Concours de rédaction de l’étoile montante de la publication « Eat North » : la vie d’un cuisinier militaire

Le 19 septembre 2019 — Nouvelles de la Défense

Les gens associent souvent le travail des militaires au fait de tirer au fusil, de vivre dans des tranchées, de se mettre en forme, de se faire engueuler pour la moindre des choses et surtout, de manger de la nourriture infecte. Ces hypothèses s’avèrent exactes… dans une certaine mesure. Oui, il est juste de dire que tout le monde suit une instruction de base et fait partie de l’infanterie dans une certaine mesure; toutefois, l’infanterie ne représente que 10 % de toute l’armée en réalité, et le reste fait partie du soutien. La principale source de soutien est le Service de la logistique (connu sous l’appellation du Service royal de la logistique du Canada). On retrouve les cuisiniers au sein de celui-ci. Je fais partie de la Première réserve des Forces armées canadiennes depuis plus d’un an à titre de cuisinier, et je peux vous dire qu’il s’agit de toute une expérience.

Occuper le poste de cuisinier dans l’armée, c’est comme occuper le poste de cuisinier dans le monde civil; la seule différence, c’est l’environnement dans lequel j’exerce mes fonctions. En qualité de cuisinier dans l’armée, soit je travaille dans une cuisine commerciale normale lorsque je suis dans la base, soit j’exerce mes fonctions dans une remorque-cuisine au milieu de nulle part. Parfois, j’ai l’occasion de travailler sur un navire de la marine ou dans une base aérienne. Les possibilités de voyage sont infinies. Tout le monde mange, et la nourriture permet de remonter le moral des troupes, plus particulièrement dans l’armée. J’ai fait l’expérience des deux côtés de la médaille, et je peux confirmer que manger un bon repas chaud après une longue, et parfois misérable, journée sur le terrain est très réconfortant. Imaginez l’expression sur le visage des soldats lorsqu’ils sentent de la soupe poulet et nouilles à proximité de notre petite boîte qu’on appelle une remorque-cuisine mobile (RCM) sous la pluie battante ou au cours d’une tempête de neige.

Notre groupe professionnel est sous-estimé dans l’armée, et comme la plupart des gens qui exercent des métiers, on se moque de nous, et plus encore, si vous êtes un cuisinier de la Réserve. Comme les réservistes s’entraînent un soir par semaine et une fin de semaine par mois dans le cadre d’un exercice, nous n’avons pas l’occasion de remplir les fonctions de notre métier sauf au cours de ces exercices de fin de semaine. Parfois, nous n’avons même pas le droit de cuisiner durant ces exercices; au lieu de cela, nous recevons de la nourriture d’un service de traiteur, des boîtes à lunch ou des RIC (repas individuel de combat). Pour le dire de façon polie, la qualité de la nourriture du service de traiteur est particulière.

Si vous demandez à un militaire s’il préfère de la nourriture du service de traiteur, des boîtes à lunch ou des repas McDonald’s, il vous répondra qu’il est prêt à parcourir 25 km pour se rendre au McDonald’s le plus près pour éviter la nourriture. Cela en dit long au sujet de l’alimentation de nos militaires. Oui, c’est riche en calories, mais la qualité laisse à désirer. Plus particulièrement lorsqu’on pense aux œufs en poudre et aux crêpes douteuses. C’est pourquoi lorsque les cuisiniers viennent sur le terrain, ils reçoivent beaucoup de louanges.

Lors d’un exercice d’entraînement, je cuisinais pour 100 militaires avec deux autres cuisiniers et mon superviseur. Il faisait froid, un peu de neige était tombée (merci à notre printemps canadien) et je manquais de sommeil. Nous étions dans le RCM et nous préparions le déjeuner. Au moins cinq soldats d’infanterie n’ont pas cessé de nous demander pourquoi nous ne pouvions pas cuisiner au cours de tous les exercices d’entraînement plutôt que de recevoir la nourriture préparée par un service de traiteur. La réponse est simple : nous n’avons pas suffisamment de cuisiniers. Dans l’ensemble de l’armée, ce qui comprend autant la Force régulière que la Force de réserve ainsi que le regroupement des trois armées : l’Armée de terre, la Marine et la Force aérienne, il y a environ 500 cuisiniers pour 126 500 militaires. Un bataillon au complet pour nourrir l’ensemble de l’armée, c’est un bel exemple de la théorie du chaos en action.

