Un ancien militaire de l’ARC et survivant d’un camp de la mort nazi s’éteint

Article de nouvelles / Le 23 février 2017

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Par Joanna Calder

Edward Carter-Edwards, qui a survécu au tristement célèbre camp de la mort nazi Buchenwald, s’est éteint le 22 février 2017, à Smithville, en Ontario. Ses funérailles auront lieu le lundi 27 février.

Le sergent Carter-Edwards est radiotélégraphiste-mitrailleur à bord d’un bombardier Halifax Mark III lorsque son appareil est abattu au-dessus de la France occupée, en 1944. Il se rend à Paris, mais est capturé par les Allemands, fait prisonnier et finalement envoyé par wagon à bestiaux à Buchenwald : un long voyage de cinq jours dans des conditions abominables. Le sergent Carter-Edwards et d’autres aviateurs devraient être envoyés à un camp de prisonniers de guerre, mais les Allemands refusent de croire que M. Carter-Edwards est un aviateur allié, l’accusant d’espionnage et de sabotage.

« Ce qui nous terrifiait le plus, raconte M. Carter-Edwards au sujet de son arrivée au camp Buchenwald dans une vidéo publiée à la page Facebook « Lost Airmen of Buchenwald », c’était cette haute cheminée crachant de la fumée. La seule façon de sortir de Buchenwald, c’était par cette cheminée. »

Le sergent Carter-Edwards figure parmi les 168 aviateurs, dont 26 Canadiens, emprisonnés par erreur à ce camp de concentration. Là-bas, il contracte une pneumonie et une pleurésie, qui se traduisent habituellement par une condamnation à mort à ce camp, car les malades n’obtiennent aucun traitement médical; ou les prisonniers se rétablissent, ou bien ils meurent. En fait, toute personne qu’on juge trop malade reçoit une injection mortelle.

Dans son livre The Forgotten : Canadian POWs, Escapers and Evaders in Europe 1939-1945, Nathan M. Greenfield explique l’une des raisons possibles de la survie du sergent Carter-Edwards : la nuit, les préposés aux soins auraient fait du Canadien délirant de fièvre un « clandestin », le déplaçant d’un lit à l’autre pour tromper le médecin et ainsi éviter qu’il n’ordonne sa mort. De plus, un médecin français, lui aussi prisonnier, aurait utilisé une seringue pour aspirer le liquide des poumons du sergent Carter-Edwards.

Finalement, le sergent Carter-Edwards et deux des aviateurs des forces alliées, les autres ayant succombé à la maladie au camp, quittent Buchenwald à destination du camp de prisonniers de guerre Stalag Luft III, le 28 novembre 1944, grâce à l’intervention de militaires de la Luftwaffe.

« Pour une raison ou une autre, la force aérienne allemande, notre ennemie au combat, mais compagne d’armes formellement, a appris qu’il y avait 166 aviateurs alliés à Buchenwald, se souvient M. Carter-Edwards dans une vidéo diffusée dans le site Web d’Anciens Combattants Canada. Nos ennemis, soit les militaires de la force aérienne allemande, peut-être même ceux qui avaient abattu certains d’entre nous, nous ont sauvé la vie, leur ont sauvé la vie… Ils ont appris, après notre sortie du camp, que cinq jours plus tard, nous aurions tous été pendus par le cou aux crochets de boucherie, sous le crématoire, à l’aide de corde à piano. Nous aurions été étranglés à mort. C’est ce qu’avait ordonné Buchenwald. »

Edward Carter-Edwards a longtemps gardé le silence sur son expérience à Buchenwald, parce que, tout simplement, personne ne le croyait. Mais, en 1988, la Croix-Rouge internationale a confirmé, d’après son examen de dossiers allemands, que M. Carter-Edwards avait bel et bien été enfermé à Buchenwald par les SS, traité plusieurs fois à l’infirmerie, et transféré à Stalag Luft III. Plus tard dans sa vie, Edward Carter-Edwards est devenu un infatigable conférencier. Dans ses allocutions, il parlait de ses expériences de guerre et des dangers de l’intolérance.

Pour conclure ses allocutions et discours, Edward Carter-Edwards chantait souvent cette belle chanson de Vera Lynn, « We’ll Meet Again » (Nous nous reverrons) :

We’ll meet again (Nous nous reverrons)

Don’t know where, don’t know when. (Je ne sais ni où ni quand.)

But I know we’ll meet again (Mais je sais que nous nous reverrons)

Some sunny day. (Par une journée ensoleillée.)

De nous tous, à l’Aviation royale canadienne : que Dieu te bénisse, Ed. Nous nous reverrons par une journée ensoleillée.

La voix de ténor d’Edward Carter-Edwards, ses blagues continuelles et ses discussions sur ses expériences comme prisonnier de guerre, qui constituaient une grande partie de sa personnalité, ne sont plus que souvenirs. Dans sa 94e année de vie, Ed s’est éteint, le mercredi 22 février 2017.

Ed est né à Montréal en 1923, mais sa famille a déménagé à Hagersville, puis à Hamilton, en Ontario. Il s’est joint à l’ARC pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque son bombardier Halifax a été abattu en juin 1944, il a été capturé et incarcéré avec 167 autres aviateurs alliés au camp de concentration Buchenwald. […] Ed a consacré de nombreuses heures à faire des conférences devant des écoliers, des étudiants du niveau universitaire, des clubs militaires et diverses associations, au pays et à l’étranger, pendant lesquelles il a parlé de ses expériences de guerre, des dangers de l’intolérance et de la nécessité de faire preuve de compassion et de compréhension humaine. Le message d’Ed est encore pertinent et le restera toujours.

La famille recevra les condoléances au Merritt Funeral Home, situé au 287, rue Station, à Smithville, le dimanche 26 février, de 14 h à 16 h, et de 19 h à 21 h. Un service funèbre aura lieu à l’Église unie de Smithville, au 116, rue West (route régionale 20), à Smithville, le lundi 27 février, à 11 h. L’inhumation précédera le service au cimetière adjacent à l’église.

Pour lire l’article nécrologique complet, consultez le http://merritt-fh.com/tribute/details/664/Edward-Carter-Edwards/obituary.html (en anglais).

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2022-04-21