très puissants et, bien que l’ARC n’ait déployé que sept CF-188, les pilotes canadiens, très bien entraînés, dotés des toutes dernières technologies, ont exécuté un pourcentage étonnamment élevé de sorties. Seule une force aérienne de qualité égale et dotée de nombreuses capacités différentes aurait pu fournir un rendement aussi impressionnant.

Malgré la formidable puissance que fournissent les plates-formes aériennes, il s’agit encore là d’un domaine relativement jeune; c’est pourquoi il existe tant de théoriciens exprimant tant de points de vue à cet égard. Le domaine n’est pas encore parvenu à maturité, et il évolue constamment en raison des progrès technologiques qui exercent une influence beaucoup plus grande sur la puissance aérienne que sur toute autre dimension de la guerre. Malgré tout, les études spécialisées abondent sur la question et elles sont signées tant par des universitaires que par des praticiens de la puissance aérienne. Vu la nature de cette dernière, la multitude d’auteurs et l’absence d’un véritable ouvrage de référence (par exemple, l’équivalent de la thèse de Clausewitz)[37], il est difficile de parvenir à un consensus sur la façon de définir la puissance aérienne et il est encore plus difficile de s’entendre sur la façon de l’appliquer. Cependant, cela ne doit pas nous empêcher d’essayer d’y parvenir.

Mathew Preston est expert-conseil en matière stratégique. Il est propriétaire de la maison Heartland Strategic de Calgary. Il a obtenu sa maîtrise en études stratégiques au Centre for Military and Strategic Studies de l’Université de Calgary. Il est aussi agriculteur, musicien et pompier bénévole à temps partiel. Il diffuse des gazouillis @prestonm2 et il blogue à l’occasion pour le 3Ds Blog de l’Institut canadien des affaires mondiales.

ARC―Aviation royale canadienne
AWACS―système aéroporté d’alerte et de contrôle
C4ISR―commandement, contrôle, communications, informatique, renseignement, surveillance et
reconnaissance
GE―guerre électronique
ICBM―missile balistique intercontinental
MGP―munition à guidage de précision
OODA―observer, orienter, décider et agir
OTAN―Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
RAAF―Royal Australian Air Force
SAR―recherche et sauvetage
USAF―United States Air Force

[1]. James Digby, « The Technology of Precision Guidance: Changing Weapon Priorities, New Risks, New Opportunities », Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1975, p. 1. (retourner)

[2]. Stephen Budiansky, Air Power: The Men, Machines, and Ideas that Revolutionized War, From Kitty Hawk to Gulf War II, Toronto, Penguin Books, 2004, p. 408. (retourner)

[3]. Stephen Budiansky, Air Power: The Men, Machines, and Ideas that Revolutionized War, From Kitty Hawk to Gulf War II, Toronto, Penguin Books, 2004, p. 408; Richard Hallian, Ph. D., « Precision Guided Munitions and the New Era of Warfare », APSC Paper Number 53, Canberra, Air Power Studies Centre, 1997, p. 8, consulté le 4 mai 2016, http://airpower.airforce.gov.au/Publications/Details/110/Precision-Guided-Munitions-and-the-New-Era-of-Warfare.aspx. (retourner)

[4]. Richard Hallian, Ph. D., « Precision Guided Munitions and the New Era of Warfare », APSC Paper Number 53, Canberra, Air Power Studies Centre, 1997, p. 8, consulté le 4 mai 2016, http://airpower.airforce.gov.au/Publications/Details/110/Precision-Guided-Munitions-and-the-New-Era-of-Warfare.aspx, p. 8. (retourner)

[5]. James Digby, « The Technology of Precision Guidance: Changing Weapon Priorities, New Risks, New Opportunities », Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1975, p. 2. (retourner)

[6]. James Digby, « The Technology of Precision Guidance: Changing Weapon Priorities, New Risks, New Opportunities », Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1975, p. 7. (retourner)

[7]. Alan J. Vick et coll., Enhancing Air Power’s Contribution Against Light Infantry Targets, Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1996, p. 54-57. (retourner)

