Une des membres du WRCNS était en avance sur son temps avec son numéro de ventriloquie salé des années 1940

Le Musée naval et militaire de la Base des Forces canadiennes (BFC) Esquimalt, en Colombie-Britannique, met en valeur un artefact original lié à l’histoire de la Marine royale canadienne : la marionnette d’une ventriloque de la Seconde Guerre mondiale.

Appelée Spike Ryan (ou tout simplement « Spike »), la marionnette était le « partenaire » de travail de la ventriloque Sheila Margaret Kidd. Lorsque Sheila s’est enrôlée dans le Service féminin de la Marine royale du Canada (WRCNS) pour contribuer à l’effort de guerre national le 4 juillet 1943, elle s’est présentée avec Spike et son talent de ventriloque.

À peine âgée de 20 ans lorsqu’elle s’est enrôlée pour servir pendant la guerre, la Wren Kidd était déjà une ventriloque professionnelle qui avait trois ans d’expérience dans les clubs et les théâtres avant de devenir une « wren » (un terme souvent utilisé pour désigner les femmes qui font partie du WRCNS). En tant que wren, elle a été choisie pour se produire dans les très populaires spectacles Meet the Navy de l’époque avec son partenaire pas si silencieux, une marionnette rousse du nom de Spike Ryan.

La Wren Kidd avait perfectionné son talent de ventriloque pendant son adolescence, lorsqu’elle souffrait d’ulcères douloureux de la gorge. Elle avait alors découvert qu’elle « pouvait parler sans bouger les lèvres », comme elle l’expliquait dans un article paru dans le journal en août 1943.

« La Wren Kidd a utilisé les compétences qu’elle avait acquises pendant sa maladie et, faisant preuve d’ingéniosité et d’initiative, elle en a fait un élément important de sa carrière. Ces traits de caractère l’ont probablement bien servie pendant son service en tant que Wren et nous sommes fiers de la mettre en valeur », a déclaré Tatiana Robinson, conservatrice du Musée naval et militaire de la BFC Esquimalt.

Ses numéros qu’elle présentait pour le spectacle Meet the Navy ont été bien reçus par la critique, même si, à l’époque, il était mal vu qu’une femme soit ventriloque. Comme l’a fait remarquer un critique : « C’est la première fois que l’on entend une femme ventriloque, très habile en plus, à savoir Sheila Kidd. »

Meet the Navy n’était pas un spectacle facile, semble-t-il. Les matins et les après-midi étaient consacrés aux répétitions, et il y avait parfois plusieurs représentations dans une même journée, le spectacle faisant son chemin dans les villes et villages du Canada, et ultérieurement au Royaume-Uni.

Dans une entrevue accordée en 1943 au journal Daily Star de Toronto, la Wren Kidd a souligné que « Spike était du genre vantard » et a ajouté qu’il avait acquis « une personnalité bien à lui » depuis qu’elle s’était enrôlée dans la Marine.

« Maintenant, c’est un marin jusqu’au bout des ongles, mais il ne se comporte pas aussi bien qu’il pourrait le faire », a-t-elle précisé.

La Wren Kidd s’est également amusée avec Spike aux dépens des officiers, du moins selon ce qu’a écrit un journal de Victoria, en Colombie-Britannique, à l’époque.

« La discipline de la Marine est le mot d’ordre pendant les répétitions du spectacle Meet the Navy, mais l’un des matelots du spectacle nargue les officiers. Il s’appelle Spike et sa meilleure amie est la Wren Sheila Kidd, ventriloque. La Wren Kidd est invariablement respectueuse envers les officiers du spectacle, mais la marionnette Spike est très insolente. »

L’on sait peu de choses de la vie de Sheila Kidd après sa libération du service à bord du Navire canadien de Sa Majesté Discovery, soit la Division de la Réserve navale de Vancouver, le 23 novembre 1945. En 1959, Sheila Kidd travaillait encore comme ventriloque avec son partenaire Spike. Les historiens croient qu’elle se serait mariée à un moment donné, puisque des documents indiquent que son nom de famille est Lockert et que son dernier lieu de résidence connu est Regina. Cela dit, de nombreux détails restent inconnus. La Wren Kidd, ce qu’elle est devenue et la suite de sa carrière de ventriloque demeurent un mystère.

Pour en savoir plus sur le musée, où Spike est conservé, consultez le site web du musée.