Accroître notre résilience : discussion de groupe virtuelle à l’occasion de la Journée Bell Cause pour la cause
Vidéo / Le 28 janvier 2021
Transcription
(NC) Bonjour, tout le monde. Bonjour et bienvenue à la Journée Bell Cause pour la cause. Joignez-vous à nous pour créer un changement positif en santé mentale. Maintenant, plus que jamais, chaque geste compte. Bienvenue à la Journée Bell Cause pour la cause. Merci de vous joindre à nous afin de créer un changement positif. Dans le domaine de la santé mentale, maintenant plus que jamais, chaque geste compte. Je m’appelle Nadia Cetoute et je suis heureuse d’être la maîtresse de cérémonie à l’occasion de cet événement virtuel très important pour la Défense nationale. Je m’appelle Nadia Cetoute. Je suis heureuse et honorée de jouer le rôle de modératrice aujourd’hui dans le cadre de cet événement très important. Nous célébrons aujourd’hui le 11e anniversaire de la Journée Bell Cause pour la cause. Cette Journée est une initiative importante qui vise à lutter contre la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale, à améliorer l’accès aux soins et à soutenir la recherche dans le domaine de la santé mentale. Notre événement virtuel d’aujourd’hui appuie la campagne nationale Bell Cause pour la cause et reflète l’engagement du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes à soutenir la santé mentale et le bien-être de tous les membres du personnel de la Défense nationale et de leurs familles. Afin de montrer cet engagement, notre co-championne en santé mentale, Mme Jody Thomas, sous-ministre, le lieutenant‑général Rouleau, vice-chef d’état-major de la défense, et M. Jerry Ryan, président national du Conseil des métiers et du travail du chantier maritime du gouvernement fédéral, sont parmi nous aujourd’hui et sont heureux, et je le répète, très heureux de jouer un rôle actif dans le cadre de cet événement. L’adjudant-chef Colbert, Mme Carla Sowinski (Ph. D.), scientifique de la défense au sein du DGRAPM, et le lieutenant-colonel Tuka, chef du service de psychiatrie au sein des Services de santé des Forces canadiennes, se joignent également à nous. Notre sous-ministre, le vice-chef d’état-major de la Défense et Jerry Ryan participeront sous peu à une table ronde sur la santé mentale. Les intervenants d’aujourd’hui discuteront du renforcement de la résilience en temps de pandémie. Ils partageront leur point de vue et leurs expériences concrètes sur la façon de surmonter l’adversité et de devenir plus résilient par le fait même. Ils parleront également de certaines des ressources en santé mentale qui sont offertes aux membres de l’Équipe de la Défense et à leurs familles, puis ils répondront à quelques questions qui ont été soumises par des membres de l’Équipe de la Défense. J’inviterais maintenant notre co-championne en santé mentale, la sous‑ministre, et par la suite notre vice-chef d’état-major de la défense et M. Ryan, à prononcer un mot d’ouverture. Alors, Madame la sous-ministre, je te donne la parole.
(JT) Merci, Nadia. Aujourd’hui, c’est la Journée Bell Cause pour la cause. Je suis vraiment heureuse que nous puissions être ici ensemble pour cette discussion au sein de ce beau groupe, et je suis enchantée de vous avoir une fois de plus parmi nous en tant que modératrice, Nadia. Je vous remercie tous, en particulier mon co‑champion, le général Rouleau, et M. Jerry Ryan. La Journée Bell Cause pour la cause de cette année semble vraiment opportune et nécessaire. Vous savez, j’ai participé à une discussion virtuelle il y a quelques semaines avec des parents faisant partie de l’Équipe de la Défense. Nous avons discuté de cette tension et de la lutte pour gérer ce qui se passe dans la communauté et dans notre travail. L’un des sujets qui ressortaient fréquemment était la frustration et l’isolement que ressentent certaines personnes, surtout lorsqu’elles travaillent de la maison. Les gens sont désespérés de trouver des moyens de connecter. Je pense que nous cherchons tous des moyens de connecter. L’une des choses qui sont ressorties souvent est la frustration que les gens ressentent, et le fait qu’ils sont physiquement isolés de leur famille, de leurs amis et de leurs collègues. Il y a des gens qui font maintenant partie de notre Ministère et qui ne sont jamais entrés dans le bâtiment, parce que la COVID les a empêchés de s’y rendre et de rencontrer leurs collègues. C’est assez remarquable quand on y pense. Les gens sont également éloignés de leur réseau de soutien. Ils sont éloignés des personnes qui leur ont donné la force et les possibilités de parler de leurs problèmes. Et ils sont éloignés de cette connexion personnelle dont nous avons tous besoin. Vous savez, lorsqu’on parle d’être loin de sa famille, c’est chose courante et essentielle au sein de notre Ministère. Il y a bien sûr des membres des Forces armées canadiennes qui sont affectés partout au pays, qui sont loin de leurs familles et qui ne peuvent pas rentrer à la maison pour les voir. Cela ajoute un niveau de stress supplémentaire dans notre Ministère. Je viens d’une famille de militaires. J’ai perdu ma mère en novembre. Mon père et ma sœur habitent à Victoria, et je ne peux pas aller les voir. C’est difficile. C’est difficile pour nous tous, peu importe où vous travaillez dans l’organisation. Nous le ressentons tous. C’est étrange parce que nous avons à notre portée beaucoup de plateformes et d’outils différents pour nous aider à communiquer, mais nous nous sentons tout de même éloignés. Nous n’avons pas l’impression de connecter, malgré les efforts de tout le monde. Trop souvent, nous échangeons de l’information, mais nous ne communiquons pas vraiment au niveau nécessaire pour ressentir un véritable lien humain. Ainsi, lorsque vous êtes stressés et que vous vous sentez isolés, vous pouvez vous sentir encore plus seuls. C’est alors que votre santé mentale peut vraiment commencer à souffrir. L’initiative Bell Cause pour la cause, qui a fait un travail remarquable de collecte de fonds pour les programmes de santé mentale au Canada, a permis beaucoup de choses. Elle a joué un rôle clé dans la lutte contre la stigmatisation qui existe lorsqu’il s’agit de parler ouvertement de santé mentale. Aussi, l’autre grand avantage de cette Journée est une simple invitation à parler, et, j’ajouterais, à écouter. Nous devons écouter les gens. Nous devons absorber ce qu’ils disent afin de pouvoir leur tendre la main et les aider. C’est une invitation à vraiment découvrir et à se demander mutuellement comment nous tenons le coup. Rien ne peut remplacer ce genre d’engagement, surtout cette année. Nous devons vraiment parler et nous devons vraiment écouter. J’ai hâte de participer à la discussion d’aujourd’hui. J’ai hâte d’entendre ce que tous mes collègues ont à raconter, et en particulier mon co‑champion, mais aussi les experts dans le domaine. Nous sommes un Ministère unique et l’un des plus imposants. Nous avons un effectif composé de 130 000 personnes et nous devons connecter avec chacune de ces 130 000 personnes individuellement. Je vous remercie donc d’être ici aujourd’hui. Je vous remercie d’avoir amorcé cette discussion et j’ai hâte d’entendre mes collègues. À vous, Général Rouleau.
