L’exposition Project Heroes rend hommage aux soldats tués en Afghanistan
Le 3 décembre 2019 - Tim Bryant, la Sentinelle de l'Ouest
Une exposition en hommage aux 158 soldats canadiens décédés durant la mission en Afghanistan s’est récemment conclue à Edmonton.
L’exposition Project Heroes, composée des portraits peints de soldats tués en Afghanistan, s’est déroulée pendant près de trois semaines, en octobre et en novembre, au Bunker du club de golf et de curling commémoratif de la Garnison Edmonton.
Elle ne comptait toutefois que 26 des 80 portraits réalisés jusqu’à maintenant, soit ceux des 26 soldats basés à Edmonton qui sont décédés en Afghanistan.
Matt Gawley, directeur général du club de golf et de curling, affirme que l’exposition a été bien reçue, tant sur les médias sociaux que par les visiteurs qui sont venus en personne. Il ajoute que des groupes et des personnes se sont rendus au Bunker pour voir les portraits.

Légende
Les 26 portraits exposés.
Photo par Tim Bryant, la Sentinelle de l'Ouest
Des membres du 408e Escadron tactique d'hélicoptères étaient sur place lorsque l’on a commencé à aménager l’exposition; ils sont restés jusqu’à ce qu’elle soit prête et se sont levés pour aller la regarder.
L’idée de Project Heroes remonte à 2008, explique Cindy Revell, cofondatrice. La mission en Afghanistan était toujours en cours à l’époque. Les trois femmes à l’origine du projet (Susan Abma, Shairl Honey et elle) voyaient les visages et les noms de soldats décédés passer à la télévision.
« Il est difficile de ne rien ressentir à la vue de ces images, souligne Revell. J’avais de la peine pour les familles et les amis de ces soldats. C’est quelque chose de très gros, ces pertes de vie. Ça touche beaucoup de gens. »
Susan et Shairl sont ensuite tombées sur une revue Hello dans laquelle étaient publiées les photos des soldats décédés. Comme les trois femmes s’adonnent à la peinture à l’huile, elles ont décidé de mettre leur talent à profit pour rendre hommage à ces soldats en peignant leur portrait sur toile.
L’inspiration initiale est venue d’une série de photos, mais Revelle indique que ses partenaires et elle voulaient faire plus que de simples reproductions des portraits utilisés dans les médias.
« Nous voulions que les familles participent au projet », précise-t-elle.
Les familles ont contribué de différentes façons; les femmes ont discuté avec elles pour mieux comprendre qui étaient les soldats et pour obtenir des photos non militaires d’eux, qu’elles ont utilisées pour recréer leur portrait. L’objectif était de montrer que ces soldats étaient de véritables personnes, et non seulement des statistiques.
« Comment pouvions-nous les présenter pour qu’ils soient plus qu’un simple chiffre, plus qu’un simple visage parmi tant d’autres défilant à la télévision? », lance Revell, pour expliquer la motivation derrière cette humanisation à l’aide de photos et de récits de famille.
Les trois femmes ont utilisé les photos de famille pour peindre les portraits, puis y ont ajouté un uniforme militaire, afin de combiner « l’étincelle et la personnalité » de chacun avec sa vie de soldat.
« Nous trouvions très important que les Canadiens comprennent qui sont les soldats, qu’ils sont beaucoup plus que ce que l’on voit en surface », poursuit-elle.
Depuis le début du projet, qui dure depuis une décennie, les trois peintres en ont appris beaucoup sur les hommes et les femmes à qui elles rendent hommage. Ce qu’elles retiennent d’abord, c’est que les soldats ne sont pas des durs à cuire à la recherche d’aventure, comme on pourrait le penser. Au contraire, il s’agit souvent de personnes « sensibles et pleines de compassion ».
En parlant avec les familles et les amis, elles ont découvert que ces soldats, lorsqu’ils étaient enfants, étaient souvent ceux qui protégeaient les autres contre les intimidateurs, qui se liaient d’amitié avec les exclus et qui adoraient les animaux.
C’est ce désir d’illustrer l’humanité et la compassion qui a motivé le choix d’utiliser des photos de famille pour peindre les portraits.
Peindre tous ces portraits — 80 jusqu’à maintenant — représente un défi de taille, admet Revell. Ni le ministère de la Défense nationale ni les Forces armées canadiennes ne sont autorisés à communiquer les coordonnées des familles. Les trois femmes ont donc dû faire les recherches elles-mêmes.
Certaines familles ne souhaitent pas participer et d’autres étaient tout simplement introuvables. Dans les deux cas, Revell espère que les familles entendront parler du projet et de son objectif, et qu’elles entreront en contact avec elle. Mais elle ne veut forcer personne à participer. L’exposition d’Edmonton a été démantelée le 15 novembre, et les portraits ont été entreposés. Elle avait déjà eu lieu par le passé au manège militaire Prince of Wales à Edmonton, de novembre 2014 à mars 2015, puis de juillet 2015 à octobre 2019, ainsi qu’à l’Hôtel du gouverneur à Regina, en Saskatchewan, de mars à juillet 2015.
Revell indique que la prochaine exposition prévue se déroulera à la galerie d’art de Peachland, en Colombie-Britannique, à compter de novembre 2020.
D’ici là, ses partenaires et elles continuent de chercher des endroits où exposer partout au Canada, et invitent les personnes pouvant les mettre en contact avec des salles d’exposition à communiquer avec elles.