[8]. Alan J. Vick et coll., Enhancing Air Power’s Contribution Against Light Infantry Targets, Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1996, p. 30–31. (retourner)

[9]. Le général Buster C. Glosson, cité dans David R. Mets, The Long Search for a Surgical Strike: Precision Munitions and the Revolution in Military Affairs, Maxwell Air Force Base (Alabama), Air University Press, 2001, p. 36. (retourner)

[10]. James Digby, « The Technology of Precision Guidance: Changing Weapon Priorities, New Risks, New Opportunities », Santa Monica (Californie), RAND Corporation, 1975, p. 7. (retourner)

[11]. Environ 9 p. 100 des munitions larguées en Iraq étaient des MGP; pourtant, elles ont détruit à peu près 90 p. 100 de tous les objectifs pendant la campagne. Richard Hallian, Ph. D., « Precision Guided Munitions and the New Era of Warfare », APSC Paper Number 53, Canberra, Air Power Studies Centre, 1997, p. 3, consulté le 4 mai 2016, http://airpower.airforce.gov.au/Publications/Details/110/Precision-Guided-Munitions-and-the-New-Era-of-Warfare.aspx. (retourner)

[12]. Richard Hallian, Ph. D., « Precision Guided Munitions and the New Era of Warfare », APSC Paper Number 53, Canberra, Air Power Studies Centre, 1997, p. 3, consulté le 4 mai 2016, http://airpower.airforce.gov.au/Publications/Details/110/Precision-Guided-Munitions-and-the-New-Era-of-Warfare.aspx. (retourner)

[13]. Edward N. Luttwak, Le paradoxe de la stratégie, Paris, Éditions O. Jacob, 1989, p. 116. (retourner)

[14]. Edward N. Luttwak, Le paradoxe de la stratégie, Paris, Éditions O. Jacob, 1989, p. 116. (retourner)

[15]. Edward N. Luttwak, Le paradoxe de la stratégie, Paris, Éditions O. Jacob, 1989, p. 116. (retourner)

[16]. Michael B. Froman, « The Strategic Logic of Trade: New Rules of the Road for the Global Market », Foreign Affairs, novembre-décembre 2014, consulté le 4 mai 2016, https://www.foreignaffairs.com/articles/americas/strategic-logic-trade. (retourner)

[17]. Nous parlerons plus en détail des forces aériennes des premier, deuxième et troisième niveaux plus loin dans l’article. (retourner)

[18]. Robin Higham, « Introduction », dans Why Air Forces Fail: The Anatomy of Defeat, sous la dir. de Robin Higham et de Stephen J. Harris, Lexington (Kentucky), The University Press of Kentucky, 2006, p. 2. (retourner)

[19]. Commandant d’aviation S. A. Mackenzie, « Strategic Air Power Doctrine for Small Air Forces », Canberra, Air Power Studies Centre, 1994, p. 1. (retourner)

[20]. Commandant d’aviation S. A. Mackenzie, « Strategic Air Power Doctrine for Small Air Forces », Canberra, Air Power Studies Centre, 1994, p. 1. (retourner)

[21]. David S. Fadoka, John Boyd et John Warden, « Airpower’s Quest for Strategic Paralysis », dans The Paths of Heaven: The Evolution of Air Power Theory, sous la dir. de Phillip S. Meilinger, Maxwell Air Force Base (Alabama), Air University Press, 2002, p. 366. (retourner)

[22]. David S. Fadoka, John Boyd et John Warden, « Airpower’s Quest for Strategic Paralysis », dans The Paths of Heaven: The Evolution of Air Power Theory, sous la dir. de Phillip S. Meilinger, Maxwell Air Force Base (Alabama), Air University Press, 2002, p. 366-367. (retourner)

[23]. David S. Fadoka, John Boyd et John Warden, « Airpower’s Quest for Strategic Paralysis », dans The Paths of Heaven: The Evolution of Air Power Theory, sous la dir. de Phillip S. Meilinger, Maxwell Air Force Base (Alabama), Air University Press, 2002, p. 367. (retourner)

