Alfred Keith Ogilvie
Biographie / Le 8 septembre 2016
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Par Shari St. John
609e Escadron, Royal Air Force
Alfred Keith Ogilvie est né à Ottawa le 14 septembre 1915. Il a d’abord piloté des attaques aériennes pendant la bataille d’Angleterre; son affectation suivante dans la Force aérienne l’a éventuellement mené au camp de Stalag Luft III duquel il s’est enfui dans la cadre de la grande évasion.
Baptisé affectueusement « Skeets », Alfred Ogilvie était un fervent sportif à l’école secondaire. À l’obtention de son diplôme, il a trouvé du travail chez un courtier en valeurs mobilières, mais la situation qui s’aggravait en Europe l’a incité à choisir une autre profession. Ogilvie s’est montré intéressé à joindre l’Aviation royale canadienne (ARC), mais sa demande a été refusée, car on y acceptait que des diplômés universitaires. Or, Ogilvie n’était jamais allé à l’université et n’avait donc pas de diplôme. Ne se laissant pas décourager, le jeune Canadien a posé sa candidature à l’ARC en août 1939, pour une affectation de courte durée; sa demande a été approuvée le 14 août. Peu de temps après, Ogilvie embarquait sur le Letitia à destination de l’Angleterre, pour commencer son entraînement.
Cet automne-là, après avoir complété une première instruction à Hatfield, le sous-lieutenant d’aviation Ogilvie s’est retrouvé à l’école de pilotage militaire no 9 au sein de la RAF Hullavington dans le Wiltshire. Après avoir obtenu son diplôme, le talentueux pilote a été envoyé à l’École centrale de vol à la RAF Upton, pour son entraînement avec instructeur. Impatient de se lancer dans l’action, Ogilvie a pris l’initiative sans précédent de s’adresser directement au maréchal de l’air de la RAF, Sir Hugh Trenchard…et son stratège a fonctionné! Après une courte halte à l’unité d’entraînement opérationnel à la RAF Aston Down, il est devenu l’un des jeunes membres du 609e Escadron à Middle Wallop, aux commandes d’un Mark I Spitfire.
Ogilvie a eu son « baptême du feu » le 7 septembre 1940, pendant la bataille d’Angleterre. C’est alors qu’il a remarqué deux Messerschmitt (Me) 109 qui volaient sous lui à faible distance. Hypnotisé par la proximité des aéronefs ennemis, Ogilvie ne les a d’abord pas attaqués. Puis, secouant son immobilisme temporaire, il a tiré une première rafale dirigée vers le premier aéronef, mais a atteint et abattu, sans le vouloir, le deuxième aéronef. Commençant à manquer de carburant, Ogilvie savait qu’il devrait trouver un endroit pour atterrir, tout en étant conscient que la base était trop loin. Favorisé par le sort, il aperçoit une base aéronavale où il atterrit en sécurité. Le 15 septembre, Ogilvie a réussi à détruire un deuxième aéronef après avoir abattu un Dornier (DO) 17; puis le jour suivant, il abat un Heinkel (He) 111.
Une semaine plus tard à peine, soit le 27 septembre, Ogilvie et le 609e Escadron se sont retrouvés au-dessus de la Manche face à des aéronefs ennemis arrangés en position de défense circulaire. On aurait pu croire que les pilotes allemands attendaient les chasseurs pour les escorter à leur base. De manière totalement imprévue, la radio du commandant (ainsi que celles de deux commandants d’escadrille) est tombée en panne; c’est ainsi que le sous-lieutenant d’aviation Rogers « Mick » s’est retrouvé aux commandes de cette attaque. Ogilvie était l’ailier de Miller et s’est littéralement agglutiné à lui. Au cours des combats intenses, l’aéronef de Miller et un aéronef ennemi sont entrés en collision, et son ailier Ogilvie a failli se faire prendre dans le nuage de fumée noire et la projection de débris. Se fiant à son instinct, Ogilvie s’est éloigné de la carcasse en flammes de l’aéronef et s’est retrouvé sur les traces du stabilisateur d’un Me 110. Ogilvie a tiré le 110 du haut du ciel et se préparait à tirer une autre salve, lorsqu’un autre membre de l’escadrille lui a dit : « laisse-le tranquille, il est à moi! » Ogilvie s’est donc retiré.
DFC |
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Le 11 juillet 1941, le lieutenant d’aviation Alfred Keith Ogilvie a reçu la Croix du service distingué dans l’Aviation (DFC). Sa citation disait notamment : « Cet officier a fait preuve d’acharnement et de détermination pour chercher et détruire l’ennemi. Il a abattu au moins cinq aéronefs ennemis. » |
Même si son aéronef a subi des dommages à plusieurs reprises, Ogilvie a survécu à la bataille d’Angleterre. Après avoir remporté trois autres victoires au cours des six premiers mois de 1941, il a été abattu le 4 juillet, à bord de son aéronef, et fait prisonnier de guerre. Toutefois, son histoire ne s’est pas terminée avec la destruction de son appareil.
À titre d’« invité » des Allemands, il a participé à « la grande évasion », lorsque 76 prisonniers alliés ont fui le camp Stalag Luft III en mars 1944. Les prisonniers avaient concocté un plan pour s’échapper du camp de prisonniers au moyen de trois tunnels, « Tom, Dick et Harry ». En se servant de tout ce qui leur tombait sous la main, les hommes ont creusé ces trois tunnels pendant de nombreux mois. Harry, le tunnel que les hommes ont emprunté pour s’échapper le 24 mars 1944, s’étendait sur près de 122 mètres, mais a débouché juste avant la limite des arbres derrière laquelle les hommes devaient se dissimuler.
La nuit de l’évasion, peu de temps après qu’Ogilvie se soit extirpé du tunnel en rampant – l’un des derniers hommes à le faire –, un gardien allemand a vu du mouvement dans la neige, au-dessus de l’orifice de sortie du tunnel. Le garde s’étant mis à crier, Ogilvie s’est enfui en courant. Celui-ci a marché dans la neige, dans les forêts et le long des grandes routes pendant quelques jours avant d’être interpellé et interrogé par la police allemande, qui l’a ensuite mis en état d’arrestation. Ogilvie et certains de ses camarades qui s’étaient échappés ont été ramenés au camp Stalag Luft III. Seuls trois hommes ont réussi à retourner en Angleterre, tandis que 50 des hommes qui avaient participé au plan d’évasion ont été exécutés par la Gestapo.
Le capitaine d’aviation Ogilvie, qui a été promu pendant sa captivité, a été libéré par une unité britannique au printemps 1945 et envoyé en Angleterre pour se rétablir avant de retourner au Canada en juillet. De retour au pays, il a travaillé avec le comité d’accueil de l’Aviation royale du Canada afin de saluer le retour des membres des forces aériennes aux quais de Montréal, de Halifax et de New York.
Ogilvie a épousé Irene à l’été 1946 et a pris sa retraite de l’Aviation royale du Canada en 1963, alors qu’il détenait le grade de commandant d’aviation.
Alfred Keith Ogilvie est décédé en 1998. Il a été incinéré et, conformément à ses dernières volontés, une partie de ses cendres ont été dispersées dans la roseraie de la chapelle de la base de la Royal Air Force Biggin Hill, en Angleterre.
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