(MR) Merci, madame la sous-ministre. Je m'appelle Mike Rouleau. Je suis le vice-chef d'état-major de la Défense, et au nom de notre chef d'état-major de la Défense, l'amiral McDonald, ça me fait plaisir d'être ici pour être le porte-parole pour les Forces armées canadiennes en conjonction avec les autres. Notre réalité d'aujourd'hui, comme le sous-ministre l'a dit, épouse un grand niveau d'incertitude dans nos vies. Moi-même avec ma mère qui a 76 ans ici à Ottawa, essayer de prendre soin d'elle pour qu'elle soit pas malade. Il y a énormément de stress dans nos vies quotidiennes. Comme la sous-ministre je veux aussi parler un peu de mon expérience personnelle. Mon frère est mort d’un cancer en pleine pandémie. Nous ne pouvions nous voir que les mains sur les fenêtres, sans pouvoir nous dire au revoir ou avoir d’enterrement, comme l’a vécu la sous‑ministre. Nous vivons une période tellement bizarre. Et donc, comme tout le monde, j’ai en quelque sorte vécu mon propre stress, car, en plus de cela, j’ai perdu ma maison à la suite d’une inondation et j’ai vécu dans des hôtels pendant cinq mois. Tous ces événements m’ont donc conduit à une situation où, à un certain moment l’année dernière, j’ai dû demander de l’aide. Je me suis dit : « Eh, il y a quelque chose qui ne va pas ». Et en obtenant de l’aide et en allant au fond des choses, j’ai découvert que je m’accrochais en fait à des expériences de combat qui remontaient à 1991, soit il y a 30 ans. Après avoir reçu un diagnostic de TSPT, je me suis rendu compte de l’importance des professionnels de la santé mentale, de ne pas oublier le problème et de simplement dire « Il n’y a pas de problème. Je vais bien ». J’ai dû faire face à tout cela et quand je dis aux gens que j’aurais souhaité que tout cela me soit arrivé il y a 15 ou 20 ans, parce que cela a fait de moi une meilleure personne et surtout un meilleur leader, et j’estime que les leaders ont une forme particulière de stress pendant la présente période, parce que nous sommes censés aussi nous occuper des gens. Mais ce stress est différent du stress particulier que ressentent les travailleurs, car ils sont quelque peu isolés des informations de haut niveau et donc ils ont moins conscience de ce qui se passe. Nous avons donc tous des niveaux de stress différents ou particuliers. Je pense que ce que la sous-ministre a dit au sujet de la compassion, c’est que le lien est la clé, comme les vraies conversations, les vraies questions sur la façon dont vous allez. Il ne s’agit pas seulement de poser des questions pour que vous puissiez surmonter ce stress, mais réellement poser des questions pour pouvoir aider. L’empathie et la compassion ne sont pas contradictoires à un effectif vraiment fort. Je vois vraiment la valeur de cette aide, et c’est un multiplicateur de force. Je suis donc impatient de répondre aux questions et d’entamer des discussions, et je suis très heureux d’être le co-champion de la santé mentale pour les forces armées, parce que jusqu’à mon dernier jour de travail, c’est dans ce domaine que je veux tenter de faire du bien et de réduire la stigmatisation. J’ai écrit une lettre à mes soldats à Noël et je leur ai parlé un peu plus du fait que je vivais moi-même certains de ces stress, et je pense qu’en tant que leader, il est important que nous essayions de nous débarrasser de tout vestige de stigmatisation qui subsiste, car cela n’a pas sa place dans cette discussion. Merci.
(NC) Merci beaucoup. Alors, en ce moment, j’invite M. Jerry Ryan a donné ses remarques.
