Le NCSM Trentonian, dernière corvette détruite durant la Seconde Guerre mondiale

Le 27 juin 2023 - La Marine royale canadienne

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Le NCSM Trentonian à Milford Haven, fraîchement peint selon le schéma de camouflage de l’Amirauté en juillet 1944.         

Le 22 février 1945 à 13 h 20, alors qu’un convoi qui contenait des navires de la Marine royale du Canada (MRC) et de la Royal Navy du Royaume-Uni quittait le pays de Galles, le deuxième navire de la colonne bâbord du convoi a éclaté dans une explosion dévastatrice.

Frappé par une torpille, le Alexander Kennedy, un navire marchand à vapeur britannique, a immédiatement commencé à couler.

Mais ce navire n’a pas été la seule victime de l’attaque. À peine quelques minutes plus tard, une explosion désastreuse a tué cinq marins et a coulé le Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Trentonian.

Il n’a fallu que 10 minutes pour que sombre, après 15 mois de services distingués, la dernière corvette que la MRC aura perdu au combat pendant la Seconde Guerre mondiale.

La corvette de la classe Flower escortait un convoi de 14 navires quand elle a été torpillée par un sous-marin ennemi.

Selon un rapport du commandant du navire, le lieutenant de vaisseau (ltv) Colin Glassco, le convoi se déplaçait dans un dense brouillard au moment où il est entré dans la Manche.

À bord du Trentonian, l’alarme stridente pour le branle-bas de combat, soit la préparation du navire pour affronter une menace, a retenti au moment où l’officier de quart ordonnait à l’équipage de commencer à pourchasser le U­boat responsable de l’attaque.

Le Ltv Glassco a fait virer le navire, mais le convoi n’a pas pu échapper à la deuxième attaque; une torpille a heurté le Trentonian et ouvert la poupe du navire à la mer.

Les marins Moyle Beck, Robert Catherine, Colin Harvey et John Fournier sont morts sur le coup.

Frank Barron et ses camarades, assignés au canon avant, se sont réfugiés sous l’abri de canon puisque des morceaux tranchants du navire leur tombaient dessus.

L’hélice de la corvette a été arrachée lors de l’impact et de l’eau a commencé à pénétrer par l’arbre endommagé. Francis Hindle, l’ingénieur mécanicien du navire, a ordonné l’arrêt des moteurs et s’est précipité pour évacuer la salle des machines.

Sydney Coates et les autres graisseurs pouvaient entendre la mer s’infiltrer dans le compartiment moteur adjacent pendant qu’ils arrêtaient les chaudières du Trentonian et ont commencé à évacuer la vapeur.

Les graisseurs avaient à peine eu le temps de libérer la vapeur des chaudières que l’écoutille extérieure du sas était submergée, ce qui a piégé le graisseur Bruce Keir. Éventuellement, ses camarades de bord ont été en mesure d’équilibrer la pression dans le sas et de forcer l’écoutille à s’ouvrir pour le libérer.

L’équipe a reçu l’ordre d’abandonner le navire et l’officier des transmissions a placé tous les chiffres et tous les livres de code dans des sacs lestés pour ensuite les lancer dans la Manche.

À mesure que la proue du Trentonian remontait et que la poupe coulait , Gordon Gibbins a enlevé ses bottes de mer et les a rangées sous un des casiers à munition avant de sauter par-dessus bord dans la Manche. Il se souvient qu’il pensait pouvoir les récupérer plus tard.

Après s’être assuré que son équipe de canon avait quitté le navire, Donald Dodds, officier d’artillerie navale, a marché jusqu’au bord pont du canon et a fait un saut de l’ange parfait dans l’eau. À partir de ce moment, il a été surnommé « Swan Dive Dodds. »

Le Ltv Glassco est resté sur la passerelle le plus longtemps possible et s’est dirigé vers le pont des embarcations pour rejoindre William Kinsmen, commandant en second, et Hindle, le mécanicien qui a signalé que la proue du bateau était vide.

Ce dernier a ensuite abandonné le navire, suivi de Kinsmen qui a pris en charge la baleinière, un type de canot de mer sur le navire de guerre, où les personnes blessées avaient été rassemblées.

Après s’être assuré une dernière fois qu’il ne restait plus personne de vivant à bord, le Ltv Glassco a quitté le pont des embarcations qui, rendu là, était submergé.

Tout l’équipage a regardé la proue du Trentonian atteindre presque la verticale avant d’entamer sa descente.

À 13 h 40, le Trentonian avait coulé, seulement 10 minutes après avoir été frappé par la torpille.

Après 45 minutes dans l’eau, les 96 survivants, dont 14 blessés, ont été sauvés par deux navires de la Royal Navy.

D’autres escortes à proximité s’étaient approchées pour chasser le U-boat, mais le U‑1004 s’était déjà enfui.

Alors qu’ils se dirigeaient à Falmouth (Angleterre), le Ltv Gorden Stephens, un officier de guerre anti‑sous‑marine de la Réserve de volontaires de la Marine royale du Canada (RVMCR) qui avait été grièvement blessé lors de la première explosion et renversé à l’eau, est mort de ses blessures.

La corvette obtient des honneurs de bataille

Le Trentonian a été construit à Kingston (Ont.) et mis en service le 1er décembre 1943 sous le commandement du Ltv William Harrison de la Réserve de la MRC.

Son équipage était formé de marins qui venaient de partout au du pays. Les corvettes étaient conçues pour accueillir 50 marins qui y vivraient, travailleraient et combattraient. Mais, le Trentonian, comme les autres corvettes canadiennes, transportait à son bord plus de 90 marins. De tout l’équipage, un seul venait de la Force Régulière de la MRC. La majorité provenait de la RVMCR et, avant de s’enrôler, n’avait jamais vu l’océan.

L’équipage de ce navire s’est entraîné dans les Bermudes avant de se joindre à la Force d’escorte d’Halifax pour escorter des convois d’Halifax, de New York et de St. John’s. Il a chassé activement les U-boats sur le littoral est du Canada et a même secouru un sous-marin paralysé de la Royal Navy, au large de Terre-Neuve.

Le Trentonian a été envoyé au Royaume-Uni en avril 1944 et il a participé activement dans l’invasion de la Normandie. Durant la nuit du 12 juin, le Trentonian escortait un câblier lorsque qu’un destroyer américain a tiré sur les deux navires.

Le Trentonian a évité plusieurs coups de justesse, mais, malheureusement, le câblier a subi le plus gros de l’attaque, qui a tué trois personnes et en a blessé plus de 20.

Après l’invasion, le navire a escorté de nombreux convois autour du Royaume-Uni et dans la Manche. Le Trentonian a été directement attaqué par des canons à rails allemands à Calais lorsqu’il escortait un convoi à travers le Pas‑de‑Calais.

Le Trentonian a obtenu les honneurs de s bataille suivants : Atlantique 1944, Manche 1944-1945 et Normandie 1944.

Sa perte lui a aussi valu la distinction d’être la dernière corvette perdue au combat contre l’ennemi.

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