[24]. « Amphibious Assault Ship (LHD) », Royal Australian Navy, consulté le 4 mai 2016, www.navy.gov.au/fleet/ships-boats-craft/lhd; « Ships », Marine royale néerlandaise, consulté le 4 mai 2016, www.defensie.nl/english/organisation/navy/contents/navy-units/ships. (retourner)

[25]. Raymond Stouffer, « Vierge ou puissance nucléaire? John Diefenbaker et le choix du Starfighter CF104 », dans Sic Itur Ad Astra : Études sur la puissance aérospatiale canadienne, Volume 3, Le combat si nécessaire, mais pas nécessairement le combat, sous la dir. de W. A. March, Ottawa, ministère de la Défense nationale, 2011, p. 33. (retourner)

[26]. Raymond Stouffer, « Vierge ou puissance nucléaire? John Diefenbaker et le choix du Starfighter CF104 », dans Sic Itur Ad Astra : Études sur la puissance aérospatiale canadienne, Volume 3, Le combat si nécessaire, mais pas nécessairement le combat, sous la dir. de W. A. March, Ottawa, ministère de la Défense nationale, 2011, p. 33 et 37. (retourner)

[27]. Ron Pickler et Larry Milberry, Canadair : cinquante ans d'histoire, Toronto, CANAV Books, 1995, p. 186-187. (retourner)

[28]. Kim Richard Nossal, « Late Learners: Canada, the F-35, and Lessons from the New Fighter Aircraft Program », International Journal, hiver 2012–2013, p. 168. (retourner)

[29]. « Australia’s 2nd Fighter Fleet: Super Hornets & Growlers », Defense Industry Daily, consulté le 4 mai 2016, http://www.defenseindustrydaily.com/australia-to-buy-24-super-hornets-as-interim-gapfiller-to-jsf-02898/; « The Wedgetail Enters into Service: The Aussies Build Out their 21st Century Airpower Capabilities », Second Line of Defense, consulté le 4 mai 2016, http://www.sldinfo.com/the-wedgetail-enters-into-service-the-aussies-build-out-their-21st-century-airpower-capabilities/; « The Coming of the F-35 to Australia: Shipping a 21st Century Approach to Airpower », Robbin Laird, Second Line of Defense : site discontinué, http://www.sldinfo.com/the-coming-of-the-f-35-to-australia-shaping-a-21st-century-approach-to-airpower/. (retourner)

[30]. Phillip S. Melinger, « Giulio Douhet and the Origins of Airpower Theory », dans Paths of Heaven, p. 1; Phillip S. Melinger, « Trenchard, Slessor, and Royal Air Force Doctrine before World War II », dans Paths of Heaven, p. 41; Colonel John Warden, La campagne aérienne : planification en vue du combat, Paris, Economica et Institut de Stratégie Comparée, 1998, p. 25. (retourner)

[31]. « Growler Advocates Outline Stealth Vulnerabilities », Amy Butler, Aviation Week, consulté le 4 mai 2016, http://aviationweek.com/awin/growler-advocates-outline-stealth-vulnerabilities. (retourner)

[32]. Frederick W. Kagan, Finding the Target: The Transformation of American Military Policy, New York, Encounter Books, 2006, p. 126. (retourner)

[33]. Walter J. Boyne, The Influence of Air Power upon History, Gretna (Louisiane), Pelican Publishing, 2003, p. 18. (retourner)

[34]. Stephen Budiansky, Air Power: The Men, Machines, and Ideas that Revolutionized War, From Kitty Hawk to Gulf War II, Toronto, Penguin Books, 2004, p. 418. (retourner)

[35]. Phillip S. Melinger, « Giulio Douhet and the Origins of Airpower Theory », dans Paths of Heaven, p. 6. (retourner)

[36]. Voir Ugurhand G. Berkok, « Specialization in Defence Forces », Defence and Peace Economics 16, no 3, 2005, p. 191-204. (retourner)

[37]. Colin S. Gray, Airpower for Strategic Effect, Maxwell Air Force Base (Alabama), Air University Press, 2012, p. 13. (retourner)

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