Sous-lieutenant d’aviation George Henry Corbett
Article de nouvelles / Le 19 août 2020
Par le major William March
66e Escadron, Royal Air Force
Les parents de George Henry Corbett arrivent au Canada en 1914 et s’installent dans la province de la Saskatchewan, où il naît le 4 novembre 1919. Vers son dixième anniversaire, la famille Corbett déménage à Oak Bay, en Colombie-Britannique, et c’est dans cette petite collectivité côtière qu’il reçoit son diplôme d’études secondaires en 1935.
Il est passionné par la construction de modèles réduits d’aéronefs et manifeste un vif intérêt pour le vol. Lors d’un séjour familial en Angleterre, Corbett en profite pour présenter sa candidature à l’école technique aéronautique de la société de Havilland à Hatfield, dans le Hertfordshire. Malgré son emploi du temps chargé par l’étude de la conception et de la fabrication d’aéronefs, il trouve le temps de s’enrôler dans la Réserve des volontaires de la Royal Air Force (RAF) en novembre 1937. Deux ans plus tard, alors que ses études sont presque terminées et qu’il rend visite à sa famille en Colombie-Britannique, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939. Il retourne immédiatement en Angleterre pour rejoindre la RAF.
Dès la fin de sa période d’instruction à la 9e école supérieure de pilotage, il est affecté à la 7e unité d’instruction opérationnelle à Hawarden, Cheshire, le 7 juillet 1940. Cette unité a un seul et unique but : l’instruction des pilotes de Spitfire. Grâce à son talent et à cause des besoins opérationnels, Corbett demeure peu de temps au sein de cette. Le 26 juillet, le jeune Canadien est affecté au 66e Escadron, à Coltishall, Norfolk.
L’escadron, qui s’est déjà mesuré à la Luftwaffe au-dessus de Dunkirk, est prêt à « faire des rebuffades aux Boches » au-dessus de chez lui. Bien que Corbett ait participé à un certain nombre de patrouilles de combat, sa première vraie expérience de combat a lieu le 9 septembre 1940. Une expérience qui n’a rien d’agréable. Forcé d’esquiver de fortes averses, le sous-lieutenant d’aviation Corbett fait partie du groupe chargé d’attaquer les bombardiers allemands escortés par des chasseurs ennemis qui ont pour objectif d’attaquer Londres. Après avoir endommagé un Messerschmitt 109, il est en train de placer son aéronef pour attaquer un bombardier par l’arrière lorsqu’il est touché par trois chasseurs allemands. Son poste de pilotage se remplit de fumée et ses commandes sont bloquées. Il se trouve alors dans un aéronef gravement endommagé, impossible à contrôler, plongeant vers le sol en spirale. À 12 000 pieds (3 658 mètres) d’altitude, le pilote canadien s’éjecte de l’appareil et est légèrement blessé.
Corbett retourne rapidement au combat et, le 27 septembre, lui et ses camarades d’escadron interceptent des bombardiers allemands en train d’attaquer Londres. Au milieu des importants tirs défensifs des canons antiaériens britanniques, il fonce rapidement sur un bombardier avant de le laisser aux mains des autres chasseurs de la RAF. Il choisit ensuite pour cible un Junkers 88 solitaire, situé très proche des aéronefs allemands, et ouvre le feu. L’aéronef ennemi chute, le moteur bâbord en feu, mais la fumée est si épaisse que Corbett doit abandonner l’attaque.
Il a alors peu de temps pour savourer sa victoire, car son Spitfire est endommagé par des tirs fratricides provenant d’un obus d’artillerie qui explose tout près, détruisant une gouverne de profondeur et criblant le fuselage et l’aile droite d’éclats. Il exécute avec habileté un atterrissage forcé dans le district londonien d’Orpington, puis sort de son Spitfire endommagé, mais réparable, avec un plus profond respect pour les hommes chargés des canons aériens. Il a aussi la certitude d’avoir détruit un Junkers 88. Témoins du combat, deux policiers londoniens viennent au secours de Corbett et confirment sa déclaration.
