La PM 1 Lyne Edmondson trouve le courage de se révéler sous son vrai jour

Le 31 mai 2022 - La Marine royale canadienne

Légendes

La première maître de 1re classe Lyne Edmondson

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Lyne Edmondson est promue au grade de première maître de 1re classe par le commandant Chad Naefken (à droite) au nom du contre-amiral Casper Donovan. La fille de Lyne est à gauche. 

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La première maître de 1re classe Lyne Edmondson en compagnie d’Alli Jones, une ambassadrice de l’Espace positif, lors de sa cérémonie de promotion.

Pour la première maître de 1re classe (PM 1) Lyne Edmondson, les dernières années ont permis de constater les effets positifs que la compréhension personnelle et le soutien des pairs peuvent avoir sur la trajectoire de la vie d’une personne.

« J’étais une vieille chef grincheuse », admet Lyne.

En tant que femme transgenre, avant de choisir la transition, la PM 1 Edmondson était incapable de se révéler sur son vrai jour avec les personnes les plus proches d’elle.

« Et est-ce que je faisais mon travail? Absolument. Parlez-en à n’importe lequel de mes supérieurs. J’ai toujours offert un très bon rendement », dit Lyne.    

Toutefois, elle n’avait pas réalisé que les membres de son équipe avaient peur de lui parler.

Étant maintenant chef des Services d’information de la Base des Forces canadiennes (BFC) Esquimalt, Lyne affirme que son cheminement vers la transition a été possible à bien des égards, et ce, grâce au soutien favorable qu’elle a reçu de ses pairs et de sa chaîne de commandement. Cependant, elle précise qu’elle sait qu’il n’est pas vrai que tout le ministère de la Défense nationale se veut un espace positif.

« Mais je sais également que nous progressons. Nous avons encore beaucoup de travail à faire, mais nous avons fait un bon bout de chemin. »

À son sens, Lyne a vécu une bonne enfance. Elle a grandi à Tisdale, en Saskatchewan, une petite communauté rurale étroitement liée, environ à deux heures au nord-est de Saskatchewan. Elle a fait toutes les « choses normales », dit-elle, même si elle ne comprenait par certaines de ses facettes à l’époque.

« Je me suis toujours sentie différente », raconte-t-elle, lors de son enfance. « Mais je n’ai jamais su dire pourquoi, même tout au long de ma carrière. Je ne pouvais pas le définir ou l’expliquer. »

Il y a quelques années, l’ancien partenaire de Lyne a commencé à la questionner sur la raison de son mal-être, ce qui l’a poussé à approfondir ces questions pour en apprendre davantage sur elle-même.  

Lorsqu’elle a consulté son profil des RH, la photographie, le nom et le genre qui y figurait ne convenaient pas. « Même l’uniforme que j’enfilais chaque matin n’était pas le bon. »

« On a l’impression de mentir aux gens », dit-elle. « Je mentais à mon meilleur ami, je mentais à commandant avec qui j’étais censée avoir une relation de confiance. Je mentais à mon superviseur qui prenait soin de moi et m’offrait des occasions de service. »

Compte tenu de la façon dont d’autres personnes transgenres avaient été traitées dans les Forces armées canadiennes (FAC) par le passé, elle a continué à repousser sa sortie du placard en tant que femme transgenre. Elle était inquiète que cela nuise à sa carrière et de la façon dont ses supérieurs et ses collègues la traiteraient.

L’accumulation de tous ces mensonges l’a rendue de plus en plus anxieuse, à tel point qu’elle a commencé à s’effondrer au travail.

« Je ne veux plus me sentir comme ça », se rappelle-t-elle d’avoir décidé à ce moment.

Elle est donc allée parler  à son commandant et à certains des premiers maîtres de 1re classe de la Formation, en particulier au PM 1 Ian Kelly.

La rencontre avec son commandant et le PM 1 Kelly s’est avérée très positive. Ils lui ont fait sentir qu’elle était en sécurité et lui ont recommandé de parler avec un psychologue ses services de santé de la base afin qu’elle puisse déterminer la façon dont elle voulait aller de l’avant.

