Quand une rencontre fortuite se termine en projet de vie

Le 29 juin 2021 - Nouvelles de la Défense

La vie fait parfois drôlement les choses, et c’est d’autant plus évident lorsque l’on écoute l’histoire de deux candidates de l’École de leadership et de recrues des Forces canadiennes (ELRFC) qui viennent tout juste de compléter leur cours de qualification militaire de base (QMB). Bien qu’elles soient toutes deux arrivées de Québec, Sdt(R) Maribelle Boisvert et Sdt(R) Karolane Jacques ne se sont connus qu’à leur arrivée à l’ELRFC et se sont rapidement liés d’amitié.

Documenter leur parcours

Fort de cette rencontre, elles ont eu l’idée conjointe, lors d’une discussion de groupe avec la commandante de l’ELRFC, de documenter à l’écrit leur parcours, sans filtre avec tous les hauts et les bas avec un seul but en tête : briser les stéréotypes. Conscientes de l’image des Forces qui évolue, mais qui manque encore à ce jour de clarté et de représentation adéquate dans le grand public, elles se sont servies de leur temps libre pour discuter, réfléchir et finalement rédiger leurs péripéties, observations et appréhensions.

« Je me suis dirigé vers la porte avec mes bagages à la main. Un premier instructeur s'est adressé à moi, j'étais tellement impressionnée! Je devais me diriger dans une classe pour faire fouiller mes sacs par le sergent aux commandes de ma section. Il me faisait tellement peur, finalement c'était le meilleur instructeur qu'on puisse avoir. Quand il a commencé à me parler, je me suis dit :"Hein il n'est pas méchant?" Ensuite, il m’a montré en deux temps, trois mouvements à balancer les bras et il m’a dit :"À partir de maintenant, vous vous déplacerez comme ça partout et en tout temps" » - Sdt(R) Maribelle Boisvert.

C’est ainsi qu’à leur dixième semaine, elles se trouvent à avoir entre les mains des pages de souvenirs, bons et mauvais, mais hautement représentatifs de la réalité d’un candidat à l’ELRFC.

Surprise heureuse et changement de vision

L’enrôlement dans les Forces est un processus qui a été long et complexe pour Sdt(R) Karolane Jacques. En effet, il lui aura pris dix ans de réflexion, teintée d’une forte réticence de son entourage qui, marquée probablement par l’image stéréotypée d’une femme dans les Forces, la décourageait plus qu’autre chose. Poussée par une forte volonté, elle s’enrôlera finalement et aura vécu un QMB drôlement loin de ce qui avait été décrit par son entourage, par le grand public.

« Sur la route, je ne réalisais pas encore que je me rendais à cet endroit. Quand j'ai vu la bâtisse pour la première fois, c'est à ce moment que j'ai eu le choc. Mon cœur s'est mis à débattre et mon corps tremblait. Je n'ai pas eu le courage d'entrer, je suis retournée me promener dans la ville pendant 1 heure avant de revenir » - Sdt(R) Karolane Jacques.

Sdt(R) Karolane Jacques et son binôme Sdt(R) Maribelle Boisvert auront constaté un cours plus humain et du personnel à l’écoute qui est toujours prêts à aider, à écouter et à accompagner les candidats pour favoriser leur apprentissage et leur réussite. Elles constatent d’autant plus un cours qui est bien fait, bien encadré et facile à suivre, en affirmant qu’il y a juste à se laisser guider pour y arriver. Bien entendu, le cours demeure ardu et rempli d’embuches. Autre constat, la camaraderie et les encouragements sont très, très présents. La dynamique interne du peloton, favorisée par une culture d’apprentissage saine, a été cruciale pour la réussite des deux candidates.

Place aux femmes dans les Forces

C’est cette vision du QMB et des Forces qu’elles souhaitent diffuser au grand public. Armées de leurs manuscrits, de leurs notes, de leurs souvenirs et de leur amitié, Sdt(R) Boisvert et Sdt(R) Jacques veulent donner envie aux femmes de s’enrôler, les encourager à relever le défi et vivre l’expérience militaire qu’elle qualifie de transformatrice, allant même jusqu’à dire qu’il s’agit de la meilleure décision de sa vie dans le cas du Sdt(R) Boisvert. Avec le changement de garde et de culture qui s’opère actuellement au sein des Forces, la place pour les femmes et les minorités visibles est davantage priorisée et valorisée.