La MRC teste son premier navire militaire sans équipage

Le 31 juillet 2025 - La Marine royale canadienne

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Un navire sans équipage (Hammerhead) équipé d’un explosif frappe sa cible.

Étape importante pour la Marine royale canadienne (MRC), des marins ont mené à bien le tout premier essai de tir réel à l’aide d’un navire de surface sans équipage armé dans le cadre de l’expérience MAKO, qui s’inscrit dans l’exercice TRIDENT FURY 2025, mené sur la côte Ouest du Canada.

Pour cet essai, on a eu recours au Hammerhead, une cible de surface sans équipage à grande vitesse qui est normalement utilisée pour l’entraînement au tir au canon. La plateforme a été modifiée pour transporter une charge explosive réelle, lancée depuis le NCSM Vancouver et commandée à distance par satellite. Sa cible : un autre Hammerhead qui simulait un navire en mouvement. Au moment de l’impact, la détonation a marqué une première pour la MRC, démontrant la précision d’un système sans équipage dans un rôle de frappe sans danger pour les opérateurs.

Ce qui rend cet exploit particulièrement important, c’est la rapidité avec laquelle il a été réalisé : l’ensemble du projet, de l’idée à la détonation, a été mené à bien en seulement six semaines.

« Au début, nous n’avions qu’un défi à relever : prendre l’équipement existant et trouver le moyen de faire exploser en toute sécurité un système autonome et télécommandé. Ce processus, qui consiste à réunir des spécialistes des explosifs, de la logistique, de la plongée, de la guerre de surface et des systèmes autonomes, à obtenir toutes les autorisations, et à effectuer toutes les évaluations environnementales et les contrôles de sécurité, prend généralement des années. Nous l’avons réalisé en six semaines », a déclaré le capitaine de frégate Ryan Bell, directeur - Besoins de la Marine 2.

Plutôt que de construire quelque chose d’entièrement nouveau, l’équipe des capacités navales avancées a délibérément utilisé l’équipement qui existait déjà dans le système. « Nous avons soumis à un test de résistance notre capacité à innover en utilisant ce dont nous disposions. Il n’existe aucun manuel pour cela. Le nombre de personnes ayant une expérience des systèmes armés à distance est extrêmement réduit. Nous avons donc construit, effectué des tests et procédé à des itérations, le tout en temps réel », a ajouté le Capf Bell.

À l’origine, le Hammerhead devait être contrôlé par radio à courte portée, ce qui obligeait les opérateurs à se trouver à proximité de l’explosion. Pour des raisons de sécurité, notamment le risque de projection d’éclats provenant des composants métalliques du navire, une décision importante a été prise.

« Pour éviter tout risque pour les opérateurs, nous avons quadruplé la charge explosive. Cela peut sembler contre-intuitif, mais l’objectif était d’atomiser le carter du moteur afin d’éliminer les gros fragments », a précisé le Capf Bell.

Finalement, la solution la moins dangereuse et la plus élégante a été trouvée par un autre membre de l’équipe : le contrôle par satellite. « Un membre de l’équipe des capacités navales avancées a dit : ‘si la distance pose problème, pourquoi ne pas le contrôler par satellite? Et sans plus de discussions, nous avons pu faire fonctionner le Hammerhead depuis n’importe où sur la planète », a rapporté le Capf Bell.

Tout le projet a été mené selon une démarche ascendante de résolution des problèmes. « C’était une initiative locale, a expliqué Bell. « Notre rôle en tant que dirigeants consistait simplement à jeter un œil de temps en temps et à demander : ‘sommes-nous toujours fidèles à nos quatre objectifs directeurs?’ Chaque étape représentait un défi, mais c’était là tout l’intérêt. L’innovation consiste à affronter les obstacles, et non à les éviter. »

L’expérience MAKO a été réalisée en étroite collaboration avec la Force opérationnelle interarmées (Pacifique), le personnel du poste de contrôle des FMAR(P) et l’Unité de plongée de la Flotte (Pacifique), et comprenait la surveillance en temps réel des mammifères marins et la mise en place de mesures de protection de l’environnement. Le soutien scientifique a été fourni par Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC), dont les experts ont modélisé les ondes de choc sous-marines et testé les résidus d’explosifs afin de veiller au respect des normes rigoureuses de protection de l’environnement.

Bien plus qu’un simple essai technique, l’expérience MAKO marque un tournant dans la stratégie de développement des capacités de la MRC.

« Nous comprenons désormais beaucoup mieux ce qu’il faudrait faire pour mettre en service ce type de systèmes. À l’avenir, les munitions à usage unique pourraient être achetées plutôt que fabriquées à l’interne, mais nous savons désormais ce dont nous avons besoin, comment présenter nos besoins à l’industrie et quelles politiques doivent être mises à jour pour soutenir ce type de capacité », a fait remarquer le Capf Bell.

La Marine poursuit ses efforts pour intégrer des systèmes autonomes et à distance. « C’est une priorité pour la Marine », nous a confié le Capf Bell.

L’expérience MAKO montre ce qu’il est possible de réaliser lorsque l’innovation est encouragée à tous les niveaux (la direction, les marins et une volonté d’agir vite).

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