Mon histoire : J’ai obtenu la Plume d’aigle

Le 26 mai 2022 - Nouvelles de la Défense

Par le caporal C. Calma, RHFC

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Des membres des Royal Highland Fusiliers of Canada et des invités distingués de la Première Nation de M’Chigeeng ont participé à une cérémonie spéciale au manège militaire de Cambridge, le 12 décembre 2021. Photos : Bdr Nick Bauman, Affaires publiques du 31e Groupe brigade du Canada.

Le 12 décembre 2021, pendant que la cérémonie commençait au manège militaire de Cambridge, j’ai eu un moment pour réfléchir. J’avais rencontré tellement de gens intéressants, partagé de bons moments et des moments difficiles – comme durant les nuits froides, les jours chauds, la pluie qui n’en finit plus et le manque de sommeil qui ont fait la réputation de Meaford. Je l’ai fait avec de nouveaux amis. Nous l’avons fait ensemble. J’ai vu l’équipe travailler ensemble pour accomplir la mission.

Tout cela était devant moi en 2018 quand je me suis enrôlé dans les Forces armées canadiennes (FAC) dans le cadre du Programme Black Bear après avoir été cadet, mais je n’avais aucune idée à quel point l’expérience de devenir soldat allait toucher chaque aspect de ma vie. Aussi, je n’avais pas anticipé à quel point mes réalisations auraient autant d’importance pour ma famille et ma communauté.

J’ai entendu parler de soldats autochtones, dont certains de ma propre communauté, qui avaient servi dans les forces armées, et parfois à la guerre. Certains ne sont pas revenus à la maison. Je voulais servir outre-mer afin de pouvoir suivre leurs traces et leur exemple. Quand la Plume d’aigle m’a été présentée par l’Ancien, M. Henry, lors d’une cérémonie sacrée, me reconnaissant en tant que soldat et pour mes réalisations (en présence de mes parents et de ma famille), je savais que j’avais maintenant l’occasion de le faire.

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Des membres des Royal Highland Fusiliers of Canada et des invités distingués de la Première Nation de M’Chigeeng ont participé à une cérémonie spéciale au manège militaire de Cambridge, le 12 décembre 2021. Photos : Bdr Nick Bauman, Affaires publiques du 31e Groupe brigade du Canada.

Je suis le caporal Cruz Antonio Calma, et je suis membre des Royal Highland Fusiliers of Canada à Kitchener (Ontario), une unité de la Réserve de l’Armée au sein du 31e Groupe-brigade du Canada de la 4e Division du Canada. Je suis de la Première Nation de M’Chigeeng et Ojibway. Je suis aussi un soldat et un fier Canadien.

Je suis dans l’Armée depuis presque quatre ans – j’ai prononcé mon serment le 3 juillet 2018. Mon parcours avec les FAC a commencé lorsque j’étais cadet chez le 1596e des Cadets royaux de l’Armée canadienne, à Kitchener (Ontario). Le fait d’être un cadet m’a inspiré à devenir soldat, à chercher l’action et l’aventure dont je rêvais. Mais ça m’a aussi enseigné l’importance réelle du service communautaire et du travail d’équipe.

Quand j’ai eu 16 ans, j’ai voulu franchir l’étape suivante et m’enrôler dans le service militaire proprement dit. J’ai postulé par le biais du centre de recrutement des FAC, et j’ai exploré beaucoup de programmes différents. J’ai constaté qu’il y avait des programmes pour les Autochtones, et Black Bear est celui qui a le plus attiré mon attention, parce que j’avais l’occasion de voyager là où je n’étais jamais allé et aussi en raison de ma culture. Black Bear est un « programme d’instruction d’été unique qui allie la culture et les enseignements autochtones à l’instruction militaire et qui permet d’acquérir des habiletés fort utiles », selon le site Web. Or, c’est beaucoup plus que ça.

C’est à l’été 2018 que mon parcours a commencé, et c’est à la BFC Gagetown que j’allais d’abord apprendre comment être un soldat. C’est là que j’ai commencé la Qualification militaire de base (QMB). C’était difficile et ça m’a enseigné de nombreuses leçons. Mais ça m’a aussi poussé à devenir meilleur, à essayer de faire de mon mieux et à ne jamais abandonner. J’ai beaucoup songé aux soldats qui sont passés avant moi, et qui ne sont pas revenus chez eux. Ça m’a poussé quand j’étais fatigué et que j’avais froid. Ça m’a poussé à essayer plus fort.

