Enlèvement des explosifs des épaves de Terre-Neuve-et-Labrador

Nouvelles de la Marine / Le 5 novembre 2021

Sous les eaux bleues glacées au large de l’île Bell, à Terre-Neuve-et-Labrador, se trouvent des vestiges de l’histoire de la Marine – quatre navires coulés de l’époque de la Seconde Guerre mondiale.

C’est un lieu très prisé par les plongeurs amateurs, mais puisque des navires de guerre coulés s’y trouvent, il existe des dangers liés à la présence de pièces d’artillerie et de munitions non explosées, comme pour tout navire de guerre coulé.

Cet été, une équipe de plongeurs-démineurs des unités de plongée de la Flotte du Pacifique et de l’Atlantique ainsi que des plongeurs de combat du 4e Régiment d’appui du génie de combat ont travaillé pendant trois semaines au dégagement complet de ces éléments, lequel a commencé en 2019.

Le site des épaves étant dégagé des dangers, le gouvernement du Canada pourra alors le déclarer comme un lieu historique national.

Les vestiges coulés sont les navires de charge « Steam Ship » (SS) Saganaga, SS Lord Strathcona, SS Rose Castle et SS PLM 27. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils étaient équipés d’armes et d’explosifs pour se protéger des attaques des sous-marins allemands au cours de la bataille de l’Atlantique. Dans le cadre de l’effort de guerre, ils avaient pour mission de transporter du minerai de fer de la mine de l’île Bell jusqu’aux aciéries de la Nouvelle-Écosse. Plus de 60 marins ont perdu la vie lorsque les Allemands ont coulé les navires.

Les plongeurs militaires ont été chargés de retirer les 60 dernières pièces d’obus de canon de pont de 4,75 pouces (12,06 cm) et d’armes légères des coques des quatre navires de charge coulés. En 2019, une opération semblable menée par des plongeurs-démineurs a permis de dégager et de détruire 140 pièces d’artillerie.

Pour cette mission, les plongeurs ont mené leurs opérations depuis le pont du navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Moncton, avec l’aide du personnel de soutien de l’unité de la Réserve navale du NCSM Cabot à St. John’s.

« La visibilité sous l’eau était presque parfaite la plupart du temps, et sur le plan touristique, il est facile de comprendre pourquoi le site est une attraction si populaire; les couleurs et la vie marine autour des épaves sont spectaculaires », a déclaré le matelot-chef (Matc) Joseph Falletta, superviseur de l’entretien de l’équipement de la lutte contre les mines de l’Unité de plongée de la Flotte du Pacifique qui a participé à la mission.

La vie marine observée est variée, allant de la morue à une famille de petits rorquals.

« Nous pensons que les baleines sont des résidentes de la région et qu’elles nous ont surveillés pendant toute la durée du déploiement », ajoute-t-il.

Avant de commencer leur mission, les plongeurs ne savaient pas s’ils allaient manipuler des munitions non éclatées, conçues pour causer un maximum de dommages aux navires de guerre et aux sous-marins ennemis. Heureusement, selon le Matc Falleta, aucune des pièces d’artillerie dégagées n’était armée. Elles étaient encore dans leur contenant d’expédition d’origine et rangées dans des casiers à munition sous les canons de pont, notamment sur le SS Lord Strathcona.

« Une fois à l’intérieur des casiers à munitions, notre visibilité était extrêmement réduite en raison de la rouille et des débris qui étaient soulevés et qui tombaient des plafonds lorsque nos bulles d’air les touchaient », explique le Matc Falletta.

Pour dégager les pièces d’artillerie, les plongeurs les ont attachées à des parachutes de levage et les ont fait remonter à la surface. Elles ont ensuite été transférées à bord du NCSM Moncton.