D’autres combats s’ensuivent, mais le jeune homme qui a survécu à deux attaques n’aura pas cette chance une troisième fois. Le 8 octobre 1940, le sous-lieutenant d’aviation Corbett, portant une nouvelle montre envoyée par ses parents pour son 21e anniversaire, est en montée avec son escadron pour intercepter une nouvelle formation d’attaquants allemands lorsque son escadron se fait surprendre par un grand nombre de Messerschmitt 109. Lors de cette violente attaque, Corbett et un autre pilote du 66e Escadron sont abattus près de Bayford Marches, Upchurch, et ni l’un ni l’autre des pilotes ne survit.
Selon Mike Gunnill, un écrivain indépendant du Royaume-Uni, ce jour-là, le révérend William Joseph Wright se trouve dans son église, St. Margaret of Antioch, et est témoin du combat. Lorsque l’aéronef du sous-lieutenant d’aviation Corbett s’écrase au sol, l’ecclésiastique court jusqu’au lieu de l’accident dans l’espoir de pouvoir porter secours au pilote. Mais il était évident, en raison des dommages causés par les balles au poste de pilotage, que George Corbett avait été tué sur le coup avant de s’écraser. Wright prononce une prière, bénit le pilote décédé et reste près du corps jusqu’à ce qu’il soit récupéré. Le parachute du pilote lui sert alors de linceul.
Ironie du sort, comme cela se produit souvent en période de guerre, la mère du sous-lieutenant d’aviation Corbett, Mabel, reçoit une lettre de son fils à Oak Bay plusieurs jours après avoir été officiellement informée de son décès. Selon Gunnill, le jeune Canadien tentait dans cette lettre de réconforter sa famille en dédramatisant ses deux expériences périlleuses, et expliquait l’importance du combat auquel il participait.
Corbett s’exprime ainsi : « Sorti indemne, j’ai beaucoup gagné en confiance et je veux que vous ayez également confiance. Il y a énormément d’action ici chaque jour et je retourne au combat dès demain. Les Boches sont loin d’obtenir la suprématie dans les airs, et tant qu’ils ne l’auront pas obtenue, il n’y aura pas d’invasion. »
Le sacrifice du sous-lieutenant d’aviation Corbett a touché les populations de deux continents.
Au Canada, sa famille a commandé un vitrail dans l’église anglicane de St. Mary the Virgin, à Oak Bay. Ce vitrail représente le sous-lieutenant d’aviation Corbett dans son uniforme de la RAF. Il porte un gilet de sauvetage et tient un casque d’aviateur et un casque d’écoute. Les yeux tournés vers le haut, il regarde une image représentant l’Ascension – le moment où, selon la Bible, Jésus monte au paradis après sa crucifixion. Au milieu d’un certain nombre d’autres vitraux impressionnants, celui-ci se distingue, car il est le plus moderne et qu’il est le seul dédié à un membre de la collectivité locale. Chaque année, le dimanche précédant le jour de la bataille d’Angleterre (le 15 septembre), une rose est placée sous le vitrail du sous-lieutenant d’aviation Corbett.
De l’autre côté de l’océan, dans l’enclos paroissial de St. Mary the Virgin, à Upchurch, Kent, où le sous-lieutenant d’aviation Corbett est enterré, la communauté entretient la tombe du jeune Canadien pour rendre hommage à cette vie sacrifiée il y a bien des années.
Dans un courriel, Mike Gunnill raconte une brève anecdote qui souligne le lien créé par les personnes comme le sous-lieutenant Corbett. « En tant que résidant [d’Upchurch], je marchais dans l’enclos paroissial hier », écrit-il. « Je suis passé devant la tombe de Corbett [le sous-lieutenant d’aviation], et j’y ai trouvé un autre résidant qui s’adressait à lui. Il m’a expliqué qu’il venait souvent, juste pour discuter. “Ne pensez pas que je suis fou, s’il vous plaît, j’apprécie simplement ces visites” a-t-il dit. »
Le sous-lieutenant d’aviation George Corbett avait 20 ans.
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