Le Service féminin de la Marine royale du Canada était essentiel à l’effort de guerre pendant la bataille de l’Atlantique

Le 29 avril 2022 - La Marine royale canadienne

Elles étaient opératrices de télégraphe sans fil, casseuses de codes, commis et sténographes. Elles conduisaient des véhicules, travaillaient dans des cuisines, des salles de lessive et des bureaux de poste et préparaient des codes.

En bref, elles ont joué un rôle nécessaire pendant la bataille de l’Atlantique en accomplissant à peu près toutes les tâches à l’appui de la Marine royale canadienne (MRC), sauf celle de participer aux combats en mer.

Ce sont les membres du Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS), ou Wrens, qui ont travaillé avec diligence à terre pour que le plus grand nombre possible d’hommes puissent assumer des rôles de combat. Sa création a eu lieu à une époque où le rôle des femmes dans la société en général changeait radicalement afin de libérer des hommes pour le service, en jetant ainsi les bases de la lutte pour l’égalité des femmes dans les décennies qui ont suivi.

À la fin de la guerre, 39 métiers avaient été déclarés accessibles à plus de 6 500 Wrens, et tous étaient cruciaux pour l’effort de guerre.

Alors que juillet 2022 marque le 80e anniversaire de la création du Service féminin de la Marine royale du Canada, nous jetons un regard sur le rôle historique qu’elles ont joué pendant la Seconde Guerre mondiale et dans le changement de la société canadienne en général.

Naissance du Service féminin de la Marine royale du Canada

Au printemps 1941, le Canada avait été en guerre durant près de deux ans. Face au besoin croissant d’effectifs pour l’effort de guerre, le Quartier général de la Défense nationale a demandé à la Marine, à l’Armée de terre et à l’Aviation de déterminer les rôles que pourraient assumer des femmes en uniforme.

À l’époque, la Marine croyait qu’elle n’aurait besoin que d’un petit nombre de conducteurs et, contrairement à l’Armée de terre et à l’Aviation, elle n’estimait pas nécessaire de constituer un service distinct pour les femmes. Un an plus tard, tout cela allait changer.

L’histoire du Service féminin de la Marine royale du Canada commence en 1942, lorsque la MRC demande à l’Amirauté britannique de l’aider à mettre sur pied ce service. Le ministre de la Défense nationale responsable de la Marine, Angus L. Macdonald, justifia la création d’une telle organisation en soulignant que les femmes pouvaient occuper certaines tâches, ce qui permettrait aux hommes de se consacrer à « des tâches plus dures que celles qu’ils accomplissent maintenant ».

En mai de la même année, une note de service fut envoyée au Comité de guerre du Cabinet, énumérant les tâches et les postes qui pouvaient être confiés aux femmes : chiffrage et déchiffrage, travail de bureau, utilisation de téléscripteurs, standardistes, télégraphistes sans fil, commis au chiffre, cuisinières, stewards, messagères et conductrices de véhicule motorisé.

L’appel a été lancé aux Canadiennes pour qu’elles se portent volontaires en présentant une demande au bureau de recrutement le plus proche. D’autres postes se sont ajoutés à mesure que l’effort de guerre s’intensifiait.

En réponse aux demandes canadiennes, l’Amirauté britannique a dépêché trois officiers du Women’s Royal Naval Service (WRNS) pour aider à mettre sur pied le Service féminin de la Marine royale du Canada. L’organisation canadienne a adopté le modèle britannique, sauf que, contrairement au Women’s Royal Naval Service, le Service féminin est devenu partie intégrante de la Marine royale du Canada, et non pas une formation auxiliaire.

De prime abord, certains défis se posaient à la création du Service féminin de la Marine royale du Canada, y compris l’organisation, le recrutement, l’hébergement et la formation. Chacun de ces défis a nécessité, pour être relevé, une période de tutelle britannique, mais l’objectif était de confier l’autorité des divers éléments constituants aux Wrens canadiennes.

Le Service féminin de la Marine royale du Canada a attiré des femmes de tous les antécédents : des fermières, des débutantes, des étudiantes, des enseignantes, des travailleuses d’usine, des vendeuses de grands magasins et des employées de bureau. Le recrutement s’est poursuivi tout au long de la guerre, et ce, jusqu’en avril 1945.

À la fin de 1942, le centre d’instruction de base du Service féminin de la Marine royale du Canada a été établi à Galt, en Ontario. On a appelé « frégates de pierre » cet établissement et les autres centres d’instruction du Service féminin de la Marine royale du Canada : chacun était désigné comme étant un des navires canadiens de Sa Majesté auquel s’appliquait toute la terminologie nautique correspondante.