Comme tous les cuisiniers qui travaillent dans cette industrie, nous subissons constamment de la pression de notre superviseur ainsi que d’autres militaires hauts gradés et d’autres militaires. Le respect des horaires est important dans l’armée; si vous prenez du retard, tout sera retardé, et potentiellement, tout le plan ne respectera pas les heures établies. Le fait d’être un soldat (ou pire, d’être un « simple soldat » ou un soldat sans instruction) et de dire à un caporal-chef ou à toute personne qui est plus haut gradée que vous que la nourriture n’est pas prête à l’heure prévue peut être intimidant, surtout si votre superviseur est là et qu’il se demande pourquoi. Oui, ils comprendront que les aliments doivent être préparés correctement pour des raisons de salubrité alimentaire, mais en même temps, il y a des échéances qui doivent être respectées et autrement, il peut être délicat de les repousser. Après tout, les autres militaires sont comme des clients dans un restaurant, ils ont d’autres choses à faire. Certains d’entre eux peuvent se montrer impatients.

L’instruction en soi est ce à quoi vous pouvez vous attendre dans une école culinaire : un retour aux sources. Vous apprendrez à tenir un couteau, à cuire un nombre incalculable d’œufs, à cuire au four, à couper les légumes de différentes façons; tout ce que vous voulez. Du point de vue de la Réserve, notre instruction dure trois mois à la Base des Forces canadiennes (BFC) Borden, située à une heure et demie au nord de Toronto. Nous logeons dans des quartiers de style dortoir et nous portons les uniformes blancs traditionnels des cuisiniers; c’était la norme à l’époque. Afin de distinguer les trois armées, nos insignes d’identité sont munis du symbole représentant soit l’Armée de terre (deux épées croisées), soit la Marine (une ancre), soit la Force aérienne (un aigle). Cependant, nous sommes formés pour cuisiner dans les trois armées, à l’exception de quelques modifications légères pour l’Armée de terre. Comme pour tous les autres cours, il y a des hauts et des bas, mais de façon générale, l’expérience était bien, sauf pour les réveils très tôt le matin et les longues journées.

La vie d’un cuisinier militaire a ses avantages et ses inconvénients comme tout autre emploi de cuisinier. Bien entendu, nous ne pratiquons pas les techniques branchées comme la gastronomie moléculaire ou la cuisine d’avant-garde, mais notre travail est valorisé. De plus, je peux certainement me qualifier de cuisinier de combat, car ce qui est le plus important pour tous dans l’armée, c’est que peu importe à quel groupe professionnel une personne appartient, elle est d’abord un soldat. Je dois pouvoir tirer à la carabine et à la mitrailleuse, lancer des grenades, naviguer et faire d’autres choses que font les soldats. Après tout, vous pouvez être le meilleur dans votre groupe professionnel, mais si vous ne pouvez pas vous défendre sur le terrain, alors vous êtes aussi utile qu’une recrue.

Notes de l’auteur : Je suis pleinement conscient de l’inexactitude de certains des faits présentés dans l’essai et j’ai fait du mieux que je pouvais pour faire des recherches au moyen des ressources très limitées à ma disposition. Cet essai vise à donner aux lecteurs un aperçu de ce à quoi consiste le poste de cuisinier dans la Réserve du point de vue d’un soldat. Mon parcours militaire se poursuit, et j’ai encore beaucoup à apprendre, non seulement dans mon propre groupe professionnel, mais aussi dans le cadre de mes fonctions de soldat. Je souhaite également inspirer les gens à se joindre à la profession des services alimentaires, car la valorisation qu’on obtient à surmonter la difficulté de nourrir les militaires et à les motiver grâce au sourire sur notre visage et à notre attitude positive en servant des repas nutritifs et de bonne qualité dans diverses circonstances (p. ex. pas d’eau courante, propane congelé, etc.) est indescriptible. Je suis pleinement conscient de l’inexactitude de certains des faits présentés dans l’essai et j’ai fait du mieux que je pouvais pour faire des recherches au moyen des ressources très limitées à ma disposition. Cet essai vise à donner aux lecteurs un aperçu de ce à quoi consiste le poste de cuisinier dans la Réserve du point de vue d’un soldat. Mon parcours militaire se poursuit, et j’ai encore beaucoup à apprendre, non seulement dans mon propre groupe professionnel, mais aussi dans le cadre de mes fonctions de soldat. Je souhaite également inspirer les gens à se joindre à la profession des services alimentaires, car la valorisation qu’on obtient à surmonter la difficulté de nourrir les militaires et à les motiver grâce au sourire sur notre visage et à notre attitude positive en servant des repas nutritifs et de bonne qualité dans diverses circonstances (p. ex. pas d’eau courante, propane congelé, etc.) est indescriptible.

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