Comme les pièces d’artillerie devaient être neutralisées le jour même, les obus et les munitions ont été transportés dans une carrière à Holyrood, avec l’aide de la GRC et de la Force constabulaire royale de Terre-Neuve-et-Labrador. Elles ont été détruites par des techniciens en neutralisation des explosifs et munitions de l’Unité de plongée de la Flotte de l’Atlantique.

« Les quatre épaves ont été dégagées de tout explosif et ne présentent désormais plus aucun danger pour les plongeurs civils », déclare le Matc Falletta. « Pour moi, cette mission a été le point culminant de ma carrière. J’ai pu faire quelque chose de vraiment gratifiant et stimulant tout en veillant à sécuriser nos eaux souveraines pour que les gens puissent en profiter. »

L’histoire des quatre navires marchands coulés

SS Saganaga

Construit en 1935 à Glasgow, en Écosse, le SS Saganaga était un navire marchand à vapeur appartenant à la société Christian Salvesen & Company d’Édimbourg. Le 5 septembre 1942, au cours de la même attaque qui a coulé le SS Lord Strathcona, le sous-marin allemand U-513 a tiré deux torpilles sur le Saganaga et l’a coulé en trois minutes, causant la mort tragique de 30 des 44 membres d’équipage à bord. Parmi ceux qui ont perdu la vie se trouvait le matelot de 3e classe Herbert Swain, âgé de 17 ans seulement : un rappel brutal du jeune âge de certains marins marchands et du terrible coût de la guerre. Parmi ceux qui ont survécu, Ratcliffe Winn, alors deuxième lieutenant du Saganaga, âgé de 19 ans, a livré en 1960 un récit fascinant (en anglais seulement) de cette épreuve.

SS Lord Strathcona

Construit en 1915, le SS Lord Strathcona appartenait à la société de transport maritime Dominion Shipping de Montréal, une filiale de la société propriétaire des mines de fer de l’île Bell. Le SS Lord Strathcona était un navire de charge à vapeur de 7 335 tonnes basé à Halifax. Le 5 septembre 1942, le navire a coulé après avoir été touché par deux torpilles en provenance du sous-marin allemand U-513, alors qu’il était au mouillage à Wabana Roads à 16 h 46. Même si le navire a sombré en seulement 90 secondes, les 44 membres d’équipage ont survécu parce qu’ils avaient été témoins de l’attaque du SS Saganaga et qu’ils étaient prêts à abandonner le navire. Une vedette de douanes a secouru l’équipage et l’a amené à Lana Bay, sur l’île Bell.

SS Rose Castle

Construit à Sunderland, au Royaume-Uni, le SS Rose Castle a été lancé en 1915. Le port d’attache du navire se trouvait également à Halifax. Après s’être sorti indemne d’une attaque de sous-marins allemands en octobre 1942, le 2 novembre 1942, le Rose Castle a manqué de chance lorsqu’il a été touché et coulé par deux torpilles tirées par le sous-marin allemand U-518. Cette attaque était la même que celle qui a coulé le SS PLM 27. Parmi les 43 membres de son équipage, seulement 20 ont survécu et ont été secourus par des vedettes à moteur canadiennes de la classe FAIRMILE. L'âge des membres de l’équipage se situait entre 16 et 62 ans.

SS PLM 27

Construit en 1922 pour une société de transport maritime basée à Rouen, le SS PLM 27 porte le nom de la compagnie de chemin de fer française Paris à Lyon et à la Méditerranée. En 1940, le PLM 27 a été acheté par la Grande-Bretagne et transféré au ministère des Transports de guerre. Le PLM 27 a été torpillé et coulé par le sous-marin allemand U-518 dans la même attaque qui a coulé le SS Rose Castle, le 2 novembre 1942, peu après 7 h. Le navire était ancré au large de l’île Bell. De son équipage de 49 personnes, 44 ont survécu en nageant jusqu’à la rive, mais sept ont perdu la vie. Trois des morts sont enterrés au cimetière anglican de Saint-Boniface, sur l’île Bell.

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