Empire Club of Canada

Discours

Notes d'allocution

L'honorable Navdeep Bains, C.P., député Ministre de l'Innovation, des Sciences et du Développement économique

Toronto (Ontario)

Le 29 avril 2016

La version prononcée fait foi


Introduction

Bonjour. Merci de votre accueil chaleureux et surtout merci de vous être déplacés aujourd'hui malgré vos horaires chargés.

Quelle belle assemblée! Cela démontre bien l'intérêt grandissant pour l'innovation.

C'est aussi un honneur de prendre la parole devant l'Empire Club — une organisation dont la feuille de route est plus qu'impressionnante. Winston Churchill et Indira Gandhi ainsi que chaque premier ministre canadien depuis Borden ont pris la parole ici.

En fait, depuis plus d'un siècle, l'Empire Club a accueilli plus de 3 500 conférenciers, contribuant ainsi à façonner l'opinion publique au pays.

Monsieur le Ministre Moridi. Monsieur Bryan May, mon collègue député. Mesdames et Messieurs. Je suis ici aujourd'hui pour vous parler de l'importance de l'innovation, et pourquoi il faut agir sans tarder. Je parlerai aussi de nos forces et des domaines où il nous faut déployer plus d'efforts afin d'enrichir le secteur de l'innovation au Canada. Je vous présenterai les mesures audacieuses que j'entends prendre en tant que ministre responsable de l'innovation.

Forces mondiales actuelles

Mesdames et Messieurs, nous nous rencontrons aujourd'hui en cette ère de transformation historique pour notre pays et bien entendu pour le monde entier.

Des forces majeures opèrent dans le monde, et nous devons tous adopter de nouvelles façons de faire les choses.

Premièrement, il y a une volonté ferme à l'échelle internationale d'agir dans le domaine des changements climatiques et d'accélérer la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone.

Il y a aussi un consensus grandissant sur le fait que nous devons veiller à ce que tous les secteurs de l'économie soient axés sur une croissance propre et adoptent les technologies propres.

Deuxièmement, l'économie mondiale est encore marquée par l'incertitude, par la tiédeur de la demande, particulièrement dans des économies établies comme la nôtre, et par la faiblesse du cours des produits de base.

Nombreux sont ceux qui pensent donc que nous nous engageons dans une période de ralentissement économique. 

Troisièmement, le monde est entré dans une nouvelle ère industrielle. La technologie révolutionne tous les aspects de nos vies, y compris comment nous vivons et comment nous menons nos affaires.  

Je parle ici de l'Internet des objets, des véhicules autonomes, de l'informatique quantique, de la fabrication additive et des technologies propres. Ces percées transforment les secteurs traditionnels et créent des secteurs que nous n'aurions pu imaginer il y a seulement quelques années.

Quatrièmement, ces changements économiques et technologiques amènent des virages sociologiques importants. Les préoccupations liées aux inégalités croissantes, au sein des nations et entre elles, augmentent. Le vieillissement de la population constitue également un défi. Nous devons aussi trouver une façon d'aider ceux qui n'ont pas encore acquis les compétences nécessaires pour réussir dans une économie changeante.

Le pouvoir de l'innovation

Étant donné la confluence des tendances mondiales, il est de notre devoir d'agir et d'agir sans tarder. Les pays qui connaîtront la réussite dans ce nouvel environnement sont ceux qui comprendront et mettront à profit ces tendances, et s'engageront dans une nouvelle voie.

Cette nouvelle voie témoigne de l'importance de l'innovation dans le développement des nouvelles technologies, des nouveaux processus et des nouveaux modèles d'affaires.  

Mon père est venu au Canada au début des années 70 avec à peine cinq dollars en poche. Des gens lui ont dit : « Vraiment, avec seulement cinq dollars, vous allez dans un autre pays et pensez réussir? »

Mais mon père était un homme ambitieux, il était capable de prendre des risques et il avait confiance en ses capacités.

Et, il savait qu'à condition de travailler fort, il pourrait au Canada offrir à ses enfants des possibilités meilleures que celles qu'il avait eues.

C'est cette vision qu'il avait du Canada qui l'a motivé, lui comme tant d'autres. Et, il a réussi. J'ai été choyé au-delà de ses espérances et j'ai eu accès à des possibilités qu'il n'aurait même pas pu imaginer à son arrivée au pays.

Je suis père de deux petites filles, de huit et cinq ans. Et quand je me lève le matin, j'ai à cœur, comme mon père, de tout faire pour leur offrir le meilleur avenir qui soit.   

Si nous voulons que le Canada soit le pays où nos enfants auront accès à toutes les possibilités que nous n'avons pas eues, il est de notre devoir de miser audacieusement sur l'innovation et d'accepter de faire les choses différemment.