(JR) Bonjour à tous. J’ai le privilège d’être de nouveau ici pour la conversation de Bell Cause pour la cause. Je travaille dans ce domaine depuis longtemps et je peux replonger et faire le lien avec les 11 dernières années. Je repense également à 2013, lorsque la norme sur la santé et la sécurité psychologiques en milieu de travail a été adoptée; le Canada ayant été le premier pays au monde à le faire. Aujourd’hui, à mesure qu’elle progresse, nous constatons que nous sommes à un point où la vision sera que les comités de santé et de sécurité commenceront à se pencher la question et que les gens partageront à travers cette communauté. Et en tant que coprésident de la santé et de la sécurité du Ministère, nous voyons que c’est notre avenir. Que cette question, la santé mentale en milieu de travail se situe où la santé physique était il y a 50 ans. Et ces conversations, chacun des gestes qui sont posés avec la mise en place de la nouvelle loi C-65, ils commencent à créer un environnement où nous pouvons augmenter le nombre de champions. Je veux dire, c’est bien que nous soyons les champions, mais j’ai une vision où dans les 500 comités de santé et de sécurité au sein du MDN, nous ayons aussi 500 champions de la santé mentale. Il est tout aussi important de consacrer du temps à s’occuper de sa santé physique que de sa santé mentale. J’ai mes histoires personnelles et la plupart d’entre elles concernent des soins donnés au cours de la dernière année. Quand la COVID a frappé, ma fiancée et moi revenions du Mexique et quand nous sommes arrivés, ma fiancée est partie en ambulance et s’est rendue directement à l’hôpital. Je pensais qu’elle avait la COVID, mais en fait c’était un problème cardiaque. Nous sommes allés à l’hôpital trois fois par semaine au cours de la dernière année. Nous avons regardé la situation pour savoir ce que nous pourrions faire différemment. Nous avons adopté un parc et Jody le connaît probablement. C’est le parc Kiwanis, au lac Morris. Nous sommes allées là-bas et nous avons fait des aménagements paysagers pour être à l’extérieur et essayer de reprendre des forces et de l’énergie. Maintenant, nous avons aménagé un petit étang pour que les enfants puissent jouer au hockey. Le fait de pouvoir revenir dans la communauté et de passer du temps avec les enfants, cela permet de guérir. C’est ce que beaucoup de gens doivent faire, se rendre compte que vous êtes d’abord un soignant, un parent. Que vous vous occupiez de vos parents, de vos enfants, de vos animaux domestiques. Quoi que ce soit, vous devez prendre soin de vous. C’est comme lorsque vous êtes dans un avion, placez d’abord le masque sur vous-même. Donc si vous ressentez cela, toutes les ressources sont là. Elles sont offertes partout. Vous avez juste besoin de demander de l’aide. Cela revient au point où il faut exactement commencer la conversation. Une fois que vous racontez votre expérience, d’autres personnes veulent raconter la leur. Le monde s’écroule. Nous sommes tous des humains. Nous sommes huit milliards. Nous nous en sortirons tous ensemble. Merci.
(NC) Un grand merci, la sous-ministre, lieutenant-général Rouleau et M. Ryan, pour vos commentaires. Un grand merci à notre sous-ministre, à M. Rouleau et à M. Ryan, de nous avoir fait part de leurs expériences. Cela étant dit, je vais maintenant inviter notre co-championne de la santé mentale, la sous-ministre, mais aussi les membres de notre table ronde, à se joindre à nous pour notre discussion sur la santé mentale et à répondre à quelques questions très importantes. J’ai vraiment hâte de participer à cette discussion cet après-midi. Je vais donc commencer par vous poser la première question, Mme Thomas. Le thème national de Bell Cause pour la cause cette année est « En santé mentale, maintenant plus que jamais, chaque geste compte ». Que voulez-vous que les membres de l’Équipe de la Défense sachent au sujet de ce que nos dirigeants pensent d’une personne qui fournit un soutien à la santé mentale de l’Équipe de la Défense en cette période très difficile?
(JT) Merci beaucoup pour cette question. C’est une question importante. Il y a quelques petites choses à décortiquer ici. Premièrement, nous devons reconnaître que la pression pour réaliser notre travail n’a pas diminué. Les Forces armées canadiennes et donc le ministère de la Défense qui coordonne les Forces armées canadiennes sont au cœur de la lutte de ce pays contre la COVID. Les Forces armées canadiennes doivent tout mettre en œuvre pour le Canada et cela signifie que le Ministère doit les soutenir dans cette tâche. Ainsi, parallèlement aux attentes de prendre soin de votre santé et de devoir scolariser vos enfants à domicile, nous devons encore mettre en place un programme de grande envergure. C’est pourquoi j’entends beaucoup le mot « devrais ». Je devrais pouvoir travailler à temps plein et faire l’école à la maison pour mes enfants. Je devrais être reconnaissante parce que, vous voyez, j’ai un travail et je l’ai si bien et d’autres l’ont moins bien. Je devrais m’en contenter. Ce mot « devrais » est un mot dangereux. Les gens se reprochent de ne pas se sentir bien et de se sentir dépassés. Et nous ne voulons pas que les gens se poussent au-delà de ce qu’ils peuvent prendre, parce qu’ils ont peur d’être pénalisés sur le plan professionnel. J’entends parler de gens qui mettent les enfants au lit à 20 h et qui travaillent jusqu’à 1 heure du matin, parce que c’est le moment où tout est tranquille. Cette situation m’inquiète en tant que leader. Et donc, tout d’abord, je veux que vous sachiez que nous apprécions tous profondément tout ce que vous faites et nous comprenons, nous savons qu’il n’y a pas eu de répit. Et nous savons qu’il y a une énorme pression sur les personnes de ce Ministère. Et nous savons que c’est difficile pour vous et votre famille et que tout le monde fait de son mieux. Donc, premièrement, c’est correct de ne pas bien aller. Vous avez le droit de dire : « C’est trop ». Vous avez le droit de dire : « Ce stress, cette tension, je ne sais pas où mettre mes priorités. Tout cela devient accablant. » C’est une période difficile et nous en avons tous eu assez. Et c’est nouveau. Chaque jour est nouveau. Vous ne savez pas ce qui vous attend, que ce soit les chiffres que vous entendez aux nouvelles, ce que vous lisez dans les journaux, le nouveau problème de mathématique que vous devez résoudre avec vos enfants à l’ordinateur ou l’enseignement à domicile. Il est donc normal de ne pas être bien. Et troisièmement, c’est que vous n’êtes pas seul. Nous sommes une grande équipe et nous pouvons vous soutenir. Et nous avons besoin de nous soutenir les uns les autres. Et donc nous avons une équipe ici qui peut vous aider. Cela ne signifie pas seulement qu’il y a des personnes qui se soucient de votre état de santé et à qui vous pouvez parler. Je veux dire que nous pouvons vous offrir la souplesse nécessaire pour vous aider et pour réduire la pression qui pèse sur vous. Nous pouvons vous aider à prendre un peu de temps. Alors, puisque nous parlons de parler, parlez à votre gestionnaire, et continuez à parler, s’il vous plaît. Parce que la réalité est que nous ne nous promenons pas sur l’étage en regardant dans le bureau de quelqu’un et en constatant que, Joe ne sourit pas aujourd’hui. Joe sourit toujours. Qu’est-ce qui se passe ? Kathy, qui est normalement toujours à son bureau, et nous savons que quelque chose ne va pas quand elle n’est pas là et qu’elle n’apporte pas de biscuits pour tout le monde au bureau. Nous savons donc que quelque chose ne va pas. Rien de cela ne se passe en ce moment. Et cela se passe sur le lieu de travail. Chaque petit lieu de travail a un écosystème et il est impossible de voir ce qui se passe dans cet écosystème lorsque vous travaillez à la maison. Alors, prenez le temps de parler, et continuez à parler. Et cela va dans les deux sens. J’ai besoin que la direction communique avec les employés. Gérer une équipe en télétravail représente beaucoup de travail, car il ne s’agit pas du résultat, mais de ce qu’ils sont en tant que personnes et nous ne pouvons pas oublier qui sont les personnes qui subissent ce genre de pression. Je pense que ce qui est vraiment important, c’est le dialogue bilatéral, et si vous entendez quelque chose, ce n’est pas que nous voulons faire du commérage, mais si vous entendez quelque chose à propos de quelqu’un qui travaille trop dur, qui a des difficultés, tendez la main. Je pense qu’il est essentiel d’avoir plus de connexions plutôt que moins de connexions. Le virtuel, c’est difficile. On n’a pas la même perception des gens et nous devons vraiment faire cet effort supplémentaire. Je vous remercie.
