Coin de l'aumônier - Foi et devoir

Le 8 novembre 2022 - Aumônier David Jackson, aumônier principal, 1er Bataillon des services

Alors que cette année, nous soulignons le jour du Souvenir dans l’ensemble du Canada et du Commonwealth, je ne peux m’empêcher de repenser au temps qu’a passé notre défunte Reine à servir les forces armées britanniques.

Feue Sa Majesté la reine Elizabeth II est décédée le 8 septembre dernier à l’âge de 96 ans, après 70 années de service en tant que chef d’État de notre pays. Il est important de souligner que tout au long de sa vie de dévoués et loyaux services, notre défunte Reine se consacrait aux forces armées de l’ensemble de ses royaumes, notamment le Canada.

Il convient de souligner qu’alors qu’elle était encore une princesse, Sa Majesté a passé cinq mois au service de l’Armée britannique. En effet, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, la princesse Elizabeth a vécu les bombardements à Londres et a pu constater elle-même à quel point la guerre avait causé des dommages en Grande-Bretagne. En fait, en 1940, le palais de Buckingham avait fréquemment été la cible de bombardements allemands. Quatre ans plus tard, le château de Windsor a été touché par un missile V1 qui a tué 121 personnes.

Légende

Photo gracieusement offerte par les Imperial War Museums

En réponse à tout ce dont elle avait été témoin, la jeune princesse Elizabeth voulait apporter sa contribution et éprouvait une forte volonté de s’enrôler, mais ses responsabilités royales l’empêchaient malheureusement de le faire sur-le-champ. C’est finalement en 1945, vers la fin de la guerre, que la princesse Elizabeth a eu l’autorisation de se joindre à l’Auxiliary Territorial Service à titre de Second Subaltern. Elle s’est jointe à la Division mécanique et a reçu de l’instruction en matière de conduite et de mécanique de véhicules lourds. En mai 1945, après la fin de la guerre en Europe, la princesse Elizabeth a terminé son instruction et son service avec le grade de Junior Commander (l’équivalent britannique du grade de capitaine).

Comme nous le savons tous, la princesse Elizabeth est devenue la reine Elizabeth II le 6 février 1952, après le décès de son défunt père, le roi George VI. À titre de Reine du Canada et de ses autres royaumes et territoires, elle a toujours entretenu des affinités et des liens étroits avec toutes ses forces armées. Elle était en effet la Commandante en chef des Forces armées canadiennes, un rôle qu’elle avait à cœur. Elle prenait d’ailleurs toujours le temps de visiter les militaires des Forces armées canadiennes dans le cadre de ses visites royales au Canada.

En 1970, alors qu’il était aumônier du Régiment aéroporté du Canada, mon défunt père, l’aumônier Robert « Bob » Jackson, a été chargé d’effectuer un saut, en compagnie d’autres parachutistes, en l’honneur de la visite royale de Sa Majesté au Manitoba visant à célébrer le 100e anniversaire de la province.

Juste avant le « saut royal » un autre officier a recommandé à mon père de porter son col romain (aussi connu sous le nom de « col ecclésiastique ») durant le saut, même s’il ne le portait généralement pas en tenue de combat, puisque la Reine serait peut-être plus encline à lui parler de cette façon. Mon père a donc porté, comme on lui a recommandé, son col romain en tenue de combat pour effectuer le « saut royal » en compagnie du reste des troupes, puis ils se sont rassemblés pour l’inspection de Sa Majesté.

Au cours de son inspection des troupes, la Reine s’est éventuellement arrêtée devant mon père et l’a regardé pendant ce qui a paru être, pour le principal intéressé, une éternité. Évidemment, le protocole exige qu’on attende que Sa Majesté s’adresse à nous en premier. Cependant, mon père, qui se sentait un peu nerveux, a rompu le silence gênant qui régnait en laissant échapper un « Enchanté de vous rencontrer, madame ». Les yeux pétillants, la Reine lui a répondu : « Portez-vous toujours votre col ecclésiastique lorsque vous effectuez des sauts en parachute? » Ce à quoi mon père a dit : « Non, madame, seulement pour les occasions spéciales ».

L’histoire de mon père est l’une des nombreuses rencontres que d’innombrables gens ont eues avec Sa Majesté au cours des 70 années qu’a duré son règne. Alors que cette année, le Commonwealth et le monde entier en font leur deuil, je suis certain que tous ceux qui ont été touchés par la vie de service de Sa Majesté ont raconté de nombreuses histoires de ce genre, qu’ils l’aient rencontrée ou non.

À titre de militaires, nous pouvons nous inspirer de sa fidélité et de son dévouement exemplaires dans nos propres vies de service, alors que nous nous souvenons de tous ceux qui ont été militaires avant nous, en particulier de ceux qui ont fait le sacrifice suprême et ont donné leur vie en service à la Couronne et au pays. Puisse le souvenir de leur dévouement nous servir d’exemple, pour que nous ne les oubliions pas.

Alors que notre nouveau souverain, le roi Charles III assume ses responsabilités de Commandant en chef des Forces armées canadiennes, puisse-t-il avoir la sagesse et la force nécessaires de s’acquitter de ses fonctions avec foi et diligence et puisse la sagesse, l’honneur et la vérité être la pierre d’assise de notre époque, afin que nous puissions mener une vie paisible.

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2022-11-08