Après avoir réussi la QMB et être revenu à la maison, j’ai été accueilli dans les RHFC, j’ai participé aux soirées de rassemblement, aux cours et aux exercices de fin de semaine. À l’été 2019, je venais d’être diplômé du secondaire et je n’ai même pas eu à chercher un emploi, parce que l’Armée en avait un pour moi. Cet été-là, j’ai eu un emploi d’été à temps plein ou « EETP ». J’ai travaillé tout l’été à quelques fonctions et j’ai aussi complété la période de perfectionnement 1 – Module 1 Infanterie (PP1 Mod 1). C’est le cours qu’il faut avoir réussi pour devenir un soldat d’infanterie pleinement qualifié.

L’année suivante, j’étais de nouveau à l’instruction jusqu’à ce que la pandémie apparaisse. Celle‑ci a été difficile pour tout le monde, même pour moi. Elle a retardé l’instruction et laissé des écarts dans les activités, qui me manquaient. L’Armée me manquait. Mes amis de l’unité me manquaient. Et la routine me manquait. À l’été 2020, heureusement, j’ai pu faire la PP 1 - Module 2 Infanterie, qui est la partie durant laquelle on s’entraîne sur le terrain. Hélas, j’ai subi une blessure au dos qui m’a réellement nui sur le plan physique et dans d’autres aspects de ma vie. Mais je me suis relevé, comme on me l’avait enseigné, et je me suis à nouveau préparé mentalement et physiquement pour ce défi et en 2021, j’ai enfin réussi la PP1 comme fantassin.

Il y avait beaucoup de défis devant moi, pour me rendre où j’en suis maintenant dans ma carrière, et j’ai reçu beaucoup de soutien dont j’avais besoin de ma famille et mes amis. Mes parents m’ont appuyé dans ma décision de m’enrôler et m’ont encouragé pendant l’instruction. Après tout, ils voyaient ça comme une expérience noble et précieuse qui me serait profitable à long terme. Ils étaient fiers que leur fils serve le Canada, comme ceux qui l’avaient fait avant.

Depuis que je suis dans les FAC, j’ai rencontré beaucoup de personnes formidables qui ont changé ma vie à jamais, qu’il s’agisse d’anciens, d’instructeurs, de camarades de cours ou d’amis. Je me suis enrôlé dans les FAC parce que je voulais faire une différence dans le monde d’aujourd’hui, que ce soit en aidant les Canadiens dans le besoin ici au pays, ou en période de conflit. Je songe souvent aux soldats autochtones qui sont venus avant moi et qui étaient si braves et de la fierté qu’ils ont donné à leur tribu. Je voulais être comme eux.

Ma formation n’est pas complète. J’ai plusieurs objectifs, comme faire le cours de mitrailleur d’infanterie de niveau élémentaire, le cours de chauffeur de camion militaire appelé « cours de conduite de véhicule à roues » et, éventuellement, m’adonner à mon hobby (la photographie militaire). Le dévouement à l’égard de l’instruction et du service me pousse à atteindre mes objectifs dans ce métier de soldat, et le soutien que je reçois de ma famille, de mes amis et de la communauté rend les difficultés plus faciles à supporter. Aussi, le fait de savoir que je peux aider des gens me porte à continuer quand j’ai besoin de motivation, et faire sourire des personnes dans le besoin ou dans une situation désespérée, c’est formidable.

Au moment d’écrire ces lignes, il s’est passé quelques semaines depuis qu’on a reconnu ma plus grande réalisation dans ma carrière militaire jusqu’à maintenant lors d’une cérémonie spéciale où j’ai été promu au grade de caporal et qu’on m’a décerné une Plume d’aigle. Maintenant, je peux l’avoir dans la main, mais elle est aussi dans mon cœur, car c’est une responsabilité de servir. Je ne pourrais pas assez remercier ceux qui m’ont aidé à arriver là où je suis aujourd’hui, même ceux qui ne font plus partie de ma vie.

 

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