Le chef de la flottille de dragage de mines aide à dégager la Manche en vue du Jour J

Nouvelles de la Marine / Le 23 juillet 2021

Antony Storrs ne s’attendait pas à survivre au Jour J.

L’officier de la Marine canadienne, qui a dirigé une opération de dragage de mines cruciale pour ouvrir la voie à l’invasion alliée de la Normandie le 6 juin 1944, a raconté plus tard à son fils qu’il n’a jamais pensé qu’il survivrait à cette dangereuse mission.

« Il avait compris que ce serait un aller simple et que les chances d’en sortir vivant étaient assez minces », se rappelle Andrew Storrs en évoquant les propos de son père.

Storrs était l’officier supérieur de la 31e Flottille de dragage de mines, une unité navale canadienne qui a déminé les eaux avant que les Américains ne débarquent sur les plages d’Utah et d’Omaha le Jour J.

En tant que chef de la flottille, il était parfaitement conscient des doutes qui avaient été exprimés quant à la compétence de la Marine royale canadienne (MRC) plus tôt dans la guerre. Mais on dit qu’il aurait si bien formé son équipage entre mars et mai 1944, que les Britanniques ont finalement été contraints de reconnaître que les Canadiens étaient « efficaces, enthousiastes et compétents ».

En règle générale, les dragueurs de mines se retiraient lorsqu’ils étaient la cible d’une attaque, mais Storrs a indiqué à ses navires de tenir fermement leur formation, même sous les bombardements. L’opération nécessitait de maîtriser parfaitement les techniques de matelotage, ce qu’a fait Storrs en dirigeant ses navires près des canons allemands sous le couvert de l’obscurité, par une forte marée transversale et par mauvais temps.

Les formidables compétences de Storrs en matière de manœuvre de navires, sa patience et son tempérament égal, ainsi que le sang-froid et le jugement aigu dont il a fait preuve dans l’exécution de sa tâche complexe, ont joué un rôle important dans le succès de l’opération Neptune, la contribution navale à l’invasion.

Storrs est né en 1907 à Overton, au Royaume-Uni. Ses parents sont décédés avant qu’il ait 15 ans, alors que la famille vivait en Rhodésie (aujourd’hui Zimbabwe). Il est rentré en Angleterre pour aller au Weymouth College, puis a été formé sur le navire-école de la marine marchande, le Navire de Sa Majesté (NSM) Worcester.

Il s’est ensuite engagé à servir à bord du William Mitchell, l’un des derniers navires à voiles à trois-mâts de la flotte commerciale britannique, et a fait le tour du monde.

Pendant la majeure partie des années 1930, il occupait un poste d’agent des douanes maritimes pour le gouvernement chinois, et effectuait des patrouilles sur la côte à la recherche de contrebandiers d’opium et de contrebande. Il a quitté Foo Chow, où il était affecté, lorsque les Japonais ont envahi le pays. Il s’est enfui à Shanghai avec sa femme, Joy, et a réussi à attraper le dernier navire du blocus.

À son arrivée à Victoria en novembre 1940, le capitaine au long cours de 33 ans s’est joint à la Réserve de volontaires de la MRC. Au début de 1941, il a été nommé commandant du dragueur de mines, le navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Armentieres à Esquimalt, en Colombie-Britannique, et en octobre 1941, il a été nommé commandant de la corvette du NCSM Dawson. En juin 1943, Storrs a été affecté au destroyer NCSM Gatineau, et plus tard, il a commandé la corvette NCSM Drumheller, puis le dragueur de mines NCSM Caraquet. Il a été promu au grade intérimaire de capitaine de frégate en février 1944.

Peu de temps après, Storrs est devenu l’officier supérieur de la 31e Flottille de dragage de mines, qui a joué un rôle si important dans la préparation des chenaux dangereux menant à la tête de pont de la Normandie.

En tant que commandant non seulement du NCSM Caraquet, mais également d’une flottille de sept navires, Storrs a su garder son sang-froid sous une pression extrême et prendre d’importantes décisions stratégiques devant le danger. Une fois, alors qu’une mine sensible aux champs magnétiques était traînée jusqu’à son navire pendant le rembobinage d’un câble, il a eu la présence d’esprit d’ordonner que l’engrenage soit desserré et que le navire avance à toute vitesse. La manœuvre a permis au navire de gagner juste assez de distance pour éviter de graves dommages lorsque la mine a explosé.

Pour ses services exceptionnels en tant qu’officier supérieur de la flottille de dragage de mines, le commandant Storrs (et plus tard le contre-amiral Storrs) a reçu la Croix du service distingué (DSC), une barrette à la DSC, la Légion du Mérite des États-Unis, ainsi que la Croix de Guerre française de la Légion d’honneur et la Croix de Guerre avec Palme.

Storrs est revenu au Canada à la fin de la guerre et a exercé diverses fonctions dans la Marine, notamment, en tant que commandant de la station aéronavale de Shearwater, en Nouvelle-Écosse, et officier supérieur du destroyer NCSM Nootka et du porte-avions NCSM Magnificent. Il a été directeur du Collège de la Défense nationale à Kingston, en Ontario, pendant quatre ans avant de quitter la MRC en 1962.

Il est décédé à Victoria le 9 août 2002.

Fourni gracieusement par le Musée naval et militaire de la BFC

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