(NC) Merci beaucoup pour ces excellents conseils, et pour avoir rappelé aux gestionnaires qu’ils ont un rôle important à jouer pour soutenir leurs employés et leur permettre, comme quelqu’un l’a dit plus tôt, de parler, mais aussi d’écouter. Merci beaucoup d’avoir partagé cette perspective. Alors, j’inviterais le vice-chef d’état-major de la Défense à répondre à la question suivante. La pandémie mondiale a engendré un sentiment collectif de deuil parmi les membres de l’Équipe de la Défense, notamment la perte de contact avec les autres, la perte d’une routine, et même la perte d’un être cher. Comment fait-on pour inciter une personne à obtenir de l’aide lorsqu’on sait qu’elle n’en demandera pas, même si elle s’en doute et que c’est pas mal évident qu’elle a besoin de l’aide ? Alors, je t’invite à répondre à cette question.
(MR) Merci beaucoup, Nadia. Alors, au tout début, je dirais juste pour renforcer le point que j'ai dit au tout début, dans l'introduction, de réduire le stigmate autour de cette question-là. Alors, j'ai parlé un peu d'une lettre que j'avais écrite pour dire au monde : Écoute, c'est pas parce que je suis le vice-chef d'état-major de la défense que quelqu'un comme moi ne peut pas être affecté par les pressions qu'on se sent aujourd'hui. Alors, d'abord et avant tout, je pense que c'est important. La deuxième chose, comme leaders, c'est notre responsabilité d'assurer un climat et une culture au sein de notre organisation qui est sain. Alors, c'est une responsabilité, puis en établissant une culture puis un climat tel que celui que j'ai mentionné qui est sain, une partie de ça, c'est de dire : Écoute, on va mettre une emphase particulière dans cette époque ici, avec le COVID, où est-ce qu'on va veiller sur notre personnel davantage. Peut-être plus qu'on l'aura fait il y a deux ans. Alors, connaître notre monde peu. Moi, j'ai une politique. De temps en temps, je vais appeler. Je connais quelques personnes qui sont un petit peu dans un temps difficile. Peut-être il y a une séparation récente avec leurs épouses ou leurs époux. Peut-être c'est quelqu'un qui a le groupe de transition, parce qu'ils ont des difficultés, bien je les appelle ou je leur envoie un courriel. C’est simplement pour prendre des nouvelles, savoir comment va la personne. Il faut prévoir un peu de temps pour cela. Parfois, j’appelle des subordonnés et je leur dis : « Oui, c’est moi. » Alors, ils commencent à me parler d’un dossier, et je leur réponds : « Non. Il ne s’agit pas d’un appel pour le travail. Je veux juste prendre de tes nouvelles. » Cela les déconcerte toujours, mais ils s’habituent un peu après quelques appels. Il suffit d’un appel pour savoir comment la personne s’en sort. Dans un contexte militaire, les hauts gradés et M. Colbert sont sur la ligne pour moi. Ce dernier possède une tout autre capacité que moi, en tant que lieutenant-général, à intégrer la chaîne de commandement. En tant que lieutenant-général, vouloir prendre des nouvelles signifie aussi se promener. Lorsque je prends quelques heures pour faire le tour des bureaux au complexe Carling ou autre, je parle aux jeunes et j’ai une idée de ce qui se passe. Je les encourage également en leur disant : « Hé, tu sais, il y a des ressources disponibles. Comment t’en sors-tu? Tu sais, j’ai déjà eu ce problème ». C’est à un niveau plus humain. Il ne s’agit pas d’un trois étoiles parlant à un caporal. Ce sont deux personnes qui discutent. En fait, il faut parfois briser le mur qui nous sépare. Cela renforce l’équilibre entre la mission et la santé des gens; oui, nous allons accomplir cette mission, mais il y a de multiples façons de le faire. Il n’est pas nécessaire de laisser derrière soi des personnes épuisées et blessées pour accomplir la mission. En terminant, Nadia, je dirais ceci... J’ai une tante qui vit à Montréal. Elle a 80 ans. Elle habite seule. Elle n’a jamais eu d’enfant et je suis un peu comme son fils. Je l’appelle une fois par semaine. Un jour, elle m’a dit : « Mike, chaque jour, j’essaie de me souvenir d’une chose pour laquelle je suis reconnaissante. » Lorsque Jacky m’a dit cela, j’ai pensé que c’était une bonne idée. Alors j’essaie de le dire aux gens : « Je suis reconnaissant de cela aujourd’hui. » Il y a tant de choses pour lesquelles je dois être reconnaissant, mais il m’arrive parfois de me sentir dépassé par mon travail. Mais il suffit de partager des contacts humains. En fait, il s’agit de relations humaines, et bien que nous ayons tous des postes et des grades différents, nous sommes tous aussi faillibles que les autres et nous avons tous besoin du même lien. Voilà pourquoi j’essaie de briser certains de ces murs. Merci.
