Une femme, qui est un officier supérieur de la police militaire du Canada, est le grand prévôt de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS)

Le 6 mars 2020 – Nouvelles de la Défense

Par le Ltv Michèle Tremblay, Officiers des affaires publiques, Grand prévôt des Forces canadiennes

En se présentant à l’Unité opérationnelle du Soudan du Sud, le colonel (Col) Vanessa Hanrahan a été informée qu’elle était la femme la plus haut gradée au sein de l’Unité opérationnelle composée de 17 % de femmes.

Créée en 2011, la MINUSS (en anglais seulement) comprend environ 15 000 militaires et 2 800 civils. Le Col Hanrahan y a été déployée en novembre 2019 pour occuper les fonctions de grand prévôt de l’Unité opérationnelle du Soudan du Sud, qui consistent à conseiller le commandant de l’Unité opérationnelle sur tous les aspects des services de police militaire au Soudan du Sud.

Trois mois après le début du déploiement, le Col Hanrahan, qui est responsable de la police militaire de la Force opérationnelle, explique que cette période a été un défi enrichissant. Elle mentionne qu’il s’agit d’une excellente expérience qui lui permet de travailler au niveau opérationnel avec des policiers militaires de plusieurs nations qui apportent des expériences du milieu de la police militaire et des points de vue culturels variés et précieux. « Même si nous avons différentes méthodes pour gérer les difficultés que nous rencontrons, en fin de compte, nous sommes tous pareils, à savoir des militaires de nos armées respectives qui travaillent ensemble pour assurer la sécurité des Sud-Soudanais », indique le Col Hanrahan.

En tant qu’officier supérieur de la police militaire du Canada, elle a occupé divers postes comme grand prévôt des Forces canadiennes et conseiller spécial du grand prévôt des Forces canadiennes. Le Col Hanrahan apporte à la MINUSS une vaste expérience de leadership et du milieu de la police militaire. « Elle a été sélectionnée parmi les meilleurs candidats de cinq nations – et c’est une réussite… Elle est la première femme à occuper le poste de grand prévôt au sein de cette mission des Nations Unies – et c’est plutôt génial aussi! », mentionne le Brigadier-général  (Bgén) Simon Trudeau, grand prévôt des Forces canadiennes et commandant du Groupe de la Police militaire des Forces canadiennes.

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Interpellée par le titre Sir vice Ma’am (Monsieur vice Madame), Col Hanrahan était déconcertée durant les premières semaines de son déploiement. En discutant avec des personnes pour savoir pourquoi ils utilisaient ce terme, elle a compris que dans leur culture militaire et dans leur pays, c’était une marque de respect.

Lorsqu’on lui pose des questions sur le fait qu’elle est la femme la plus haut gradée de l’Unité opérationnelle, le Col Hanrahan répond : « C’est à la fois très touchant et intimidant! Chaque jour, je dois non seulement représenter le Canada, mais aussi m’assurer que je fais honneur aux nombreuses femmes militaires faisant partie des Forces canadiennes et des forces militaires partout dans le monde qui ont pavé la voie et m’ont permis d’avoir accès aux possibilités qui s’offrent à moi. Pour moi, la question n’est pas que je sois une femme, la question est que je veux faire de mon mieux à chaque poste que j’occupe. Je crois sincèrement que la personne la plus qualifiée pour un emploi mérite d’obtenir le poste, qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. »

Les femmes dans la police militaire apportent-elles une diversité et une force positives à la police militaire au sein des Nations Unies? Le Col Hanrahan répond : « Faire partie d’une équipe diversifiée, selon le sexe, l’expérience, etc., permet à l’équipe d’avoir divers points de vue sur un problème, ce qui permet d’avoir une approche plus globale pour résoudre le problème. Étant donné que certains civils, notamment les femmes et les enfants, sont plus à l’aise de parler avec des femmes, cette diversité assure que cette possibilité leur soit offerte. »

Col Vanessa Hanrahan qui exerce actuellement les fonctions de grand prévôt de la Force opérationnelle au Soudan du Sud chargée de l’Unité de police militaire de la Force (UPMF) a répondu à quelques questions par rapport on son expérience jusqu’à présent à la MINUSS.

Les femmes représentent‑elles une diversité et une force positive pour la PM des Nations Unies (ONU)? Et qu’en est‑il du type d’enjeux socioculturels auxquels est confronté la PM de l’ONU dans le Soudan du Sud?

« Je pense que la diversité de façon générale est une force. Par conséquent, la présence de femmes au sein de la mission (12) est une force et au sein de l’UPMF, c’est très certainement un point positif. Le fait d’avoir une équipe diversifiée, sur le plan du sexe, de l’expérience, etc., permet à l’équipe d’analyser les enjeux sous différents angles et donc d’adopter une approche plus globale pour résoudre les problèmes. Étant donné qu’une partie de la population civile – femmes et enfants – peut être plus à l’aise de parler avec des femmes, la présence de femmes au sein de la force leur assure cette possibilité. Pour notre part, nous sommes en mesure de recueillir tous les renseignements lors de la réalisation d’une enquête de la PM ou de les diffuser à l’ensemble des forces armées lors de patrouilles pour recueillir des renseignements.