En fin de compte, l'innovation n'est pas une fin en soi, mais un chemin vers la croissance. Un chemin qui mène à l'émergence d'une classe moyenne plus forte et à des emplois de meilleure qualité pour tous les Canadiens. C'est de ça qu'il s'agit quand on parle d'innovation.

Une course internationale

Si le doute persiste sur le fait que nous devons agir, regardons ce que font les autres pays pour faire face aux changements mondiaux dont nous venons de parler. Nous sommes dans une course en ce qui a trait à l'innovation, et les enjeux sont élevés.

La Chine et les États-Unis sont les deux compétiteurs les plus féroces, et ils investissent des milliards de dollars pour rester aux premiers rangs des meneurs en ce qui a trait à toutes les avancées technologiques.

L'Allemagne, la plus forte économie de l'Union européenne, est une superpuissance en matière d'innovation. Elle a édifié un secteur de l'innovation parmi les plus efficaces au monde en utilisant ses instituts Fraunhofer pour traduire les idées en création de valeurs.

De plus petits pays tirent aussi leur épingle du jeu en faisant des investissements très stratégiques. Israël est réputé comme étant un pôle d'innovation. Repérant les entreprises en démarrage prometteuses, il mise sur elles, et ces investissements rapportent gros.  

En Suède, malgré la petite population, le niveau de dépenses en R-D est élevé, tant du côté du gouvernement que de l'entreprise privée.

Il n'a jamais été aussi important pour le Canada d'avoir une stratégie claire en matière d'innovation, une stratégie qui démontre sans équivoque notre intention de devenir un chef de file international.

Nous devons agir sans aucune hésitation, agir maintenant, en ayant confiance en nos moyens.

Pourquoi maintenant? l'urgence du programme d'innovation

Comme vous le savez, le premier ministre Trudeau m'a demandé d'élaborer un programme d'innovation pour le Canada. Je suis profondément honoré d'avoir à relever ce défi.

Pour m'y préparer, j'ai passé les six premiers mois de mon mandat à rencontrer des Canadiens, soit des universitaires, des dirigeants d'entreprise et de collectivités, des entrepreneurs et des chercheurs. J'ai parlé assurément à des centaines de PDG au Canada et à l'étranger.  

Je tenais à mieux comprendre les grands enjeux dans chaque région du pays et l'effet des forces mondiales sur la réalité locale.

Je voulais prendre le temps de mieux comprendre où notre performance est au rendez-vous, et de faire le point à la lumière de tous ces changements, pour trouver ce que nous devons faire pour avancer avec encore plus d'audace.

Le point : le paysage canadien de l'innovation

Ce que j'ai appris, c'est que dans chaque sphère de notre secteur de l'innovation, nous avons des succès à célébrer, mais aussi des occasions à saisir.

Savoir et technologie

Par exemple, j'ai regardé ce que fait notre pays au chapitre du savoir et de la technologie.

Dans ce domaine, le Canada possède des forces importantes : notre population est l'une des plus éduquées au monde et nos chercheurs jouent dans la cour des grands pour ce qui est des publications universitaires et des découvertes effectuées.

Notre pays doit composer par contre avec le problème persistant du sous-investissement des entreprises dans la R-D. En fait, le Canada se classe au 22e rang des pays de l'OCDE — sur 34 pays — en ce qui a trait à l'investissement des entreprises dans la R-D.

Talent

J'ai aussi pris le temps de regarder les talents présents au pays, un autre aspect important du paysage de l'innovation du Canada.

D'un côté, nous avons une main-d'œuvre mobile et qualifiée. Notre pays est au premier rang des pays de l'OCDE pour le pourcentage de la population ayant une éducation de niveau collégial ou universitaire.

Notre société est aussi inclusive et multiculturelle, et nous savons que nous sommes capables d'accueillir des gens du monde entier.

Par contre, nos entreprises ne sont pas aussi axées sur la mondialisation que notre population. Un trop grand nombre de nos entreprises ne participent pas aux chaînes d'approvisionnement mondiales.

Infrastructure

J'ai aussi réfléchi à notre infrastructure à la lumière de tous les changements technologiques. Faisons-nous ce qu'il faut pour nous assurer que notre industrie numérique est un pilier solide?  

Encore là. Les résultats sont partagés. Il est vrai qu'une forte majorité des Canadiens, 94 %, ont accès à des réseaux numériques, et que ces réseaux comptent parmi les meilleurs au monde.

Par contre, il existe encore un fossé numérique important. En fait, je dirais même qu'il en existe deux. Le premier est lié à un facteur social. Il y a en effet dans plusieurs centres urbains, y compris à Toronto, des personnes à faible revenu qui sont laissées pour compte et ne profitent pas de l'économie numérique.