(NC) Merci beaucoup, le vice-chef d'État major de la Défense. Merci de nous rappeler qu'en tant que leader, on a une responsabilité de parler de nos propres "struggles", les choses qui nous dérangent. Merci de nous rappeler que toi aussi, en tant que quelqu'un dans un poste de leader aussi élevé, t'as des expériences personnelles. Merci de nous rappeler qu'en tant que leader, il faut créer un climat sain, mais encore un gros merci de nous rappeler qu'il faut garder une connexion avec nos équipes. Puis, le fait que toi, tu marches dans le « Carling campus » pour voir comment les gens sont, tu parles aux gens qui sont plus jeunes, ça leur permet de voir qu'ils sont supportés et qu'ils sont pas seuls. Donc, un gros merci pour les conseils et les avis que tu nous as donnés cet après-midi, plus pertinentes, tes propres expériences. Merci encore. Je vais maintenant poser la prochaine questions au Dr. Sowinski. Docteur, voici ma question : en cette période difficile, l’accent est mis désormais sur la résilience. Que suggérez-vous aux membres de l’Équipe de la Défense de faire s’ils ont des pensées suicidaires ou des idées noires en raison de problèmes de santé mentale?
(CS) D’accord. Merci. (CS) D’accord. Merci. Il y a eu beaucoup de très bonnes discussions jusqu’à présent, et je pourrais faire écho à certains des points qui ont déjà été abordés. Ce que je dirais tout d’abord, c’est d’essayer de parler ouvertement de ses propres émotions négatives. Nous avons tendance à avoir peur d’en parler, mais en fait, les recherches montrent que si l’on est vulnérable et ouvert, c’est à ce moment que l’on forme des liens sociaux vraiment formidables et que l’on peut tirer parti de ce soutien social. Évidemment, si vous ressentez une grande détresse, vous devriez probablement consulter un professionnel. Je sais que les services de santé de la fonction publique sont désormais un peu plus inclusifs. Le billet d’un médecin n’est pas obligatoire en ce moment et vous pouvez consulter des professionnels comme un psychologue, par exemple. Mais vous pouvez également faire certaines choses vous-mêmes pour prendre soin de vous avant que vous ne ressentiez des émotions négatives. Dites-vous que c’est un régime de soins de santé pour votre santé mentale. Songez à être plus attentifs à vos pensées et vos sentiments, ainsi qu’à vos réactions dans une situation donnée, car plus vous l’êtes, plus vous pourrez vous apercevoir que vous n’allez pas aussi bien qu’avant. Vous pourrez donc prendre de mesures pour améliorer la situation avant qu’elle ne s’aggrave. N’est-ce pas? La méditation fait également partie de cette pratique. Beaucoup de preuves montrent que c’est très utile, mais il faut aussi aller chercher ces liens sociaux. Cette pandémie est vraiment difficile parce que, comme on l’a déjà dit, ces liens sociaux nous manquent. Nous avons un besoin fondamental d’autonomie et de contrôle. Or, nous avons peu de contrôle sur un tas de choses dans notre vie en ce moment, et c’est très difficile. Le fait de pouvoir exercer un certain contrôle là où c’est possible aidera probablement les gens d’une certaine manière. Donc, des activités aussi simples que faire de l’exercice sont un excellent moyen de traiter la dépression. Essayez de sortir. L’air frais est vraiment bon pour nous. Si vous avez une belle vue, cela peut générer le sentiment d’admiration qui nous réconforte et nous rend plus heureux. Par exemple, nous travaillons parfois en pyjama à la maison. Pourquoi ne pas prendre une douche ou organiser une soirée en couple ou une soirée de jeu avec un être cher ou des amis sur Zoom? Peu importe ce que vous faites, essayez simplement d’ajouter des activités amusantes à votre emploi du temps. Vous attendrez, ainsi, cette activité avec impatience et c’est peut-être aussi un moyen d’établir des liens avec d’autres personnes. Merci.
(NC) Merci beaucoup pour vos idées. Ce que je retiens, c’est de maintenir ce lien social. Ce n’est certainement pas facile pendant cette pandémie, mais A) maintenir ce lien social B) faire de la méditation C) faire de l’exercice, non seulement à la maison, mais à l’extérieur aussi, pour prendre de l’air. C’est une excellente idée et je vous remercie encore une fois, Dr Sowinski, pour vos conseils. Je vais maintenant passer à notre prochain intervenant. J’aimerais poser la question suivante au Lcol Andrea Tuka. Voici donc la question : la campagne « Bell Cause pour la cause » préconise de parler de l’élimination de la stigmatisation entourant la maladie mentale. Quels sont les moyens de faire en sorte que les autres se sentent à l’aise de parler ouvertement de leurs combats en toute sécurité?