Le centre de Galt, le NCSM Conestoga, offrait un programme d’instruction de trois semaines conçu de façon à permettre une transition rapide de la vie civile à la vie militaire. Les nouvelles recrues recevaient un entraînement physique et étaient soumises à des exercices militaires; elles assistaient également à des exposés portant sur les traditions et coutumes navales.

La Wren Marjorie Dodge utilise un récepteur Marconi.
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La Wren Marjorie Dodge utilise un récepteur Marconi pendant un entraînement d’été au Centre d’instruction des Grands Lacs, à Hamilton, en Ontario.

La Wren maître Florence Wetherall vérifie les stocks de vêtements.
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La Wren maître Florence Wetherall vérifie les stocks de vêtements dans les magasins d’habillement du NCSM Star à Hamilton, en Ontario.

En avril 1945, la Wren Gwynneth Speedie répare une couture.
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En avril 1945, la Wren Gwynneth Speedie répare une couture alors qu’elle travaille dans le magasin des manœuvriers de la Marine à Halifax.

Une Wren conductrice change un pneu.
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Une Wren conductrice change un pneu.

Les Wrens Margaret Ham, Shirley Shoebottom et Camilla Balcombe assistent le lieutenant E.G. Aust, Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada, à la table tactique en juin 1944.
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Les Wrens Margaret Ham, Shirley Shoebottom et Camilla Balcombe assistent le lieutenant E.G. Aust, Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada, à la table tactique en juin 1944. Cette table servait à enseigner aux commandants des escorteurs et à leurs principaux officiers ce à quoi ils devaient s’attendre lorsqu’ils faisaient traverser l’Atlantique à un convoi d’Halifax à la Grande-Bretagne.   

Adelaide Sinclair a été la première Canadienne à occuper le poste de directrice du Service féminin de la Marine royale du Canada et la première femme à détenir le grade de capitaine de vaisseau. Et le capitaine de corvette Isabel Macneill, commandant du NCSM Conestoga, a été la première femme à commander un navire dans le Commonwealth britannique.

Un cours distinct d’instruction des officiers du Service féminin de la Marine royale du Canada a été établi à Ottawa, offrant une formation générale d’officier et leur donnant l’occasion de discuter des problèmes qu’elles rencontreraient en tant qu’officier.

À l’été 1943, le travail du Service féminin de la Marine royale du Canada était déjà reconnu. Le ministre de la Défense nationale responsable de la Marine a déclaré :

« Les attentes que la Marine avait mises en vous [les Wrens] ont trouvé leur justification dans votre travail acharné et votre sens du devoir. Vous qui êtes membres de la branche sœur du service supérieur avez mérité le respect de tous les Canadiens par votre acceptation des exigences, votre empressement à vous acquitter de vos responsabilités et votre contribution inestimable à l’effort de guerre. Vous partagerez amplement la gratitude du peuple canadien quand la victoire sera à nous. »

Même si les Wrens faisaient face à des conditions moins dangereuses étant donné qu’elles n’avaient pas le droit de servir en mer, elles n’échappaient pas complètement à tout danger. Celles qui étaient postées à Terre-Neuve ou en Angleterre étaient confrontées à la menace d’attaques de sous-marins allemands lorsqu’elles quittaient Halifax et traversaient l’Atlantique. Quand des navires étaient coulés ou torpillés, les Wrens qui travaillaient au port étaient profondément attristées par ces pertes, puisqu’elles avaient souvent des amies ou amis à bord de ces navires. Par conséquent, les Wrens se trouvaient plus exposées aux réalités de la guerre que nombre d’autres personnes sur le front intérieur.

Nombre d’anciennes Wrens ont déclaré que leur service dans la Marine a eu une influence positive sur leur vie. Elles étaient très fières d’avoir participé à l’effort de guerre. Qui plus est, certaines ont dit que le fait d’être Wren les a rendues plus responsables et indépendantes. Cette expérience a rehaussé leur confiance en elles-mêmes et leur a donné un but dans la vie.

Le Service féminin de la Marine royale du Canada fut dissous en 1946, et les femmes n’ont pas été recrutées de nouveau dans la MRC avant le début des années 1950.

En reconnaissance de leur effort de guerre, 19 Wrens ont reçu divers grades de l’Ordre de l’Empire britannique : trois furent nommées officiers de l’Ordre (OBE), sept devinrent membres de l’Ordre (MBE) et neuf furent décorées de la médaille de l’Empire britannique (BEM). Deux ont reçu un titre de l’Ordre du Canada (OC) après sa création en 1967. Il s’agissait des Wrens suivantes :

Enfin, deux autres ont reçu une mention élogieuse du roi.

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