Perpétuer la tradition du travail de la corde : « cela pourrait vous sauver la vie »

Autrefois responsables de chaque morceau de corde à bord d’un navire, les marins qui exercent le métier traditionnel de manœuvrier devaient accomplir de nombreux travaux manuels.

Au fil des ans, le métier a évolué et exige désormais moins d’habileté et de compétences artistiques, mais le matelot de 1^re classe (mat 1) Keiran Sidle se consacre à la préservation du travail de la corde.

« Nous nous occupions des épissures et des surliures, et maintenant tout ça est préfabriqué. Le travail de la corde est en train de disparaître de notre métier. On n’enseigne plus l’art de confectionner des nœuds décoratifs », a expliqué le Mat 1 Sidle.

Une « épissure » est la jonction de deux bouts de corde et une « surliure » sert à empêcher que la corde s’effiloche. 

Même si le rôle a évolué et que les manœuvriers sont responsables de la manipulation et de l’entretien des haubans, de la manutention des cargaisons et des petites embarcations d’un navire, le Mat 1 Sidle affirme que le travail de la corde vaut la peine d’être préservé dans la Marine d’aujourd’hui, et ce, non seulement pour préserver la tradition.

« Ce travail peut vous sauver la vie. Quand je sauve quelqu’un, le collier de sauvetage est placé autour de mon corps. Beaucoup de gens ne pensent pas que les nœuds sont si importants », a ajouté le Mat 1 Sidle, qui est également un nageur-sauveteur en surface.

Le « collier de sauvetage » est une élingue de sauvetage utilisée par un nageur-sauveteur pour ramener quelqu’un au navire. Une corde relie le navire et le collier de sauvetage, qui est placé sous les bras de la personne secourue pour la ramener. Pour le Mat 1 Sidle, ce travail de la corde est une compétence pratique que toute personne qui travaille en mer doit posséder.

L’utilité du travail de la corde est à ce point primordiale pour le Mat 1 Sidle qu’il a accepté d’enseigner l’art du travail de la corde à de jeunes marins afin de les initier de manière positive à la Marine et de leur transmettre des compétences qu’il juge essentielles.

« J’aime enseigner le métier aux jeunes marins. C’est comme si je formais de nouveaux esprits, et que je leur inculquais de bonnes habitudes, de bonnes manières et l’adoption d’une attitude positive envers la Marine », a-t-il affirmé.

Mais l’initiation au travail de la corde ne concerne pas seulement les marins en herbe. Le Mat 1 Sidle crée des œuvres d’art pour attirer l’attention sur son métier et pour se détendre pendant son temps libre. Il publie ses œuvres sur Facebook, vend certains de ses projets et offre même ses étuis à couteaux et ses porte-clés faits à la main à ses camarades marins, leur rappelant ainsi les usages possibles de la corde.

« J’ai l’impression que confectionner des nœuds décoratifs est une manière artistique de relancer l’intérêt des gens pour le travail de la corde », nous a-t-il confié.

Le Mat 1 Sidle est allé jusqu’à intégrer son métier à sa vie quotidienne, trouvant du plaisir à pratiquer la tradition de son métier après de longues journées de travail.

« C’est un bon moyen de se détendre. Pour moi, je pourrais être assis, décompresser, regarder la télévision, faire un peu de travail de la corde et fabriquer quelque chose de joli. »