(AT) Merci beaucoup, Nadia. Bon après-midi à tous. Et merci beaucoup pour cette question très importante. Je dirais que la stigmatisation entourant la maladie mentale est un phénomène complexe qui mêle des stéréotypes, des préjugés et des discriminations qui entraînent des conséquences négatives, comme l’anxiété, la dépression, une faible estime de soi, le désespoir, l’augmentation des pensées suicidaires et le fait de ne pas chercher de l’aide quand on en a besoin. De récentes études montrent que la stigmatisation a des répercussions sur tous les domaines de notre vie, mais le plus important est le travail. Alors, que peut-on faire pour que les gens se sentent en sécurité de parler ouvertement de leurs combats? La stigmatisation elle-même est un problème aux multiples facettes. Il nous faut une approche multidimensionnelle pour la combattre. Nous devons parler de la stigmatisation à l’échelle de la collectivité, de l’organisation, des relations interpersonnelles et sur le plan individuel également. À l’échelle de la collectivité, l’exemple parfait est « Bell Cause pour la cause ». Parler de la santé mentale et de la maladie mentale ou transmettre des histoires, des expériences, des luttes et des réussites permet d’accroître la sensibilisation et la normalisation. Cela permet de changer les attitudes au sein de la collectivité à l’égard de la maladie mentale. Pour ce qui est de l’échelle de l’organisation, l’une des stratégies les plus importantes est l’éducation. Les Forces armées canadiennes disposent d’un solide programme de sensibilisation à la santé mentale, le RVPM, qui est intégré tout au long de la carrière des militaires, y compris le cycle de déploiement. Le RVPM apprend aux militaires à reconnaître les signes de la maladie mentale et les encourage à demander de l’aide dans le cadre d’une première séance. Nos services se concentrent sur la prestation de soins axés sur le patient. Cela signifie que les préférences, les besoins et les valeurs de chaque patient, ainsi que la possibilité d’inclure les familles dans le processus de traitement, guident les décisions cliniques. Les soins intégrés constituent une autre stratégie visant à réduire la stigmatisation. Par exemple, à Victoria où je travaille, les services de soins primaires et de santé mentale sont situés au même endroit, de sorte que les cliniciens de soins primaires et les cliniciens en santé mentale, tels que les services sociaux, la psychiatrie et la psychologie, travaillent côte à côte. Ainsi, les militaires n’ont qu’à se rendre à un seul endroit, qu’ils aient une douleur au genou ou qu’ils soient anxieux. Ils sentent qu’ils sont traités de la même façon. De plus, les militaires ont l’impression que les fournisseurs de soins les connaissent beaucoup mieux en raison de cette étroite collaboration. J’aimerais parler de la mise en œuvre et de l’amélioration des soins virtuels liés à la pandémie. Je crois que c’est aussi une excellente stratégie pour accroître le sentiment de sécurité, car les militaires peuvent désormais recourir à des séances de traitement chez eux, où ils peuvent être accompagnés de leurs chiens ou leurs chats, et les conjoints peuvent facilement participer au processus également. Les soins virtuels pourraient vraisemblablement se stabiliser même après la pandémie en les combinant aux soins conventionnels en personne. Un bon exemple de lutte contre la stigmatisation sur le plan interpersonnel consiste à utiliser le bon langage dans nos conversations. Les autres intervenants l’ont mentionné également. Lorsque l’on parle de la maladie mentale, que l’on parle aux personnes en difficulté, il faut s’assurer de les écouter. Les gens ont besoin de sentir qu’on les entend, qu’ils sont inclus et soutenus. Nous devons également essayer de leur donner de l’espoir. Car si nous apportons des soins appropriés et en temps utile, la maladie mentale peut s’améliorer et se rétablir. Enfin, sur le plan individuel, je voudrais réitérer les soins axés sur le patient, qui permettent aux militaires d’exprimer leurs préférences, leurs besoins et leurs valeurs. Ainsi, ils peuvent participer activement à la gestion de leur maladie mentale et non pas seulement en tant que bénéficiaires passifs du traitement. Je crois que cela peut être très, très libérateur. Merci beaucoup.
(NC) Merci beaucoup, Lcol Tuka, pour vos idées. Il faut abandonner la ligne de démarcation entre la stigmatisation à l’échelle communautaire, individuelle, organisationnelle, mais surtout, comme vous l’avez dit, à l’échelle interpersonnelle. Merci beaucoup pour vos conseils cet après-midi sur ce sujet si important. Alors, à notre prochain intervenant, M. Jerry Ryan, voici la question que je vous pose : quels sont vos conseils pour limiter nos pensées négatives dans le présent contexte?
(JR) Bonjour. Certainement, Nadia. Tout d’abord, c’est ce que les autres intervenants ont mentionné à propos du contrôle, du manque de contrôle que nous ressentons tous en cette période. Il y a un problème de surinformation et nous devons voir où nous nous situons dans le continuum. Il y a des jours où toute cette information, tous ces cas et toute cette négativité ne nous atteints pas, mais d’autres jours où c’est le contraire. Nous devons donc pouvoir délaisser ce problème. Il faut pouvoir prendre du recul. Il faut être en mesure de faire des projets et de passer du temps avec ses enfants. J’ai la chance d’avoir un petit-fils de 5 ans et j’attends une petite-fille d’un jour à l’autre. Pour moi, ce sont des choses qui me donnent de l’espoir pour l’avenir. Voilà l’avenir. Bien dormir tous les jours. Vous assurer d’adopter des habitudes régulières; de parler de vos sentiments lorsque vous vous sentez stressé; d’avoir un autre adulte, un ami ou quelqu’un d’autre à qui vous confier lorsque vous êtes épuisé parce que vous essayez de vous occuper de vos enfants et que vous vous préoccupez des problèmes. Lorsque vous faites cela, ils vous donnent leur point de vue sur ce que nous avons appris. En lisant un livre sur un psychologue qui a vécu dans les camps de concentration à l’époque de l’Allemagne nazie, j’ai appris que ceux qui se préoccupaient des autres avaient de la compassion pour tous les autres qui se trouvaient dans cette situation. Donc, les soignants sont essentiels. Vous assumez ce rôle lorsqu’il convient de l’assumer et vous faites de votre mieux pour aider les autres. Lorsque vous le faites, cela vous rend plus fort intérieurement et vous permet de passer à autre chose. Soyez reconnaissants. Le Lgén Rouleau a parlé plus tôt de l’importance d’être reconnaissant. Vous êtes en bonne santé, par exemple. Vous avez quelque chose que tant de gens n’ont pas. Vous pouvez commencer par cela. Accrochez-vous à cela. Planifiez un voyage. Examinez les problèmes passés. Si vous faisiez une course, vous auriez dépassé la moitié du chemin, et c’est ce qui vous permettra de traverser la ligne d’arrivée. Mais nous devons tous comprendre que notre attitude est essentielle. Vous pouvez avoir une attitude positive et une attitude négative. J’ai vécu le décès de ma femme. Elle a été en phase terminale pendant 15 mois et elle disait à tous ceux à qui elle parlait « Je sais que tu te sens mal pour moi. Je sais que tu ressens cela, mais ne sois pas déprimé devant moi parce que je pourrais ne pas m’en remettre ». C’est donc l’une de ces choses auxquelles nous sommes tous confrontés, nous devons tous nous réveiller tous les jours, nous habiller, sortir et faire de notre mieux. Mais plus nous sourions, plus nous disons de belles choses aux gens, plus nous sommes positifs. Même si nous faisons semblant, cela a un effet. Je vous remercie.
