L’ARC adopte un modèle EIPC et le 419e Escadron est mis en veille

Le 4 mars 2024 - Aviation royale canadienne

Par les Affaires publiques

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Le capitaine Spencer Barkes de l’ARC (près du cockpit), en préparation pour un vol à bord d’un T-38C à la base aérienne Sheppard, au Texas, dans le cadre du Programme d’instruction interarmées des pilotes d’avion à réaction – Europe et OTAN.

L’Aviation royale canadienne réaffirme sa présence à une importante école multinationale d’entraînement des pilotes de chasse et interrompt les activités de son escadron d’entraînement initial de chasseurs, alors que l’ARC se prépare à remplacer le CF-18 par le F-35 comme chasseur de première ligne.

La transition prévoit d’abord la mise en œuvre d’un programme d’entraînement provisoire ou « relais », qui intègre les futurs pilotes de chasse canadiens au Programme d’instruction interarmées des pilotes d’avion à réaction – Europe et OTAN (ENJJPT), à la base aérienne américaine Sheppard, au Texas. Il y aura également d’autres entraînements initiaux des pilotes de chasse (EIPC) en Finlande de même qu’à l’International Flight Training School en Italie, qui accueillera deux instructeurs et six stagiaires du Canada d’ici à 2025.

Parallèlement, le contrat avec CAE Inc. visant l’entraînement à bord du CT-155 Hawk (employé par l’ARC depuis 24 ans) tire à sa fin, ce qui mène à une transition naturelle de l’Aviation royale canadienne à la mise en place d’une solution d’entraînement provisoire. Pendant cette phase de transition, le 419e Escadron d’entraînement à l’appui tactique sera mis en veilleuse, pour reprendre du service plus tard avec un chasseur d’entraînement de cinquième génération du nouveau programme d’entraînement initial des pilotes de chasse.

Le Canada connaît bien le programme ENJJPT, car il en fait partie depuis sa création, en 1981. À l’époque, le programme avait pour objectif d’accroître la production et d’offrir un entraînement commun aux pilotes de l’OTAN pendant la guerre froide. Géré par la 80th Fighter Training Wing de l’US Air Force, il reçoit habituellement quelque cinq instructeurs de pilotage de l’ARC à la base aérienne Sheppard, dans le nord-ouest du Texas. C’est là où se fait aussi l’entraînement initial de cinq à six stagiaires canadiens à bord d’appareils T-38C Talon, qui passent ensuite au 410e Escadron d’entraînement opérationnel à l’appui tactique de la 4e Escadre Cold Lake.

Dorénavant, le Canada déléguera jusqu’à sept stagiaires canadiens chaque année au programme ENJJPT dans le cadre du Programme d’entraînement en vol de l’OTAN au Canada soutenu par CAE Inc., dont le mandat arrive à échéance. Les exercices d’entraînement à bord d’aéronefs CT-155 ont pris fin à la 15e Escadre Moose Jaw (Saskatchewan) à l’été 2023.

« Alors que le Hawk arrive à sa fin de sa vie utile après 20 ans de service, le Canada, comme bien d’autres pays, a le défi de trouver son prochain avion à réaction d’entraînement à l’ère des chasseurs de cinquième génération », indique le colonel Adam Carlson, directeur de l’instruction de l’Aviation royale canadienne. « Grâce au programme ENJJPT et à d’autres partenariats, nous constituerons une solution temporaire d’entraînement initial des pilotes de chasse, en attendant le choix du modèle d’entraînement initial de l’avenir. »

Le CT-155 Hawks sera éventuellement transféré à l’École de technologie et du génie aérospatial des Forces canadiennes à la Base des Forces canadiennes Borden, en Ontario, où il servira à l’instruction des techniciens d’aéronefs de l’ARC.

Les stagiaires canadiens qui arrivent à Sheppard prennent d’abord part au programme d’études de premier cycle en pilotage sur le T-38C Talon de l’US Air Force, un aéronef datant du début des années 1960 modernisé et demeurant un avion-école performant. Ensuite, ils passent à l’introduction aux fondements du chasseur, qui les prépare au pilotage des aéronefs de combat actuels et futurs du Canada.

Le capitaine Spencer Barkes, programme d’études de premier cycle en pilotage et introduction aux fondements du chasseur en poche, a intégré le programme ENJJPT pour la phase II de son entraînement au pilotage, à Moose Jaw.

« Au départ, nous avons suivi l’instruction au sol, pendant environ un mois et demi... Nous avons travaillé dans les simulateurs, appris les rudiments de l’aéronef, vu le fonctionnement de la base et de l’espace aérien, avant de nous retrouver sur la ligne de vol à perfectionner nos compétences de pilotage. Nous avons vu le vol aux instruments, le vol en formation à basse altitude et d’autres types de vol... Disons que c’est un programme assez chargé », précise-t-il. « Tout compté, c’est environ 90 heures de vol à bord du T-38, et de 30 à 40 heures de plus dans le simulateur. »

Le caractère multinational du programme ENJJPT a toujours séduit les stagiaires et les instructeurs canadiens. La cohorte du capitaine Barkes comptait un autre Canadien, ainsi que des stagiaires et des instructeurs belges, hollandais, allemands, espagnols et américains.

