Un portrait représente « l’esprit indomptable » d’un vétéran autochtone

Le 8 novembre 2021 - Nouvelles de la Défense

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Guerrier de Normandie, un portrait du défunt soldat (retraité) Philip Favel, un vétéran autochtone, fait partie de la collection nationale du Musée canadien de la guerre. Il s’agit du travail d’une artiste d’Ottawa, Elaine Goble, qui planifie une série de portraits pour raconter l’histoire d’autres vétérans autochtones. Photo  : Musée canadien de la guerre

Nous soulignons la Journée des vétérans autochtones sans la présence d’une figure importante, mais son image et son histoire continuent de vivre grâce à une œuvre d’art.

Le soldat (retraité) Philip  est décédé le 31 janvier 2021, à l’âge de 98 ans, à North Battleford, en Saskatchewan.

Il a non seulement servi avec distinction durant la Seconde Guerre mondiale – s’étant entre autres mérité la médaille de la Légion d’honneur française – mais il a également été un leader dans la lutte pour l’égalité de traitement des vétérans autochtones.

Bien que les vétérans étaient en principe égaux à cette époque, les soldats autochtones qui rentraient à la maison n’avaient pas toujours droit aux mêmes avantages que les autres – une injustice qui n’a été pleinement corrigée que dans les années 1990.

Après la Seconde Guerre mondiale, conformément à la Charte des anciens combattants, l’admissibilité aux avantages était favorable aux demandeurs non autochtones. À titre d’exemple, le programme d’octroi de terres aux militaires de retour au pays désavantageait les vétérans autochtones, qui étaient marginalisés sur le plan économique et social, car les demandeurs devaient posséder une expérience dans le domaine agricole.

L’an dernier, le Musée canadien de la guerre a rendu hommage au Sdt (ret) Favel en dévoilant son portrait. L’œuvre, intitulée Guerrier de Normandie, a été peinte par une artiste d’Ottawa, Elaine Goble, et elle fait désormais partie de la collection nationale du Musée.

Le portrait est de nouveau exposé jusqu’au 12 décembre dans le cadre de l’exposition Hommage, qui met en lumière 13 autres portraits de vétérans peints par Mme Goble.

L’œuvre Guerrier de Normandie fait partie des quelques vingtaines de portraits de vétérans qu’a remis Mme Goble au Musée au cours des deux dernières décennies. L’artiste affirme d’ailleurs qu’il s’agit de la première toile d’une nouvelle série consacrée aux vétérans autochtones.

Mme Goble aime habituellement rencontrer le sujet en personne avant d’entamer son portrait, mais le contexte de la COVID lui a empêché de rencontrer le Sdt (ret) Favel. Le fait qu’elle ne se soit uniquement appuyée sur des images et des vidéos ne semble toutefois pas avoir joué à son désavantage.

« Lorsque j’ai vu son visage, j’ai su qu’il saurait rallier quiconque le regarderait dans les yeux. J’ai tenté de rendre hommage à son esprit indomptable. Ce n’est plus ma peinture. Elle a pris son envol. Elle mérite de prendre son envol. »

Mme Stacey Barker (Ph.D.), historienne au Musée de la guerre et spécialiste des arts et de l’histoire militaire, affirme que ses collègues et elle sont toujours heureux de raconter les histoires de vétérans autochtones et qu’ils ont été ravis d’ajouter Guerrier de Normandie à la collection.

« Nous avons sauté sur l’occasion », a-t-elle affirmé. « C’est un magnifique portrait. On y perçoit toute l’humanité de l’homme. »

Mme Goble affirme que c’est sa mère, une enseignante, qui a été la première à reconnaître ses talents artistiques.

« Très jeune, elle m’a amené à comprendre que je ne devais pas garder ce talent pour moi, que je devais le redonner à la communauté », se souvient-elle. « J’y ai vu une occasion d’être au service de la narration des vétérans et des gens qui vivent les séquelles des conflits dans leur vie quotidienne. »

Pour tous ses portraits, Mme Goble adopte une approche où le service l’emporte sur ses avantages personnels.

« Pour qu’une personne vous raconte son histoire, il vous faut gagner sa confiance », a-t-elle affirmé. « Je ne suis pas une référence », dit-elle. Je n’ai pas de site Web. Mais ces gens me confient leurs histoires. Je leur assure que je ferai de mon mieux pour illustrer l’histoire et que je tenterai de donner l’œuvre au Musée de la guerre. Et que cela ne sera jamais un projet commercial. »

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