Et, il y a un fossé numérique dans le Nord et dans les régions rurales, mais pour une raison différente : il n'y a tout simplement pas d'accès. Plusieurs collectivités canadiennes sont suffisamment importantes pour avoir une école ou une clinique médicale, mais ne le sont apparemment pas assez pour avoir accès à l'Internet à large bande.

En 2016, nous devrions avoir honte d'une telle situation. C'est pourquoi le gouvernement a prévu dans le budget de 2016 un octroi de 500 millions de dollars, des fonds nécessaires pour que notre économie numérique soit plus inclusive et touche toute la population.

Réglementation et normes

J'ai aussi réfléchi à la réglementation et aux normes, car c'est un domaine où le gouvernement a un rôle important à jouer.

Dans le monde, le Canada est l'un des pays où il est le plus facile de démarrer une entreprise. En fait, chaque année, nous voyons naître au Canada 11 000 nouvelles entreprises.

Mais je pense que nous pouvons faire plus. Nous devons veiller à ce que notre réglementation ne soit pas un obstacle à la créativité et aux nouvelles pratiques commerciales qui viennent bouleverser les pratiques plus traditionnelles bien établies.

Il en va de même pour les normes internationales. Nous devons être des chefs de file, ne pas rester à la remorque des autres pays et travailler à l'échelle internationale à l'élaboration de normes qui permettront à nos produits d'atteindre les marchés.

Marchés

Un autre élément du paysage de l'innovation au Canada qu'il nous faut considérer est l'accès aux marchés.

Une de nos forces est que nous avons conclu un nombre enviable d'accords commerciaux et d'ententes d'investissements, ce qui aide nos entreprises à avoir accès aux marchés mondiaux.

Une de nos faiblesses est que nos entreprises canadiennes ne tirent pas pleinement profit de ces accords commerciaux, et qu'elles ratent des occasions d'accéder à ces marchés. 

En tant que pays principalement composé de petites entreprises, j'aimerais voir plus de 10 % d'entre elles exporter leurs produits et services, et ce, pas seulement aux États-Unis.

La libre circulation intérieure des produits et services est aussi très importante. Ici, en Ontario, nous avons vu le leadership du ministre Brad Duguid à l'œuvre quand il a présidé le processus de modernisation de l'Accord sur le commerce intérieur.

J'espère que nous conclurons éventuellement un nouvel accord.

Dans un autre ordre d'idées, je tiens aussi à dire que j'ai appris à connaître personnellement le ministre Duguid et que je le respecte. Je lui souhaite un prompt rétablissement.

Capital

Un autre aspect majeur du paysage de l'innovation est l'accès au capital. C'est un point dont j'ai beaucoup entendu parler lors de mes échanges.

Là où ça va bien, c'est que le Canada est réputé pour la stabilité de ses marchés et ses faibles taux d'imposition des entreprises. 

La disponibilité du capital de risque est aussi un facteur encourageant. En fait, l'an dernier les investissements dans le capital de risque ont totalisé 2,3 milliards de dollars.

Là où le bât blesse, c'est que nous n'avons pas encore le genre de capitaux à risque patients qui permettent à nos entreprises de démarrer ici, de croître ici et de créer des emplois ici à long terme. Nous devons nous demander pourquoi c'est comme ça, et ce que nous pouvons faire pour corriger la situation.

Domaines d'action

Pour résumer, le Canada est bien placé pour exceller dans la nouvelle économie mondiale. Notre population est une de nos richesses. Notre leadership dans les milieux universitaires produit d'étonnantes découvertes. Nos citoyens sont de divers horizons et ouverts au monde. Nos entreprises jouissent de taux d'imposition peu élevé et d'un cadre réglementaire bien établi.

Nous n'avons pas besoin de multiplier les études. J'ai passé le congé de Noël à lire une pile d'études et de rapports importants que nous avions commandés, dont les rapports soumis par L.R. Wilson, Tom Jenkins, le Conseil des académies canadiennes, et le Conseil des sciences, de la technologie et de l'innovation. La liste est longue. 

Nous comprenons les enjeux. Maintenant, nous devons prendre des mesures énergiques. C'est le défi que le premier ministre m'a demandé de relever, et c'est ce que j'entends faire. Je compte sur vous qui êtes ici aujourd'hui pour m'épauler en ce sens.

Favoriser l'expansion des entreprises et la croissance propre

Nous devons favoriser l'expansion des entreprises dans tous les secteurs de notre économie.

Plusieurs entreprises qui voient le jour au Canada sont des chefs de file de calibre mondial, mais trop peu d'entre elles prennent de l'expansion ici au Canada. Or nous avons besoin de conserver ces emplois chez nous. L'expansion des entreprises est un maillon essentiel de la force économique à long terme que le Canada doit posséder pour rester compétitif.

