Apporter une touche personnelle au jour du Souvenir

Le 29 octobre 2025 - Tim Bryant, La Sentinelle de l’Ouest

Le jour du Souvenir est une date marquante dans le calendrier historique, et une organisation canadienne fait tout son possible pour que les élèves gardent en tête la signification de cette journée.

Fondée en 2011 par Maureen Purvis, d’Edmonton, l’organisation Aucune pierre dans l’oubli a mobilisé près de 90 000 élèves partout au Canada et dans le monde en rendant le jour du Souvenir plus interactif.

Au lieu d’une simple présentation scolaire accompagnée d’une vidéo, d’un faux cénotaphe et peut‑être d’un soldat ou d’un vétéran s’adressant à la foule, Aucune pierre dans l’oubli invite les élèves à sortir pour interagir directement avec l’histoire militaire du Canada.

« Imaginez un jeune élève devant la pierre tombale d’un vétéran, déposant un coquelicot, prononçant son nom à voix haute et cherchant à savoir qui il était », a expliqué Maureen Purvis. « À ce moment‑là, le souvenir devient personnel et l’héritage du service rendu perdure. »

Depuis ses débuts dans un cimetière d’Edmonton avec deux écoles participantes, Aucune pierre dans l’oubli a évolué pour compter plus de 13 000 élèves rendant hommage à plus de 123 000 vétérans issus de 217 communautés dans le cadre de 327 activités organisées dans neuf pays en 2024.

Des cérémonies ont été organisées en France, en Belgique, aux Pays‑Bas, en Allemagne et aux États‑Unis. Cette année, une première cérémonie aura lieu en Asie, à Hong Kong, au mois d’octobre.

L’un des moments les plus mémorables pour les personnes présentes, mais aussi l’un des plus difficiles, s’est déroulé au Pic du Douly, dans les Pyrénées françaises. En 1944, sept membres du 624e Escadron de la RAF ont trouvé la mort lorsque leur bombardier Halifax s’est écrasé au Pic du Douly. À l’occasion du 80e anniversaire en 2024, sept nouvelles pierres tombales ont été placées au cimetière de la Commonwealth War Graves Commission sur le site de l’écrasement. Les nouvelles pierres tombales ont été transportées jusqu’au cimetière à l’aide d’une brouette motorisée sur un sentier de montagne de 2,5 kilomètres. Le cimetière du Pic du Douly est le cimetière allié le plus haut et le plus difficile d’accès en Europe, et le fait que la cérémonie ait pu avoir lieu témoigne de l’engagement des nombreux bénévoles et des militaires de la RAF et de l’armée française qui y ont participé.

La croissance d’Aucune pierre dans l’oubli au cours des 14 dernières années a stupéfié Maureen Purvis.

« Il y a des jours où je suis encore sous le choc », a‑t‑elle déclaré. « Je me dis : “Je n’en avais aucune idée” ».

Cependant, ses débuts ont été encore plus modestes et beaucoup plus personnels que cette simple activité organisée dans un cimetière en 2011.

Au début des années 1970, la mère de Maureen Purvis, Lillian Mary Hidson, une vétérane de la Seconde Guerre mondiale, a fait promettre à sa fille de se souvenir d’elle à l’occasion du jour du Souvenir, initialement appelé jour de l’Armistice lorsqu’il a été célébré pour la première fois en 1919.

« Elle était mourante », a raconté Maureen Purvis. « Elle m’a demandé : “Maureen, s’il te plaît, ne m’oublie pas le jour de l’Armistice” ».

« Je ne l’ai pas oubliée, et chaque année depuis son décès, je dépose un coquelicot sur sa pierre tombale. »

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Un Ranger junior canadien dépose un coquelicot pendant une cérémonie Aucune pierre dans l’oubli dans la communauté abandonnée d’Anyox, en Colombie‑Britannique, en 2022.

Photo gracieusement fournie par Aucune pierre dans l’oubli

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Un élève dépose un coquelicot sur la pierre tombale d’un vétéran canadien pendant une cérémonie Aucune pierre dans l’oubli à Regina, en Saskatchewan.

Photo gracieusement fournie par Aucune pierre dans l’oubli

Cette tradition s’est poursuivie dans la vie adulte, conjugale et maternelle de Maureen Purvis. Son mari Randall et elle emmenaient leurs enfants sur la tombe de leur grand‑mère pour y déposer un coquelicot.

« Nous déposions tous nos coquelicots et avions un moment de silence », a‑t‑elle confié.

Ils emmenaient ensuite les enfants au cénotaphe du cimetière Beechmount d’Edmonton.

« Je demandais aux enfants de regarder toutes les pierres tombales, et nous nous arrêtions un instant pour leur enseigner le respect », a expliqué Maureen Purvis.

