L’Arctique démystifié : l’opération NA-NU 22

Le 11 mai 2022 - Capt Taylor Rogalsky

L’Arctique a toujours été un endroit étranger pour moi.

Je sais qu’il existe et qu’il y a des gens qui y vivent, mais je ne le comprenais pas complètement, et je ne le comprends toujours pas. Toutefois, j’ai appris certaines choses pendant le peu de temps que j’ai passé au bord de l’océan Arctique, notamment que lorsque vous souriez à -50 °C en tenant compte du refroidissement éolien, vous avez mal aux dents. C’est aussi froid que ça.

L’opération NANOOK NUNALIVUT (Op NA NU) est une opération annuelle qui permet à tous les éléments des Forces armées canadiennes (FAC) de mettre à l’épreuve et de valider leurs compétences en matière d’opérations dans la toundra nordique. Le hameau de Tuktoyaktuk, T.N.‑O., nous a gracieusement permis d’utiliser son infrastructure pour mener l’opération. Le capitaine Jean-Paul Cloutier de la Base des Forces canadiennes (BFC) Suffield et moi-même avons eu l’occasion de participer en tant que membres de l’élément de soutien de la Force opérationnelle interarmées.

L’opération elle-même n’a duré que six jours, mais tous les éléments de soutien étaient sur le terrain pendant trois semaines, sans compter la planification préalable. Le temps que les éléments de soutien ont passé sur le terrain par rapport à l’opération proprement dite est l’un des points les plus importants à retenir : il faut beaucoup plus de temps pour monter et démonter une tente dans les températures arctiques, qui allaient de -20 à -50 °C en février. Pour vous donner une idée : il a fallu près de huit heures pour monter et attacher deux sections de la tente modulaire. Le vent, le froid, la dextérité nécessaire pour attacher les pièces ensemble ainsi que l’insertion de vis à glace dans la glace/le pergélisol - tous ces facteurs se sont avérés très difficiles. Un tel projet prendrait moins d’une heure dans des conditions tempérées.

Il s’agissait d’une opération interarmées internationale à laquelle participaient l’Aviation royale canadienne (ARC), la Marine royale canadienne (MRC), l’Armée canadienne (AC), les Rangers canadiens et la Légion étrangère française, ainsi que les forces d’opérations spéciales des États‑Unis. Pour moi, c’était la première fois que j’assistais à une opération regroupant autant de participants.

Les membres de la MRC plongeaient avec ceux de la Légion étrangère française. Les forces d’opérations spéciales des États-Unis apprenaient des Rangers canadiens et de l’élément de l’AC. Les membres de l’ARC appuyaient tous les éléments.

Détenant une expérience en gestion du matériel, je n’avais jamais vu cela auparavant. Normalement, nous avons les moyens d’obtenir ce dont nous avons besoin quand nous en avons besoin; ce n’est pas la même chose dans l’Arctique. Le hameau avait des réserves limitées, et la communauté la plus proche était à trois heures de route sur un chemin qui est souvent fermé en raison des conditions météorologiques. L’appui aérien de l’ARC a même été retenu au sol à certains moments en raison des conditions de voile blanc. Encore une fois, toujours selon le même thème, les choses prennent plus de temps dans l’Arctique.

Au cours d’une opération, il y a toujours du travail à faire et une mission à accomplir; cependant, il y a toujours du temps pour intégrer des activités amusantes. Nous avons organisé une excursion en motoneige autour des Pingos. Pour les personnes qui ne savent pas ce que sont les Pingos, ce sont des collines de glace intrapergélisol qui grandissent au fur et à mesure que le sol se déplace - de petites montagnes de glace, si vous voulez. Quel effort que de traverser l’Arctique en motoneige; je n’ai jamais autant transpiré en seulement 30 minutes. Une fois arrivé aux Pingos, j’ai enlevé mon casque, et mes cheveux étaient tellement en sueur qu’ils ont immédiatement gelés.

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Le lieutenant Taylor Rogalsky de la Base des Forces canadiennes Suffield a mal aux dents pendant qu’il sourit pour la prise d’une photo dans l’océan Arctique.

Photo prise par le Capt Jean‑Paul Cloutier

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Le lieutenant Taylor Rogalsky de la Base des Forces canadiennes Suffield aux Pingos, près de Tuktoyaktuk (T.N.-O.), après une randonnée en motoneige.

Photo prise par le Capt Kevin Blezy

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Le sergent Maxime Brisson du 38e Bataillon des services maniant le chargeur pendant la phase finale de l’opération NANOOK NUNALIVUT, le départ de la force opérationnelle terrestre.

Photo prise par le Capt Jean‑Paul Cloutier

Une autre activité que nous avons organisée était les plongées polaires. Lorsque les membres de l’équipe de plongée ne plongeaient pas, ils nous permettaient de sauter dans l’océan Arctique et de voir combien de temps nous pouvions rester dans l’eau glacée. Le plus longtemps que quelqu’un a pu rester dans l’eau était d’environ cinq minutes.

Les autres activités comprenaient des tours d’hélicoptère, des tours de Twin Otter et une activité communautaire au cours de laquelle des artistes locaux ont présenté leurs œuvres que les membres des FAC pouvaient acheter.

Dans l’ensemble, il s’agit d’une expérience unique que je recommande à tout militaire, quel que soit son grade. Travailler dans l’Arctique a démystifié les régions nordiques du Canada pour moi, enrichi mon sens de l’appréciation du temps et m’a appris que n’importe qui peut survivre et réussir à mener des activités dans le froid au moyen de l’équipement approprié.

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