Elle affirme que le jour où elle a parlé avec son psychologue a été le meilleur jour de sa vie. Après avoir discuté de ce qu’elle vivait, le psychologue a demandé à Lyne ce qu’elle voulait faire.

« Je lui ai répondu : je suis une femme transgenre et je veux entreprendre une transition. J’ai versé des larmes de bonheur, de soulagement et d’épuisement. C’était comme si le monde reposait sur mes épaules et que quelqu’un l’en avait retiré. »  

Le PM 1 Kelly lui a également recommandé de rencontrer Alli Jones, une ambassadrice de l’Espace positif, un groupe de soutien formé de bénévoles et de pairs pour les membres des communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et bispirituelles (LGBTQ2+) et les alliés de ces membres de ces communautés.  

« Lorsque j’ai rencontré Allo Jones et les membres de l’Espace positif, j’ai découvert qu’il était possible de travailler sur mon anxiété. Je n’avais plus envie de me terrer quelque part et de ne plus faire partie de la société. Cela m’a permis de renouer des relations », déclare Lyne.

L’Espace positif a permis à Lyne de raconter son histoire devant d’autres personnes et d’en apprendre davantage sur elle-même. L’expérience a été si marquante qu’elle a accepté de devenir ambassadrice et animatrice.

Maintenant qu’elle est devenue une femme transgenre et que l’angoisse de mener une double vie a disparu, elle est en mesure de se concentrer sur les relations qui l’entourent.

« Ma relation avec mes filles est encore plus extraordinaire qu’avant », dit-elle. « J’apprends simplement à mieux connaître mon partenaire et mes amis, parce que je le veux. Parce que je me sens heureuse d’aimer quelqu’un au lieu de m’asseoir sur le canapé et de regarder la télévision. » 

Le fait que les gens viennent lui parler maintenant lui fait du bien. « Je sais que les gens n’ont plus peur de me parler », dit-elle.  

En ce qui concerne sa carrière militaire, Lyne ne pense pas qu’elle aurait été une assez bonne dirigeante pour être promue au grade de PM 1 si elle n’avait pas effectué sa transition et travaillé sur elle-même à Espace positif avec son psychologue.

« Un bon dirigeant parle aux personnes et détecte leur diversité, découvre leurs couleurs et crée une situation d’inclusivité », déclare-t-elle. « Lorsque vous incluez les gens et que vous les faites se sentir bien de venir travailler, cela leur permet de s’épanouir. »

« Le jour de ma cérémonie de promotion au grade de PM 1 a été le deuxième plus beau de ma vie », indique-t-elle.

La fille de Lyne, Alli Jones, le premier maître de la base, le premier maître de la formation, d’autres chefs supérieurs, son commandant et tous ses collègues étaient présents.

Après l’avoir promue, ils lui ont demandé de prendre la parole. Elle n’avait rien préparé, alors elle a décidé de raconter son histoire devant tout le monde, comme elle l’avait fait à Espace positif de nombreuses fois auparavant.

Pendant qu’elle racontait son histoire, elle a fondu en larmes à plusieurs reprises. « Mais je me suis ressaisie. Le chef en moi me disait "tout va bien, continue". »

Après la cérémonie, le PM 1 Ian Kelly a remercié Lyne, en disant : « Je savais que vous pouviez être cette personne. »

Aux yeux de Lyne, la BFC Esquimalt est un espace positif. « Pour l’amiral et le commandant de la base, c’est un signe que les gens font bien les choses. Il y a des réussites dans toute la noirceur que nous voyons. »  

Elle veut que les gens sachent que des gens comme elle peuvent réussir, que la Marine, les FAC et la société canadienne sont prêtes à accueillir des gens comme elle.

« À défaut d’autres changements, si la manière dont nous nous traitons les uns les autres peut s’améliorer, je pense que nous avons déjà réussi. »

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