Pour que cela se concrétise, les entreprises, les établissements d'enseignement postsecondaire, les gouvernements et les autres intervenants doivent travailler ensemble de manière plus stratégique. Les partenariats sont essentiels pour que les idées mises de l'avant aujourd'hui deviennent les produits et services de demain.

C'est pourquoi nous avons prévu, au titre du budget de 2016, investir 800 millions de dollars dans les réseaux et les grappes d'innovation.

Le Canada peut aussi tirer profit des nombreuses occasions offertes par le marché relativement jeune, mais en rapide croissance, des technologies propres en veillant à ce que les entreprises canadiennes en démarrage dans ce domaine continuent de croître.  

Le budget de 2016 contient des crédits importants visant à faire du Canada un chef de file international au chapitre des technologies propres.

Nous avons prévu plus de 1 milliard de dollars pour encourager les investissements dans les technologies propres. Et, pour commercialiser plus rapidement ces nouvelles formes de technologies, nous avons prévu 50 millions de dollars pour appuyer Technologies du développement durable Canada.

Compétitivité numérique

Nous devons aussi être en mesure d'affronter adéquatement la concurrence mondiale dans le monde numérique actuel. Nous devons faire avancer l'économie numérique dans tous les secteurs et encourager l'adoption des technologies numériques pour améliorer la compétitivité.

Il faut avoir des infrastructures, c'est vrai, mais aussi travailler à la formation et au développement des compétences. Il faut s'assurer que les entreprises des secteurs traditionnels utilisent les nouvelles technologies pour atteindre leur plein potentiel.

C'est seulement de cette manière que le Canada pourra pleinement accéder au potentiel illimité de l'économie mondiale interdépendante.

Société axée sur l'entrepreneuriat et la créativité

Enfin, il faut prendre des mesures audacieuses pour cultiver l'esprit d'entrepreneuriat et la créativité au sein de notre société. Pouvons-nous en arriver au point où l'innovation sera perçue comme une valeur fondamentalement canadienne? Je crois que oui, si nous mettons à contribution de façon appropriée les talents de tous et notre diversité.

Plus tôt cette semaine, j'ai visité une école de Yellowknife où de jeunes enfants — du même âge environ que mes filles — apprenaient de façon créative et ludique l'importance des ordinateurs et de la technologie pour leur avenir. 

Plusieurs de ces enfants étaient issus de communautés autochtones, et leurs parents n'avaient pas eu accès à toutes ces possibilités.

Pour ces enfants, être Canadiens voulait dire être à la fine pointe de la technologie et de l'innovation.

C'est ce que je veux pour tous les enfants de toutes les communautés, autochtones ou autres, de ce pays.

Mesurer le succès

Je dois ajouter que toutes nos actions découlent de notre engagement à démontrer aux Canadiens des progrès concrets relativement à la création d'une nation d'innovation.

Vous avez peut-être entendu le premier ministre parler de l'art de tenir promesse en politique : la « livraisonlogie ».

Un mot complexe pour une réalité très simple. Le premier ministre veut tout simplement dire que nous allons mesurer nos progrès et rendre des comptes pour que les gens puissent voir que nous tenons promesse. 

Cette approche rejoint très bien notre engagement à l'égard de l'élaboration de politiques fondée sur des éléments probants.

Une initiative pour l'ensemble de la société

Nous voulons prendre des mesures audacieuses pour que le Canada devienne le pays le plus novateur du monde. Mais la voix de notre gouvernement a beau être audacieuse, elle n'est qu'une voix parmi d'autres dans la conversation nationale.

Nous devons rallier toutes les parties si nous voulons atteindre cet objectif.

Il faut que les entreprises s'engagent à investir plus que jamais dans les technologies.

Il faut que nos établissements d'enseignement postsecondaire poursuivent leurs travaux en recherche fondamentale, mais aussi qu'ils concluent un plus grand nombre de partenariats avec l'industrie.

Il faut que tous les ordres de gouvernement en fassent une priorité nationale.

En d'autres mots, il faut que cela devienne l'initiative de toute la société, ce qui exige une redéfinition radicale de l'approche adoptée.

Conclusion

Vous m'avez entendu parler plus tôt de mes deux fillettes. En fin de compte, lorsque nous parlons des raisons pour lesquelles nous devons agir pour mettre en œuvre un programme d'innovation, nous parlons de nos enfants, de la classe moyenne que nous voulons renforcer et de ceux qui font des efforts pour améliorer leur condition. Nous pensons à un Canada qui offre des emplois plus nombreux et de meilleure qualité pour tous les Canadiens.

Le programme d'innovation, adapté à tous les Canadiens, doit représenter ce que nous voulons comme pays.

Nos objectifs sont ambitieux, mais je suis convaincu que les Canadiens possèdent la capacité, les aptitudes et le talent nécessaires pour travailler ensemble à leur réalisation.

Merci beaucoup.

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