« Résilience en mer » : une médecin de la Marine veille à ce que le mieux être fasse partie des priorités des marins en déploiement
Le 22 septembre 2023 - La Marine royale canadienne

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Dre Sabrina Dzafovic, MM du NCSM Montréal
Une médecin de la Marine royale canadienne (MRC) intègre des pratiques de mieux‑être aux routines des marins en déploiement, espérant ainsi améliorer le bien‑être en mer et sur terre.
« J’encourage vraiment les gens à essayer quelque chose de nouveau, conseille la Dre Sabrina Dzafovic, médecin militaire (MM) du Navire canadien de Sa Majesté (NCSM) Montréal. La pratique d’activités physiques, la tenue d’un journal, l’amélioration de l’alimentation, la pratique du yoga et la pratique de la méditation sont toutes des activités que j’encourage les gens à faire. »
Ces activités font partie des habitudes hebdomadaires que la Dre Dzafovic demande aux marins en déploiement d’essayer dans le cadre d’un défi lié au mieux‑être.
Elle espère que les marins suivront les recommandations dans le but d’améliorer leur santé mentale, physique et spirituelle. Toutefois, comme si la santé ne suffisait pas, la Dre Dzafovic propose également des prix sous forme de séjours dans des hôtels en Nouvelle‑Écosse, de soupers au restaurant et de cartes‑cadeaux dans des magasins d’articles de sport.
Le titre du défi, « Résilience en mer », est un jeu de mots fondé sur le terme courant « ravitaillement en mer » et sur la tentative de la Dre Dzafovic d’aider les marins à faire face aux facteurs de stress quotidiens et à maintenir leur santé mentale et physique dans un environnement exigeant.
« Semaine après semaine, nous valorisons les comportements sains, explique la Dre Dzafovic. Au fil des semaines, nous rendons les défis un peu plus difficiles à relever ou nous en demandons plus à la personne. Nous espérons que, d’ici la fin de leur déploiement, les gens auront adopté un ou deux de ces comportements. »
Selon la Dre Dzafovic, une partie importante de l’équipage participe au défi. Elle a déjà entendu des marins dire des commentaires positifs sur son défi, notamment que celui‑ci a contribué à atténuer quelques préjugés à l’égard de certaines pratiques liées au mieux‑être, comme la méditation, le yoga et la tenue d’un journal.
« Je relève les défis parce que je crois qu’il est très important de s’occuper de sa santé mentale, en particulier parce qu’il peut être très difficile d’être loin de sa famille et de ses proches », admet le matelot de 1re classe John Muyano.
« Dans le cadre du défi, j’ai entre autres fait de l’activité physique, passé un peu de temps seul, lu un peu et pratiqué la méditation », ajoute‑t‑il.
La médecin croit que les effets de ces simples pratiques quotidiennes sont plus profonds que les quelques minutes qu’elle demande aux marins de consacrer chaque jour à leur mieux‑être.
Elle dit que si les Forces armées canadiennes accordaient la priorité au mieux‑être, elles constateraient probablement que le personnel obtient de meilleurs résultats en matière de santé, que les équipages sont plus efficaces et que les taux de maintien de l’effectif sont plus élevés.
« Je ne pense pas que la pénurie de personnel des FAC soit un secret. C’est pourquoi nous sommes plus exigeants envers nos gens, précise‑t‑elle. Ils n’ont peut‑être pas assez de temps de repos entre les déploiements. Nous devons vraiment prêter attention à la résilience et au maintien d’une santé mentale optimale. »
La Dre Dzafovic mentionne également que les marins éprouvent un sentiment de contrôle qu’ils perdent souvent en mer lorsqu’on met à leur disposition les outils nécessaires pour qu’ils prennent en main leur propre mieux‑être.
« Grâce au défi lié au mieux‑être, j’ai pu me rendre compte qu’il existe une autre manière de pratiquer l’autoréflexion », explique le matelot‑chef Aquiles Milaya.
« Le défi semble si simple, mais il améliore notre vie en général à bord du navire », ajoute‑t‑il.
Lorsqu’ils sont en déploiement, les marins sacrifient une grande partie du contrôle qu’ils exercent dans leur vie quotidienne.
« En tant qu’adultes, nous avons l’habitude de faire de nombreux choix, mais sur un navire opérationnel, nous n’en avons pas beaucoup. On nous dit quand nous devons nous lever, quand nous devons nous coucher, quand nous devons manger et ce que nous devons manger. »
Selon la Dre Dzafovic, ces privilèges, que nous prenons souvent pour acquis, rendent encore plus évident le manque de temps et d’espace pour décompresser.
« Nous avons tous, dans notre quotidien, des moyens de gérer le stress, indique la médecin. Par exemple, boire un café avec un ami, aller dans un café un dimanche après‑midi et écouter un balado. Les gens ont des moyens de gérer le stress, mais ceux auxquels ils sont habitués ne sont peut‑être pas envisageables à bord d’un navire. »
« C’est la raison pour laquelle nous devons nous montrer plus déterminés à prendre soin de notre santé mentale en mer qu’à la maison », ajoute la Dre Dzafovic.
Même si elle sait que l’intégration d’habitudes simples aux routines quotidiennes influence grandement le cours des choses, la Dre Dzafovic sait que ses défis ne peuvent pas être trop exigeants pour le personnel, qui bénéficie déjà d’un temps de repos limité. Toutefois, elle estime que si l’on accordait la priorité au mieux‑être sur tous les navires de la MRC, un changement positif s’opérerait de manière généralisée et évidente.
« Les activités doivent être ingénieuses. Les marins ne réagiraient pas bien si ces activités n’étaient que d’autres tâches à accomplir leur faisant perdre du temps personnel », précise‑t‑elle.
Le défi lié au mieux‑être n’est qu’un moyen parmi d’autres permettant à la Dre Dzafovic d’inciter les marins dont elle s’occupe à apporter des changements à leur santé. Elle dit qu’elle aimerait que l’approche des FAC en matière de santé soit plus holistique.
Elle dit qu’elle souhaite qu’un programme en matière de santé et de mieux‑être soit mis en œuvre à l’échelle des FAC et offert dès les premières étapes du processus d’embauche. Ainsi, les personnes qui attendent d’obtenir des autorisations ou de suivre des formations seraient initiées au mieux‑être avant qu’elles soient entièrement intégrées dans les FAC.
« Il s’agirait d’une excellente occasion d’instaurer de saines habitudes qui leur seront utiles tout au long du reste de leur vie et de leur carrière au sein des FAC », ajoute la Dre Dzafovic.
« Nous voulons qu’ils soient la meilleure version d’eux‑mêmes, en plus d’être efficaces pour les FAC. »