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En 2022, Tourville‑les‑Ifs, en France, a accueilli la première cérémonie Aucune pierre dans l’oubli. Organisée par Russ Frederick, bénévole d’Aucune pierre dans l’oubli, une couronne de coquelicots et de drapeaux a été déposée sur la tombe du sergent de section William Donald Pagan afin d’honorer son décès dans l’exercice de ses fonctions.

Photo gracieusement fournie par Aucune pierre dans l’oubli

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Une grande cérémonie de veille au crépuscule a eu lieu au cimetière militaire canadien de Beny‑sur‑Mer, en France, le 5 juin 2024. Un groupe d’étudiants du Collège Miles Macdonell Collegiate de Winnipeg, au Manitoba, en voyage en Europe, a assisté à la cérémonie au nom d’Aucune pierre dans l’oubli. Avec l’aide d’une poignée de bénévoles d’Aucune pierre dans l’oubli, les étudiants ont aidé à placer 2 049 coquelicots.

Photo gracieusement fournie par Aucune pierre dans l’oubli

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Depuis 2017, les élèves de Cracovie, en Pologne, organisent une cérémonie Aucune pierre dans l’oubli. Au cimetière Rakowicki de Cracovie, les élèves de l’école 58 participent à une cérémonie émouvante au cours de laquelle ils déposent des coquelicots sur les pierres tombales de 483 soldats alliés, dont 15 vétérans canadiens.

Photo gracieusement fournie par Aucune pierre dans l’oubli

Un jour, l’une de ses filles lui a demandé pourquoi toutes les pierres tombales n’avaient pas leur propre coquelicot. C’est ce qui a déclenché le mouvement Aucune pierre dans l’oubli.

Maureen Purvis a présenté son idée au ministre des Anciens Combattants. Elle a rencontré un jeune lieutenant‑colonel qui a également aimé l’idée. Puis, une rencontre fortuite avec le ministre de l’Éducation de l’Alberta a été la dernière étape pour lancer la première cérémonie Aucune pierre dans l’oubli.

Le ministre l’a mise en relation avec une école publique et une école catholique. Ensemble, ils ont choisi une date pour organiser la première cérémonie au cimetière Beechmount.

« Tous les militaires étaient alignés devant les pierres tombales », a raconté Maureen Purvis. « Les participants des deux écoles sont descendus des autobus. Nous avions des coquelicots. Nous avons organisé une toute petite cérémonie, sans fanfare, sans micro, sans podium, sans aucune installation. Et nous avons déposé 4 000 coquelicots ce jour‑là. »

Cette première cérémonie a fait la une des deux quotidiens d’Edmonton, et les choses ont décollé à partir de là.

« Nous n’avons jamais eu à décrocher le téléphone pour demander à une communauté de participer », a déclaré Maureen Purvis, ajoutant que c’est le bouche‑à‑oreille et la visibilité de l’activité elle‑même qui ont favorisé la croissance d’Aucune pierre dans l’oubli.

« Ce type de programme s’inscrit vraiment dans la communauté. »

Pour Maureen Purvis, une grande partie de l’initiative Aucune pierre dans l’oubli consiste à faire participer les enfants.

« Ces enfants n’ont jamais vraiment l’occasion de côtoyer des militaires en service », a‑t‑elle expliqué. « Ils viennent peut‑être parler à leur école pendant quelques minutes au cours de la semaine du souvenir, mais au cours de nos activités, ils peuvent se tenir juste à côté d’eux. »

Cette interaction permet aux enfants de poser des questions aux militaires, et parfois les plus jeunes imitent les saluts des militaires.

« C’est aussi un aspect important : l’interaction entre les militaires en service aujourd’hui et les enfants au sujet des militaires du passé. »

Quant à l’avenir d’Aucune pierre dans l’oubli, Maureen Purvis admet que c’est un peu difficile, car elle s’efforce d’attirer l’attention sur quelque chose d’intangible – le souvenir et la commémoration – plutôt que sur quelque chose comme un parc ou une maladie. Néanmoins, elle espère que le projet continuera à se développer et à se faire connaître.

« Je veux qu’il me survive », a‑t‑elle affirmé. « Je veux qu’il puisse continuer à exister de lui‑même à l’avenir. »

Au fil des années, à mesure que les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale et de la guerre de Corée s’estompent, et que les conflits plus récents disparaissent de la conscience collective, les cérémonies telles que celles organisées par Aucune pierre dans l’oubli jouent un rôle essentiel pour que les mots « N’oublions jamais » ne restent pas sans suite.

« À une époque où l’histoire peut sembler lointaine, Aucune pierre dans l’oubli lui redonne vie », a déclaré Maureen Purvis.

Pour en savoir plus sur Aucune pierre dans l’oubli ou pour faire un don afin de perpétuer la mission de mémoire et de commémoration, rendez‑vous sur le site Web Aucune pierre dans l’oubli.

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2025-10-29