Rendons hommage à Wilbur Rounding Franks, inventeur de la combinaison anti g

Article de nouvelles / Le 4 mars 2021

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Par Eric Jeannotte, aidé de dossiers de l’Université de Toronto et de l’Encyclopédie canadienne

Il vous talonne, attendant le bon moment pour cracher sur vous une pluie de plomb. Vous essayez tant bien que mal de lui échapper, mais rien n’y fait. Il n’en demeure pas moins que vous devez changer le cours du combat.

Tenant fermement le manche, vous poussez de toute votre force sur lui pour amorcer une descente vertigineuse en espérant que le pilote ennemi vous suivra… ce qu’il fait.

Maintenant, si vous montez assez rapidement, il ne réagira peut-être pas à temps, ce qui vous donnera éventuellement l’avantage.

Vous tirez donc sur le manche avec force, stoppant subitement votre descente et lançant votre appareil dans une montée raide. Vous entendez le métal craquer, comme si les ailes vont céder, et vous vous sentez écrasé par un poids de dix tonnes. Avant longtemps, vous devenez faible, puis, finalement, vous perdez connaissance.

De nombreux pilotes de chasse subissent le même sort pendant la Seconde Guerre mondiale. Toutefois, Wilbur Rounding Franks change cette situation au moyen d’une invention qui inspirera la conception des combinaisons pressurisées qu’utilisent les astronautes aujourd’hui.

Né il y a 120 ans à Weston, en Ontario, M. Franks obtient un diplôme en médecine de l’Université de Toronto. Il suit une formation sur la recherche sur le cancer sous la supervision de F. W. Banting, devenant chef de la recherche en temps de guerre de l’Aviation royale canadienne après le décès de M. Banting. C’est ce travail qui, d’ailleurs, le mène à œuvrer dans le domaine de l’aviation.

Après s’être joint au corps médical aérien royal canadien, il commence à travailler activement à résoudre les problèmes d’évanouissement auxquels se heurtent les pilotes lors de manœuvres qui engendrent de hautes forces d’accélération.

Grâce à sa recherche, il parvient à concevoir la combinaison de vol Franks, un vêtement antigravité aussi appelé « combinaison anti-g », qu’il met lui-même à l’essai, devenant ainsi la première personne à jouir d’une protection contre les effets de l’accélération dans un aéronef. Pour soutenir la réalisation de son projet, le Dr Franks construit la première centrifugeuse humaine, qui sert à reproduire diverses forces d’accélération à haute vitesse comme celles que subissent les pilotes lors de manœuvres de combat. Son laboratoire modeste pendant la guerre devient ultérieurement l’Institut de médecine aérospatiale de l’ARC, qui lui-même devient l’institut de défense et civil de médecine environnementale, qui est aujourd’hui Recherche et développement pour la défense Canada.

Si les premiers pilotes qui portent la combinaison la trouvent inconfortable, l’invention commence néanmoins à permettre de sauver la vie de pilotes en 1942, lorsqu’elle sert à l’occasion de véritables combats pendant les opérations d’invasion de l’Afrique du Nord.

En 1984, le Dr Franks fait son entrée au Panthéon de l’Aviation du Canada. Par ailleurs, puisque son invention a permis de sauver la vie de pilotes de chasse, la Grande-Bretagne lui remet l’Ordre de l’Empire britannique, alors que les Forces armées des États-Unis lui présentent la Légion du mérite. De plus, pour souligner sa réalisation exceptionnelle en médecine aérospatiale, l’Association de médecine aéronautique et spatiale lui décerne le Prix Theodore C. Lyster, ainsi que le Prix Eric Liljencrantz pour saluer son travail de recherche sur les problèmes liés à l’accélération.

Partout dans le monde, des astronautes, des cosmonautes et des pilotes militaires continuent de porter des combinaisons antigravité inspirées du concept du Dr Franks.

La photo du Dr Franks et de sa combinaison qui figure dans le carrousel du site Web de l’Aviation royale canadienne provient des archives de l’Université de Toronto.

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