Lieutenant d’aviation Paul Brooks Pitcher

Biographie / Le 1 septembre 2015

Par Major Bill March

1er Escadron (ARC), Aviation royale du Canada

Paul Brooks Pitcher est « originaire de Montréal » – il est né en 1913 et a été élevé dans la vibrante ville de Québec. Fils de Harriet Brooks, une pionnière de l’étude de la radioactivité et souvent appelée la première physicienne canadienne, Pitcher était un excellent étudiant. Il a eu la piqûre de l’aviation en décembre 1935. L’Aviation royale du Canada (ARC), qui était en expansion, avait autorisé la formation du 15e Escadron (chasse) (auxiliaire) le 1er septembre 1934 à Montréal, et pour Pitcher et certains de ses amis, cette unité locale représentait une bonne occasion de faire l’expérience de voler dans l’un des quatre appareils de Havilland DH-60 Tiger Moths de l’escadron.

Moins de quatre ans plus tard, en septembre 1939, le lieutenant d’aviation Pitcher, un diplômé de l’Université McGill et avocat, s’est porté volontaire pour servir à temps plein dans l’escadron (chasse) qui a été renuméroté 115e Escadron.

L’escadron dont faisait partie Pitcher a été intégré au 1er Escadron (ARC) huit mois plus tard, et le pilote de 26 ans a eu l’occasion de piloter des chasseurs Hurricane en provenance de Dartmouth (Nouvelle-Écosse) assignés à l’escorte de convois. Cette affectation n’a pas duré longtemps, car le 1er Escadron (ARC) a été envoyé en Angleterre en juin 1940 pour contrer la menace allemande envers l’Angleterre. Il y a eu une période de formation intense avant que l’escadron soit déclaré opérationnel et affecté à Northolt au Middlesex le 17 août 1940. Même si Pitcher et ses compatriotes canadiens étaient des pilotes relativement expérimentés – car ils avaient accumulé beaucoup plus d’heures de vol que la majorité des remplaçants qui arrivaient dans les escadrons de la Royal Air Force (RAF) – ils en avaient quand même beaucoup à apprendre sur le combat. Leurs lacunes ont été mises en évidence le 24 août, lorsque des membres du 1er Escadron (ARC) ont tiré par erreur sur trois bombardiers Blenheim de la RAF, en en abattant deux (entraînant la mort de trois membres d’équipage) et causant des dommages importants au troisième.

De retour en service le 26 août, l’escadron canadien a fait bonne figure en détruisant trois aéronefs ennemis et en en endommageant quatre autres – subissant la perte du lieutenant d’aviation R.L. Edwards. Pitcher a participé à ce raid, mais n’a pas fait de victimes. Cela a marqué le début d’une période frustrante pour le Montréalais qui pilotait souvent des appareils, mais n’a jamais pu se rapprocher suffisamment de l’ennemi pour causer des dégâts suffisants. Cependant, le stress engendré par l’imminence d’un combat causait un effet palpable sur les pilotes, car il s’est rappelé que « chaque fois que le téléphone sonnait dans l’abri de dispersion, [nos] estomacs se nouaient. »

Le danger ne se limitait pas seulement aux actions de l’ennemi. Pitcher s’est souvenu que :

« Lors de la première sortie des aéronefs de l’Escadre à Northolt, les aéronefs des trois escadrons postés sur cette base – le 303e Escadron polonais, le 1er Escadron de la RAF et le 1er Escadron de l’ARC – étaient alignés prêts pour le décollage dans leurs aires de dispersion respectives situées dans trois différentes zones du terrain. En raison d’une confusion dans les ordres de décollage, les trois escadrons ont ouvert les gaz en même temps pour se diriger vers le centre du terrain où les trente-six aéronefs se sont rencontrés!

« Par miracle, aucun aéronef n’est entré en collision avec un autre appareil, ni ne s’est écrasé au sol; toutefois, les turbulences engendrées par le souffle des hélices étaient incroyables. Le commandant de la station, qui avait été témoin de la scène, a dû être amené au mess des officiers pour recevoir une bonne dose de remontant. Si je me souviens bien, la confusion était en partie attribuable au fait qu’il y avait deux escadrons désignés comme 1er Escadron. Par la suite, tous les escadrons canadiens postés outre-mer ont été renumérotés en ajoutant 400 à leur numéro. Le 1er Escadron est donc devenu le 401e Escadron. »

Le hiatus de combat du lieutenant d’aviation Pitcher a pris fin durant le deuxième décollage immédiat du 15 septembre 1940, à un moment qu’on a appelé l’apogée de la bataille d’Angleterre. Pitcher, qui faisait partie des onze membres de l’escadron en service cet après-midi-là, s’est rapproché d’un appareil Heinkel 111 et a tiré plusieurs rafales; on a alors constaté que de la fumée s’échappait du fuselage et d’un moteur de l’aéronef ennemi. Cependant, l’attaque a été interrompue avant que l’on puisse déterminer le sort du bombardier ennemi. Douze jours plus tard, Pitcher a frappé encore une fois durant une mêlée avec des bombardiers ennemis près de Biggen Hill. Selon Pitcher, il « a attaqué un Do215 [Dornier] sur le côté arrière gauche alors qu’il se trouvait un peu au-dessus et en approche de l’axe arrière de l’appareil. Après plusieurs secondes de tir sur l’arrière, l’appareil [le Dornier] est remonté abruptement et de la fumée s’est échappée de ses moteurs. J’ai dégagé et j’ai tiré… une rafale sur la droite d’un autre appareil, sans effet apparent et enfin, j’ai tiré de nouveau sur l’arrière du même aéronef; et à ce moment, j’ai manqué de munitions. »

Ses derniers exploits remontent au 5 octobre, alors que le 1er Escadron (ARC) accompagné du 303e Escadron polonais a affronté environ 30 chasseurs allemands au sud-ouest de Maidstone, à Kent. À 21 000 pieds (6 401 mètres), il « a rencontré quatre Me [Messerschmitt] 109 l’un derrière l’autre et a attaqué le dernier… en se rapprochant de l’arrière à environ 100 verges [91 mètres]. J’ai tiré trois rafales pendant environ 12 secondes, et lors de la dernière, de grosses pièces se sont détachées de l’aéronef ennemi, son train d’atterrissage est tombé et il s’est retourné à l’envers. »

Après la confirmation de la destruction de l’aéronef ennemi, Pitcher a célébré sa victoire en attaquant un groupe de trois Me 110. Il a endommagé sa cible en tirant « une rafale d’environ quatre secondes » avant d’épuiser ses munitions, mais, par la suite, il a « été atteint par une vigoureuse riposte » avant « d’abandonner l’attaque et de plonger violemment ». Quelques jours plus tard, le 1er Escadron (ARC) a été transféré en Écosse pour prendre du repos et réparer les appareils.

Le lieutenant d’aviation Pitcher a survécu à la bataille d’Angleterre et est devenu commandant des 401e, 411e et 417e Escadrons. Il a servi en Europe, en Afrique du Nord et dans les îles Aléoutiennes au sein du commandement aérien de l’Ouest et au sein de la deuxième Force aérienne tactique durant l’invasion de la Normandie. Lors de sa retraite en novembre 1944, il était lieutenant-colonel d’aviation et est retourné à Montréal pour reprendre sa carrière d’avocat. Il est mort à Vancouver le 11 septembre 1998 et a été enterré au cimetière du Mont-Royal à Montréal (Québec).

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