Récit des FAC - La foi en mer

Vidéo / Le 07 octobre 2022

Transcription

(NG) Comment puis-je, à peine après avoir rencontré le militaire – je l'ai vu une ou deux fois, peut-être – lui demander de s'asseoir et lui dire que sa mère ne passera tout probablement pas la nuit.

Je suis le rabbin Noteh Glogauer.

Je suis un capitaine des Forces armées canadiennes servant comme aumônier. Eh bien, l'aspect le plus extraordinaire du travail d'aumônier, c'est le fait que l'aumônier est la personne-ressource par excellence lorsqu'il est question de soutien aux militaires.

Récemment, dans le cadre de notre opération PROJECTION, à bord d'un navire ayant un équipage de 260 membres, j'étais le seul aumônier pouvant offrir du soutien en tête à tête.

Au départ, je pensais : « Dans quoi me suis-je embarqué ? » Au terme du deuxième jour en mer, alors que nous quittions Esquimalt en longeant la côte et que nous avions encore accès au réseau wifi, j'ai réussi à écrire à mon épouse.

Je lui ai dit : « Chérie, je pense avoir commis la plus grosse erreur de ma vie. » Cependant, quelque chose s'est produit après ce deuxième jour. Vous savez, je m'y suis fait, tout simplement.

J'appelle ça « s'habituer à la mer ». J'avais tout simplement l'impression d'être exactement là où je devais être. J'ai bien aimé ça. Et j'ai vécu des expériences extraordinaires. Le deuxième jour de notre déploiement, tard la nuit, on a cogné à la porte de ma cabine.

Le commandant en second et le capitaine d'armes étaient là, demandant mon aide. Tristement, la mère d'un militaire était tombée malade. Elle était si malade qu'on ne s'attendait pas à ce qu'elle passe la nuit. Nous avons donc reçu un appel urgent et nous devions déterminer si nous pouvions rapatrier le militaire. Notre fenêtre [d'occasion] étant très étroite, nous devions agir très rapidement.

J'ai déterminé que nous pouvions en fait rapatrier le militaire, à l'aide du service de la logistique et du détachement d'hélicoptères. Nous pouvions transporter le militaire par aéronef depuis notre navire jusqu'à Nanaimo. Et nous avions une étroite fenêtre d'occasion pour peut-être faire en sorte que ce militaire puisse rentrer à Halifax afin de voir sa mère, ou au moins, passer les derniers moments de la vie de sa mère avec elle.

C'était un moment très émouvant, moment émouvant pour moi aussi, le fait de pouvoir, vous savez, faire preuve de compassion et lui offrir du soutien, et peut-être aussi un tout petit peu d'espoir. Nous voulions préparer un plan et ne ménager absolument aucun effort pour aider le militaire à rentrer chez lui.

Nous avons transporté le militaire par aéronef depuis notre navire jusqu'à Nanaimo. Puis, il s'est rendu de Nanaimo à Victoria. De Victoria à Edmonton; d'Edmonton à Halifax. En effet, nous avons bien réussi et le militaire a pu passer les deux ou trois dernières heures de la vie de sa mère avec elle, avant son décès. Il nous savait gré, en effet, d'avoir pu faciliter ces derniers moments pour lui. Pour ma part, le fait de savoir que mon petit rôle dans l'ordre des choses, c'est ce que fait l'aumônier.

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