(NC) Merci beaucoup, M. Ryan. Merci beaucoup de nous avoir rappelé d’être reconnaissants, d’être reconnaissants pour notre santé. Car, si vous êtes en bonne santé, une fois que cette pandémie sera terminée, vous pouvez espérer partir en voyage avec vos proches. Vous nous rappelez que notre attitude est la clé. Nous devons être positifs et non négatifs. Alors, merci beaucoup pour ces pépites que vous avez partagées avec nous ce matin. Désolée, cet après-midi. C’est très apprécié.
Alors, maintenant, j'aimerais poser la prochaine question à l'adjudant-chef Colbert. Alors, quels moyens les membres de l'équipe de la Défense peuvent-ils employer pour que les autres se sentent à l'aise de parler de leurs difficultés?
(MC) Merci beaucoup. Bonjour, madame la sous-ministre, mon général, mes collègues panélistes. Merci beaucoup pour cette bonne question-là. Ça a été mentionné tantôt que le leadership est important. C'est important à tous les niveaux. OK? À tous les niveaux, il faut être capable, premièrement, de créer un environnement de respect, que ce soit au travail ou avec nos amis. Puis qu'on en parle. Le secret, c'est d'en parler. Donc, les leaders, il faut qu'on soit les premiers à en parler. Je pense qu'on a tous une histoire quelque part dans nos vies où est-ce qu'on pourrait relater une expérience qu'on a eue. Moi-même, quand j'avais 20 ans, j'ai perdu ma mère dans un accident de voiture. C'est moi qui conduisais. Ma mère est décédée à côté de moi après avoir eu un mois mon permis de conduire. J'ai réussi à passer au travers juste à en parler avec mes amis, parler avec mes collègues, parler avec ma famille comment je me sentais. Donc, c'est en créant cet environnement-là de respect et d'ouverture d'esprit. Plus qu'on en parle, plus qu'il y a des gens qui vont être capables de s'ouvrir plus. Ça a un effet qu'il faut jamais sous-estimer et c'est important. Il faut aussi, je pense que le monde soit assuré qu'on est concerné pendant toute l'année sur la santé mentale. Bell Cause pour la cause, c'est une excellente initiative que j'adore. Ça nous rappelle de l'importance d'en parler. Puis, je vais lancer un défi à mes collègues adjudants-chefs et sous-officiers qu'il faut continuer à en parler pendant toute l'année. C'est important. Parce qu'on est concernés. On a tellement de belles ressources avec la défense nationale, les Forces canadiennes, nos services de santé. On a le service de l'aumônerie qui est là pour nous autres, les centres de la famille. Tout est là pour aider nos membres. Mais des fois, un membre, quand il est dans une situation des fois de stress, un membre a une situation de santé mentale, des fois, on voit pas clair. C'est pour ça que c'est important qu'on se tienne ensemble. C'est important qu'on soit alertes comme leaders. Quand j'étais à Wainwright comme sergent-major du centre d'entraînement aux manœuvres avec le colonel Martin Frank, on avait une jeune soldate, une jeune administrative, elle avait des problèmes de santé et elle était nouvelle dans le système militaire et elle comprenait pas trop comment ça fonctionnait. Elle comprenait pas trop comment les médecins prenaient son cas. Puis, un moment donné, on l'a trouvée en train de pleurer. Notre commis-chef l'a trouvée dans les toilettes des femmes en train de pleurer. Elle est venue nous avertir. Fait que moi et le commandant, on a décidé d'aller voir l'hôpital, on a fait un meeting avec le médecin-chef de la base, avec des intervenants pour comprendre un peu et on leur a expliqué que cette petite femme là, il faut qu'elle comprenne comment vous autres, vous... Parce que des fois, comme médecins, ils sont trop habitués... On lui a assuré, à la petite madame, à notre petite soldate qu'elle avait le suivi adéquat. On l'a suivie de proche, le commandant et moi, et ça a fait toute la différence. Ça lui a enlevé le stress. Elle s'est sentie supportée par sa chaîne de commandement et aujourd'hui, bien, c'est une militaire qui s'est mariée, qui va bien. Juste ce support-là. Fait que des fois, un petit geste simple. Tantôt, mon patron Jean Rouleau disait : « Prenez le temps d'appeler. » Quand j'ai appelé la chaîne de commandement du jeune qui avait perdu son enfant, même la chaîne de commandement était tellement contente de savoir que s'il y avait un problème de support, bien, il était supporté à travers toute la chaîne de commandement. Donc, c'est extrêmement important. Il faut pas rester silencieux. On veut vous entendre. On veut vous aider. Il y a personne qui devrait se sentir seul aujourd'hui. Avec tous les moyens de communication qu'on a en plus. Fait que comme tous les leaders, on beaucoup « emphaser », depuis le début de la pandémie : « Appelez votre monde. Restez en communication avec votre monde, surtout quand on demande à tout le monde de rester à la maison. » Chaque cas. Tantôt, madame la sous-ministre l'a dit, chaque cas est individuel. Moi, j'ai une fille qui est civile, mais qu'il faut qu'elle donne l'enseignement à la maison. On a des membres des Forces canadiennes qui sont monoparentaux et il faut qu'ils donnent l'enseignement à la maison. Bien, il faut les faire sentir supportés et il faut les faire sentir qu'ils contribuent à l'effort des Forces canadiennes en s'occupant de leur famille, en restant en santé. C'est important. Donc, je pense qu'il faut pas se sentir isolé, il faut créer cet environnement-là de respect. C'est important entre nous autres. Puis, plus qu'on en parle, moins c'est tabou et je pense que Bell Cause pour la cause nous rappelle que c'est à travers toute l'année qu'il faut faire ça. Merci beaucoup.
