Message du champion des minorités visibles de l’Équipe de la Défense concernant la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale 2024

Le 21 mars 2024 - Nouvelles de la Défense

Message du championdes minorités visibles de la Défense
 

Nous soulignons aujourd’hui la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale (JIEDR). Décrétée par les Nations Unies il y a près de 60 ans, cette journée est devenue une occasion de soutenir toutes les personnes qui ont subi la cruauté du racisme et qui continuent de se battre contre la discrimination qu’il engendre. Il est décourageant de constater que la discrimination raciale persiste dans notre société, mais arrêtons nous un instant pour reconnaître les progrès accomplis et réfléchir au travail qu’il reste à faire. Nous pouvons attester que depuis l’instauration de la JIEDR, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes continuent de corriger les erreurs du passé et sont résolus à instaurer des changements immédiats et durables. Alors que nous envisageons l’avenir avec un optimisme prudent, nous devons aussi prêter une attention particulière à la nature changeante et insidieuse du racisme. Nous savons qu’il reste du travail à faire, et je voudrais vous faire part de certaines de mes réflexions personnelles.

La progression vers une société plus juste n’a jamais été linéaire, et nous savons que nous éprouverons des revers en cours de route. Mais ce n’est pas une raison pour se décourager et se complaire dans l’impuissance. Nous devons plutôt considérer ces revers comme des occasions d’apprendre à travailler en permanence sur les multiples facettes et les nuances sans cesse changeantes de ce défi redoutable. Nous devons partager nos connaissances avec les personnes de notre entourage, en espérant que notre persévérance collective mettra en lumière les efforts continus visant à éradiquer la discrimination raciale.

Par exemple, dans la société contemporaine, il n’est plus socialement acceptable d’exprimer ouvertement des préjugés raciaux. Tout acte ou omission à l’encontre d’une personne en raison de sa race est condamné à juste titre comme étant moralement répréhensible – particulièrement si cet acte ou omission est renforcé par des systèmes de pouvoir.

Cependant, tout comme les tendances et les normes sociétales, le racisme a évolué de manière plus subtile et sophistiquée et peut être plus difficile à distinguer. Par conséquent, le racisme peut se camoufler sous un langage neutre sur le plan racial, ne pas être détecté, et se cacher sous les subtilités de la performance ou de vaines promesses de vrai changement.

Même si je sais que le racisme n’est pas chose du passé, j’ai été témoin d’efforts sincères en faveur d’une véritable inclusion et d’une intégration complète. J’ai entendu des discussions audacieuses insistant sur de nouvelles façons de faire. J’ai constaté l’émergence de modèles de comportements authentiques qui dépassent désormais les gestes symboliques initiaux. J’ai également entendu des conversations empreintes de courage, reconnaissant le vaste éventail d’intersectionnalités distinctes de la diversité, de l’équité, de l’inclusion et de la lutte contre le racisme, mais entrelacées avec celles-ci. Ce constat est encourageant. En fin de compte, le racisme n’est pas seulement une forme toxique d’ignorance ou d’arrogance, c’est aussi un gaspillage regrettable de potentiel et de talent humains.

Il est essentiel d’adopter un état d’esprit antiraciste pour éclaircir les rouages complexes de la discrimination raciale. Par exemple, nous devons nous abstenir de réduire le racisme à des comportements individuels, en particulier lorsque ceux-ci s’inscrivent dans des systèmes intrinsèquement partiaux. Le racisme est inextricablement lié aux structures qui perpétuent le déni ou la distorsion de son existence.

L’héritage durable de la JIEDR est de nous rappeler qu’il faut sans cesse remettre en question et démanteler les discours racistes soutenus par les structures de pouvoir dominantes. La complaisance ne fait que renforcer la persistance des réflexes racistes dans l’ensemble des domaines de la société, de l’organisation et de la personne.

Dans le même ordre d’idées, j’aimerais souligner que la discrimination raciale peut devenir si familière aux communautés marginalisées que ses effets néfastes cumulatifs peuvent passer inaperçus. Ces blessures, qu’elles soient visibles ou profondément cachées, peuvent persister et s’aggraver au fil du temps, d’une génération à l’autre. Je n’invoque pas le concept de traumatisme à la légère. Pour vaincre le racisme, nous devons aussi nous remettre du stress cumulatif que le racisme peut infliger à nos corps et à nos âmes.

En outre, comme l’observe de manière poignante l’auteur Resmaa Menakem, s’il est indéniable que les personnes racisées sont celles qui portent la plus grande part du fardeau que constitue le traumatisme racial, il ne faut pas oublier que les personnes non racisées intériorisent des traumatismes secondaires.

En conclusion, le ministère de la Défense nationale et les Forces armées canadiennes sont des institutions qui assurent la sécurité de toute la population canadienne. Notre engagement en faveur de la lutte contre le racisme est non seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité stratégique qui permettra d’accroître la préparation opérationnelle. Guidés par notre code de valeurs et notre éthique, nous reconnaissons que pour être vraiment représentatifs de la belle mosaïque de la société canadienne, nous devons activement rechercher et accueillir des personnes de toutes origines. En favorisant un environnement où chaque voix est entendue, valorisée et respectée, nous renforçons nos institutions et défendons les principes d’égalité, d’équité et de justice sociale qui sont au cœur de notre nation.

Le commodore Jacques Olivier
Champion des minorités visibles de l’Équipe de la Défense
Directeur général – Conduite et développement professionnels, Chef – Conduite professionnelle et culture

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2024-03-21