Récit des FAC | Être sur le terrain pour faire une différence

Vidéo / Le 01 Septembre 2023

Transcription

Alors la cloche sonne, et ce n'est pas un test ni un exercice. C'est la réalité. Nous avions eu des missions auparavant, mais pas de cette ampleur. Il s'agissait d'une attaque massive, et le Canada s'apprêtait à partir vers l'inconnu.

Je suis l'adjudant-chef Glen Slauenwhite. J'ai servi deux fois en Bosnie à trois ans d'intervalle. Quatre ans après, je suis allé en Afghanistan. Trois ans plus tard, j'ai été déployé en Haïti avec la Marine. Vous êtes assis avec d'autres sous-officiers ou d'autres amis et vous parlez : « J'ai été déployé il y a cinq ou six ans, et on dirait que ça commence à me démanger. » Vous ne vous êtes pas enrôlés pour vous asseoir dans une classe. Vous ne vous êtes pas enrôlés pour suivre des cours en ligne. Vous vous êtes enrôlés pour partir et faire une différence. Quand la mission au Mali est apparue, j'ai fait tout ce que je pouvais pour y participer.

2012 : rébellion des Touaregs. Des factions cherchaient à séparer le pays, certaines factions terroristes islamistes étaient aussi à l'œuvre dans la région. Le pays avait sombré dans le chaos. Si une forme d'autorité peut contrôler le Mali et régir les déplacements dans la région, on pourrait supprimer beaucoup de trafic de drogue, d'humains et d'armes. La mission se déroulait depuis environ cinq ans à ce moment-là. Mais il manquait certains moyens et certaines capacités sur place. C'est à ce moment que le Canada est arrivé avec une capacité de transport lourd et d'évacuation médicale. C'étaient nos deux principaux rôles. La première chose que j'ai faite, c'est de regarder le calendrier. Nous disposions de quatre ou cinq mois pour établir cette capacité, bâtir la mission, et partir.

Je n'avais jamais participé à une mission de l'ONU. Je n'avais jamais pris part à une ROTO 0. Je n'avais jamais été un sous-officier supérieur. Je n'étais jamais allé en Afrique. Nous avions tant de choses à apprendre. C'est pour ça qu'on s'enrôle. Ce n'est pas un travail. Ce n'est pas aller au bureau ou à l'usine. Ça va beaucoup plus loin. Ce sont de nouvelles conditions pour beaucoup de personnes. On s'y prépare, mais quand on arrive sur le terrain, c'est complètement différent. Voici un petit exemple : les tempêtes de poussière. Ça fait peut-être 36 heures que nous sommes sur le terrain. C'est le jour un. Je ne sais même plus mon nom à ce stade. Il s'agit d'un système qui fait un kilomètre et demi de haut et 250 kilomètres de long. Il avance à environ 70 kilomètres-heure. C'est un mur de sable, de poussière, de pluie et de merde qui vient vers vous, et il n'attendra pas.

Les toutes premières bottes sur le terrain pour représenter le Canada sur la scène de l'ONU… Une sensation vraiment géniale. Juste avant mon déploiement, était survenue l'attaque à Aguelhok. Nous avions eu des missions auparavant, mais pas de cette envergure. Vers la fin de janvier, il y a eu une attaque coordonnée sur l'une des bases de l'ONU situées dans le Nord du pays. Des dizaines de victimes, de blessés, de défunts, partout. Tout le monde agit ici. Voir tout le monde qui ramasse ses affaires et part, c'est stupéfiant. C'est une gigantesque machine, avec beaucoup de pièces mobiles, parfaitement intégrées dans l'action. Avant que vous puissiez vous en rendre compte, en quelques minutes, les pales tournent, et quelques minutes plus tard, l'oiseau peut décoller et assurer du transport. Nous sommes plus qu'un simple taxi ou même une ambulance : nous sommes un centre de traumatologie volant faisant des allers et retours, allant chercher des gens, faisant monter des gens. Du personnel assure la sécurité de l'hélicoptère sur le terrain. Les techniciens médicaux font un travail fantastique : ils évaluent l'état des personnes, les installent dans l'aéronef et les amènent dans nos hôpitaux à Gao ou là où nous devons les conduire. Les commandants de secteur viennent et font l'éloge de ce que nous arrivons à faire. Ce sera difficile de devoir conclure, plier bagage et rentrer au pays un an plus tard.

La façon dont nous avons pu tirer parti de diverses capacités et, en quelques mois, les mettre ensemble pour créer un service d'évacuation sanitaire aérienne, nous y exercer dans le cadre de MAPLE RESOLVE, le déployer et l'utiliser en Afrique, c'est fabuleux. Je suis très privilégié d'avoir participé à la mission au Mali, d'avoir faire partie de la ROTO 0, d'avoir contribué à rétablir le Canada dans son rôle traditionnel de maintien de la paix à l'appui de l'ONU qui nous a fait connaître depuis les années 1950, et à réaliser la paix durable et stable dont beaucoup d'endroits ont besoin en ce moment. Je pense beaucoup à la mission au Mali. À beaucoup de choses que nous avons faites, aux personnes que nous avons aidées, aux gens avec qui nous avons travaillé. Ça ne s'oublie pas. C'est toujours là... Il y a des relations que vous avez bâties, des ponts entre nations, entre forces qui se poursuivent. Oui, le Mali est constamment dans mes pensées.

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2023-09-01