(JT) Bonjour, j’aimerais seulement intervenir pour ajouter quelque chose. Je suis tout simplement fascinée par tout ce qu’ont dit mes collègues dans le cadre de la discussion de groupe. Et comme toujours, chaque fois que nous tenons cette discussion, j’apprends de nouvelles choses en écoutant les participants. Je crois qu’il est important que chacun, s’il souffre ou ressent du désarroi par rapport à la situation actuelle, garde à l’esprit, qu’il soit un employé, un gestionnaire, un haut dirigeant ou une personne à n’importe quel autre échelon de ce ministère, que sur les six personnes réunies ici, il y a deux spécialistes en santé mentale et que le reste d’entre nous sommes là parce que nous avons un intérêt personnel et le mandat de prendre soin du personnel… nous voulons apporter notre aide. Nous voulons être sûrs que nous faisons la bonne chose. La question que nous nous posons est que faut-il faire? Car nous ne sommes pas des experts. Si je suis au téléphone ou en téléconférence avec quelqu’un et que je sens que cette personne souffre, que dois-je faire? Je pense donc que c’est un sujet que nous devrions aborder car si vous êtes au bureau, la situation est plus facile à régler; vous pouvez aller voir votre gestionnaire et lui dire : « Tu sais, Joe qui travaille au bout du couloir? J’ai l’impression qu’il ne va pas très bien. » Mais maintenant, que faut-il faire? À mon avis, il faut faire comme avant. Nous devons rappeler aux gens que s’ils sentent qu’une personne est en crise, ils peuvent intervenir auprès d’elle. Vous savez, le premier ministre l’a dit : il ne faut pas laisser les gens s’isoler. Les contacts humains sont donc toujours permis, surtout si vous pensez qu’une personne souffre. Vous pouvez toujours appeler les gens. Il y a des personnes comme M. Colbert ici présent qui sont manifestement des experts en ce qui a trait au leadereship et à la psychologie des gens. Vous pouvez vous adresser à votre chaîne de commandement, comme l’a mentionné le général Rouleau. Vous pouvez parler à votre agent négociateur, à des gens comme Jerry Ryan. Vous pouvez consulter des spécialistes dans votre domaine. Vous pouvez vous tourner vers les gens qui travaillent avec vous, les appeler et leur dire : « Je crois que quelque chose ne va pas ». Je m’inquiète du fait que ces temps-ci, les gens déclarent ouvertement qu’ils ne vont pas bien, mais qu’à cause de la distanciation sociale, on ne sait plus quoi faire pour les aider. Je pense que le message clair à envoyer est qu’il faut faire la même chose qu’avant et que la sécurité des gens est ce qui compte le plus, que nous pouvons entrer en contact avec les personnes et intervenir physiquement auprès d’elles si nécessaire. Je ne veux donc pas que les gens hésitent à le faire. Sachez que la chaîne de commandement, les dirigeants des relations de travail et des ressources humaines, le CPM, les aumôniers et tous les gens qui travaillent au sein de ce vaste ministère important et qui étaient là pour vous aider avant la pandémie de COVID sont toujours là pour le faire. Je pense donc qu’il s’agit là un message vraiment important à transmettre parce que nous ne sommes pas des spécialistes en santé mentale, mais nous nous soucions de chaque membre du personnel. Nous avons ici deux experts en santé mentale, et ils peuvent me corriger si je me trompe, mais je tiens à m’assurer qu’on comprenne bien que cet impératif d’entrer en relation avec les gens qui pourraient vivre des difficultés existe toujours. N’ayez pas peur d’intervenir.
(NC) Merci beaucoup. C’était une pépite de savoir très intéressante et un très bon rappel. Je souhaite vraiment saisir l’occasion pour remercier nos distingués invités d’avoir pris le temps de nous faire part de leur point de vue aujourd’hui. Je remercie également nos coanimateurs, cochampions de la santé mentale, d’avoir pris le temps d’aborder cette question importante.
L’événement virtuel d’aujourd’hui, Ensemble, renforçons la résilience pendant la pandémie vise justement à nous rassembler en tant qu’Équipe de la Défense pour lutter contre la stigmatisation et prendre part à la conversation entourant la santé mentale. Nous vous encourageons à poursuivre la conversation tout au long de l’année. L’adjudant-chef Colbert l’a dit, cette initiative Bell Cause pour la cause, ce n’est pas seulement une fois par année. Il faut en parler à longueur d’année et renforcer ce message pour qu’on soit capable que ça rentre dans nos têtes, qu’on soit capable de savoir qu’on est bien supportés. Prenez le temps de discuter de la santé mentale : gestionnaires, parlez avec votre équipe, que ce soit de façon officielle ou non officielle. Prenez part à la conversation dans le but de créer un changement positif. Je vous remercie beaucoup de votre participation aujourd’hui.
Je vous remercie et vous souhaite une merveilleuse journée. Et n’oubliez pas que les membres de l’Équipe de la Défense, ainsi que leurs familles, ont à leur disposition diverses ressources en matière de santé mentale. Si vous avez besoin d’aide ou connaissez quelqu’un qui en a besoin, s’il vous plaît, je vous en prie, communiquez avec le Programme d’aide aux employés ou le Programme d’aide aux membres des Forces canadiennes, au 1-800-268-7708. Merci infiniment de vous être joint à nous aujourd’hui.