Par rapport à vos expériences passées de leadership, qu’est‑ce qui vous frappe le plus après des semaines en tant que grand prévôt dans un environnement majoritairement masculin?

« Je pense que l’expérience de leadership la plus marquante que ce poste m’a permis de vivre est de travailler avec les différents pays qui contribuent à cette mission pour comprendre comment ils perçoivent les femmes. Par exemple, au cours des premières semaines, on m’a souvent appelée « Sir vice Ma’am ». J’ai d’abord été déconcertée par cette situation. En discutant avec des personnes pour savoir pourquoi elles utilisaient ce terme, j’ai compris que pour elles, c’était une marque de respect, car il en était ainsi dans la culture militaire de leur pays. Pour moi, il s’agissait d’une occasion de leur expliquer pourquoi, venant du Canada où l’on s’attendait à ce qu’une personne s’identifiant comme une femme soit appelée « Madame », je considérais l’utilisation du terme « Monsieur » comme un terme péjoratif. Il s’agit à nouveau de trouver un équilibre entre ne pas se sentir offusqué, respecter la culture de chacun, tout en faisant germer l’idée de certaines des approches que nous avons adoptées au Canada et qui, à mon avis, vont dans le sens d’une meilleure intégration des femmes dans l’environnement militaire. »

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Jusqu'à présent être une femme dans une profession dominée par les hommes n'est pas un obstacle pour le colonel. Elle a établi une excellente relation de travail avec tous les hauts dirigeants de la Force qui l'ont offert le soutien dont elle a besoin pour exercer ses fonctions.

Est‑ce qu’exercer une profession dominée par les hommes dans la plupart des pays est un obstacle pour vous en tant que grand prévôt?

« Ce n’est pas un obstacle pour moi jusqu’à présent. J’ai établi une excellente relation de travail avec tous les hauts dirigeants de la Force et ils m’ont offert le soutien dont j’ai besoin pour exercer mes fonctions. L’UPMF emploie 12 femmes en divers endroits du pays et elles effectuent les mêmes tâches que leurs collègues masculins. »

Quels sont certains des défis auxquels vous êtes confronté en tant que grand prévôt du Sud-Soudan par rapport à l’époque où vous étiez grand prévôt de l’AC?

« La diversité des pays contributeurs au sein de la structure de la Force et le rôle de la police militaire au sein des l’ONU. Par exemple, le Cambodge est le pays contributeur de soldats pour la compagnie de police militaire de la Force (PMF), mais chaque nation peut faire son déploiement avec son propre corps de police militaire nationale et la plupart des nations le font, chacun de ces corps ayant son propre rôle distinct, mais étroitement lié à celui des autres, au sein de la Force. Je travaille à améliorer la relation professionnelle entre la PMF et la PM qui sont intégrées dans les contingents respectifs, qui ont tous des degrés d’autorité et de responsabilité différents selon le rôle de la PM dans leur pays d’origine. »

« Un deuxième défi que je dois relever est un défi personnel. En tant que femme la plus haut gradée de la Force à l’heure actuelle, je veux m’assurer que je représente tous les membres féminins de la manière la plus appropriée. Je veux également m’assurer que le rôle des femmes au sein de l’opération de soutien de la paix est mis en valeur. Vous vous demander peut être quel est le défi au juste. En fait, c’est que je n’aime pas être mise en avant parce que je suis une femme. Je préfère être considérée comme une personne compétente et professionnelle. Cela dit, je suis maintenant consciente que les deux ne s’excluent pas mutuellement. Je dois trouver un équilibre entre le fait que je peux utiliser ma position pour représenter les femmes au sein de la mission et le fait qu’il ne s’agit pas de moi personnellement, mais du groupe d’individus dont je fais partie. Si l’utilisation de mon histoire met en évidence l’excellent travail accompli par elles toutes, alors je suis fière de le faire. »

Y a-t-il des difficultés attribuables aux différents niveaux de formation et d’éducation des agents de la PM?

« Oui, j’ai un peu de chance, car les membres de la PMF viennent du même pays et ont donc relativement le même degré de formation, mais des niveaux d’expérience différents, ce qui n’est pas différent de ce à quoi l’on pourrait s’attendre même dans la police militaire canadienne. Lorsque je travaille avec la PM nationale affectée aux divers contingents de la mission, je dois m’assurer que je comprends la formation de ses membres, car elle peut être très différente de celle des membres de la PMF. En général, le niveau de formation et d’éducation de la police militaire canadienne est notablement plus élevé que dans de nombreuses nations. »

Combien de femmes sont actuellement membres de la police militaire dans votre Force opérationelle?

« Il y a 12 femmes dans la PMF. »

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