« J’aime la saveur internationale du programme. La possibilité de collaborer avec des gens d’autres pays et de baigner un peu dans leur culture et de s’intégrer à leur force aérienne est probablement l’aspect qui me plaît le plus », résume le capitaine Barkes.

Le côté favorable aux relations entre les pays de l’OTAN du programme ENJJPT a grandement influencé l’ARC dans son choix du modèle de transition vers l’entraînement initial des pilotes des chasseurs.

« Nous espérons toujours revoir des camarades de classe sur une rampe quelque part », mentionne le capitaine Tyson Valette, aussi diplômé du cours. « Nous avons tous hâte à ces moments. »

« On ne croisera pas nécessairement les mêmes personnes, mais le fait de connaître un pilote belge ou allemand, par exemple, permet de tout de suite faire le lien avec ses compatriotes », ajoute le capitaine Barkes. « À mes yeux, l’expérience vécue ici jette des ponts avec d’autres pays en vue d’opérations ou d’exercices conjoints. »

L’augmentation du nombre de stagiaires amène aussi plus d’instructeurs canadiens à la base Sheppard. À l’heure actuelle, il y a sept instructeurs de l’ARC qui enseignent sur les T-38, et un autre sur les T-6.

Le lieutenant-colonel Andrew Faith, récemment représentant national principal pour le Canada, était responsable de l’administration et de l’inscription aux cours. Il veillait aussi à ce que tous les instructeurs et stagiaires canadiens soient bien pris en charge. Il parle de l’esprit de famille dans le contingent canadien à Sheppard.

« Nous organisions des barbecues et des rencontres. C’était peut-être plus simple à ce moment, cela dit, car nous y étions moins nombreux », raconte-t-il.

La direction de la 80th Wing est également heureuse de la présence d’instructeurs et de stagiaires canadiens. « Nous sommes ravis que le Canada augmente sa participation à l’ENJJPT, se réjouit le colonel Brad Orgeron, commandant de la 80th Flying Training Wing. « Notre partenariat avec le Canada dans le domaine de l’entraînement au pilotage est important parce que notre frontière commune nous amène à collaborer souvent. Plus nos pilotes enseignent et apprennent ensemble, plus nos communications opérationnelles sont harmonieuses. »

L’ARC demeurera un partenaire d’entraînement fiable dans le cadre du seul programme d’entraînement au vol géré à l’international, mais pour le lieutenant-colonel Faith, c’est l’enthousiasme des stagiaires et des instructeurs qui est le plus gratifiant.

« Tout le monde a une excellente attitude. Tout le monde veut piloter, et c’est inspirant de le constater et de participer à cela », souligne-t-il.

Au Canada, le 419e Escadron d’entraînement à l’appui tactique amorcera officiellement sa période d’interruption le 8 mars 2024, lors d’une cérémonie à Cold Lake qui marquera la fin des opérations d’entraînement liées au CT-155 pour l’ARC.

« La pause à venir n’a rien de nouveau pour le 419e Escadron. Ces périodes font partie de l’histoire de notre escadron, depuis ses débuts en Angleterre pendant la Seconde Guerre mondiale », explique le lieutenant-colonel Ryan Kean, commandant du 419e Escadron. « Oui, un tel changement, même temporaire, s’accompagne de sentiments mitigés, mais nous entrevoyons dans l’avenir la remise en service d’un 419e Escadron fort de nouvelles capacités prometteuses. »

Pendant l’interruption des activités de l’Escadron, prévue jusqu’au début des années 2030, son personnel appuiera d’autres unités de la 4e Escadre Cold Lake, en Alberta, selon le lieutenant‑colonel Kean. Entre-temps, l’Escadron demeurera actif sur le plan administratif afin de pouvoir reprendre sa fonction d’escadron d’entraînement à l’appui tactique de l’ARC.

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  • Des aéronefs T-38C de la 80th Wing de l’US Air Force survolant le secteur d’entraînement de la base aérienne Sheppard, dans le nord du Texas.
  • Des aéronefs T-38C de la 80th Wing de l’US Air Force survolant le secteur d’entraînement de la base aérienne Sheppard, dans le nord du Texas.
  • Deux T-38C pilotés par des Canadiens à Wichita Falls (Texas), s’en retournant à la base aérienne Sheppard après un vol d’entraînement du programme ENJJPT.
  • Le CT-155 Hawk, avion-école de l’Aviation royale canadienne depuis 24 ans, a atteint la fin de sa vie utile. Il servira dorénavant à l’instruction de futurs techniciens en maintenance de la Force aérienne à la 16e Escadre Borden. Photo : Section d’imagerie de la 4e Escadre
  • Le CT-155 Hawk, avion-école de l’Aviation royale canadienne depuis 24 ans, a atteint la fin de sa vie utile. Il servira dorénavant à l’instruction de futurs techniciens en maintenance de la Force aérienne à la 16e Escadre Borden. Photo : Section d’imagerie de la 15e Escadre.

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